André MARTY1910 - 1986
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3497
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1933 - 1975 (Kontum)
Biographie
[3497] André, Ernest, Jean-Baptiste MARTY naquit le 21 juillet 1910, au hameau de la Devèze, commune de La Bastide l'Evêque, diocèse de Rodez, département de l'Aveyron. Son père mobilisé en 1914, fut tué sur le front vers le 15 septembre 1914. Sa mère assuma avec courage la charge de la famille qui comptait alors deux enfants. André fit ses études primaires à La Bastide l'Evêque. Bien doué et travailleur, il obtint à onze ans son certificat d'études primaires. Puis, sur les conseils du curé de sa paroisse, il fut dirigé sur le petit séminaire de Graves, près de Villefranche-de-Rouergue où il parcourut le cycle des études secondaires interrompues pendant quelques temps à la suite d'une grave crise de rhumatismes articulaires. A Graves, à partir de 1925, M. Marty se mit en rapport avec M. Depierre qui venait y parler des missions et de la Société des Missions Etrangères.
Le 18 avril 1927, il fit sa demande d'entrée au séminaire des Missions Etrangères; admis le 16 mai 1927, malgré quelques difficultés de la part de sa famille, il arriva à Bièvres, le 16 septembre 1927. Lors de sa visite d'incorporation à Brive, le major lui découvrit un souffle au coeur, et le réforma définitivement. Tonsuré le 29 juin 1931, il reçut les premiers ordres mineurs le 27 septembre 1931, puis les seconds ordres mineurs le 19 décembre 1931; sous-diacre le 29 juin 1932, diacre le 17 décembre 1932, il fut ordonné prêtre le 2 juillet 1933; il reçut, le soir même sa destination pour le vicariat apostolique de Kontum, qu'il partit rejoindre le 18 septembre 1933, et il s'embarqua à Marseille le 22 septembre 1933.
Arrivé à Kontum la veille de la Toussaint 1933, premier nouveau missionnaire depuis l'érection de ce jeune vicariat apostolique, il fut reçu par tous avec une joie particulière. Vers le 10 novembre 1933, Mgr. Jannin l'envoya, à Polei-Poo, chez le P.Ban, pour s'initier à la langue viêtnamienne. Plongé en plein milieu viêtnamien, surtout par la conversation, il assimila rapidement cette langue, mais, malade, il dût quitter le plateau des Jorais, en mai 1934, pour rentrer à Kontum et se soigner. Une fois assez bien remis, Mgr. Jannin l'envoya à Kon-Xom-Luh, à environ 16 kms à l'est de Kontum. Tout en étudiant la langue bahnar, il visita son. district qui comptait quelques 20 chrétientés, dont une dizaine échelonnées sur les deux rives du Haut-Bla, et les autres dispersées sur les montagnes des deux côtés de la vallée; en 1936, grâce au travail de ses chrétiens, il commença la construction de l'église centrale terminée l'année suivante, et y adjoignit une résidence convenable.
En septembre 1938, succédant à M.Décrouille, M. Marty eût en charge, à Kontum, la procure et l'imprimerie de la mission, ainsi que la direction de l'école Cuénot pour la formation des catéchistes bahnars. En février 1940, il s'occupa des districts de MM.Giffard et Curien, mobilisés. En juin 1940, il partit à Polei-Ponuk, chez les Jarai du Sud. Il dirigea ce poste pendant environ deux ans. C'est là que son église en paillotte brûla complètement.
