Aperçu historique de la présence des MEP en Birmanie : 1856-1966
Depuis le XVIIe siècle, les Missions étrangères de Paris ont multiplié les contacts avec la Birmanie et fait, entre 1689 et 1856, plusieurs tentatives pour s’y installer. Il faut attendre le renforcement de l’emprise des Britanniques sur le pays durant le second XIXe siècle pour observer les premiers succès de l’expansion du catholicisme en Birmanie. En 1856, le Saint-Siège confie l’évangélisation du territoire birman aux MEP et place ce nouveau vicariat apostolique sous l’autorité de Mgr Paul Bigandet, qui s’impose comme véritable pionnier de la mission. Cherchant au départ à passer par la route commerciale reliant la Birmanie à la Chine afin d’y pénétrer et de l’évangéliser plus facilement, il finit par recentrer la mission sur les ethnies des zones montagnardes. En 1870, dans le sillage de la seconde guerre anglo-birmane de 1852 qui avait scindé le pays, la mission est découpée en deux vicariats apostoliques confiés aux MEP : la Birmanie méridionale, avec pour résidence épiscopale la ville de Rangoon, et la Birmanie septentrionale, gravitant autour du siège de Mandalay.
La mort de Mgr Bigandet en 1894 et le début du XXe siècle marquent un tournant dans l’action des MEP en Birmanie. Les missionnaires profitent des progrès de la médecine en Occident afin de donner un nouvel élan à leur entreprise, accentuant désormais sa dimension sociale avec la multiplication des œuvres caritatives et des initiatives pour faciliter l’accès à la santé qu’à l’éducation.
Cette même période voit la multiplication de crises à l’échelle locale et internationale, dues en particulier aux velléités indépendantistes des ethnies autrefois marginalisées. Ces crises donnent lieu à l’effervescence d’un bouddhisme peu tolérant à l’égard du catholicisme. Les deux guerres mondiales vont accélérer les tendances observées. Les MEP concentrent alors tous leurs efforts sur la formation d’un clergé local. Progressivement se construit une communauté catholique nationale. Ainsi, en 1954, alors que sont érigés les premiers diocèses dans une Birmanie indépendante depuis 1948, Mgr Joseph U Win est nommé évêque auxiliaire de Mandalay. En 1966, l’interdiction de renouveler les visas des étrangers arrivés dans le pays après l’indépendance marque le départ de la plupart des prêtres MEP et la passation définitive des charges ecclésiales au clergé birman.
Repères chronologiques
1826-1852 : conquête de la Birmanie par les Britanniques
1856 : le Saint-Siège confie la Birmanie aux MEP, sous l’autorité de Mgr Paul Bigandet.
Mgr Bigandet est sacré évêque de la mission « d’Ava et du Pégou ».
On compte neuf prêtres et 4000 catholiques en Birmanie.
1870 : la mission est divisée en deux vicariats apostoliques confiés aux MEP : la Birmanie méridionale er la Birmanie septentrionale.
1873 : Mgr Charles Bourdon est nommé vicaire apostolique de Birmanie septentrionale.
Mgr Bigandet reste quant à lui à la tête de la Birmanie méridionale.
1886 : le Royaume-Uni annexe la Birmanie.
On compte seulement 1600 catholiques répartis sur 6 communautés en Birmanie septentrionale.
1889 : le P. Freynet fonde le poste de Pauskeinbe, dans un effort de conversion de l’ethnie montagnarde des Karens.
1891 : fondation d’une léproserie à Mandalay par le P. Wehinger, s’inscrivant dans un nouvel élan caritatif donné par les MEP à leur entreprise.
1894 : décès de Mgr Bigandet. Mgr Cardot lui succède.
A cette date, on compte 90 congréganistes, 36 missionnaires français, 11 prêtres indigènes, 35 000 catholiques, 155 églises en Birmanie méridionale.
En Birmanie septentrionale, on compte 22 missionnaires français, 3 prêtres indigènes, 5 000 catholiques, 32 églises.
1902 : fondation du poste de Yenandaung par le P. Saint-Guily, dans l’optique de convertir les Chins de la plaine.
1919 : les catholiques ne sont plus que 25 000 en Birmanie. Nombre d’entre eux sont mobilisés pendant la Grande Guerre, d’autres émigrent, beaucoup sont victimes de la grippe espagnole.
1942-1945 : occupation militaire du Japon en Birmanie. De nombreuses dévastations contribuent à désorganiser les paroisses dans le Sud et provoquent un important mouvement de migration vers le Nord et l’Inde.
1948 : indépendance de la Birmanie.
Les MEP déploient leurs activités dans la région des Chins du Nord (Kalemyo).
1966 : le Général Ne Win ne permet plus le renouvellement des visas des étrangers arrivés en Birmanie après l’indépendance. 28 prêtres MEP sont expulsés cette année-là.
Pour en savoir plus
CANDIER Aurore, « De la collaboration coloniale : fortune des missions catholiques françaises en Birmanie, 1856-1918 », in Revue française d’histoire d’outre-mer, tome 87, n°326-327, 1er semestre 2000, Les Juifs et la mer, sous la direction de Richard Ayoun. pp. 177-203.
EVANS Edward P. (Fr.), Faithful unto death : the trial of Catholic missionaries killed in Burma, Canberra : A. R. McLean Printing, 1998, 179 p.
EVANS Edward P. (Fr.), History of the Catholic Church in Burma, 1856-1966, San Vito di Cadore : Grafica Sanvitese, 2012, 528 p.
RUELLEN Joseph, « Les Missions étrangères en Birmanie », in Les Missions étrangères en Asie et dans l’océan Indien, Paris : Les Indes savantes, 2007, p. 13 – 25.
ZA HEI LIAN Philippe, L’Évangile annoncé au peuple chin, Angers : Frémur éditions, 2013.
Sources imprimées
BIGANDET Paul (MEP), La mission de Birmanie, Paris : Téqui, 1890, 166 p.
FAURE M., « Birmanie septentrionale : Historique des districts (Fin) », in Annales des Missions étrangères de Paris, Paris : Missions étrangères de Paris, 1917
I- (1689–1856) Des premières tentatives d’évangélisation à la prise en charge de la mission par les MEP
XVIIème-XIXème siècles
(1826-1852) Conquête britannique
II- (1856–1894) Création des vicariats apostoliques et épiscopat de Mgr Bigandet
(1856) Le Saint-Siège confie la mission aux MEP
Action de Mgr Bigandet en Birmanie méridionale
Débuts difficiles du vicariat apostolique de Birmanie septentrionale
(1886) Annexion britannique
La mission à la mort de Mgr Bigandet
III- (1894-1914)
Les vagues migratoires post-annexion
Nouvelle dimension sociale de l’action missionnaire
« Birmanisation des ethnies » et montée d’un bouddhisme de moins en moins tolérant à l’égard du christianisme
IV- (1914-1966) De la Première guerre mondiale à la rupture de 1966
Un XXème siècle turbulent
(1948) Indépendance du pays et transition vers un clergé birman
(1966) Expulsion des missionnaires arrivés après l’indépendance