Guy BARBEROT1933 - 2013
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4129
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1962 - 1977
Biographie
[4129] BARBEROT Guy est né le 18 juin 1933 à Fouchécourt (Haute Saône).
Ordonné prêtre le 21 décembre 1961, il part le 10 avril 1962 pour la mission d’Ubon (Thaïlande).
Il étudie le thaï à Nongku et à Nongtham, puis il est nommé curé de Nakam-Varin et de Nadun (1964). Il est ensuite professeur et économe au séminaire interdiocésain de Thare (1966), vicaire à la cathédrale d'Ubon et économe de la maison de communauté des MEP (1969), et curé de Nakham-Varin (1972).
En 1977, il rentre en France, pour raison de santé, et se met au service du diocèse de Beauvais. Il est nommé curé d'Aumont-en-Halatte et il est par ailleurs aumônier diocésain de Pax Christi (1978-1986), puis il est aumônier de la Garnison de Senlis (1980) et aumônier du JET, pour les jeunes détenus en équipe de travail, sur la base de Creil (1987).
Il meurt le 7 décembre 2013.
Nécrologie
[4129] BARBEROT Guy (1933-2013)
Notice nécrologique
Guy BARBEROT
1933-2013
Guy Marie Barberot naquit le 18 juin 1933 dans la commune de Fouchécourt, située non loin de Faverney dans l’arrondissement de Vesoul, en Haute-Saône et dans le diocèse de Besançon. Ses parents, Paul Barberot et Marie-Thérèse Garret étaient agriculteurs. Mariés en 1919, ils eurent 8 enfants, dont deux jumeaux qui périrent accidentellement. Il leur resta 6 fils, dont Guy était le benjamin.
Les vocations étaient nombreuses dans cette famille : un des oncles de Guy était prêtre, un de ses frères, Jean-Marie, et un de ses cousins le devinrent, trois de ses cousines se firent religieuses. Son frère Jean-Marie se mettra en 1954 au service du diocèse de Troyes, séjournera comme Fidei Donum en Amérique du sud et travaillera dans le diocèse d’Avignon dans la pastorale des migrants.
Guy fut baptisé le 21 juin 1933 dans l’église Saint-Martin de Fouchécourt et confirmé le 15 avril 1944 à Aboncourt Gesincourt, bourg voisin plus important (populations actuelles respectives : 110 et 254 habitants), où il sera aussi ordonné prêtre.
Après ses études primaires à l’école de Fouchécourt, le jeune Guy fut élève chez les Frères Maristes à Ecole dans le Doubs, à 6 km de Besançon, de 1946 à 1948. Il obtint un brevet d’agriculture. Puis il travailla à la ferme paternelle, mais attiré par la vocation de prêtre missionnaire, il reprend en 1950 ses études secondaires au Séminaire de Faverney (Haute-Saône) dans la section des vocations tardives, où il suit pendant trois années des cours de latin et de français et se prépare à étudier la philosophie. Ses formateurs notent qu’il a une intelligence moyenne mais assez ouverte et qu’il travaille très sérieusement. C’est un jeune terrien sensé et réaliste, doté d’un bon jugement. Il est pieux et docile, d’un caractère aimable et très dévoué, toujours prêt à rendre service.
Peu avant son 20ème anniversaire, le 11 juin 1953, Guy Barberot est admis en philosophie au Séminaire des Missions Étrangères. Le 21 septembre 1953 il commence ses études de philosophie à Bièvres.
Le supérieur du Séminaire, le P. Alazard en septembre 1956, note, peut-être un peu sévèrement, à son sujet : « C’est un aspirant peu doué pour les études, harcelé par la peur de ne pas arriver, il travaille beaucoup, trop même, mais sans méthode raisonnable, à coup de mémoire. Il est pieux et régulier, a bon esprit et tient à la vocation et aux missions. Une manie inoffensive : s’occupe minutieusement de nominations épiscopales en France et aux missions. Santé précaire ». Pendant ses vacances, Guy aide ses parents de toutes ses forces à la ferme familiale.
