Clément MONTAGNE1932 - 2004
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4091
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Identité
Naissance
Décès
Biographie
[4091] MONTAGNE Clément est né le 1er avril 1932 à La Madeleine (Nord).
Ordonné prêtre le 21 décembre 1959, il part le 19 avril suivant pour la mission de Thakhek (Laos).
Après avoir étudié le laotien à Sieng-Vang, à Namdick et à Simang, il est curé de Done-Dône et de Phon-Tiou (1964). Puis il est chargé des postes de Nasa, Bô-Neng, Hinlat (1966-1973) et nommé curé de Pong-Kiou (1975).
En 1976, après la victoire du Pathet-Laos, il est expulsé du pays. En 1977, il part pour le Brésil, où il est affecté au diocèse de Conceiçao do Rarguaia (Para), puis il fonde la paroisse de Xinguara, avec son confrère François Gouriou.
Il revient en France en 1981. Il est alors vicaire à Saint-Jean de Montmartre (1982), vicaire à Notre-Dame-de-La-Gare à Paris (1988) et curé de Lauris (1944-2004).
Il meurt le 2 janvier 2004. Il est inhumé dans le cimetière de Lauris.
Nécrologie
[ 4091 ] MONTAGNE Clément, Alfred, François, Joseph
Missionnaire
Laos : Thakhek
Brésil : Conceiçao do Araguaïa
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Clément, Alfred, François, Joseph MONTAGNE, fils de Charles, Henri, Joseph, Antoine et de Marguerite Marie Englart, son épouse, naquit le 1er avril 1932, en la ville de La Madeleine, arrondissement de Lille, département du Nord. Il fut baptisé le 6 avril 1932, en la paroisse Sainte Marie-Madeleine, à La Madeleine, au diocèse de Lille. Cette famille honorable et chrétienne se composait de quatre enfants, deux garçons, deux filles dont l'une décéda à l'âge de 19 ans ; par rang d'âge, Clément tenait la quatrième place. Son père était employé de banque et sa mère avait la charge de la maison familiale. Dans sa parenté, un oncle et un cousin étaient prêtres dans le diocèse d'Arras, une cousine avait embrassé la vie religieuse dans la Congrégation des Ursulines.
Clément fit ses études primaires à l'école Saint Jean, à La Madeleine, au cours desquelles il reçut la confirmation le 8 juin 1943 ; puis, en octobre 1944, il entrait en classe de 7ème au Petit Séminaire de l'Immaculée Conception à Haubourdin, près de Lille. Sans aucune interruption dans ses études secondaires, il se présenta aux épreuves de la première partie du baccalauréat en juin, puis en octobre 1951. Bien que recalé à cet examen, en raison de son âge, on ne lui imposa pas le redoublement de la classe de rhétorique. Il fut admis à suivre les cours de philosophie. En juin 1952, il passa un examen d'entrée au Grand Séminaire et y fut reçu avec une moyenne de 10,45/20. Doué pour la musique, il lui arrivait d'exercer les fonctions d'organiste. Mais il disposait aussi d'un certain nombre de ressources humaines et spirituelles permettant d'attendre beaucoup de lui.
Le 23 mars 1952, durant son année de philosophie au petit séminaire, il adressait à Mgr. le Supérieur Général de la Société des Missions Étrangères, une demande d'admission qu'il formulait ainsi : .."Le temps est maintenant venu de donner une orientation précise à ma vocation. En effet, à vingt ans, j'achève au Petit Séminaire d'Haubourdin où j'ai suivi le cours de mes études secondaires, mon année de philosophie. Toutefois, j'ai échoué au Baccalauréat première partie, série classique A. Je me propose de me consacrer aux Missions d'Asie. Mon supérieur de séminaire et mon directeur de conscience en ont été avertis…Papa et Maman, quoiqu'un peu attristés, ont accepté cette séparation…" Ayant reçu une réponse positive à sa démarche, M. Clément Montagne présentait ses remerciements au Supérieur Général, à la date du 20 avril 1952, les exprimant ainsi : .." J'ai été très heureux de recevoir une réponse satisfaisant ma demande. Votre lettre et l'image dédicacée que vous m'avez envoyée m'ont vivement touché. Je vous remercie de m'avoir accueilli dans la Société des Missions Étrangères de Paris. Maintenant, mon idéal se réalise avec plus de précision…"
Ainsi donc le 15 septembre 1952, M. Clément Montagne arrivait au séminaire de Bièvres pour y commencer sa première préparation missionnaire. Avec la solide formation intellectuelle acquise au Petit Séminaire, sans peine, il est reçu bachelier en philosophie scholastique, en juin 1953 ; ses maîtres sont satisfaits de son travail ; sérieux, pieux, bon caractère, il sait animer les séances récréatives. Agrégé temporairement à la Société des Missions Étrangères, le 18 décembre 1953, il est tonsuré le lendemain. Le 30 mai 1954, il reçoit les premiers ordres mineurs.