En 1942, M. Marty fut envoyé à An-khê, chrétienté viêtnamienne sur la route qui descend à Quinhon. Après le coup de force japonais, avec les autres confrères, il fut interné à Kontum, puis à Quinhon, enfin, le jour de Pâques 1945, emmené chez M.Vallet, au presbytère de Nhatrang. Vers le milieu de l'année 1946, il remonta à Ankhê, puis il prit un congé en France où il arriva le 6 août 1947. Le 26 mars 1948, il repartit pour Kontum où il fut nommé directeur de l'Ecole Cuénot qui comptait alors soixante-douze élèves,.et supérieur de l'association des catéchistes adultes Bôl Giao-Phu". Il garda cette charge jusqu'en 1958. Sous son supériorat, cette école de catéchistes, fondée par M.Jannin, en 1908, vit augmenter sérieusement le nombre des élèves, et progresser leur formation intellectuelle et spirituelle. Reconstruite et modernisée par M.Vacher, vers 1956, elle fut inaugurée, le mardi de Pâques, 8 avril 1958. Ce fut l'occasion pour M. Marty de dire "qu'un directeur tout neuf devait s'installer dans le bâtiment tout neuf". Cédant la charge à M. Rannou, il alla se fixer à Man-Yang (Mang-Giang) dans une petite plantation, dont il avait la gérance pour la communauté missionnaire, à 100 kms au sud-est de Kontum, sur la route d'Ankhê, chez les "bahnar d'au delà des montagnes", en vue d'y fonder un nouveau district.
Supérieur local du 5 mai 1952 au 6 mai 1958, il lui revint l'honneur de présenter à Mgr. Seitz, lors de son intronisation à Kontum, le 6 novembre 1952, les souhaits de la communauté missionnaire mettant l'accent sur l'autorité du chef et la douce fermeté du père, qualités d'un vicaire apostolique. Délégué par la région Sud-Indochine pour participer à l"Assemblée Générale de la Société en 1960, il arriva en France le 1er juin de cette même année.
Le 31 janvier 1961, il s'embarqua à Marseille sur le "Laos" pour regagner sa mission. Après quelques mois de séjour obligé à Saigon, il put enfin rentrer dans son poste de Man-Yang Mais en novembre 1965, par suite de la guerre et de l'insécurité, il se replia sur Kontum où il remplaça M. Giffard dans ses multiples activités auprès des Filles de la Charité, des Filles de la Médaille Miraculeuse, du Foyer Montagnard; de plus, il fut chargé de l'aumônerie de l'hôpital de la mission "Minh-Quy"et responsable de la maison de société. En 1967, en raison de sa compétence et de sa connaissance des langues viêtnamienne et montagnardes , il devint membre de la commission des traductions. Puis, du 9 mai 1970 au 11 juillet 1971 il prit un congé en France et refit sa santé. A son retour, il s'installa à la léproserie de Dak-He-Kia, à cinq kms de Kontum, assurant à Kontum son travail ordinaire jusqu'au 14 août 1975, jour où tous les missionnaires de Kontum furent dirigés sur Saigon et mis sur le premier avion en partance pour la France.
Petit de taille, esprit inventif, travailleur et très adroit de ses mains, M. Marty parla parfaitement le viêtnamien et plusieurs langues montagnardes. Homme de droiture, de fidélité, de bon sens et de foi, au tempérament un peu vif, discret, il fut très apprécié dans les charges et les postes qui lui furent confiés.
Arrivé en France le 16 août 1975, il accepta le poste d'aumônier des Frères de St.Jean de Dieu, à Marseille où il exerça son ministère jusqu'au 16 avril 1986. A cette date, pour raison de santé, il rentra à Montbeton. Le 22 octobre 1986, conduit à la clinique du Mont-de-Chaume à Montauban, pour examen cardiaque, il y décéda le lendemain matin. Ses obsèques furent célébrées à Montbeton, le 24 octobre 1986. Il repose dans le cimetière du sanatorium St. Raphael.
