Adrien LARRIBEAU1883 - 1974
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 2932
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1907 - 1963
Biographie
[2932] Adrien LARRIBEAU naît à La Romieu, près de Condom, dans le diocèse d'Auch (Gers) le 4 février 1883 de Jean Larribeau et d’ Anne Ducassé.
Il effectue ses études primaires à La Romieu ; il est reçu premier du canton au certificat d'études; il fait ses études secondaires au petit séminaire d'Auch, et obtient facilement son baccalauréat; il entre ensuite au grand séminaire d'Auch. En septembre 1902, il adresse une lettre au Supérieur des MEP dans laquelle il exprime son désir d'entrer aux Missions Étrangères, mais plus tard. En effet, l'archevêque d'Auch lui demande de mûrir sa vocation pendant un an. Le jeune Larribeau poursuit donc ses études au séminaire d'Auch, fait son service militaire, reçoit la tonsure puis, en janvier 1904, présente sa demande formelle d'admission aux MEP. Admis, il entre tonsuré au Séminaire de la rue du Bac le 16 mars 1904. Il y poursuit normalement ses études théologiques, reçoit les ordres mineurs, le sous-diaconat et le diaconat, quand le régime Combes décide de faire faire aux séminaristes une année de service militaire supplémentaire. Les directeurs de Paris décident de faire partir tous les diacres le 7 décembre 1906 pour le Collège Général de Pinang.
Corée (1907-1963)
Le diacre Larribeau est ordonné prêtre le 10 mars 1907 et reçoit sa destination pour le vicariat apostolique de Corée. Parti de Pinang le 16 avril 1907, il arrive à Séoul le 23 mai.
Après avoir commencé l'étude de la langue à Séoul, le P. Larribeau est envoyé dans le nord-est du pays à Won-san, auprès du P.Bret, malade, et qui décède le 24 octobre 1908. D'auxiliaire, le P. Larribeau devient successeur du P. Bret.
Son district est immense : il couvre non seulement les deux provinces du Ham-kyung Nord et du Ham-kyung Sud avec leurs 52.000 km2, mais encore la zone que les Coréens appellent Kanto et qui, située sur la rive gauche du fleuve Tu-men, appartient certainement au vicariat apostolique de Ki-rin, et peut-être à l'Empire chinois ; elle compte une population essentiellement coréenne ; la Corée affirme qu’elle fait partie de son territoire. De toute manière, le vicaire apostolique de Ki-rin a demandé à celui de Séoul, Mgr. Mutel, d'envoyer des missionnaires dans cette région où le P. Bret fait déjà des tournées régulières. Mgr. Mutel y envoie le P. Curlier en 1909, puis le P. Larribeau en 1910. Celui-ci, laissant le poste de Won-san au P. Poyaud, s'établit « en Mandchourie », dans l'arrondissement de Hwa-ryong, dans le village de Sam-won-bong.
Il t s'occupe de 1.280 chrétiens et de 17 dessertes. En 1912, il construit en briques l'église et le presbytère ;l'année précédente, il transforme le "cours d'écriture" en véritable école primaire. Le P. Larribeau travaille dans cette paroisse, allant parfois à trois jours de marche de sa résidence pour tenter de créer une nouvelle desserte, jusqu'à sa mobilisation pour la guerre de 1914.
En raison de la guerre, la paroisse devra attendre 1919 pour avoir un nouveau titulaire, le P. Philippe Perrin.
Mobilisé pour la guerre, le P. Larribeau est vite réformé. Mgr. Mutel l'envoie alors prendre la charge de deux districts de la province du Choung-chong méridional : celui de Hap-tok où se trouvait le P. Krempff, mobilisé, et celui de So-san, où se trouvait le P. Polly, mobilisé lui aussi. Il y a la responsabilité de 40 dessertes, dont la visite lui prend beaucoup de temps, car les distances sont parfois longues, surtout dans le district de So-san, avec ses nombreuses presqu'îles séparées les unes des autres par des bras de mer qui s'enfoncent très loin dans les terres. Il ne reste que deux ou trois ans dans cette région, mais il acquiert une réputation qui le suivra toute sa vie : celle d'avoir une mémoire extraordinaire des noms des personnes et de leur visage.
