Constant LOUIS1927 - 2015
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4024
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1956 - 2015 (Tokyo)
Biographie
[4024] LOUIS Constant est né le 6 avril 1927 à Broons-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine).
Ordonné prêtre le 9 octobre 1955, il part le 29 septembre 1956 pour Tokyo (Japon).
Après l’étude du japonais, il est nommé vicaire de la paroisse Saint-Vincent de Paul à Tokyo (1958), et curé de Tokuden (1962). Il s’occupe alors de la formation de militants chrétiens dans le monde du travail, et devient responsable diocésain de la JOCF. En 1976, Il fait équipe avec un prêtre japonais et dirige une équipe de jocistes de Tokyô et de plusieurs équipes d’ACO en milieu ouvrier, puis devient aumônier national de l’ACO. En 1977, il va s’installer dans le secteur pauvre d’Edagawa et collabore avec les Sœurs de Mère Teresa. En 1991, il part pour Takahata et reste en lien avec les mouvements de défense des droits de l’homme.
Il se retire à Montbeton à compter du 27 mai 2015. Il meurt le 30 août 2015. Il est inhumé dans le cimetière des MEP.
Nécrologie
Constant LOUIS
1927-2015
Constant Théodore LOUIS vit le jour à Broons-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine, diocèse de Rennes) le 6 avril 1927 et il y fut baptisé dès le lendemain. Si la commune de Broons existait encore elle compterait aujourd’hui entre 300 et 400 habitants, mais elle a été rattachée à Châteaubourg (35220), une ville de 6400 habitants située à mi-chemin entre Rennes et Vitré.
Les parents de Constant, Joseph Louis (1889-1966) et sa mère Anne-Marie Diot (1901-1986) s’étaient mariés en 1920. Ils eurent quatre enfants (3 fils, 1 fille), Constant étant le troisième de la fratrie. Ils étaient cultivateurs.
Le jeune Constant reçut le sacrement de confirmation le 22 avril 1940 à Châteaubourg. A la rentrée scolaire de 1940 il devint pensionnaire du petit séminaire de Châteaugiron (35600), à une dizaine de kilomètres de Broons. Il y acheva ses études secondaires l’été 1946, obtenant les deux parties du baccalauréat.
Constant Louis étudie ensuite au grand séminaire de Rennes de 1946 à 1950, avec une interruption d’une année de service militaire, en 1948-1949, qu’il effectue à Vannes, au camp de Meucon.
Au terme de sa troisième année de séminaire, se sentant appelé à la vie missionnaire depuis plusieurs années, il manifeste le désir d’entre aux Missions Etrangères. Le diocèse de Rennes avait pour règle à l’époque d’exiger de ses séminaristes candidats à un institut missionnaire d’effectuer un an de service avant de les laisser partir. C’est ainsi que Constant Louis effectue son année de « STO » comme instituteur dans une école de campagne pendant l’année scolaire 1950-1951.
Une affection pulmonaire (pleurésie et tuberculose) l’empêche de retourner au séminaire. D’août 1951 à avril 1953, il est soigné au Sanatorium du Clergé à Bas-Thorenc, dans le diocèse de Nice, puis une année de postcure effectuée à La Chesnoye, dans la commune de Cuise-la-Motte (60350), parachève sa guérison.
A la rentrée de 1954, Constant Louis, âgé de 27 ans, peut reprendre sa formation en vue du sacerdoce. Il présente sa candidature au séminaire des Missions Etrangères, où il est admis comme laïque le 20 septembre 1954. C’est un séminariste très apprécié, qualifié d’excellent aspirant, pieux et régulier, sérieux et pondéré, ayant énergie et profondeur d’âme, doué pour les études, intelligent et travailleur. Il inspire confiance et sa formation théologique se termine sur un mode accéléré en l’espace d’une année.
Agrégé temporairement à la Société le 19 avril 1955, il est tonsuré le 28 mai 1955, est institué lecteur dès le lendemain, puis acolyte le 17 juin, sous-diacre le 29 juin, et enfin il est ordonné diacre le 25 septembre 1955, prêtre quinze jours plus tard, le 9 octobre 1955, par l’archevêque, au cours de la messe quotidienne dans la chapelle du séminaire de Rennes, à 6 h du matin.
Le supérieur général, Mgr Charles Lemaire, le destine à Tokyo le 25 octobre 1955, toutefois son départ sera retardé d’une année, le temps de vérifier que le rétablissement de sa santé était durable. Il met cette année à profit pour étudier la sociologie et la catéchèse à l’Institut catholique de Lille.
