Aimé LIMBOUR1932 - 1990
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4074
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1959 - 1961 (Tokyo)
- 1961 - 1990 (Hakodate)
Biographie
[4074] LIMBOUR Aimé est né le 30 avril 1932 à Porspoder, dans le diocèse de Quimper (Finistère), dans une famille modeste. Son père est marin dans la marine marchande. Aimé commence ses études primaires à l'école de la paroisse et les continue à Ploudalmézeau, chez les Frères des Écoles chrétiennes. À onze ans, il quitte la Bretagne pour le Petit Séminaire St Théophane Vénard, à Beaupréau.
En 1949, il entre au Grand Séminaire des MEP à Bièvres. Le 29 mai 1955, il reçoit les ordres mineurs. L'année suivante, il doit interrompre ses études pour faire un séjour au sanatorium du clergé à Thorenc. Agrégé aux MEP le 17 décembre 1957, il est ordonné sous-diacre le 2 février 1958, diacre le 22 mars suivant, et prêtre le 29 juin.
Bien qu'il a déjà reçu sa destination pour la mission de Hakodate, il doit retarder son départ, ses supérieurs lui ayant demandé de faire une année d'étude à Institut Catholique de Lille en vue d'obtenir une licence en sociologie. Le Père Limbour ne part donc pour sa mission que le 11 août 1959.
Japon (1959-1990)
Dès son arrivée au Japon, il entreprend l'étude de la langue à l’École de langue de Tokyo. En janvier 1961, il est nommé vicaire à la paroisse de Miyamaemachi, à Hakodate, et six ans après, il en devient le responsable.
En 1972, on lui demande de prendre en charge la petite communauté chrétienne d'Esashi, un port à soixante quinze kilomètres environ d’ Hakodate. En 1977, il est nommé curé de la paroisse de Motomachi, à Hakodate, qui est la plus ancienne paroisse du Hokkaido. En plus de sa charge de pasteur, le P. Limbour est nommé responsable du groupe de Hakodate de 1983 à 1989. Pour éduquer la foi de sa communauté, il édite des "bonnes feuilles" concernant la liturgie, l'Eucharistie, la vie chrétienne... Habile de ses mains,
il sculpte sur bois des croix bretonnes et des Vierges.
Le 5 octobre 1989, alors qu'il se prépare à se rendre à la retraite des confrères à Fukuoka, il est victime d’un malaise. Le docteur diagnostique un infarctus. Immédiatement hospitalisé, les chirurgiens tentent une opération délicate qui consiste à remplacer une valve du coeur. Ils ont bon espoir de le sauver. Malheureusement, quelques heures après l'opération, une hémorragie interne se déclare, et le P. Limbour entre dans la paix du Seigneur, le 13 février 1990.
Nécrologie
Le Père Aimé LIMBOUR
1932 - 1990
LIMBOUR Aimé, Jean, Louis
Né le 30 avril 1932 à Porspoder, diocèse de Quimper (Finistère)
Entré au séminaire des Missions Étrangères le 19 septembre 1949
Agrégé définitivement à la Société des Missions Etrangères le 17 décembre 1957
Ordonné prêtre le 29 juin 1958
Parti pour la communauté missionnaire de Hakodaté (diocèse de Sapporo) le 11 août 1959
Décédé à Hakodaté le 13 février 1990
Porspoder dans le Finistère, Hakodaté dans le Hokkaïdo, tels sont les deux pôles de la vie d’Aimé Limhour, vie qui s’est terminée très brusquement à la suite d’une opération au cœur qui avait duré de longues heures et laissait espérer une suite satisfaisante. Ce fut la consternation, consternation chez les médecins, chez les confrères, chez les chrétiens et chez les amis, ainsi que dans sa famille à qui il fallut annoncer ce brusque départ.
Avant de rentrer dans la salle d’opération de l’hôpital municipal d’Hakodaté, le 13 février 1990, il attendait sereinement sur son lit, prêt et confiant. Il apercevait de sa fenêtre un petit bout du port de Hakodaté qui était son cadre habituel de vie. De la paroisse voisine de Motomachi dont il était le curé depuis douze ans, il pouvait contempler cette mer, celle du détroit de Tsugaru chargé d’une histoire riche en événements.
Pour lui, contempler la mer était un perpétuel retour à une source vitale, une méditation, une prière et aussi la replongée dans son pays natal, Porspoder, au fin fond du Finistère. Dans son bureau de la paroisse de Motonachi, sur le mur, était déployée une grande photographie panoramique de Porspoder ; elle était déjà jaunie, mais elle était un reflet de cette mer du Nord du Japon, ce fameux détroit de Tsugaru qui relie Mer du Japon et Océan Pacifique.