Appelé sous les drapeaux en 1954, il est incorporé le 8 septembre de cette même année, à Bar-le-Duc, caserne Oudinot. Dans une lettre du 1er octobre 1954, il nous livre ses premières impressions de jeune soldat :…"Je suis à présent militaire depuis un mois. Les classes continuent avec leur "train-train" monotone, ennuyeux souvent…Je ne pense pourtant pas en "baver". Au contraire. Les camarades, une bonne centaine, sont sympathiques, plusieurs sont médecins - spécialistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens -beaucoup cependant n'ont aucune connaissance médicale. Nos instructeurs sont de braves gens par trop méchants (jusqu'à maintenant). Joignez à cela une cuisine abondante et soignée ; il n'y a pas de quoi se plaindre. Toutefois, une chose me manque et qui manque sans doute à beaucoup de séminaristes soldats, c'est le calme pour pouvoir se recueillir. J'espère bientôt sortir pendant les quartiers libres pour reprendre haleine hors de l'ambiance de la caserne…. Cela ne m'empêche pourtant pas de penser aux missions et aux confrères qui bientôt partiront en mission…"
Vers la mi-novembre 1954, le voilà infirmier au 6ème S.I.M., à l'Hôpital Militaire Legouest, à Metz. Dans une lettre du 1er décembre, il raconte sa nouvelle vie au Supérieur du Séminaire :.."Peut être me voyez vous revêtu d'une blouse blanche et déambulant, une seringue à la main, à travers les couloirs de l'hôpital. Il n'en est pas ainsi. Sans doute, mes classes terminées, je suis parti le 13 novembre à 2 h. du matin, à l'hôpital militaire Legouest ; mais arrivés là, nous étions 5, on nous a fait balayer les feuilles du parc et cela dure encore. Il y aura bientôt trois semaines que nous faisons ce travail, espérons qu'une affectation nous donnera un travail plus intéressant. Heureusement quelques avantages compensent ces ennuis. Tous les matins, je puis servir la messe à la chapelle de l'hôpital. L'aumônier a son bureau dans l'hôpital. Je puis donc le voir assez souvent. Nous sommes une quarantaine de soldats dans l'hôpital. Aucun mouvement, aucune réunion ne groupe les soldats catholiques. Tout est à faire et je ne connais guère mes camarades qui sont "plus anciens" que moi. Beaucoup sont alsaciens ou lorrains et parlent leur patois. Heureusement, quelques nordistes sont là pour mettre un peu d'ambiance (!???)…." Son aumônier militaire à Metz donne à son sujet le témoignage suivant : " Remarquable. A préparé plusieurs gars au baptême et autres sacrements. Très dévoué. Boute-en-train unanimement regretté lors de son départ en A.F.N. Véritable bras droit de l'Aumônier.
Il profite alors de ses permissions assez nombreuses pour venir se ressourcer à la rue du Bac. Et puis, le 27 février 1956, alors qu'il se trouve en permission dans sa famille, à la Madeleine, il fait part à son Supérieur de séminaire de son prochain départ pour l'Afrique du Nord. Il s'exprime ainsi : …" Mon Père, Je viens ce soir vous faire mes adieux. Alors que je m'apprêtais à retourner à Metz après une perm de 10 jours, (la dernière de mon temps légal), ce matin, j'ai reçu une enveloppe contenant une permission exceptionnelle de 4 jours avec ces simples phrases : "prolongation de permission , départ prochain." C'est donc clair, je suis désigné pour l'A.F.N….Quand partirai-je ? Où ? Dans quelle arme serai-je muté ? Avec quels nouveaux compagnons serai-je ? Comment partirai-je bateau ? Avion ? Dès que j'aurai des nouvelles à ce sujet, je vous les ferai parvenir…." Et, en terminant, il se recommande aux prières de la communauté comme l'ont fait ceux qui sont partis avant lui.