Nécrologie
Le Père André MARTY
Missionnaire à KONTUM (VIETNAM)
1910 - 1986
MARTY André
Né le 21 juillet 1910 à la Bastide l’Évêque, Aveyron, diocèse de Rodez
Entré aux Missions Étrangères le 16 septembre 1927
Prêtre le 2 juillet 1933 - Destination pour la Mission de Kontum
Parti le 18 septembre 1933
En mission : 1933-1975
En France : 1975-1986
Décédé à Montauban le 23 octobre 1986
Voir carte nº 8
Enfance et jeunesse
André Marty naquit au hameau de La Devèse, commune de La Bastide l’Evêque, au diocèse de Rodez, le 21 juillet 1910. Il fit ses études à La Bastide l’Évêque, distante de deux kilomètres de La Devèse. C’est à La Devèse qu’André Marty passa ses premières années. En 1914, son père fut mobilisé et tué, sur le front, vers le 15 septembre 1914. Sa mère assuma avec courage la charge de la famille : deux enfants, car un frère cadet était né au mois d’avril 1914. La vie était très dure. À l’âge de six ans, André Marty commença à fréquenter l’école de La Bastide l’Évêque : deux kilomètres à-pied, matin et soir, dont une partie à travers champs, été comme hiver. Il était chaussé de gros sabots de hêtre ou de noyer. À midi il avalait une simple soupe chaude. À l’école, il lui fallut d’abord apprendre le français, car à la maison on ne parlait que le patois. Le soir il devait faire ses devoirs à la lumière d’une lampe à pétrole, car ce n’est qu’en 1936 que l’électricité fut installée à La Devèse.
André Marty, bien doué et travailleur, fit de rapides progrès et à onze ans, il obtint son certificat d’études primaires.
C’est sur le conseil du curé de la paroisse qu’il entra au petit séminaire de Graves, près de Villefranche. En 1922, il passa avec succès l’examen des bourses, en qualité de pupille de la nation. Ainsi la quasi-gratuité de ses études lui fut assurée. Au petit séminaire, André Marty fut un très bon élève. Il dut cependant interrompre ses études à la suite d’une grave crise de rhumatismes articulaires. Atteint de cette maladie un de ses camarades d’études en perdit la vie. André Marty guérit, sans que lui restent des séquelles apparentes. Cependant, lors de la visite d’incorporation à Brive, le major découvrit un souffle au cœur, séquelle de ces rhumatismes, depuis longtemps oubliés et, de ce fait, André Marty fut réformé définitivement.
Au petit séminaire de Graves, André Marty poursuivit normalement ses études. Chaque année, le P. Depierre passait au petit séminaire pour parler des missions, et depuis 1925, André Marty était en relation avec lui, comme il le note dans sa demande d’admission.
Son frère Éloi nous raconte qu’il attendait avec impatience les vacances d’André, car les deux frères s’entendaient très bien. La famille était trop pauvre pour acheter des jouets aux enfants. Mais André, très adroit de ses mains et plein d’esprit inventif, en fabriquait. Il y eut même quelques incidents sans gravité : une fois son espèce de bicyclette en bois alla plus vite qu’il ne voulait et il plongea dans la mare aux canards. Une autre fois, il fut projeté dans un buisson de ronces. Mais pour fabriquer tous ces jouets, il lui fallait des planches, des pointes qu’il subtilisait en cachette. Évidemment les parents s’apercevaient de la chose et il recevait parfois de sévères corrections. Pendant les vacances aussi il gardait les vaches et, tout en surveillant plus ou moins ses bêtes, il lisait beaucoup. De ce fait, il fut un médiocre berger car, absorbé par sa lecture, il oubliait le troupeau qui parfois faisait des dégâts dans les cultures voisines. En rentrant, c’était la correction, car la maman ne badinait pas et ajoute son frère : « Si nous n’avons jamais manqué de rien de nécessaire sur le plan matériel, nous recevions plus de réprimandes que de félicitations ».
Mme Marty s’était remariée avec un veuf, père de deux enfants, originaire de la commune. Une petite sœur était née le 14 juillet 1925. Cette sœur, Éva, avait donc quinze ans de moins que son frère André. Ce beau-père fut pour les deux garçons un vrai père, fier de leurs succès scolaires. Il n’y eut donc, de ce côté-là, aucune ombre au tableau.