Cette habitude qu’avait Aimé Limbour de rester des heures à contempler la mer en silence, était sans doute très ancienne. Elle remontait à son enfance. Il n’avait au fond jamais quitté Porspoder, et sa tombe au cimetière catholique de Hakodaté, tout près de ce détroit de Tsugaru, ressemble fort à une tombe bretonne au bord de l’océan.
Aimé Limhour naquit le 30 avril 1932 d’une famille très modeste, à Porspoder, petit village balayé par le vent au bord de l’océan. Son père était un homme dur, marin dans la marine marchande, souvent absent du foyer familial. Sa mère et sa grand-mère, bonnes Bretonnes à la foi profonde, étaient de zélées collaboratrices de l’Œuvre de la Propagation de la Foi. Elles recevaient la revue bretonne qui parlait des Missions et des missionnaires, et le petit Aimé ainsi que sa sœur cadette en entendaient souvent lire les récits.
Aimé fut un excellent élève de l’école primaire de Porspoder, mais sa langue natale était le breton, le français n’était qu’une langue apprise à l’école. Le hasard du recrutement fit qu’il fut repéré par le Père Le Dû, alors « recruteur » en Bretagne. Ce dernier appréciait beaucoup son candidat et écrivit : « Très pieux et travailleur, presque toujours le premier de sa classe, chez les frères à quatre bras où il a été en pension, à Ploudalmézeau... C’est celui de mes candidats qui semble le plus résolu à se faire missionnaire, du moins à en juger par les lettres qu’il m’a écrites pendant l’année. » C’est ainsi qu’en 1943 âgé de onze ans, il quitta la Bretagne pour le petit séminaire Théophane-Vénard à Beaupréau. Le voyage en train de Quimper à Beaupréau dura trois jours par des voies détournées à cause des destructions de la guerre. Dans le groupe des jeunes garçons se rendant au petit séminaire, Aimé se fit remarquer par sa réserve.
À Beaupréau, Aimé Limbour dut beaucoup travailler la langue française, qu’il réussit fort bien à maîtriser, mais tous ceux qui l’ont connu pensent que sa timidité et une certaine raideur dans ses comportements provenaient de ce conflit entre deux cultures et deux langues. Il était bûcheur, ponctuel et très obéissant. De temps en temps il lui arrivait d’élever la voix pour défendre la culture celtique. Il était également très pieux et, au grand étonnement de ses condisciples, paraissait prendre plaisir aux exercices de piété qui ennuyaient les autres élèves. Il se révéla très bon en littérature, et passionné de musique, surtout de musique romantique, et particulièrement les œuvres de Sibélius.
En 1949, il entra au séminaire des Missions Étrangères à Bièvres, avec « la volonté d’être missionnaire envers et contre toutes les difficultés », comme l’écrivit le supérieur de Beaupréau.
En 1950, il perdit son père. De 1952 à 1954, il fit son service militaire, la plupart du temps en Allemagne. En 1956, au moment de la guerre d’Algérie, il faillit être de nouveau mobilisé, mais fut réformé à cause de quelques problèmes pulmonaires qui l’obligèrent à faire un séjour dans un sanatorium de Thorenc, où il se montra « pieux, docile, charitable et courageux dans la souffrance ». Enfin, il put rejoindre le séminaire et fut agrégé définitivement à la Société des Missions Étrangères le 17 décembre 1957.
Au séminaire, il continua d’être l’excellent élève qu’il avait toujours été. Il obtint donc sans difficulté le baccalauréat ainsi que le baccalauréat de théologie. À la fin du séminaire, il fut ordonné prêtre le 29 juin 1958. Le soir de ce jour, il reçut sa destination pour la communauté missionnaire de Hakodaté, dans le diocèse de Sapporo. Mais les supérieurs ne voulurent pas laisser partir un si bon élève sans lui fournir l’occasion d’acquérir un diplôme, aussi l’envoyèrent-ils étudier la socio¬logie à l’Institut catholique de Lille.
Il quitta la France le 11 août 1959 et arriva au Japon le 13 septembre suivant. Sur le bateau, certains furent impressionnés par ce grand prêtre, toujours en col romain, qui faisait des efforts pour entrer en relation avec les autres passagers, qui aimait regarder la mer des heures entières, et dont la régularité était exemplaire. Lever, oraison, messe, chapelet, lecture spirituelle, tout se faisait à heure fixe.