Envoyé en Algérie, en mars 1956, il est affecté au 1/435ème R.A.A. B.C.S. à Ménerville, une ville dans l'arrondissement de Maison-Blanche, entre la Mitidja et la vallée de l'Isser, un passage entre Alger et la Grande Kabylie. Alors qu'il est affecté au magasin d'habillement du Bataillon, ses camarades, écrit il " logent sur des pitons rocheux, loin de tout : soleil, poussières, vent à toute heure. L'eau y est plus que rare…Comme beaucoup de camarades d'A.F.N., je ne vois guère d'aumôniers. Les Messes sont rares. Malgré tout, le moral reste bon...!"
Après une courte permission en France, en octobre 1956, avec plusieurs camarades, le voilà de retour dans la région de Ménerville "dans nos fermes, ou sur nos pitons où une boue infecte nous attendait, ainsi qu'un petit froid nocturne très désagréable." Mais très rapidement, il est affecté à l'infirmerie où le travail est beaucoup plus intéressant mais bien différent de ce qu'il avait connu à Metz.
Enfin le 20 février 1957, il est rendu à la vie civile ; il embarque sur le "Sidi Mabrauk" qui accosta à Marseille, le lendemain à 15 h. Il fait part de cette nouvelle au Supérieur du Séminaire, dans une lettre du 26 février 1957 : "Enfin civil ! Cet heureux jour… est arrivé ! Je prendrais facilement 15 jours de vacances (jusqu'au 11 mars) après ces 30 mois d'armée. Mais c'est à vous qu'appartient la décision….J'apprécie beaucoup le plaisir de passer toutes mes nuits "au lit" sans être de service, tout comme je trouve admirable de se promener sans arme et sans craindre de mauvaises rencontres.»
Le 11 mars 1957, M. Clément Montagne reprenait la vie régulière du séminaire, après cette longue expérience de vie dans le monde militaire dans lequel, selon le témoignage de son aumônier militaire en Algérie, il " a eu une bonne influence dans son unité, était apprécié de ses chefs et aimé de ses camarades. Animateur et Apôtre. S'il sait approfondir sa vie spirituelle, il sera excellent." Avec courage, il se remit au travail intellectuel. Toujours de bonne humeur, à l'aise dans la communauté, dévoué pour les malades, car ancien infirmier militaire, il eût en charge l'infirmerie du séminaire. Mais il préparait aussi avec sérieux son avenir missionnaire, et sa formation sacerdotale.
Le 2 février 1958, il reçut les seconds ordres mineurs ; agrégé définitivement à la Société des Missions Étrangères, le 1er février 1959, il fut ordonné sous-diacre le lendemain ; sa destination lui fut donnée le 17 mai 1959 ; il était envoyé au service de la mission de Thakhek (Khammouane) ainsi que son confrère M. Pierre Bach ; diacre le 29 juin 1959, M. Clément Montagne était ordonné prêtre le 21 décembre 1959. Le 17 avril 1960, jour de la fête de Pâques, se déroula la cérémonie de départ de six nouveaux missionnaires parmi lesquels M. Clément Montagne. Devant une grande assemblée de fidèles, M. Bernard Wittwer, directeur au Séminaire de Bièvres, prononça l'allocution de circonstance. Les partants quittèrent Paris le soir même pour Marseille où ils s'embarquèrent le 19 avril 1960.
MM. Clément Montagne et Pierre Bach arrivèrent au Laos au début du mois de mai 1960. Tous deux pendant six mois, s'initièrent à la langue lao à Siengvang, un village situé à 30 Kms au sud de Thakhek sur les bords du Mékong. Ensuite M. Clément Montagne fut envoyé mettre en pratique ses connaissances linguistiques à Namdik, au nord de la mission, où il fut vicaire de M. Georges Aballain. A cette époque, la communauté missionnaire de Thakhek fut détachée de la région du Sud Viêtnam pour être rattachée à celle de Thaïlande. Les trois jeunes missionnaires du Laos dont M. Clément Montagne furent envoyés à Bangkok, au début de juin 1961, pour y apprendre le Thaï. Cette étude, en effet, allait leur être très utile ; elle leur permettait d'approfondir leur connaissance du laotien qui empruntait de nombreux termes nouveaux au sanscrit par l'intermédiaire de la langue thaï. Pendant la durée de cette étude de langue, ils furent reçus chez les Frères de Saint Gabriel dans leur grand collège de Sriracha. Leur séjour se termina en septembre 1961.
De retour dans sa mission, M. Clément Montagne fut envoyé en stage d'abord dans la paroisse de Pongkiou - Dong Makba où il résida de septembre à novembre 1961, ensuite, de novembre 1961 à juin 1962, il fut nommé vicaire à Simang, une paroisse située au sud de Thakhek, mais proche de cette ville.