Ses études sont interrompues par 28 mois de service militaire, de juin 1956 à novembre 1958. Pendant 10 mois en Allemagne, à Trèves et Baden-Oos, Guy reçoit une formation d’infirmier militaire, puis il est envoyé en Algérie dans la 10ème division parachutiste, commandée par le général Massu. Il y passera 18 mois, surtout à Staouéli la Trappe près d’Alger. À Blida il accomplit les 6 sauts qui lui valent le diplôme de parachutiste. Infirmier militaire, il soigne aussi les musulmans dans les lieux où il est envoyé en opération. Le 15 août 1958 il est pris avec des camarades dans une embuscade, qui ne fait heureusement aucune victime. Un aumônier militaire le décrit par cette formule lapidaire : « Grand parleur et bon séminariste ». Un autre confirme qu’à l’infirmerie du corps où il servait, il a eu une excellente influence sur les malades et sur ses camarades. Enfin, après plus de deux ans passés sous les drapeaux, dont un an et demi en Algérie, il est libéré le 30 novembre 1958 et retourne au Séminaire des Missions Étrangères le 5 janvier 1959 pour y achever sa formation au sacerdoce.
Agrégé définitif à la Société le 20 décembre 1960, Guy Barberot devient sous-diacre le lendemain. Il est destiné à la mission d’Ubon, en Thaïlande, le 20 mai 1961, et il est ordonné diacre le mois suivant, le 29 juin 1961, à 28 ans. À peine six mois plus tard, il est ordonné prêtre le 21 décembre 1961 à Abancourt par Mgr Vuccino, assomptionniste, archevêque émérite de Corfou, lequel fut le1er évêque ordonné par le futur Jean XXIII, Mgr Roncalli, lorsqu’il était délégué apostolique en Grèce.
Guy écrira plus tard qu’il avait alors pris intérieurement comme devises 2 titres d’ouvrages qui l’avaient marqué : « Vivre l’aujourd’hui de Dieu » (Frère Roger) et « Vaste monde, ma paroisse » (P. Congar).
Le 10 avril 1962, le jeune missionnaire s’embarque pour la Thaïlande sur le « Cambodge » avec 11 autres jeunes confrères des Missions Etrangères. Il étudie la langue thaï à Sriracha chez les Frères de Saint-Gabriel puis dans le poste de Nongku, avec le Père Georges Rassinier. En 1963 il est confié au Père Louis Leduc (1923-1997) à Nongtham. En 1964 il devient curé de Nakham, Varin et Nadun. Deux ans plus tard, en 1966, Guy Barberot est nommé professeur et économe au petit séminaire interdiocésain de Tharé. Il prend son premier congé en France en 1968, puis, en 1969, il est nommé à Ubon vicaire de la cathédrale, avec le Père Somchai, et économe de la maison de Société de cette ville.
À partir de 1969 il ressent de vives douleurs dans les jambes, dans les bras, souffre de maux de tête, de malaises et de vertiges, il perd l’équilibre lorsqu’il reste debout un certain temps ou après une longue marche. Plusieurs séjours à l’hôpital à Bangkok restent sans effet, la cause du mal n’est pas apparente.
Guy Barberot rentre en France en janvier 1971 pour se soigner, mais les médecins français ne feront pas mieux que leurs collègues de Bangkok. Les divers spécialistes qu’il consultera pendant des années ne parviendront jamais à identifier la cause de sa faiblesse et de ses malaises. Il se repose quelques mois chez les Pères Camilliens dans le Sud de la France, à Théoule (06). En octobre 1971 les médecins déconseillent son retour en Thaïlande.
Il cherche un ministère dans le diocèse de Troyes, où son frère prêtre a travaillé, mais il opte en novembre 1971 pour un travail professionnel. Il est embauché par l’UFAP (union française d’annuaires professionnels), pour démarcher des responsables d’entreprises, mais il doit démissionner rapidement, en raison de la faiblesse de ses forces. Le diocèse de Troyes lui propose un ministère, qu’il accepte.
En mars 1972 il s’installe à Aix-en-Othe , dans l’équipe sacerdotale d’Estissac et d’Aix-en-Othe, dans une région très marquée par l’abbé Georges de Nantes qui fut curé de Villemaur de 1958 à 1962. Supens a divinis depuis 1969, l’abbé de Nantes continuait de réunir ses sympathisants. Guy fut traité par ceux-ci de communiste et d’arianisant, ce qui l’affecta naturellement. Le dialogue était impossible avec eux. En août 1972 il rencontre à la rue du Bac Mgr Germain Berthold (1923-1994), évêque d’Ubon-Ratchathani depuis 1970, et envisage avec lui son retour à Ubon en 1974.