Au Japon, Aimé fit partie d’un groupe de jeunes missionnaires étudiant la langue, groupe dont il prit bientôt la tête, car il était doué pour les langues, et son physique d’Apollon ne laissait pas indifférente le pro¬fesseur. Dans ce groupe de jeunes où les conversations étaient très animées, Aimé ne quittait pas sa réserve habituelle. Une fois pourtant il se crut obligé de réagir vigoureusement contre les élucubrations d’un aîné qui donnait l’impression de s’écarter de la droite raison. Le coup fut bref, net, sec, comme peut l’être une réaction longtemps contenue.
Ses progrès en japonais ayant été plus rapides que son apprentissage de la langue française, il fut nommé dès le début de 1961 vicaire à la paroisse de Miyamaechô, au centre de Hakodaté, paroisse qui connaissait un développement continu. Catéchismes, liturgie, visites de chrétiens, chorale, constituèrent ses principales activités. Il devint le curé de cette paroisse en 1967 et le resta jusqu’en 1972, date à laquelle on lui demanda de partir à Esashi, petit port un peu isolé mais très joli et qui a sa place dans l’histoire du Hokkaïdo, à soixante-quinze kilomètres de Hakodaté. On aurait pu penser qu’Aimé de Porspoder, l’homme du vent et de la mer, se sentirait un peu chez lui. Il n’en fut rien, il se sentit surtout en exil. La communauté chrétienne était petite, fidèle, mais quelques personnes acceptèrent difficilement ce « grand prêtre », un peu froid et qui par timidité n’exprimait pas clairement son opinion ou ses sentiments. Aussi pendant ces quelques années à Esashi, le Père Limbour souffrit-il beaucoup sentimentalement. Il acceptait tout par devoir et obéissance, mais il se rongeait intérieurement, hésitant pendant un congé en France entre le retour au Japon et une place dans le clergé du Finistère.
Il revint cependant au Japon et à sa petite paroisse du bord de la mer. En 1977, il fut nommé dans une des trois paroisses de la ville de Hakodaté, à Motomachi. C’est la paroisse mère de tout le Hokkaïdo, et même de tout le Japon septentrional, sa fondation remontant à 1859. Elle est située dans un quartier très pittoresque de la ville. Les chrétiens avaient été bien formés et se prêtaient à collaborer avec leur curé. Mais des touristes se montraient souvent au cours de leurs visites dans ce quartier historique. Le Père Limbour tentait d’éviter l’invasion et n’acceptait que rarement de faire le guide.
Parmi les visiteurs qui se présentèrent au Père Limbour, il faut mentionner Mgr Julien, actuel archevêque de Rennes, à l’époque évêque de Beauvais. Il ne venait pas en touriste, mais en ami, car sa famille avait une maison de campagne à Porspoder où il avait souvent rencontré Aimé Limbour. La messe pontificale que le missionnaire demanda à son ami évêque est restée dans les annales de cette paroisse, on se serait cru dans un grand pardon breton.
De 1983 à 1989, en plus de sa charge de curé, Aimé Limbour fut responsable du district. Il parlait toujours peu, et après mûres réflexions. Il insistait beaucoup sur la prière, la formation catéchétique et liturgique. Il avait une peur presque maladive des zizanies. À ses moments libres, il sculptait sur du bois des croix bretonnes et des vierges. Il s’intéressait beaucoup à la Vierge d’Akita, qui était connue pour un petit phénomène de lacrimation, mais le miracle n’a jamais été confirmé et le culte reste privé. On était toujours à peu près sûr de le trouver à son bureau du premier étage, d’où il pouvait voir la fameuse montagne de Hakodaté qui domine l’entrée du port comme un éperon ou une étrave de bateau. L’hiver il se chauffait plus que d’autres, il se surchauffait, était-ce signe d’une insuffisance cardiaque ?
Il avait une grande, solennelle et ancienne voiture qu’il garda des années durant et avec laquelle il se propulsait avec une prudence et un calme à toute épreuve. Doubler une autre voiture était pour lui un événement, pourtant il conduisait avec élégance, un gant blanc à la main droite.
Curé classique et pieux, pasteur attentif à l’harmonie de sa communauté, conducteur tranquille, auteur de quelques plaquettes sur la liturgie, l’eucharistie et la vie de la foi, il ne recherchait pas les grandes responsabilités. Il lui fallut pourtant assumer celle de responsable de district au moment où dans ce district le clergé japonais devenait plus nombreux. Lui-même se demandait jusqu’à quand il resterait à Motomachi, paroisse à laquelle il s’était attaché, malgré une diminution des chrétiens, due à des transferts de population vers d’autres quartiers de la ville. Mais il n’eut pas à décider de l’éventualité de son changement, ni l’évêque, Mgr Jinushi, arrivé en 1988, à lui parler de son avenir.