En juin 1962, dans ce Laos troublé, déchiré par diverses factions politiques, par les fortes rivalités et les querelles entre généraux, dans ce pays soumis à l'influence des forces nord-vietnamiennes, et imbriqué dans "l'escalade" de la guerre au Viêtnam, M. Clément Montagne, continua à Kamouannne (Thakhek) l'étude de la langue lao ; il seconda M. Pierre Urkia, dans sa charge de professeur et supérieur de l'Ecole Gouin. Celle-ci était à la fois un pré séminaire et une école de catéchistes ; il s'occupa, au titre de vicaire dominical, de la communauté chrétienne de Simang, au sud de Thakhek. L'année suivante, en juin 1963, il devint l'adjoint de M. Pierre Millot, procureur de la Mission, et resta dans cette charge jusqu'en novembre 1964.
L'année 1963, fut pour le Laos, celle de la reprise de la guerre civile, principalement dans la région de la Plaine des Jarres. Les forces militaires du Pathet-Lao communiste qui occupaient déjà le Nord Laos s'emparèrent des villes de Xieng-Khouang, Khang-Khay et Phongsavan ; dans le sud Laos, les Pathet-Lao établirent leur contrôle dans la région située autour de la ville d'Attopeu. Là, se faisaient les communications entre les forces militaires du Nord Viêtnam, et leurs alliés viêtcongs du Sud Viêtnam.
Malgré ces difficultés et incertitudes, cette même année, le Pape Jean XXIII érigeait le nouveau vicariat apostolique de Luang-Prabang. Ce territoire détaché du vicariat apostolique de Vientiane, était confié à Mgr. L. Berti, précédemment évêque auxiliaire de Mgr. Loosdregt, O.M.I vicaire apostolique de Vientiane. La même année, Savannakhet devenait le siège épiscopal et le centre de l'ancien vicariat apostolique de Thakhek, dirigé par Mgr. Arnaud ; vers 1961, cette dernière ville avait changé son nom pour prendre celui de Kammouane.
En novembre 1964, la charge pastorale de la communauté chrétienne de Simang lui restant confiée, M. Clément Montagne était nommé curé de la paroisse de Don-Don, Hinlat et autres lieux..; cette unité pastorale comptait 660 chrétiens environ. La chrétienté de Don-Don, proche de Thakhek, était installée dans une île inhabitée du Mékong, en territoire laotien ; elle avait été fondée en 1886, par le P.Xavier, grâce à l'initiative de M. Constant Prodhomme, en résidence à Khamkoen, un nouveau village que celui-ci venait de créer sur le territoire Thaï. Le Mékong servait de frontière entre les deux pays, en cette région.
• En novembre 1966, tout en gardant ses responsabilités ordinaires, M. Clément Montagne était envoyé à Phon-Tiou, un centre connu pour ses mines d'étain ; il reçevait aussi mission de s'occuper des villages déplacés et des nombreux réfugiés victimes de la guerre que les services administratifs avaient réimplantés tout le long de la route de la Nam-Thone, au nord-est. Il faisait des visites régulières dans les villages de Nasa, Bô-Neng, Hinlat et autres localités des environs. Son secteur apostolique s'étendait sur une longueur de 120 kms. En plus de son travail pastoral quotidien, sa nomination de vice Supérieur Régional et de premier conseiller de la Région du Laos le mettait au service de ses confrères missionnaires .
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• En juin 1967, un jeune vicaire lui fut donné en la personne de M. Hubert Lab. Celui-ci venait y faire ses premières armes, se perfectionner en langue lao et faire un stage pratique dans les villages de Namdik et de Nataket, une chrétienté groupant environ cinq cents fidèles, à une trentaine de Kms au nord de Thakhek.
Mais le grand évènement marquant de l'année 1967 fut la division du vicariat apostolique de Savannakhet. En effet, le 22 juin 1967, le Saint Siège érigeait le vicariat apostolique de Paksé, et ce même jour, le Saint Père confiait cette nouvelle circonscription ecclésiastique, à M. Jean Pierre Urkia, nommé vicaire apostolique, avec le titre d'évêque de Mascliane. Le sacre du nouvel élu eût lieu à Paksé, le 27 septembre 1967. Le consécrateur fut Mgr. Jean Arnaud assisté de NN.SS. Michel Langer, évêque de Nakhon Sawan et Claudius Bayet, évêque de Ubon. Cette nouvelle mission englobait les six provinces les plus méridionales du Laos : Sédon, Wapi-Khamthong, Champassak, Sithandon, Saravane et Attopeu. Elle était limitrophe à l'est avec le Viêtnam, au sud avec le Cambodge, à l'ouest avec la Thaïlande, et au nord avec la mission de Savannakhet.
