Maurice POINSOT1932 - 2018
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4056
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Taïwan
- Région missionnaire :
- 1959 - 2018
Biographie
[4056] Maurice POINSOT est né le 12 septembre 1932 à Heuilley-le-Grand, commune rurale de la Haute-Marne, dans le diocèse de Langres. Ses parents, Jean Poinsot et Edith Couroux, étaient agriculteurs. Maurice est le dernier d’une fratrie de neuf enfants (5garçons et 4 filles). Il a eu un grand oncle maternel aux Missions Etrangères, le Père Alexandre Couroux, mort au Tibet, et un cousin, le Père Villemot, mort en Corée. C’est en l’église paroissiale de Neuilly qu’il fut baptisé le 25 septembre 1932 et c’est à Longeaux qu’il fut confirmé le 15 mai 1944. Il fit ses études primaires au village et ses études secondaires au petit séminaire de Langres de 1944 à 1950. Il entra d’abord au Grand Séminaire de Langres en 1950. Mais il dut interrompre ses études pour effectuer son service militaire de 1953 à 1954 (Caen, Romorantin, Bordeaux, Algérie) qu’il termina comme officier ; puis il retourna au séminaire de Langres. C’est le 2 avril 1956 qu’il demanda à entrer au Séminaire des Missions Etrangères où il fut admis le 29 mai 1956. Il devait recevoir le sous-diaconat en juin ; mais au début juin il fut rappelé en Algérie, si bien qu’il ne rentra au Séminaire des
Missions Etrangères qu’au début décembre 1956. Et c’est le 28 décembre 1957 qu’il fut ordonné prêtre dans son pays natal, à Heuilley-le-Grand. Quelques jours auparavant, le 15 décembre 1957, il avait reçu sa destination pour la mission de Hualien à Taïwan. Il fit une licence de Théologie à l’Institut Catholique de Paris et partit pour sa mission le 7 octobre 1959 où il arriva le 13 novembre 1959. En 1960 il étudie le mandarin à Hualien, puis à Feng Lin. En 1961 il est vicaire à Tung Li et étudie le taiwanais ; puis il devient curé de Tung Li. De 1963 à 1968 il est curé de Yuli. En 1969 il apprend l’ami et est curé de Tung Feng jusqu’en 1972. En 1972 il devient Supérieur régional des MEP àTaïwan. Tout en résidant à la maison régionale de Hualien, il organise l’entraide sociale grâce aux « Credit Union ». De 1973 à 1976 il est curé de Tung Feng, puis réside quelques mois au Centre Aborigène de Taipei. En mars 1977 il retourne à la paroisse de Tung Feng où il continue à développer le « Credit Union ». Il décède à l’hôpital de Yuli le 16 mars 2018 dans sa 86ème année.
Nécrologie
Le Père Maurice Poinsot 1932 - 2018
Maurice est né à Heuillet-le-Grand (Haute-Marne) le 12 septembre 1932 dans une famille de cultivateurs où l'élevage des vaches laitières et la culture du blé constituaient leurs deux principaux revenus. Ils avaient eu neuf garçons et filles et Maurice était le petit dernier. La vie à la ferme familiale était bien rude. Et dès son jeune âge, il a appris à travailler dur et à forger un caractère très volontaire. Il réussissait bien dans ses études et entretenait une foi solide reçue dans sa famille qui comptait deux missionnaires MEP, l'un en Corée et l'autre en Chine. Aussi, c'est tout naturellement que, se sentant appeler au sacerdoce, il choisit d'entrer dans la Société des Missions Étrangères. Il passa son temps de service militaire en Algérie comme sous-officier. Il y était considéré par ses supérieurs hiérarchiques comme un franc-tireur, très attaché à protéger la vie de ses subordonnés en contestant fortement des patrouilles trop dangereuses. Il est ordonné prêtre au titre des MEP le 28 décembre 1957. Il est destiné à la mission de Hualien Taiwan. Mais avant de quitter la France, ses supérieurs lui demandent de préparer une licence de théologie à l'Institut Catholique de Paris. Il quitte Marseille sur un paquebot des Messageries Maritimes le 7 octobre 1959 et débarque à Keelung Taiwan le 13 novembre de la même année.