En 1917, le P. Larribeau quitte ce double district. Il est remplacé par deux jeunes prêtres coréens ordonnés en 1917, un pour chaque district; en effet, il a lui-même été nommé procureur de la mission de Séoul, succédant au P. Villemot qui a été nommé curé de la paroisse de "Séoul-hors-les-murs", autrement dit de la paroisse St Joseph de Yak-hyon, à la suite du décès du P. Doucet. Le P. Larribeau est très apprécié dans cette fonction de procureur, d'autant plus que, grâce à son caractère enjoué et à son sens de la plaisanterie, il fait de la procure un lieu de détente pour les confrères qui ont des affaires à traiter à Séoul.
Mgr. Mutel, qui s'est rendu à Rome en 1925 pour la béatification de 75 martyrs de Corée, apprend, sur le chemin du retour, le décès soudain de son coadjuteur, Mgr. Devred, en janvier 1926. Aussitôt arrivé en Corée, il demande l'avis de son clergé pour le choix de son remplaçant. Les voix sont partagées, mais Mgr. Mutel propose le P. Larribeau, qui est agréé ; il est nommé le 3 décembre 1926 et consacré le 1er mai 1927. Comme il l'a fait avec Mgr. Devred, Mgr. Mutel confie à son nouveau coadjuteur le gouvernement de la mission.
Mgr. Larribeau fait construire une grande maison près de l'évêché de Séoul pour accueillir les prêtres de passage, rachète les installations des Pères Bénédictins pour en faire le Petit Séminaire et innove en accordant des "fonds de démarrage" lors de la création de nouvelles paroisses, crée une nouvelle paroisse dans le nord-est de la ville de Séoul.
Lorsque Mgr. Mutel décède en janvier 1933, Mgr. Larribeau lui succède de plein droit. En 1934, en conformité avec une décision du Concile Régional de Corée de septembre 1931, le catéchisme à destination de toutes les missions du pays est achevé par une commission présidée par Mgr. Larribeau et Mgr. Demande.
En 1939, Mgr. Larribeau cède la province du Kang-won, à l'est du pays, aux missionnaires irlandais de St Columban, cette région devenant la préfecture apostolique de Chun-chon le 25 avril 1939. Déjà, en 1928, la province du Hoang-hai, au nord-ouest de Séoul, avait été érigée en vicariat forain et avait à sa tête un prêtre coréen. L'intention était de faire de cette province une mission indépendante détachée de Séoul et confiée au clergé local. Mais les événements politiques allaient avoir une grande influence sur la marche de l'Eglise en Corée et ce projet de nouvelle mission ne se réalisa pas.
Les Japonais, maîtres de la Corée depuis 1910, s'enfoncent de plus en plus dans la guerre : en Chine d'abord, dans toute l'Asie orientale et le Pacifique ensuite ; ils se font de plus en plus méfiants à l'égard des étrangers. Sentant venir la tempête, Mgr. Larribeau donne secrètement sa démission de vicaire apostolique de Séoul le 20 décembre 1941, propose la nomination d'un vicaire apostolique coréen pour lui succéder et avance trois noms à cet effet, ayant soin d'indiquer sa préférence pour le P. No Ki-nam, vicaire à la cathédrale de Séoul. Deux semaines plus tard, le 4 janvier 1942, le P. No est nommé par Rome administrateur apostolique du vicariat de Séoul, et Mgr. Larribeau lui transmet ses pouvoirs le 18 janvier 1942. Cependant, Mgr. Larribeau n'est pas satisfait et insiste pour que le P. No Ki-nam soit fait évêque et nommé vicaire apostolique. Il finit par obtenir gain de cause et le P. No est nommé évêque titulaire de Colbas et vicaire apostolique de Séou, le 10 novembre 1942 ; il est consacré le 20 décembre suivant par Mgr. Larribeau. Entre-temps, Mgr. Larribeau se retire au Grand Séminaire, qui a été fermé par les Japonais en février 1942, et s'occupe des chrétiens des environs, de la maison de retraite des Soeurs de St Paul de Chartres et d'orphelins. Il fonde la paroisse de Yong-san Won-hyo-ro, cinquième paroisse de la ville de Séoul, et y reste jusqu'en 1948. En 1946, ayant fait construire les installations nécessaires à la paroisse, il quitte les locaux du Séminaire pour aller résider dans sa très modeste cure.
