Marcel PÉLISSE1928 - 2010
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3972
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1953 - 1999 (Daegu [Taikou])
Biographie
[3972] PÉLISSE Marcel est né le 28 juin 1928 à Langeac (Haute-Loire).
Ordonné prêtre le 31 mai 1953, il part le 15 septembre suivant pour la mission de Taegu (Corée).
Il étudie d’abord le coréen à Pusan. Puis il est nommé successivement curé de Po-Hang le (1955-1958), de Yong-Ju (1958-1967), d’Andong (1967-1969), de Yong-Ju (1969-1973), de Jeom-Ch'on (1973-1974) et d’Uljin (1976-1978).
De 1978 à 1990, il est supérieur régional des MEP en Corée.
Affecté ensuite à l'archidiocèse de Séoul, il est nommé au service des Archives de l'Église de Corée. En 1991, il devient aumônier de la Congrégation de Notre-Dame du Perpétuel Secours.
Il rentre en France pour raison de santé en 1999, et se retire à Montbeton, où il meurt le 5 juillet 2010. Il est inhumé dans le cimetière des MEP.
Nécrologie
Marcel PÉLISSE
1928-2010
Marcel Pélisse, fils de Régis Pélisse et de Marie Chauchat, est né le 28 juin 1928 à Langeac, dans la Haute-Loire, au diocèse du Puy. Régis Pélisse était employé dans une entreprise de Saint-Georges-d’Aurac. Lui et son épouse étaient au dire de leur curé des fervents chrétiens. Marcel avait une sœur à laquelle il resta toute sa vie très attaché. Après ses études primaires faites à Langeac même c’est, semble-t-il, tout naturellement qu’il entra au petit séminaire de la Chartreuse et poursuivit là ses études jusqu’au baccalauréat, pour demander en 1947 son admission au séminaire des Missions Étrangères. Le supérieur de la Chartreuse qui recommande sa candidature parle de lui comme d’un garçon appliqué et régulier dans l’effort, doué de bon sens et d’un heureux tempérament. Marcel, lui, se présente au supérieur général des Missions Étrangères comme ayant “un ardent désir d’être missionnaire”.
Entré au séminaire de Bièvres le 15 septembre 1947, Marcel Pélisse continuera sa marche vers le sacerdoce au séminaire de la rue du Bac à partir de l’automne 1950, après une année d’interruption pour faire son service militaire en 1949-50. Agrégé définitivement à la Société le 30 mai 1952, il sera ordonné diacre le 6 décembre 1952, puis prêtre le 31 mai 1953. Le 14 juin suivant il reçoit sa destination pour la mission de Daegu en Corée.
Le 15 septembre 1953 avec Jean Ollivier et Robert Jézégou, destinés comme lui à la mission de Corée, Marcel Pélisse embarque à Marseille sur un bateau des Messageries Maritimes qui les conduit à Yokohama au Japon, où ils arrivent le 15 octobre après un mois de traversée. Ils sont accueillis là par le Père Chizallet, Économe de la mission de Corée, venu tout exprès pour les conduire depuis Tôkyô jusqu’au terme de leur parcours. Les nouveaux arrivants doivent alors faire face à des complications imprévues. Le visa d’entrée en Corée qu’ils ont obtenu de la représentation diplomatique coréenne à Paris est insuffisant aux yeux des responsables de l’armée américaine qui contrôlent encore une part de l’administration du pays. Deux mois seulement ont passé depuis la signature, le 27 juillet 1953, de l’accord qui met un terme à la guerre de Corée et consacre la partition de la péninsule. La Corée du Sud est bien une république indépendante mais reste en partie sous tutelle américaine. Les trois missionnaires qui viennent de débarquer à Yokohama devront demander l’autorisation d’aller plus loin au commandant des forces des Nations Unies en résidence à Tôkyô, et attendre plus d’une semaine la réponse. Ce délai qui leur est imposé leur permettra de faire un tour à Atami et à Shizuoka où ils pourront rencontrer quelques uns des confrères qui travaillent dans le diocèse de Yokohama. L’autorisation enfin obtenue stipule qu’en Corée ils n’auront pas accès à la zone qui se trouve au Nord du fleuve Han, ce qui leur attirera des ennuis plus tard.