En novembre 1967, M. Clément Montagne quitta ses chrétientés de Don-Don - Simang, et les centres de réfugiés dont il s'occupait pour prendre un congé bien mérité. De retour dans sa mission, le 20 août 1968, il reprit son travail pastoral ordinaire présenté ainsi dans le Compte rendu de 1969 : .."Le P. Montagne, notre dévoué vice régional, est celui qui a le secteur le plus long, 120 kms. Responsable des villages de Namdik et de Nataket, il y ajoute ceux de Nam Thon, Phontiu (mines d'étain), Nasa à l'est de Hinlat, sur le Mékong. Il ne compte plus les Kms à pied qu'il parcourt dans une année pour visiter ses ouailles ou catéchiser ses catéchumènes, pour la plupart réfugiés (on en dénombre 6.000 dans son secteur). Cette année notre vaillant confrère a eu la joie de pouvoir construire une résidence chapelle au village de Nam Thon ; il peut ainsi rester davantage sur place pour évangéliser ses nouveaux adeptes. Il attend avec impatience l'arrivée d'une Land-Rover pour pouvoir parcourir avec plus de facilité et plus rapidement son immense territoire."
En 1969, après avoir remis les paroisses de Namdik et de Nataket entre les mains de son vicaire M Hubert Lab, M. Clément Montagne s'en alla à Nam-Thon en vue d'une installation définitive. Mais la région n'était pas très calme, la guérilla manifestait sa présence par des coups de main et des embuscades. On lit dans le Compte-rendu de 1970 : …»Le P. Montagne a été bien gêné par les évènements dans ses déplacements. En novembre 1969,il est allé à Namthon, en vue d'une installation définitive. Hélas ! Le 6 novembre ce fut l'attaque du poste militaire par les Pathet-Lao et le bombardement par les T-28 ; le lendemain le Père est revenu à Thakhek. Le 30 novembre, les Pathet-Lao assassinaient à la mitrailleuse une infirmière anglaise et son chauffeur au Km 130 (i.e. au nord de Nam-Thon) ; mais plusieurs autres camions ont été mitraillés et les occupants tués. La route a été ainsi coupée pendant de nombreux mois, certains chauffeurs de car ne voulaient plus prendre d'Européens par crainte des Pathet. Dans le secteur des mines d'étain, en janvier 1970, les Pathet ont chargé, baïonnette au canon et au son du clairon, le marché de Phon-Tiou. Le 20 mars 1970, alors que le P. Montagne roulait en direction des mines, tout fier au volant de sa toute neuve R4, il fut dépassé par un camion citerne de gas-oil, à 20 Kms environ de Phon-Tiou. Quelques minutes plus tard, ce camion brûlait, attaqué au bazooka par les rebelles. Un car a été mitraillé au même endroit. Le Père a rebroussé chemin. Malgré tout, le travail de la mine continue et de nombreux chrétiens viennent s'embaucher à Nong Sun et Bo-Neng (à 80 Kms au Nord de Thakhek..) Le Père s'occupe donc plus particulièrement de ce secteur, puisqu'une implantation chrétienne est en train de se faire naturellement."
En effet, en 1970, la guerre s'intensifie au Laos, sous l'influence des évènements politiques au Cambodge, de la présence militaire étrangère et de la situation de guerre au Viêtnam. Les forces Pathet-Lao avec l'aide nord vietnamienne renforcent leur pression en direction de Luang-Prabang, la capitale royale, de la plaine des Jarres et dans le sud, vers Attopeu, et le plateau des Bolovens. Une foule de réfugiés désemparés fuient les zones de combat, les routes et les pistes deviennent peu sûres ; elles sont coupées rendant très difficiles les déplacements entre les villages et de ville à ville. Face à cette situation, le gouvernement lao ne possède qu'une armée nationale peu motivée et dont l'encadrement laisse parfois à désirer ; son recrutement se fait par mobilisation et parfois, par rafles avec enrôlement de force. Il dispose de quelques unités de "Forces Spéciales" entraînées par les Américains ; elles sont bien équipées et grassement payées mais relativement sûres. Les bombardements aériens sont souvent utilisés pour enrayer l'avance ennemie, rendre inutilisable la "piste Ho-chi-Minh" et "briser ses sanctuaires". Une telle situation a des conséquences sérieuses au plan de la vie des villages, dans le domaine de la vie sociale, économique, et familiale, de l'avenir des jeunes, et du travail apostolique rendu délicat et difficile pour les missionnaires. .