Études et postes divers
De 1959 à 1960, Maurice Poinsot apprend le chinois mandarin à l'évêché de Hualien, puis de 1960 à 1961, il pratique le mandarin à Fenglin tout en s'initiant a la langue aborigène amitsoue.
De 1961 à 1962, il est nommé vicaire de Tungli où il se met à l'étude de la langue minnan (le taiwanais). Puis il y est nommé curé jusqu'en1963. De 1963 à 1968, il est en charge de la paroisse de Yuli.
En 1968, il s'installe à Tungfong en plein milieu amitsou. Il y restera jusqu'en 1976, l'année à laquelle il déménage à Taipei pour se mettre au service des aborigènes émigrés du diocèse de Hualien. C'est un travail pastoral difficile : il va à la recherche des chrétiens dispersés dans les centres urbains et les zones industrielles du Nord de l'île et les rassemble pour continuer leur formation chrétienne, pour les faire se retrouver et participer aux offices religieux dans leur langue maternelle.
Entre temps, il est élu supérieur MEP du groupe de Hualien (1972) et est nommé vicaire général du diocèse de Hualien (1975).
En 1978, il revient à Tungfong où il restera jusqu'à son décès, le 16 mars 2018. En 2015, l'évêque le décharge de sa fonction de curé et il commence sur place une semi-retraite pendant laquelle il continue à prodiguer des conseils au nouveau curé, le jeune Pére amitsou Lin Hsin Liang, son ancien vicaire.
Maurice Poinsot était un homme de caractère. Il essayait de mener à bien tous ses projets.
Sur le plan des langues, l'expérience lui avait appris leur importance : aprés avoir posé de bonnes bases de langue chinoise " mandarin " à son arrivée à Hualien, il s'est lancé dans la langue minnan (le "taiwanais") durant son sejour à Tongli et il a perfectionné la langue aborigène amitsoue à Tungfong où il a passé plusieurs dizaines d'années au milieu de ce peuple. Avec la collaboration de son voisin Louis Pourrias, il en a résulté un dictionnaire Amis - Français et un dictionnaire Français - Amis ainsi qu'une grammaire détaillée et des livres liturgiques et aussi des traductions bibliques. À partir de leurs travaux linguistiques, Gérard Cuerq a réalisé un dictionnaire Amis - Chinois. Maurice Poinsot avait commencé ses recherches linguistiques bien avant l'invention de l'ordinateur. Il utilisait des carnets et des petites feuilles de papier où il notait toutes les nouveautés qu'il découvrait au travers de ses relations. La faculté de pouvoir parler ces trois langues lui a permis de nombreux contacts.
Son travail pastoral missionnaire :
Étant en charge de 6 postes importants dans les villages de Kaoliao, Tungfong ( son lieu de résidence ), Loho, Antung, Wanning, Fengnan et d'un poste secondaire Hsuehtien, il organise méthodiquement des visites de famille avec prières et chants. C'était l'occasion pour lui de réviser les fiches de chaque famille et d'y corriger éventuellement les divers changements. Pendant de nombreuses années, il a tenu à jour la liste des chrétiens émigrés de ses postes et la faisait parvenir aux missionnaires en service dans le Nord de l'île et chargés des émigrés du diocèse de Hualien. Il a beaucoup souffert intérieurement de voir des centaines de jeunes chrétiennes de sa mission se marier avec des non-chrétiens et abandonner la pratique de leur foi. Il aurait voulu créer une diaconie des aborigènes amitsous mais son désir n'a pas été réalisé. Par contre, il a mis sur place un bon groupe de" volontaires de la mission". Il les réunissait toutes les 2 semaines pour un aprés-midi de formation et les envoyait en mission dans les différents postes. Il insistait aussi sur la formation des élèves, enfants et adolescents. Une catéchiste les instruisait chaque semaine et il les encourageait fortement à participer aux camps d'été et d'hiver organisés par le doyenné où le diocèse. Il insistait beaucoup sur la pastorale des malades : il visitait régulièrement et systématiquement tous les malades soit chez eux soit à l'hôpital.
