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Morts pour la France, 1914-1918 – Paris, 1921

Publié le 14/11/2024

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Morts pour la France, 1914-1918

Paris, 1921

A l’entrée sur le mur gauche de la chapelle de l’Épiphanie des Missions Étrangères, se trouve un monument aux morts de la 1ère Guerre mondiale. En fait il y en a deux.

Le premier est une stèle de marbre blanc veiné de noir, encadrée de marbre rouge, posée sur un socle noir, portant au sommet une croix. L’épitaphe est en latin ainsi que les prénoms des prêtres et des séminaristes de la Société dont les noms sont inscrits dans l’ordre chronologique de leur décès. L’érection de cette plaque « à la mémoire de nos morts de la guerre » est décidée par le Conseil central le 26 janvier 1920.

©IRFA objets, 24-C-394, Stèle : marbre (H.264 ; L. 124,4 ; P. 17,5 cm).

Le second monument, une mosaïque signée placée au-dessus la stèle, est né de la volonté de l’association du Souvenir indochinois, créé en 1917 sur le modèle du Souvenir français (créé en 1887) afin entretenir sur tout le territoire les sépultures et la mémoire des soldats et ouvriers militaires indochinois morts au service de la France.

©IRFA objets, 24-C-395, Mosaïque (H.200 ; L. 304 ; P. 1 cm).

Dès 1915, les autorités prenant conscience que le conflit serait long, décident de faire appel aux forces issues de l’empire colonial. C’est ainsi que plus de 93 000 Indochinois dont une majorité de Vietnamiens les plus pauvres, originaires des régions du delta du fleuve Rouge et du centre du pays, sont recrutés et envoyés en métropole de 1915 à 1919 : 49 000 environ travailleront dans les usines et arsenaux et près de 43 000 serviront dans les bataillons de combat ou affectés à la logistique. C’est une partie de ces derniers, morts au combat ou du fait de la guerre, qui sont ici honorés.

Sollicitées, les Missions Étrangères acceptent par décision du Conseil du 13 septembre 1920, de célébrer une messe à l’intention de ces morts indochinois et de placer une plaque commémorative à la chapelle.

Cette mosaïque est commandée à l’architecte Charles Guillaume Lichtenfelder, qui a dessiné le palais du gouverneur général à Hanoï (aujourd’hui résidence du président de la République du Vietnam) et près de Haiphong l’observatoire Phu Liên. Elle est composée d’un encadrement bleu à motif floral avec aux quatre coins une croix ; sur le haut, des tesselles dorées forment les noms des cinq provinces de l’Indochine : Cochinchine, Cambodge, Annam, Laos, Tonkin (en français, et dessous en caractères chinois et en laotien) et en noir l’épitaphe : « A la mémoire des Indochinois catholiques morts pour la France 1914 1918 ».

La mention « Mort pour la France » codifiée par la loi du 2 juillet 1915 avec effet rétroactif, était décernée aux victimes civiles ou militaires de guerre après approbation ministérielle et était apposée sur l’acte de décès.  Si la nationalité française était exigée pour les civils, elle n’était pas nécessaire pour les personnels militaires.

Le 2 novembre 1921, ce monument est inauguré au cours d’une messe solennelle présidée par Mgr de Guébriant, supérieur des Missions Étrangères, en présence d’une assistance choisie. La date n’est pas due au hasard mais conforme aux commémorations spontanées en l’honneur des morts de la guerre qui avaient tout naturellement lieu le jour consacré aux défunts. D’ailleurs, ce n’est qu’en 1922 par la loi du 24 octobre votée sous la pression des associations d’anciens combattants, que le 11-Novembre deviendra fête nationale.

©IRFA objets, 24-C-394 et 24-C-395.

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