En 1971, du 8 au 27 novembre, se tint à Hong-Kong, un Synode de la Société des Missions Étrangères. La tenue de ce synode avait été décidé par les capitulants lors de l'Assemblée Générale de 1968. M. Clément Montagne, vice - régional et délégué des missionnaires participa à cette importante réunion, qui se voulait être d'abord "une prise de conscience des problèmes de l'évolution de l'Église dans laquelle nous travaillons, et de notre évolution personnelle elle-même parce que nous aussi, nous changeons", mais aussi une préparation prochaine à l'Assemblée Générale de la Société prévue pour 1974.
En janvier - février 1973, suite aux accords de paix de Paris impliquant un désengagement progressif américain en Indochine, un nouveau cessez-le-feu avait été conclu, au Laos, entre les forces militaires gouvernementales et les troupes communistes. C'était un cessez-le-feu un peu particulier dit "en peau de léopard". En effet, chaque belligérant devait rester sur ses positions, à la limite de sa zone d'occupation du territoire. Il était convenu que le Pathet-Lao communiste participerait au gouvernement national du Laos. Ainsi, pour le Pathet-Lao, il lui suffisait d'attendre patiemment le jour où il lui serait possible d'avoir une main mise totale sur tout le royaume. Cet accord n'amenait pas une paix parfaite, ni durable, car c'était une paix imposée par l'extérieur, mais officiellement, il mettait fin à l'ingérence militaire américaine dans le pays. Dans l'immédiat, on pouvait espérer le retour d'un peu de tranquillité et d'une certaine sécurité toutefois bien fragile.
C'est dans ce contexte qu'en 1973, M. Clément Montagne fut "prêté" à la mission de Paksé, au sud Laos. Nommé aumônier du couvent des Filles de Marie de la Croix, ex Amantes de la Croix, pour remplacer M. Marcel Godet gravement accidenté, lors d'une chute dans une ornière profonde, ainsi que M. Philibert Martin, malade, il se dévoua au service des nombreux villages de réfugiés ; ceux-ci avaient été déplacés des bords de la "piste Ho-chi-Minh", sur la frontière du Viêtnam. Cet axe de communication vital pour les forces nord vietnamiennes dans leur guerre contre le Sud Viêtnam, était fréquemment bombardé par les avions B.52 américains.
En 1974, les confrères choisirent M. Clément Montagne pour être leur délégué à l'Assemblée Générale des Missions Étrangères qui se tint à Bièvres du 15 juillet au 17 août de cette année là. Le 7 octobre 1975, sur présentation du Supérieur Régional du Laos, le Supérieur Général le nommait membre du Conseil Régional du Laos, à compter du 1er janvier 1976.
La prise de Phnom Penh par les Khmers Rouges le 17 avril 1975, suivie de celle de Saigon par les Viêt-Cong, le 30 avril 1975, encouragea le Pathet Lao à s'emparer du pouvoir au Laos. A cette fin, ce mouvement révolutionnaire se mit à provoquer troubles et manifestations dans tout le pays. A partir du 18 mai 1975, les soldats communistes firent mouvement sur les villes ; "Appelés et accueillis par le peuple enthousiaste," par les étudiants, et les ouvriers, toute la population avait ordre de se porter à la rencontre de leurs libérateurs. Un petit nombre d'opposants au nouveau régime qui allait se mettre en place réussit à s'exiler à l'étranger, d'autres entrèrent en résistance et partirent "en forêt".
Le Pathet-Lao prit possession des villes, s'installa dans les bâtiments administratifs, dans les propriétés privés devenues libres en raison du départ de leurs propriétaires. Au niveau des villages et des arrondissements, de nouvelles autorités se mirent en place. L'armée nationale lao dite "fantoche" dut livrer tout son matériel aux nouveaux maîtres ; les officiers d'abord et les soldats ensuite furent envoyés en stage de rééducation. Le 12 octobre 1975 dans tout le pays, on célébra la fête de la libération, et le 2 décembre 1975, la monarchie était abolie au Laos ; l'ancien royaume du Million d'Éléphants devenait une République Démocratique Populaire. Cependant, en raison du manque de personnel d'encadrement suffisant, la mise en place des nouvelles structures se fit assez lentement, mais progressivement, et variant d'une province à l'autre.