Sur le plan social, il a initié les chrétiens aborigènes à l'esprit d'épargne. Quand ils vendaient leurs récoltes, ils commençaient par rendre l'argent qu'ils avaient emprunté à intérêt élevé aux marchands taiwanais. Le reste servait à des achats plus ou moins utiles et aussi à se procurer de l'alcool de riz. Maurice Poinsot a introduit à l'Est de l'île un système d'épargne par la création de banques populaires, les "Crédits Unions", déjà bien installées au Canada. Grâce à ces Crédits Unions où ils pouvaient placer leur argent et emprunter à intérêt peu élevé, beaucoup de cultivateurs ont pu bâtir leur maison et acheter des rizières. Lui-même avait acheté quelques rizières dont la récolte servait à soutenir financièrement ses postes de mission. Il avait lancé un système de parrainage des enfants pauvres grâce à des bienfaiteurs français.
Son caractère et sa manière de vivre.
Maurice était un homme de vérité. Ce qu’il pensait devoir dire, il le disait au risque de vexer. Mais les chrétiens acceptaient ses remontrances car ils savaient bien que c'était pour leur bien. Au premier abord, il semblait un peu bourru, pas très facile d'accès. Mais la glace cassée, on découvrait en lui un cœur sensible. Les chrétiens au milieu desquels il vivait étaient très attachés à lui car ils le connaissaient bien. Quand il présidait l'enterrement de l'un ou de l'autre, il avait du mal à retenir son émotion et même ses larmes car pour lui ils étaient tous des membres de sa vraie famille spirituelle.
Il recevait beaucoup de dons de France mais il vivait simplement et même pauvrement. Par souci d'épargne, il confectionnait lui-même ses propres bougies avec les restants des bougies de ses postes. Ce qu'il recevait, c'était pour aider les chrétiens à remonter leur niveau de vie, à devenir financièrement indépendants ou à les soutenir quand ils devaient faire face à des imprévus (maladie, accident). Il entretenait des relations épistolaires régulières avec sa famille et ses bienfaiteurs. Chaque année, avant les fêtes de Noël et du nouvel an, il expédiait une lettre commune a des centaines de personnes avec quelques mots personnels à chacune d'entr'elles.
Maurice était un homme de prière et de devoir. Il soutenait son travail pastoral par la messe quotidienne, la récitation du bréviaire et des lectures théologiques. Il aimait beaucoup lire et suivait bien l'actualité religieuse et politique. Il entretenait sciemment un esprit" rabelaisien ". Il aimait raconter des histoires un peu crues pour choquer son auditoire et créer de petits scandales pour des oreilles non initiées à son langage. Et il jouissait intérieurement des effets produits. Maurice Poinsot aimait se retrouver entre confrères. Ses histoires et reparties de toutes sortes égayaient l'atmosphère. Traditionnellement, les confrères du Sud du département de Hualien se retrouvent chaque lundi soir pour prier, souper et jouer au tarot. Il en était un peu l'animateur. Dès qu'un nouveau volontaire français arrivait, la première question de Maurice était celle-ci " Sais-tu jouer au tarot ? Après la réponse affirmative du volontaire, celui-ci était tout de suite adopté.
Les dernières années de sa vie, il a supporté vaillamment ses maladies et les inconvénients dus à son âge en maugréant de temps en temps " oh, quelle vie ". Il a voulu vivre jusqu'au bout avec son peuple en marchant de plus en plus difficilement. Il a demandé a être enterré dans le cimetière au milieu des siens. Il n'a pas voulu être incinéré car, disait-il, "j'ai été gravement brûlé il y a 6 ou 7 ans de cela en confectionnant des bougies pour Noël et je ne tiens pas à être brûlé une seconde fois ". Dieu a certainement reçu avec chaleur son dévoué missionnaire.