Libérée du joug japonais en 1945, après avoir connu une période de flottement et de désordre, la Corée finit par retrouver le calme. C'est alors que Mgr. No, vicaire apostolique de Séoul, propose une division de son vicariat et demande que la province du Choung-chong méridional soit érigée en mission indépendante et confiée aux MEP. De fait, Rome crée la préfecture apostolique de Taejon en juin 1948 et en nomme administrateur Mgr. Larribeau, évêque au chômage mais curé-fondateur de paroisse le 4 juillet 1948. Mgr. Larribeau rassemble autour de lui la majorité des missionnaires MEP jusque-là attachés aux vicariats de Séoul et Taegu, mais néglige de faire les papiers nécessaires, si bien que personne ne sait exactement si la nouvelle mission est réellement une préfecture apostolique ou seulement un "vicariat forain" de la mission de Séoul.
Rentré en France pour l'Assemblée Générale MEP de 1950, Mgr. Larribeau ne connaît pas l'invasion nord-coréenne, mais dans la tourmente il perd 9 missionnaires, dont 7 (les Pères Colin, Cordesse, Leleu, Molimard, Perrin, Polly et Richard) sont massacrés à Taejon et deux (les P. Bulteau et Cadars) sont emmenés en Corée du Nord où ils périssent après de longues et dures souffrances. Il perd aussi le premier prêtre coréen à avoir été ordonné depuis la création de la nouvelle mission de Taejon.
Le 23 juin 1958, la jeune mission est officiellement élevée au rang de vicariat apostolique, ce qui ne change rien en pratique, mais clarifie et renforce la position de Mgr. Larribeau dans l'Église de Corée. En 1960, il participe à l'Assemblée Générale des MEP, puis fait sa visite "ad limina". Dès son retour en Corée, il entreprend la construction d'une vaste et solide cathédrale qui va heureusement remplacer la minable chapelle en planches dont il disposait jusque- là. Le 10 mars 1962, la hiérarchie est établie en Corée, et Mgr. Larribeau devient le premier évêque de Taejon. L'année suivante, il procède lui-même à la consécration de sa nouvelle cathédrale, ce qui déplaît beaucoup au délégué apostolique en Corée, qui fait remarquer que "le délégué du Saint Père a préséance partout, sauf en présence d'un Cardinal" ; il refuse de participer à cette cérémonie, à laquelle il avait bien sûr été invité, mais pas invité à consacrer l'église cathédrale.
Retraite en France (1963-1974)
Mgr. Larribeau participe à la première session du Concile Vatican II, puis donne sa démission d'évêque de Taejon qui devient effective le 3 novembre 1963 ; il se retire à Condom chez sa soeur aînée. Quand celle-ci décède, il se retire à Montbeton le 12 août 1972. Là, il décline peu à peu, devient totalement sourd, perd la mémoire, finit par ne plus sortir de sa chambre, puis rend son âme à Dieu le 12 août 1974.
1 ici surgit une question : le P. Larribeau a-t-il été responsable de la procure de la mission jusqu'en 1922 seulement, le P. Jaugey ayant été nommé à la procure cette année-là ? ou bien a-t-il gardé cette charge jusqu'en janvier 1926 ? En ce cas, le P. Jaugey serait seulement devenu aide-procureur en 1922. Aucune information ne permet de "boucher" ce "trou" de 4 ans, de 1922 à 1926.
Nécrologie
Monseigneur Adrien LARRIBEAU
Missionnaire en Corée
1883 - 1974
Né le 4 février 1883 à La Romieu (Gers), diocèse d’Auch.
Entré aux Missions Etrangères le 17 mars 1904.
Prêtre à Penang le 10 mars 1907.
En mission en Corée de 1907 à 1964.
missionnaire de 1907 à 1926,
coadjuteur de Mgr Mutel le 14 décembre 1926,
vicaire apostolique de Séoul le 23 janvier 1933,
démissionnaire le 5 janvier 1942,
à Taejon de 1948 à 1963.
Retiré en France en 1964.
Décédé à Montbeton le 12 août 1974.