Le 26 septembre 1956 le P. Constant Louis part pour le Japon. Il est âgé de 29 ans. Il passera près de 59 ans dans ce pays, toujours dans la région de Tokyo.
Après deux années d’études du japonais dans une école à Tokyo, il devient en 1958 vicaire de la paroisse de Tokuden. Il y restera 19 ans, 4 ans comme vicaire, puis 15 ans comme curé. De 1977 à 1991 il est curé de la paroisse de Shiomi. Puis l’archevêque de Tokyo lui confie pendant 7 années la charge pastorale de la paroisse de Takahata, de 1991 à 1998. Les sept années suivantes, le P. Louis est curé de la paroisse de Seijô. Enfin, en 2005, il est envoyé à la paroisse de Shimura, où il achèvera dix ans plus tard son ministère missionnaire au Japon. A bout de forces et déjà très malade, il rentre en France le 27 mai 2015 et s’installe le surlendemain à la maison MEP Saint Raphaël de Montbeton. Son état de santé se dégrade rapidement et il décède le 30 août au Centre hospitalier de Montauban.
En même temps qu’il portait la responsabilité pastorale de paroisses, le P. Louis fut tout au long de sa vie missionnaire aumônier de la JOC et de l'ACO japonaises, notamment aumônier national de l'ACO à partir de 1976.
Il était animé par une forte exigence de justice et une réelle proccupation pour la paix dans le monde. En 1985 il refusa d'apposer ses empreintes digitales pour obtenir son titre de séjour, par solidarité avec les Coréens résidant au Japon, qui sont soumis à cette exigence dans un contexte discriminatoire. Son geste eut un grand retentissement dans le pays. En 1995 il manifesta devant l'ambassade de France pour protester contre la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique.
Lors d’une messe d’action de grâce pour son jubilé d’or sacerdotal concélébrée avec ses confrères MEP à Tokyo en 2005, le P. Louis relisait ainsi sa vie missionnaire :
« Ca n’a pas été la grande aventure dans la brousse avec des lions et des panthères, mais plutôt un parcours de recteur breton qui va d’une paroisse à l’autre. C’était quand même pour moi une grande aventure, pas celle que j’avais imaginée, une grande aventure humaine et spirituelle. Je n’entrerai pas dans le détail, car chacun d’entre vous a fait la même expérience, connaissance d’un autre monde, une autre culture, loin de la Bretagne. Cheminer avec des gens et découvrir avec et en eux le Christ, partager leurs joies, mais aussi leurs problèmes et souffrances. Tout cela c’est quand même une grande aventure. Reconnaissance au Seigneur qui m’a appelé et a choisi cette voie pour moi. Je ne sais d’ailleurs pourquoi il m’a choisi plutôt qu’un autre. Je crois que c’est Saint Paul qui disait que le Seigneur ne choisit pas forcément les plus doués ni les plus malins, mais plutôt les moins doués, car le Seigneur reste le Maître d’œuvre.
Ma reconnaissance va d’abord au Seigneur, mais aussi aux Missions Etrangères qui m’ont accepté. Je n’ai pas été un prêtre malheureux, mes Supérieurs de Société et le diocèse ne m’ont jamais fait de misère et m’ont permis de faire ce que je voulais et comme je le voulais. Ils n’avaient sans doute pas le choix, mais ils ont été assez sages pour m’accepter tel que j’étais. Le cardinal Shirayanagi, au moment de l’affaire des empreintes digitales, m’avait dit avec beaucoup d’humour : « Vous me mettez dans de beaux draps ! J’aurais préféré que vous restiez tranquille, mais c’est vous qui avez raison ». Sincère, il m’a toujours soutenu.
Je voudrais dire ma reconnaissance aux chrétiens du Japon, qui m’ont eux aussi accepté tel que j’étais et m’ont entouré et soutenu de leur affection et coopération. Il y a pour moi un mot du Christ qui traduit ce que j’ai expérimenté : « Ceux qui pour moi et pour l’Evangile ont quitté leur famille, leur pays, recevront dès ici-bas le centuple ». »
Le P. Louis était un confrère très accueillant, délicat et discret. La tasse de café et l'amabilité ne faisaient jamais défaut chez lui. Alors qu’il était curé - titre très important dans l'Eglise du Japon! – et célèbre dans son diocèse de Tokyo, il n'hésitait jamais à demander humblement de l'aide pour les messes du dimanche, et un Père rédemptoriste lui a ainsi beaucoup rendu service. Il le faisait afin que la diversité des présidents de l’assemblée eucharistique enrichisse la foi des participants.
Que ce fidèle serviteur entre pour toujours dans la joie de son bon Maître !