Munis des papiers nécessaires, Jean Ollivier, Robert Jézégou et Marcel Pélisse, accompagnés du Père Chizallet, peuvent enfin prendre l’avion pour Pusan, où ils rencontrent un chargé d’affaires envoyé là par le gouvernement français, qui leur procurera un billet pour le “train américain” à destination de Séoul. Le voyage, qui en 2010 prend environ deux heures ou deux heures et demie, durera une nuit entière, passée sans dormir parce qu’il a fallu rester debout.
Arrivés à Séoul les trois missionnaires sont hébergés à l’ancien séminaire, où réside le supérieur régional, Mgr Mousset, ancien évêque de Daegu démissionnaire au temps de l’occupation japonaise. Ils commenceront là l’étude du coréen avec l’aide d’un certain Augustin Kim, originaire du Nord, dont les compétences en français, acquises en fréquentant des militaires, sont très limitées. Ce premier apprentissage fait dans des conditions peu satisfaisantes ne durera qu’un temps mais c’est au cours des quelques mois passés à Séoul que, soumis à un contrôle d’identité par la police américaine, les nouveaux arrivants furent réprimandés et durent signer une sorte d’acte de contrition pour avoir mis les pieds dans un secteur auquel leur visa ne leur donnait pas le droit d’accéder.
Dès le printemps 1954, après la retraite annuelle, le supérieur régional donne à chacun une nouvelle destination. Jean Ollivier et Robert Jézégou iront à Daejon, dont l’évêque est Mgr Larribeau. Quant à Marcel Pélisse, qui a reçu un nom coréen, Pae, il est envoyé dans le diocèse de Daegu, dont le pasteur est un évêque coréen, Mgr Choi.
Il continuera alors l’étude de la langue en résidant d’abord dans la banlieue de la ville de Pohang, au couvent des religieuses Servantes du Sacré Cœur, en compagnie du Père Deslandes, fondateur de cette congrégation qui est alors en pleine expansion. Puis à partir du 7 octobre 1955 il sera chargé de la paroisse de Pohang, avant même d’être affecté officiellement à l’archidiocèse de Daegu le 10 décembre de la même année.
Le 15 août 1958 il deviendra curé de Yeongju, et le restera jusqu’en juin 1967. Là il eut à superviser la construction d’un nouvel ensemble paroissial destiné à remplacer des bâtiments devenus insuffisants. Il prit cette responsabilité à cœur et suivit attentivement la progression des travaux, qu’il surveilla de près, demandant des explications et donnant à l’occasion son avis à l’architecte et aux entrepreneurs chargés du chantier. Marcel Pélisse avait le contact facile et se trouvait vite à l’aise aussi bien avec les ouvriers auxquels il posait des questions qu’avec ses paroissiens. Sans complexes, il faisait part aux uns comme aux autres de ses impressions avec une simplicité qui désarmait les critiques éventuels. L’expérience qu’il acquit en voyant s’élever l’ensemble paroissial de Yeongju lui fut bien utile quelques années plus tard dans le nouveau poste auquel il fut affecté. En juin 1967 il fut nommé curé de la paroisse de Andong et quand, l’année suivante, les sœurs de la Doctrine Chrétienne sont venues à Andong pour y ouvrir une école, c’est lui qui avec une réelle compétence a surveillé les travaux.