À la fin de ses études secondaires, André Marty fit sa demande d’entrée aux Missions Étrangères, le 18 avril 1927. Avant il avait consulté le supérieur du petit séminaire, son confesseur, ainsi que le curé de sa paroisse. Tous l’avaient confirmé dans sa vocation. Mais il y eut quelques difficultés du côté de sa famille. Il écrit en effet : « Ma famille d’abord très opposée à ma vocation, s’est enfin résolue à mon départ, mais non sans encore murmurer ». Les renseignements fournis par le supérieur du petit séminaire de Graves furent excellents. Aussi André Marty fut-il admis le 16 mai 1927, et il entra à Bièvres, le 16 septembre de la même année, pour commencer ses études et sa préparation au sacerdoce.
Rien de bien spécial à signaler pendant son séjour au séminaire sinon qu’ayant été réformé il gagna une année et fut ainsi ordonné prêtre en 1933. Le soir même de son ordination, suivant la coutume d’alors, il reçut sa destination pour la mission de Kontum sur les Hauts Plateaux du Sud-Vietnam.
En mission
Cette destination répondait tout à fait à ses désirs. Parti le 18 septembre 1933, il arriva à Kontum environ un mois plus tard. Cette mission venait d’être érigée l’année précédente par division de la Mission de Quinhon et avait à sa tête Mgr Jannin, un homme remarquable à tous points de vue. Toute la communauté de Kontum : les missionnaires français, les prêtres vietnamiens et banhars, ainsi que les catéchistes, tous reçurent le jeune P. Marty avec la plus grande joie. Il était le premier nouveau missionnaire depuis l’érection de la mission.
Mais le moment était venu de se mettre au travail et de s’initier aux diverses langues en usage dans la mission. Tout d’abord, le P. Marty fut envoyé chez un Père vietnamien, le P. Ban, qui ne parlait pas un seul mot de français. Disons tout de suite – ce qui est la vérité – que le P. Marty avait le don des langues. Aussi, au bout de quelques mois, plongé en plein milieu vietnamien, il arriva à parler cette langue à la perfection : tous le reconnaissaient, même les vietnamiens. Ce fut d’ailleurs la même chose pour les autres dialectes : le jorai, et surtout le banhar, qu’il maîtrisait parfaitement : un de ses secrets était de parler beaucoup plutôt que de se livrer à une étude livresque.
Le P. Ban était bien brave, mais il ne se préoccupait guère de donner au jeune missionnaire une nourriture convenable, si bien qu’au bout de quelques mois, le P. Marty tomba malade et on fut obligé de le ramener à Kontum pour le soigner.
Une fois assez bien remis, un poste se trouva libre par le départ en France d’un confrère malade. Donc le jeune P. Marty fut nommé pour le remplacer. C’était le district de Kon Som Luh, situé à environ seize kilomètres à l’est de Kontum. Après avoir appris les premiers éléments du dialecte banhar, le P. Marty se lança dans la construction de l’église du poste principal ; l’église terminée, il y adjoignit une résidence convenable. Pour mener à bien tout ce travail, il se dépensa beaucoup, car on travaillait avec des moyens de fortune : transport des bois coupés en forêt, et amenés soit à dos d’homme soit par voie fluviale ou par charrettes. Il est difficile de se rendre compte des difficultés que l’on rencontre pour les travaux dans un pays comme Kontum ! Le P. Marty se dépensa avec beaucoup de zèle et de courage pour l’installation de ce poste. Mais comme tout missionnaire, il ne travaillait pas pour lui. De fait, une fois tout bien installé, il n’en profita pas longtemps. Un jeune confrère arrivant de France, le P. Giffard, il fallait lui trouver un poste pour le plonger à son tour dans le milieu banhar et lui permettre d’apprendre le dialecte. Le P. Giffard fut donc envoyé à Kon Som Luh, tandis que le P. Marty était nommé par Mgr Jannin à la direction de l’école des catéchistes, nommée École Cuénot – en souvenir du Bienheureux Mgr Cuénot, Vicaire apostolique de Quinhon, qui avait commencé l’évangélisation de ceux que l’on appelait alors les « sauvages banhars ». Le premier missionnaire envoyé dans cette région fut le P. Dourisboure avec un prêtre vietnamien, le P. Do.