Le 5 octobre 1989, alors qu’il se préparait à participer à une retraite prêchée à Fukuoka, il se sentit comme étouffer et prit sa voiture pour aller consulter un médecin qui décida une hospitalisation immédiate. Il avait fait un infarctus, et une déficience cardiaque sérieuse avait provoqué un œdème aux poumons : la cage thoracique était remplie d’eau, et le Père Limbour dut rester deux jours assis dans son lit pour ne pas étouffer et donner le temps à cette eau de s’évacuer. Après de nombreux examens, on le transporta dans un autre hôpital où les médecins pensèrent qu’ils pouvaient tenter une opération pour remplacer une valve du cœur. Aimé accepta cette opération presque avec soulagement, s’inquiétant déjà d’un lieu de convalescence.
L’opération fut longue et difficile, le Père Limbour avait une malformation cardiaque, sans doute congénitale. L’opération terminée, le chirurgien avait cependant bon espoir. Malheureusement quelques heures plus tard, c’était une hémorragie interne et le décès en quelques minutes. On était le 14 février. Deux jours plus tard, l’évêque de Sapporo présida les obsèques.
Le Père Limbour était un homme extrêmement réservé, sa timidité cachait une sensibilité très vive. Il réagissait avec brusquerie, soudainement et brièvement, incapable alors de cacher sa répulsion ou son désaccord sur telle ou telle opinion allant à l’encontre de sa pensée ou de ses convictions profondes.
Sa réserve naturelle rendait les premiers contacts glacials, mais la glace fondait au fil des semaines ou des jours s’il se sentait reconnu, respecté, aimé. Il avait un sens très élevé de la dignité du prêtre. Sa foi très profonde en sa participation au sacerdoce du Christ entraînait une certaine raideur qui exigeait de ceux qui l’approchaient le respect. Il était avant tout prêtre de Jésus-Christ, dans un style pouvant paraître à certains un peu ancien, mais qui impressionnait beaucoup les chrétiens, car ils découvraient sous cette carapace austère un cœur sensible et surtout une foi très profonde, solide et ferme comme du granit. Les événements où vivent les prêtres d’aujourd’hui, les épreuves que traverse l’Église, les hérésies ou les insuffisances doctrinales dont il était témoin l’affectaient mais le laissaient imperturbable.
D’une fidélité exemplaire dans l’amitié, faite de délicatesses exprimées avec une certaine rudesse, très discret pour tout ce qui concernait sa vie spirituelle, il se prêtait pourtant à des échanges d’idées qui laissaient deviner une âme profondément religieuse. Il vivait comme un séminariste : oraison, lecture spirituelle, lecture d’Évangile, chapelet, visite au Saint Sacrement, il faisait tout avec grande régularité et dans la discrétion.
Son enseignement catéchétique était préparé avec le plus grand soin et malheur à celui qui venait le déranger à ce moment. La saine doctrine était fidèlement enseignée, non sans une certaine sécheresse dans l’expression.
Notons pour terminer une originalité : il aimait les temps de pluie fine, qui lui rappelaient sa Bretagne natale. Il prenait alors volontiers sa motocyclette, toujours soignée avec amour, et partait faire une petite promenade sous la pluie, ce qui laissait médusés confrères et chrétiens qui en étaient témoins. Ayant vécu tout près de la mer avec les vents salés qui soufflent en bourrasques régulières, toujours avec mesure, il buvait volontiers une « canne » de vin rouge ou un « whisky on the rocks », et devenait alors un peu plus disert, mais sans jamais dépasser certaines limites, et il retrouvait bien vite la sereine raideur qui caractéri¬sait son comportement.
H. QUINIOU, A. QUENNOUËLLE, J. LEPAUL, J. WARET
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Références
[4074] LIMBOUR Aimé (1932-1990)
Références biographiques
CR 1958 p. 95. 1961 p. 32. 33. 1962 p. 43. 1963 p. 51. 1964 p. 21. 1965 p. 22. 1966 p. 19. 20. 1967 p. 18. 19. 1968 p. 114. 1969 p. 33. 34. 1974-76 p. 41. 1980-82 p. 50. 52. 85/61. AG80-81 p. 56. 59. BME 1949 p. 535. 1958 p. 278. 658. 753. 1959 p. 890. EPI 1962 p. 286. 396. 1964 p. 260. 1967 p. 129. Enc. PdM. 6P3. R.MEP 1963 n°127 p. 46. Hir n°124. 247. EC1 N° 470. 634. 642. 644. 664. 772. NS. 3P65. 66. 10P299. 12P375. 18P115. 116. 64/C2. 78/C2. 132/C2. p. 242. 136/C2. 169P378. 175/C2. 175/567. 178/C2. 208/218. 219/C2.