Adrien LARRIBEAU naquit à La Romieu, commune du Gers, au diocèse d’Auch, le 4 février 1883. En ce qui concerne sa famille, nous savons seulement qu’il avait une sœur aînée. Ses études primaires à La Romieu furent couronnées par le certificat d’études et il fut même reçu le premier du canton. A ce propos, il racontait plus tard : « En ce temps-là, on affichait le nom des lauréats sur un grand tableau noir. Voyant mon nom en tête de liste, un loustic s’écria : « Quel est ce Larribeau ? » Montant sur l’escalier, car je n’étais pas grand, je m’écriai : « C’est moi ». Et il ajoutait : « Qu’on est bête quand on est jeune ! » Après son certificat d’études, il entra au petit séminaire d’Auch où il fit toutes ses études secondaires et obtint facilement le baccalauréat. Le petit séminaire le conduisit tout normalement au grand séminaire.
Le détour de Penang
Tout en continuant ses études ecclésiastiques, il pensait aux missions. Le 23 septembre 1902, il adressa une première lettre au Supérieur des Missions Etrangères de Paris pour lui exprimer son désir d’entrer dans la Société et cela en accord avec son directeur, mais il se voyait obligé de surseoir à son entrée, car l’archevêque d’Auch lui demandait de mûrir sa vocation pendant un an. Il continua donc ses études au grand séminaire d’Auch, fit son service militaire et, à la fin de janvier 1904, il présenta sa demande d’admission aux Missions Etrangères. Il fut admis, le 8 février 1904, sur recommandation du supérieur du séminaire qui écrivait entre autres choses : « C’est avec regret que je vois M. Larribeau nous quitter... Nous n’avons que d’excellents renseignements à vous donner sur ses dispositions naturelles et sur ses sentiments de vraie piété. D’intelligence plus qu’ordinaire, caractère très enjoué et ouvert, ardeur au travail encouragée par le succès, esprit excellent, discipline parfaite entretenue par une solide piété...
Adrien Larribeau entra donc aux Missions Etrangères le 17 mars 1904 ; il était déjà tonsuré. Il continua normalement ses études. Mais en 1906, le général André, ministre de la Guerre sous le régime Combes, s’avisa après la séparation de rappeler les séminaristes pour un an de service militaire supplémentaire. Devant ce péril, les directeurs du Séminaire firent partir tout le cours de M. Larribeau pour Penang. Le 7 décembre 1906, tout le groupe s’embarqua. Tous ces aspirants échappèrent ainsi à cette année de service militaire supplémentaire. Plus tard, grâce à de longues et laborieuses démarches, leur situation militaire fut régularisée. Après quelques mois d’études complémentaires à Penang, M. Larribeau fut ordonné prêtre le 10 mars 1907 et reçut sa destination pour la Mission de Corée. A l’époque, toute la Corée ne faisait qu’une seule mission. Le 14 avril 1907, il partit pour Séoul.
La Corée du nord au sud
Quelques mois après son arrivée, les premiers éléments de la langue acquis, le P. Larribeau fut envoyé en 1908 près du P. Bret pour le soigner. Le P. Bret résidait à Ouen-san et, de là, administrait et visitait le territoire plus au nord du Kanto ; ce territoire dépendait au spirituel de la Mandchourie, du vicariat apostolique de Kirin, mais au civil il était contesté entre la Chine et la Corée. C’est à la demande de Mgr Lalouyer, vicaire apostolique de Kirin, que Mgr Mutel envoya des missionnaires dans cette région surtout peuplée de Coréens. Et de fait en 1909 le P. Larribeau occupe le poste de Sam-ouen-pong, tandis que le P. Curlier est établi au poste de Riong-tjyenz-tchou. Le compte rendu de 1912 signale que le P. Larribeau a construit une église et une résidence en briques. En 1913, il est encore dans le Kanto, mais s’occupe aussi d’une région plus au nord, appelée les « Huit Lacs », située à trois jours de sa résidence. Cette région se développe au point de vue chrétien et le P. Larribeau espère y avoir bientôt une centaine de chrétiens. Ce territoire du Kanto fut rattaché à la Chine, mais les « colons » coréens purent y demeurer : cela explique la présence des missionnaires de Corée. C’est dans ces années-là que le P. Larribeau eut même l’occasion d’aller en territoire russe pour le service religieux de quelques petites communautés. Il garda mauvais souvenir des tracasseries de la police du Tsar.
