Un nouveau partenariat asiatique pour l’IRFA ! 

« Le Vietnam précolonial : Sources archivistiques et défis historiographiques (1840-1860) »
Deuxième volet du cycle « 500 ans d’Amitié »
Jeudi 27 novembre 2025, salle du Musée de l’Histoire de la Culture du Vietnam, Faculté d’Histoire
de l’Université des Sciences Sociales et Humaines (USSH – Université Nationale du Vietnam),
Hanoï

Ce fut une matinée lumineuse, à tous les sens du terme. Dans le confort d’une salle moderne et bien
équipée, une quarantaine de participants – prêtres de l’archidiocèse de Hanoï, sœurs de Saint-Paul
de Chartres, enseignants et étudiants de l’USSH, chercheurs de l’École française d’Extrême-Orient
– ont vécu une rencontre que beaucoup ont déjà qualifiée d’« historique ».
Le Recteur Hoàng Anh Tuấn a ouvert la séance en soulignant combien ce cycle de séminaires, né
de la coopération entre l’Université Nationale du Vietnam et l’Institut de Recherche France-Asie
(Irfa) de la Société des Missions Étrangères de Paris, s’enracine dans une amitié académique et
spirituelle de cinq siècles. Un message vidéo du Père Vincent Sénéchal, Supérieur général de la
Société, a rappelé la richesse exceptionnelle des archives parisiennes et leur disponibilité pour les
chercheurs vietnamiens.

Point d’orgue de la matinée : la signature officielle de la Convention de partenariat entre l’Université
des Sciences Sociales et Humaines (représentée par son Recteur, le Professeur Hoàng Anh Tuấn) et
l’Institut de Recherche France-Asie (représentées par les Père Vincent Chrétienne et Will Conquer,
missionnaires du groupe Cambodge-Vietnam). Signée simultanément à Paris et à Hanoï le 27
novembre 2025, cette convention scelle un engagement concret : l’IRFA mettra à disposition de
l’équipe vietnamienne les copies numériques des précieux documents de la série 6A18, concernant
le Vietnam précolonial (1840-1860), tout en garantissant leur usage strictement scientifique et leur
citation rigoureuse (« AMEP + cote »). Un premier avenant précise déjà les modalités de
transmission et d’utilisation de ces archives. Ce n’est plus une simple coopération : c’est une alliance
durable pour écrire ensemble l’histoire, dans le respect et la confiance réciproque.
Quatre interventions de haute tenue ont ensuite rythmé la matinée :
– Le Père Will Conquer a retracé avec passion les « récits croisés » entre missionnaires français et
société vietnamienne depuis l’arrivée des premiers évangélistes en 1658.
– Le Père Vincent Chrétienne a analysé la recomposition territoriale de l’Église en Cochinchine
entre 1840 et 1859, montrant le rôle complexe – spirituel, diplomatique, parfois politique – des
missionnaires avant la conquête coloniale.

– Le Dr Hồ Thành Tâm a présenté ses recherches sur l’implantation des MEP dans les
Hauts-Plateaux du Centre (Tây Nguyên) au milieu du XIXe siècle. Il a insisté sur le « vide de
sources primaires à combler » et sur l’importance de ces missionnaires dans le maintien de l’ordre
social auprès des minorités ethniques – une recherche qu’il qualifie lui-même de « passionnante ».
La table ronde finale, brillamment animée par le Dr Nguyễn Văn Anh, a permis un échange très
libre et fructueux. Les questions fusaient, témoignant de l’intérêt réel des jeunes historiens
vietnamiens pour ces sources longtemps méconnues ou sensibles.
Deux témoignages ont particulièrement marqué les esprits.

Le professeur Philippe Le Failler (EFEO), visiblement ému, a déclaré :
« Une rencontre incroyable. Nous, historiens français en Asie, portons une croix ; vous,
missionnaires, vous en portez deux : la nation et la foi. Et pourtant, c’est beau de voir l’accueil que la
faculté vous réserve aujourd’hui. C’est tout à leur honneur. Cette collaboration est appelée à porter
des fruits. »

Le Père Hoc, représentant Mgr Joseph Vu Văn Thiên, archevêque de Hanoï, a conclu :
« Cette rencontre historique est très spéciale. Grâce à ces différentes interventions, nous pouvons
mieux comprendre l’histoire de notre propre Église et de notre pays. »

La matinée s’est achevée sur le message vidéo de Mme Marie-Alpais Dumoulin, directrice des
Archives des MEP, qui a réaffirmé la volonté de Paris d’approfondir ce partenariat avec l’Université
Nationale du Vietnam et de faciliter l’accès aux dizaines de milliers de pages concernant le Vietnam
conservées rue du Bac.

Rarement une demi-journée académique aura autant vibré d’émotion, de reconnaissance mutuelle
et d’espérance. Le cycle « 500 ans d’Amitié » est plus qu’un programme de recherche : il est devenu
un lieu vivant de réconciliation, de vérité historique et de fraternité.

Rendez-vous est déjà pris pour le prochain volet. Et, comme l’a murmuré une sœur de Saint-Paul à
la sortie : « Aujourd’hui, on a senti que l’histoire nous sourit enfin. »