Il faut dire un mot de cette école, unique en son genre dans toute nos missions. Elle recrutait surtout des jeunes Banhars. On leur donnait pendant cinq ou six ans une formation tant sur le plan intellectuel que sur le plan spirituel. Après quoi, ils étaient renvoyés dans leurs villages et invités à se marier et à fonder une famille. Cette armature de catéchistes était une pièce maîtresse pour l’apostolat auprès des Montagnards dans toute la mission de Kontum qui comprenait alors les provinces de Kontum, puis au Sud, celles de Pleiku et de Banmêthuôt. Cette école avait pour origine une intuition du P. Jannin et avait été fondée au début du siècle. Le P. Marty la dirigea pendant au moins deux ans, chargé entre autres choses, de l’enseignement de la doctrine en expliquant surtout un livre en banhar composé par Mgr Jannin.
Vers la fin du mois de juin 1940, le P. Marty fut remplacé par le P. Renaud ; il s’en alla alors en pays joray, à Polei Penouk : encore pour lui une nouvelle langue à apprendre. Il dirigea ce poste pendant environ deux ans. C’est pendant son séjour à Polei Penouk qu’eut lieu un incendie. L’église, en paillotte, fut détruite complètement : tout brûla, y compris le Saint Sacrement ! Aussi, le Vendredi Saint vit-on venir le P. Marty pour se procurer à Kontum les ornements et objets nécessaires pour le culte. Puis il regagna courageusement son poste.
En 1942, il fut envoyé à An Khê, sur la route qui descend vers Quinhon. Dans ce poste, il avait surtout affaire à des chrétiens et des non-chrétiens Vietnamiens. Mais en 1945, par décision des Japonais, qui avaient bien organisé leur coup après le 9 mars, tous les missionnaires de Kontum furent d’abord concentrés à Kontum, au Probatorium (petit séminaire), puis dirigés vers Quinhon et ensuite envoyés tous sur Nhatrang où ils furent hébergés chez le P. Vallet jusqu’à ce que les troupes françaises de la 2e DB aient chassé les Vietminh des Hauts Plateaux, c’est-à-dire jusqu’en juin-juillet 1946. À cette époque, le P. Marty reprit son poste à An Khê, jusqu’en 1948. C’est alors qu’il fut nommé de nouveau à la tête de l’École Cuénot, de 1948 à 1965. Chargé alors du poste de Phu Yên, il n’y resta qu’une année, et en novembre 1965, il fut rappelé à Kontum par Mgr Seitz pour deux missions : aumônier du foyer montagnard de filles, et chargé du soin spirituel de la léproserie, située à cinq kilomètres de Kontum. Il finit d’ailleurs par s’installer à la léproserie, ne venant à Kontum qu’une fois par semaine pour donner une conférence aux Sœurs. Un mot de ce foyer : « Les Sœurs de Saint-Vincent de Paul dirigeaient à Kontum un foyer comptant une centaine de filles montagnardes ; elles y apprenaient la lecture, la couture, le tissage, la cuisine. Ce foyer était aussi une pépinière de vocations pour la jeune congrégation montagnarde, les Filles de la Médaille Miraculeuse, fondée par Mgr Sion, prédécesseur de Mgr Seitz. Le P. Marty était aumônier de tout ce monde. Parlant parfaitement le vietnamien et tous les dialectes, il était très apprécié, non seulement pour la qualité de son langage, mais surtout pour la solidité de la doctrine sûre et bien adaptée qu’il dispensait, se souvenant opportunément du conseil de saint François de Sales : « Prêcher, c’est dire quelque chose à quelqu’un ».
Cette situation dura jusqu’au 14 août 1975, jour où tous les missionnaires de Kontum furent traîtreusement expulsés. Convoqués soi-disant pour une réunion, ils furent de fait dirigés vers Saïgon et mis sur le premier avion en partance pour la France. Le P. Marty arriva donc en France le 16 août 1975.