Début janvier 1973 il quitte le diocèse de Troyes et revient à Paris pour de nouveaux examens médicaux qui ne trouvent rien. Il cherche un ministère à Paris, à Nanterre, c’est ainsi qu’il passe quelques mois avec l’équipe sacerdotale de Clichy-la-Garenne (92). En septembre 1973 il loue un logement à Boulogne-sur-Seine, cherche un emploi. Il y reste jusqu’à la fin de l’année 1973 puis loge à la rue du Bac. Fin septembre 1973 son médecin estime qu’il peut retourner en mission. Pendant ces années 1971-1973 il est fragilisé par la crise que traverse un confrère et ami parti en même temps que lui à Ubon, qui a quitté la Société en 1971 et qu’il essaie d’aider en France. Il regagne la Thaïlande en mars 1974 et y reçoit la charge pastorale des paroisses de Nakham, Varin et des chrétiens de la route de Det.
L’année suivante son mal le reprend, de plus il se trouve dans une situation précaire, l’administration thaïlandaise ne lui accordant pas de permis de séjour de longue durée. Il estime que sa présence de missionnaire étranger n’est plus très utile alors que l’Église locale est parvenue à sa maturité et il souffre des limites que la difficulté de la langue thaï impose à son expression. En août 1975 il décide de rentrer en France définitivement et de se mettre au service d’un diocèse français. Il quitte la Thaïlande le 20 août 1975.
À partir de l’âge de 36 ans jusqu’à la fin de ses jours, Guy Barberot sera handicapé par un état maladif permanent ponctué de crises plus aiguës, peu visible extérieurement. Il craindra d’être pris pour un malade imaginaire ou d’être un parasite, il souffrira de ne pouvoir agir à la mesure de son tempérament actif et il regrettera de ne pouvoir se dépenser pour l’Évangile autant que ses confrères du même âge. Il sera toujours angoissé par la perspective de ne pouvoir tenir dans les différents ministères qui lui seront confiés, ce qui ne lui facilitera pas la tâche. Il portera sa souffrance avec patience et dans l’espérance chrétienne.
Peu après son retour en France, il se met au service de son diocèse d’origine, Besançon. Affecté par Mgr Lallier à la paroisse de Gray (Haute-Saône) en octobre 1975, il y reste jusque fin août 1976. Il cherche sans succès un ministère dans un diocèse du Midi, espérant y trouver un meilleur climat. Mgr Soulier l’accueille dans son diocèse de Pamiers et l’affecte à l’équipe sacerdotale de Tarascon à partir de septembre 1976. Une rechute le contraint à aller se reposer à Lauris en novembre 1976. Début avril 1977 l’évêque d’Avignon Mgr Cadilhac l’affecte pour 3 mois à l’essai dans la paroisse de Vaison-la-Romaine, mais il ne souhaite pas y rester. Après avoir remplacé un aumônier d’hôpital à Mantes-la-Jolie (78) en août 1977 puis à Versailles en septembre, il séjourne à la rue du Bac. Grâce au P. Ladougne, il trouve en novembre 1977 un poste de vicaire économe à Aumont-en-Halatte, village très cossu d’environ 550 habitants situé près de Senlis, dans le diocèse de Beauvais. Il est alors âgé de 44 ans. Il restera plus de 31 ans à Aumont, logé dans une petite maison appartenant au général et à Mme de Bordas, qui la mettent à la disposition du diocèse pour qu’il y ait un curé à Aumont. Une retraitée, Suzanne, devient sa fidèle gouvernante.
L’évêque de Beauvais, Mgr Desmazières, le nomme par intérim aumônier diocésain adjoint de Pax Christi en février 1978, charge qu’il assumera pendant 3 ans ½, puis curé d’Aumont, à partir du 1er juillet 1978.
Guy Barberot a enfin trouvé un poste adapté à sa santé. Il deviendra une figure locale dans la région de Senlis. À côté de ses activités pastorales, il lit beaucoup, il s’intéresse à l’actualité, il écrit abondamment, toujours à la main, notamment à de nombreuses personnalités, et il réagit fréquemment à des articles de presse par des messages adressés à leurs auteurs, messages parfois publiés dans le courrier des lecteurs. Il invite chez lui des célébrités de la politique de la culture et de l’Église, mais aussi des confrères MEP et des prêtres étudiants asiatiques. Les murs de son logement sont tapissés des photos prises lors de ces visites.