En 1969, nouveau changement. L’année 1969 est celle où est érigé sous la direction de Mgr Dupont le nouveau diocèse de Andong, dont le territoire recouvre une partie de l’archidiocèse de Daegu. Marcel Pélisse est alors affecté au diocèse de Andong et, le 15 octobre 1969, il devient pour la seconde fois curé de Yeongju, où il avait beaucoup d’amis, chrétiens ou non, de tout milieu et de toute condition. Les gens appréciaient sa simplicité et sa cordialité. Il savait aussi se faire inviter par les autorités civiles et se présenter dans les rencontres officielles, toujours impeccablement vêtu et portant une belle cravate. Et il n’hésitait pas à annoncer la bonne nouvelle là aussi. Au presbytère il aimait s’habiller à la coréenne, avec un pantalon bouffant, veste et foulard ad hoc, montrant ainsi son désir de se rapprocher des gens ordinaires. C’est à Yeongju qu’il eut droit aux honneurs de la presse. Un jour, alors qu’il rentrait chez lui, il vit un voleur sortir du presbytère. Il se saisit alors d’un gourdin qui se trouvait là et poursuivit jusqu’au mur d’enceinte du terrain paroissial le voleur qui s’enfuyait. Alors que ce dernier enjambait le mur, il réussit à lui asséner un bon coup de gourdin. Le voleur fut finalement arrêté par la police qui dut donner un avertissement au curé et lui conseiller de modérer son énergie s’il devait à nouveau cogner sur un voleur. L’incident eut pour effet de faire monter en flèche la renommée de Marcel Pélisse dans la région.
Le 1 juin 1973, il sera nommé curé de Jeomchon, où il ne restera qu’un an. Il éprouve alors le besoin de prendre un temps de repos. Le 31 décembre 1974 il remet sa charge à son successeur et part bientôt pour la France où il passera une année sabbatique en devenant curé de la paroisse d’Alleyras dans le diocèse du Puy. De retour en Corée dès les premiers jours de 1976, le 15 janvier il est nommé curé de la paroisse de Uljin, et le restera jusqu’au 22 février 1978, date à laquelle il devient supérieur régional de la région de Corée après que son élection par les missionnaires de la région ait été ratifiée par le supérieur général.
Marcel était considéré par tous comme un bon confrère, écoutant volontiers les autres. Sa spontanéité et sa cordialité lui attiraient la sympathie de ceux qu’il rencontrait. Il savait accueillir chaleureusement les visiteurs, et les inviter à un bon repas agrémenté de ses plaisanteries et copieusement arrosé. Les prêtres coréens d’ailleurs, parmi lesquels il s’était fait des amis, n’étaient pas les derniers à apprécier son hospitalité et le brio avec lequel il chantait volontiers une ritournelle à la mode pour égayer la compagnie quand on l’invitait à le faire. Ordinairement plein d’entrain et d’humeur égale, il lui arrivait aussi de connaître des moments de mélancolie ou de se fâcher quand quelqu’un l’avait blessé. Il fallait alors le consoler ou le calmer. Il avait un côté sentimental au fond qui le rendait encore plus humain peut-être.
Devenu supérieur régional en 1978, Marcel Pélisse sera réélu deux fois, en 1983 et en 1988, ce qui montre bien qu’il avait acquis la confiance des confrères. Il se dévoua corps et âme à leur service jusqu’en 1990, année où il demanda à être relevé de sa fonction. Résidant ordinairement à Séoul, il passait une grande partie de son temps à visiter régulièrement les missionnaires chacun dans son poste et il s’efforçait de même de rencontrer les évêques sous l’autorité desquels ces derniers travaillaient. Il parlait volontiers en plaisantant des missionnaires de la région comme de « ses guerriers », des guerriers dont il devait modérer l’ardeur au combat. Les déplacements qu’il faisait pour les rencontrer ne l’empêchaient pas de trouver le temps de venir en aide à Séoul aux paroisses et aux congrégations religieuses qui faisaient appel à lui pour célébrer la messe ou entendre les confessions. Au début de son mandat il habitait avec l’Économe régional, le Père Fromentoux, dans une simple maison de modeste apparence qui s’avéra bientôt trop petite pour accommoder les hôtes de passage, venant de province ou de l’étranger, devenus toujours plus nombreux au fil des ans. Pour remédier à la difficulté, au bout de quelque temps, il chercha et finit par trouver en plein cœur de Séoul une maison plus spacieuse, qu’avec l’accord de l’autorité compétente il décida d’acquérir pour la Société. Cette décision lui valut les critiques de certains confrères à qui ce changement ne paraissait pas indispensable et qui trouvaient la dépense contraire à l’esprit de pauvreté, mais la nouvelle maison rendit de nombreux services par la suite.