Après l'Assemblée Générale de 74 suivie de quelques mois de congé, M. Clément Montagne repartait au Laos, le 9 janvier 1975 ; il retrouvait alors la mission de Savannakhet, et était nommé curé à Pong-Kiou à quelques 40 Kms au sud de Thakhek. Avec ses 800 baptisés environ, c'était le plus gros village chrétien du vicariat apostolique. Il venait remplacer M. Joseph Ouvrard, parti en congé. Dans ce nouveau poste, avec l'aide de trois sœurs de la Charité, il allait travailler dans le monde des minorités ethniques : les Sô. Convertis au catholicisme depuis 80 ans environ, sédentarisés depuis plusieurs décennies, les Sô étaient établis dans la province de Thakhek. Ils avaient leur langue, leurs coutumes, leurs fêtes rituelles particulières, mais ils pratiquaient aussi le laotien. Pour une meilleure insertion missionnaire dans ce milieu, une session d'étude s'était tenue à Thakhek, en 1974. Il s'agissait de mieux connaître et de comprendre leur mode de vie, leurs coutumes, leurs traditions, leur organisation sociale, ainsi que leurs relations entre villages. Lors des évènements de 1975, cette communauté chrétienne se montra ferme et courageuse par sa fidélité à la foi reçue de leurs missionnaires.
Comme au Viêtnam, comme au Cambodge, la prise de pouvoir par ce nouveau régime conduisit à des orientations nouvelles au plan du travail pastoral. Comme au Viêtnam et au Cambodge, le Saint Siège procéda à la nomination d'évêques originaires du pays auxquels il confia la direction des Vicariats Apostoliques, et le soin de l'église locale. Mgr. Thomas Khamphan fut choisi et nommé à la tête du vicariat apostolique de Paksé ; il reçut la consécration épiscopale le 10 août 1975. A Mgr. Jean-Baptiste Outhay, sacré le 24 août 1975, fut confié le vicariat apostolique de Savannakhet- Thakhek. Pendant quelques temps encore, les missionnaires de ce vicariat purent visiter leurs chrétientés, munis de moult autorisations ; cependant, ils ne subirent ni interrogatoires violents, ni jugements populaires mais peu à peu, se rendre chez les chrétiens devint difficile, car ces derniers étaient questionnés sur le but de la visite du Père. Que venait il faire ? Venait il régler quelque différend entre familles ou encourager et aider les "réactionnaires" dispersés en forêt ?
Les "éloignements du Laos" débutèrent à Paksé ; une lettre du Chef de Province de Champassac, datée du 14 février 1976, adressée à Mgr.Kamphan, vicaire apostolique de Paksé, donnait des consignes dans ce sens. Malgré les démarches de l'évêque et des prêtres lao auprès des autorités nouvelles, les Sœurs et les Pères européens furent priés de regagner Vientiane dans un délai d'une semaine. Les "Echos de la Rue du Bac", de Mai 1976 donnent le récit de ce départ :.."Le dimanche 22 février 1976 tous les Pères français se sont regroupés à l'évêché de Paksé. Le mardi 24 , les Pères, au nombre de sept, ainsi qu'un laïc missionnaire et trois religieuses européennes, se sont présentés au bureau du chef de province qui les avait convoqués ce jour-là, pour que, aux termes de la lettre du 14 février, "leur soient facilitées les démarches administratives". Au cours de cette entrevue, il leur fut précisé que leur retour à Paksé serait conditionné par un accord entre le gouvernement du Laos et la France, leur pays d'origine. L'entretien fut courtois, le thé fut même servi et des cigarettes furent offertes. En terminant le chef de province leur serra la main à tous…"
Cette heure de "l'invitation au départ" était également proche pour le groupe des cinq confrères de Savannakhet. Le 4 août 1976, à leur tour, ils quittaient le Laos pour la Thaïlande et la France. Le 21 août 1976, M. Clément Montagne et Mgr. Pierre Bach débarquaient à Paris.
Comme cela avait été fait à trois reprises en 1975 pour les confrères du Viêtnam et du Cambodge, les missionnaires expulsés du Laos furent invités à se retrouver à Paris vers novembre 1976, pour réfléchir ensemble sur leurs perspectives d'avenir. Les Pères de Saint Jacques avaient proposé un travail en commun avec eux, dans le sud du Brésil, principalement dans l'État du Parana. M. Clément Montagne participa à cette rencontre à Paris. En attendant la décision des supérieurs et l'obtention des visas d'entrée, il se mit à l'étude intensive de l'anglais à Besançon, puis commença celle du Portugais. Deux confrères, M. J-L Purguy puis Mgr. Pierre Urkia venaient de gagner le Brésil, le premier en juillet 1976, le second en janvier 1977. Après l'étude du portugais à l'école de langue de Rio, tous deux travaillaient ensemble dans la paroisse de Pérola, dans le diocèse de Umuarama, dans l'Etat du Parana.