Son ministère dans le Kanto se poursuivit jusqu’en 1914. C’était la guerre en Europe. Le P. Larribeau fut réformé, mais d’autres missionnaires furent mobilisés. C’est pourquoi Mgr Mutel envoya le P. Larribeau au sud de la mission, dans la province de Tchyoung-Tchyeng, pour prendre la tête de deux districts : ceux des PP. Polly et Krempff qui étaient mobilisés. Cette région avait été la première a être évangélisée en Corée. C’est dans une des chrétientés de cette province qu’avaient été arrêtés Mgr Imbert, et les PP. Chastant et Maubant. Le travail ne manquait pas. Le P. Larribeau devait administrer quarante chrétientés : ce ministère exigeait. une longue visite de plusieurs mois pendant laquelle il logeait et mangeait dans les paillotes coréennes. Mais ce n’était pas là le plus dur, car le P. Larribeau savait s’adapter aux Coréens qui d’ailleurs l’avaient en grande estime. Qualité précieuse pour lui : il était un merveilleux physionomiste et doué d’une mémoire extraordinaire. Il lui suffisait d’avoir vu quelqu’un une fois pour se rappeler son nom même longtemps après et cela faisait grand plaisir aux gens. Le plus dur pour lui était d’aller administrer les malades, souvent à de grandes distances, par tous les temps, y compris la période pluvieuse, de la fin de juin au début de septembre. Tous les moyens de locomotion étaient bons : à cheval, à pied et plus tard à bicyclette.... quand les Japonais eurent fait des routes à peu près « cyclables ».
En 1916, quand le P. Villemot fut nommé à Séoul, curé de la paroisse St-Joseph « extra muros », Mgr Mutel chargea le P. Larribeau de la procure de la Mission en remplacement du P. Villemot. De l’avis unanime, ce fut un procureur qui recevait bien, et la procure était un lieu de détente pour les confrères qui avaient affaire à Séoul.
Vicaire apostolique de Séoul
Mgr Mutel qui sentait le poids des ans avait obtenu en août 1920 un coadjuteur en la personne de Mgr Devred. En janvier 1926, Mgr Devred fut emporté par une crise cardiaque. Mgr Mutel était absent, en voyage à Rome pour la béatification (1925) de soixante-quinze martyrs coréens.
En 1959, le Cardinal Agagianian, préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande, vint en Corée. Naturellement, il fit la visite de Taejon, accompagné d’un prélat romain et de Mgr Righi-Lambertini, alors délégué apostolique en Corée. Mgr Larribeau avait convoqué tous ses prêtres français et coréens. A cette occasion, le P. Beaudevin composa un discours en latin, qui se chantait sur l’air de l’Exultet du Samedi-Saint et qui obtint le plus vif succès.
C’est le P. Haller qui chanta ce morceau d’éloquence. Le Cardinal Agagianian emporta un excellent souvenir de la réception qui lui fut réservée à Taejon, tant et si bien qu’il en parlait volontiers dans les autres Missions qu’il visita ensuite. Un Père américain de Maryknoll fit même cette réflexion au P. Haller : « Comment avez-vous reçu le Cardinal ? Il ne fait que parler de sa réception à Taejon ». L’auteur du discours était particulièrement flatté, surtout que Mgr Larribeau lui avait également dit : « Vous n’avez jamais écrit quelque chose d’aussi bien ».
Le 14 juillet 1960, Mgr Larribeau reçut la Légion d’Honneur en même temps que Mgr No, archevêque de Séoul. Il fut décoré par M. Chambard, ambassadeur de France en Corée. Le soir, M. Chambard invita Mgr Larribeau, et les missionnaires. Ce fut une réception dans l’intimité et l’atmosphère était très détendue. Très taquin comme à l’habitude, Mgr Larribeau rappela à l’ambassadeur quelques événements de sa vie, assez mouvementée, de « résistant ».
En 1960 également, Mgr Larribeau et le P. Haller se rendirent à Paris pour participer aux travaux de l’Assemblée générale de la Société des Missions Etrangères. L’Assemblée terminée, Mgr Larribeau en profita, accompagné par le P. Haller, pour faire sa visite « ad limina ». En plus de sa visite au St-Père, le Pape Jean XXIII, il rencontra aussi le Cardinal Agagianian, toujours accompagné par le P. Haller. Quand le Cardinal vit le P. Haller, il s’écria : « Ah ! mon cantor ! »
Dès son retour en Corée, Mgr Larribeau entreprit la construction de sa cathédrale à Taejon. Il réalisa une belle et vaste église, tout en ciment armé, avec un clocher de près de 50 m de haut, certains esprits chagrins ont même parlé de « triomphalisme ». Même le Cardinal Agagianian contribua généreusement au financement de cette construction.