Un moment d’activité particulièrement intense pour le supérieur régional fut le temps de la préparation de la canonisation en 1984 des martyrs de Corée, parmi lesquels dix membres de la Société des Missions Étrangères. La célébration présidée par le Pape Jean-Paul II rassembla à Séoul une foule considérable de fidèles venus de tout le pays à laquelle se joignit une nombreuse délégation d’évêques et de chrétiens de France, représentant les diocèses dont sont originaires les nouveaux saints français. Marcel Pélisse ne ménagea pas sa peine pour diffuser plusieurs mois à l’avance les informations nécessaires et pour organiser la réception des participants à la fête venus de France. Par la suite aussi il eut plusieurs fois l’occasion de venir en aide à des pèlerins à qui la canonisation avait rappelé ou même fait connaitre l’existence de ces martyrs un temps oubliés par les chrétiens de leur pays d’origine.
La canonisation fut considérée par l’ensemble des Coréens, même non chrétiens, comme un honneur rendu à leur pays et les mass media en rendirent compte comme d’un événement important. Dans un film destiné au grand public, tourné pour illustrer l’histoire des martyrs, le rôle de l’un d’entre eux était tenu par Marcel Pélisse, habillé évidemment comme l’étaient les missionnaires à l’époque des persécutions, c’est à dire comme les Coréens en tenue de deuil, le visage voilé, artifice qui leur permettait d’éviter d’être reconnus. L’acteur improvisé n’était pas peu fier de montrer une photo de lui vêtu de cet accoutrement. Quelques années plus tard pour fêter son soixantième anniversaire, anniversaire qui dans le comput traditionnel chinois marque une étape particulièrement importante de la vie, il fut de même tout heureux de pouvoir porter la tenue coréenne de circonstance pour recevoir les félicitations de ses amis. Et là aussi il tint à garder la photo immortalisant l’événement, symbole des efforts qu’il a faits pour être coréen avec les Coréens, comme saint Paul se faisait juif avec les Juifs et grec avec les Grecs pour tenter de les gagner à l’évangile.
En 1990 Marcel Pélisse remit sa démission de supérieur régional et fut alors affecté au diocèse de Séoul. Affecté au service des archives du diocèse le 1 juillet 1990, dès le mois de mars de l’année suivante il sera nommé aumônier de la maison mère de la congrégation de Notre Dame du Perpétuel Secours où il établit sa résidence. Bien loin d’être une sinécure la charge d’aumônier comprend messe et homélie quotidiennes pour les 130 sœurs, dont une trentaine de novices, et différents services à rendre à plusieurs aspirantes séjournant dans la maison. Les sœurs sont spécialisées dans les cercles bibliques suivant la méthode de la Bible en cent semaines lancée au Japon par le Père Marcel Le Dorze, MEP. Elles travaillent dans les paroisses et aussi, à titre d’employées, dans des maisons pour handicapés, des hospices et des écoles dont elles ne sont pas propriétaires.
Dans la journée Marcel Pélisse travaille au centre diocésain d’études sur l’histoire de l’Église en Corée auquel il se rend chaque matin. Il est chargé plus spécialement de décrypter et de traduire en coréen des lettres et documents manuscrits écrits en français. Ce travail lui donne beaucoup d’occasions de mieux connaitre et d’admirer les missionnaires du passé et aussi de mieux comprendre les difficultés auxquelles ils ont été confrontés, en particulier durant la période de l’occupation japonaise. Il racontait volontiers aux autres ce qu’il avait appris en faisant ce travail pour lequel il s’était vite pris de passion.
En 2000, au cours d’un congé en France, alors qu’il se préparait à regagner la Corée, il est victime d’une attaque cérébrale qui le laisse à demi paralysé. Il doit alors se retirer le cœur navré à Montbeton où il est décédé le 5 juillet 2010.
Jean-Paul Bayzelon