Soucieux d’ouvrir à la mission ses paroissiens, il invite plusieurs fois par an des groupes et personnes très divers pour animer la messe dominicale ou donner un témoignage. En août 1979, le Jour du Seigneur diffuse à la télévision une messe dominicale célébrée dans la petite église d’Aumont. Il mobilise les fidèles qu’il connaît pour aider les réfugiés d’Indochine dans les camps de Thaïlande ou en France. Lui-même est généreux pour aider de ses deniers personnels des appelés ou des missionnaires.
Jusqu’en 2008, il fera un pèlerinage annuel à Lourdes, demandant si possible une guérison. Il a la joie de faire un voyage en Thaïlande en juillet 1979. Il y retournera en 1981, 1985 et une dernière fois en 2009.
En septembre 1980 Guy Barberot devient aumônier militaire du 41ème régiment de transmissions en garnison à Senlis (700 militaires engagés et appelés) et de la compagnie de gendarmerie de Senlis, ainsi que de l’Escadron mobile de Creil (150 personnes). Il aimera ce ministère qu’il exercera pendant 18 ans et il sera un aumônier apprécié, notamment pour sa simplicité et sa chaleur humaine. Des responsables du diocèse aux Armées disent du Père Barberot qu’il est « direct, généreux et disponible pour les militaires, accueillant aux familles ». En 1985 il confie à un journal local : « Avec moi, les appelés savent qu’il n’y a pas que « du spirituel ». Ils savent qu’ils peuvent parler. Ils n’ont pas devant eux un curé moraliste qui, à tout moment, leur ferait la leçon. » Pendant les 18 ans de son ministère d’aumônier militaire, il a la joie de voir entrer dans les ordres 6 jeunes, 3 diocésains et 3 religieux.
Fin 1986 Mgr Jacques Fihey, vicaire aux armées françaises demande à Guy Barberot de visiter les Jeunes en Équipes de Travail (en stage alternatif à une légère peine de prison) dans la section qui s’ouvre en novembre 1996 à la base de Creil.
Ainsi, l’action pastorale du Père Barberot s’étend au-delà de son petit village. En octobre 1993 il calcule qu’il a la charge de 4200 âmes, tant civils que militaires. Il célèbre la messe assis, faute de pouvoir rester longtemps debout, mais il prêche avec vigueur. Sa santé a des hauts et des bas, ainsi au printemps 1987 doit-il se reposer 8 semaines à Montbeton.
En juin 1996, Aumont cesse d’être une paroisse autonome et Guy Barberot est nommé prêtre coopérateur de la paroisse de Senlis par Mgr Thomazeau, évêque de Beauvais, pour 6 ans, tout en gardant le ministère qu’il y exerçait depuis près de 19 ans.
Le 3 avril 1998, atteint par la limite d’âge de 65 ans, il cesse d’être aumônier militaire. Il obtient de l’armée française le titre de capitaine de réserve. Il continue de servir la petite communauté d’Aumont et rencontre ses nombreux amis et anciens paroissiens.
Fin juin 2008, âgé de 75 ans, Guy Barberot présente à l’évêque de Beauvais, Mgr Jammes, sa démission de ses charges pastorales. Le 29 juin 2008, il célèbre sa dernière messe à Aumont. Il reste encore quelques mois dans la maison de M. et Mme de Bordas puis il s’installe à Lauris le 6 janvier 2009. Des amis lui offrent un séjour d’une semaine à Bangkok en octobre 2009. Dans la maison, il est attentif aux confrères les plus handicapés et s’efforce de rendre service.
À partir de 2012 la santé du Père Barberot décline, il perd la notion du temps et sa mémoire se dégrade, ses forces le quittent, ainsi que son goût de vivre. Aux premières heures du 7 décembre 2013 il décède à l’hôpital Rambot à Aix-en-Provence, où il séjournait depuis plusieurs jours. Il repose au cimetière de Lauris dans le caveau des Missions Étrangères.
Même s’il ne put travailler qu’une dizaine d’années en Thaïlande, le Père Barberot resta toute sa vie un missionnaire dans l’âme, très attaché à la Société et soucieux d’annoncer l’Évangile de manière parlante aux gens auxquels il était envoyé. Il souffrit patiemment les maux et humiliations que lui valait sa mauvaise santé, et, sans se complaire dans son état de malade, il sut donner le meilleur de lui-même dans un ministère qui eut un réel rayonnement. Que le Seigneur accueille notre confrère Guy Barberot dans « la vie véritable », terme que Guy affectionnait.
Références
[4129] BARBEROT Guy (1933-2013)
Référence bibliographique
Echos de la rue du Bac (2e série) : 1979, Je reviens de Thailande, p. 309-312.