En 1962, la hiérarchie fut établie en Corée et Mgr Larribeau devint le premier « évêque titulaire » de Taejon. L’année suivante, il procéda à la consécration de sa cathédrale. A la demande des chrétiens, il fit lui-même cette consécration. Du coup, le Délégué apostolique, dûment invité à la cérémonie, n’y vint pas car, disait-il, « le représentant du St-Père doit être le premier partout, sauf en face d’un cardinal ».
La retraite en France à 80 ans
Comme le lui avait instamment recommandé le Pape Jean XXIII, Mgr Larribeau assista à la première session du Concile Vatican Il. Puis, sans crier gare, il donna sa démission qui fut acceptée le 3 novembre 1963. Mgr Larribeau avait alors plus de 80 ans. Il jugea qu’il était temps de se retirer et de laisser le gouvernement de la mission à des mains plus jeunes et plus fermes. Le P. Beaudevin fut nommé administrateur apostolique « sede vacante » et invité à faire le nécessaire pour la nomination d’un autre évêque à Taejon. L’internonce, Mgr Del Judice, lui demanda d’envoyer les votes habituels au Supérieur général de la Société des Missions Etrangères pour l’établissement d’une « terne ». Devant cette situation, les prêtres coréens décidèrent de ne pas voter, car ils désiraient avoir un évêque coréen. Il ne fallait donc pas s’obstiner à vouloir nommer un évêque français. Sur l’intervention du Supérieur général de la Société, le St-Siège décida la nomination d’un évêque coréen. Pour diverses raisons, les choses traînèrent en longueur et, au bout de deux ans, c’est Mgr Pierre Hoang qui fut nommé le 22 mars 1965 et sacré le 31 mai par l’internonce, dans la cathédrale de Taejon.
Quant à Mgr Larribeau, il avait quitté la Corée et s’était retiré à Condom, près de sa sœur, son aînée de deux ans. Il vécut là plusieurs années, A la mort de sa sœur, en 1972, il se retira à Montbeton au milieu des confrères (le 12 août 1972). Il avait 88 ans. Peu après ses forces déclinèrent. Lui qui autrefois avait de si bonnes oreilles devint presque entièrement sourd. La mémoire, cette mémoire si brillante et si fidèle, lui fit défaut et il n’avait même plus le souvenir des événements les plus récents. A la fin, dans les derniers mois, il ne sortait plus de sa chambre. Le 12 août 1974, il s’éteignit « comme une lampe qui n’a plus d’huile ». Pour ses obsèques, la Corée était représentée par les PP. Paillet et Toquebœuf, et la Société par le P. Quéguiner, ancien Supérieur général. « Il repose, avec la phalange des anciens missionnaires, dans ce cimetière des élus en attendant la résurrection glorieuse ».
Mgr Larribeau se distinguait par son tempérament gascon avec ses finesses, ses astuces et certains défauts qui s’harmonisaient bien avec plusieurs traits de caractère des Coréens, ce qui le rendait si sympathique aux chrétiens et même aux non-chrétiens. Il avait bon jugement. De caractère enjoué, il aimait la plaisanterie et, à l’occasion, décochait des traits malicieux aux confrères, mais il acceptait très volontiers qu’on les lui rendît. Jamais il ne tenait rigueur à quiconque de sa franchise. Certains lui reprochent d’avoir laissé passer des occasions qui auraient pu être bénéfiques pour la mission, qu’il s’agisse d’acquisition de terrains ou d’achat de divers matériaux de construction. Certainement, Mgr Larribeau avait ses raisons pour agir comme il le fit. Ces occasions, bien des fois, n’étaient que des passe-droit, ou des « dons » faits par les Américains. Etait-il opportun, pour l’Eglise de Corée, de profiter de ces occasions ? On peut au moins se poser la question. Si l’on jette un regard d’ensemble sur sa vie missionnaire, depuis le moment où il travaillait dans le Kanto jusqu’au moment où il donne sa démission d’évêque de Taejon, il faut dire que Mgr Larribeau a été le « bon et fidèle serviteur » et que son apostolat en Corée a contribué à l’extension et à l’enracinement de l’Eglise en ce pays.
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Références
[2932] LARRIBEAU Adrien (1883-1974)
Références bio-bibliographiques
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