En janvier 1977, le Supérieur Général de la Société des Missions Étrangères informait M. Clément Montagne et sept autres missionnaires "écartés" du Laos et du Cambodge, que, selon leur désir, une nouvelle destination leur était donnée pour le service de la mission au Brésil. Afin de mieux se préparer à leur nouvelle tâche apostolique, ce petit groupe missionnaire suivit à Paris, du 25 au 28 avril 1977, sous la direction du P. Rebillard, responsable du Comité Épiscopal France - Amérique Latine, une session d'information sur ce vaste pays d'une superficie de plus de 15 fois celle de la France, avec une population à cette époque estimée à 116 millions d'habitants environ, et confiée au plan pastoral à quelques 312 évêques. Enfin, le 29 juillet 1977, avec trois autres confrères, M. Clément Montagne quittait Paris pour rejoindre son nouveau champ d'apostolat.
Les quatre nouveaux missionnaires consacrèrent le second semestre de 1977 à l'étude de la langue portugaise au Centre International d'Inculturation du Brésil à Rio. Le 5 janvier 1978, M. J.B. Itçaïna, membre du Conseil Permanent, rendait visite aux confrères du Brésil ; c'est alors qu'il fut décidé du lieu de leur implantation dans le pays. Le choix se porta sur la prélature territoriale de Conceiçao dont le siège épiscopal était à 2.900 Kms de Pérola où se trouvaient déjà Mgr. Pierre Urkia et M. J-L. Purguy, et à 1.200 Kms au sud de Belem. Cette prélature avait une superficie correspondant à celle de la Belgique et de la Hollande réunies ; la distance du nord au sud était de 800 kms. Six prêtres seulement dont cinq brésiliens, y assuraient alors le ministère pastoral.
Dans le Compte - Rendu de la Société de 1977-1979, la Région du Brésil présentait un long et intéressant rapport rappelant l'arrivée au Brésil de ce petit groupe de quatre missionnaires et dans lequel on lit à la page 308 : .." Les PP. Montagne, Camio, Gouriou et Le Moal constituèrent la seconde vague. Arrivés fin juillet 1977, ils firent une visite aux deux confrères dans le Sud, avant d'entreprendre l'école de langue. Le choix d'un point de chute ne se fit qu'après la visite de différents diocèses du Brésil. Deux lieux furent retenus : dans le Para et la Bahia. La prélature de Conceiçao do Araguaia fut choisie en fonction de divers critères : ouverture pastorale de l'Évêque, Église proche du peuple et de ses besoins, présence de peu de Pères étrangers, bonnes relations au sein du conseil pastoral composé de Pères, Religieuses et agents pastoraux. Le point déterminant fut aussi la nécessité de rester tous les quatre dans le même secteur…"
En janvier 1978, nos quatre confrères se mirent donc au service de la circonscription ecclésiastique (dite prélazie) de Conceiçao do Araguaia, dans l'Etat du Para ; cette prélature territoriale, dans la région nord du Brésil, confiée à Mgr. Dom Estêvao, dominicain brésilien, comptait environ 100.000 habitants. Une lettre du 25 mars 1978 de M. Alain Le Moal, publiée dans les "Échos de la rue du Bac" de Mai 1978 nous raconte :"Clément Montagne et François Gouriou ont été installés officiellement à Xinguara, par l'Évêque lui-même, le 23 février 1978. Procession de plus d'un kilomètre, fusées, effusions oratoires de l'Évêque et des laïcs. La réception a été particulièrement chaleureuse et fait déjà partie des annales. Clément et François ont emménagé dans la maison que le P. Itçaïna avait vue en construction….En ce qui concerne le travail pastoral, Clément et François vont travailler avec le P. Pedro (prêtre diocésain) , un diacre et trois sœurs, tous du pays, et résidant à Rio Maria (20 Kms de Xinguara) ….Comme terrain d'apostolat, en outre de Xinguara (7.000 personnes), Clément et François vont desservir : - La Floresta : 3.000 personnes, à 100 Kms de Xinguara, Agua Fria, 1.200 personnes, plu