En France (1975-1986)
Arrivé en France sans espoir de pouvoir retourner dans une autre mission, étant donné son âge, il pensait chercher un ministère en France. C’est alors que le P. Paul Renaud, lui aussi ancien missionnaire de Kontum, fixé en France pour raison de santé et devenu secrétaire très apprécié de l’archevêque de Marseille parla au P. Marty des Frères de Saint-Jean de Dieu, en quête d’un aumônier pour leur grande maison de Marseille. Ce poste plut au P. Marty, et c’est pendant dix ans qu’il devait exercer son ministère dans cette maison jusqu’au 16 avril 1986, date à laquelle, pour raison de santé, il entra dans notre maison de repos et de retraite de Montbeton.
À Marseille
Quelques témoignages de Frères de Marseille vont nous dire combien son ministère fut apprécié, aussi bien par les Frères que par les malades de cet établissement : « On ne peut que résumer tout le bien qu’a fait le P. Marty dans notre maison. Il connaissait tous les pensionnaires par leur nom ; il savait les aborder avec simplicité, trouvant pour chacun d’eux les paroles pour entretenir le dialogue. Toujours souriant, il leur apportait la vie en leur parlant de Dieu. Tous les jours il les visitait, s’occupant d’abord des plus souffrants, de ceux qui avaient le plus besoin de consolation dans les derniers moments de leur vie. Il priait avec eux et savait les engager à recevoir le sacrement des malades. Quelquefois, en passant dans les services des plus handicapés, il les faisait manger à la cuiller avec patience et bonté. Il a vraiment vécu avec nous en Frère de Saint-Jean de Dieu, avec le souci du malade souffrant ».
« Chaque jour il a assuré la messe de communauté pour les Frères et pour les pensionnaires. Il a vécu parmi nous comme un Frère discret, bienveillant et bon ; il savait apporter sa note de joie. Que le Seigneur le reçoive dans sa paix et le bonheur du ciel : il l’a bien mérité ».
« Pendant les dix années que le P. Marty a passées dans notre hôpital, nous avons eu le temps d’apprécier ses vertus, ses qualités, surtout son zèle apostolique auprès de nos vieillards, tout spécialement, près de ceux qui étaient sur le point d’entrer dans leur éternité. Il les visitait jusqu’à trois ou quatre fois par jour. Aucun – sauf cas vraiment exceptionnel – n’a quitté cette terre sans recevoir les derniers sacrements.»
« Toujours aimable et prêt à rendre service à chacun d’entre nous, nous aimions causer avec lui lorsque l’occasion s’en présentait. Ses homélies du dimanche, simples et claires, étaient très appréciées ».
« Nous avions choisi le service ; il faut se faire tout à tous, et qui que nous soyons, il faut laisser l’Esprit travailler en nous : il a de quoi faire ». Cette simple phrase du P. Marty, phrase qu’il me laissa en quittant Marseille, indique bien les dispositions dans lesquelles se trouvait le Père au soir de sa vie. Après une vie missionnaire bien remplie, il aurait pu estimer avoir accompli sa part, mais non ! La conception qu’il avait du service ne comprenait aucun répit. Il s’en remettait continuellement au bon vouloir du Seigneur. Je suis marqué par cet homme qui œuvra autant qu’il put auprès des malades, les connaissant tous bien particulièrement, et qui se retira sur la pointe des pieds, presque soudainement. Il avait choisi le service dans la rude adhésion à cette parole de l’Évangile : « Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire ».
« Un autre Frère écrit : « Il me procurait des disques de musique religieuse : les cantiques que les personnes âgées chantaient dans leur jeunesse faisaient vibrer les cœurs et leur mettaient les larmes aux yeux : preuve qu’ils comprenaient ce langage adapté et en profitaient. »
« Les rassemblements à l’infirmerie, à Noël, à Pâques, à la Pente-côte, le 15 août, à la Toussaint, pour une messe pour les plus infirmes de la Maison faisaient vibrer le cœur de l’apôtre d’une joie qu’il savait communiquer aux participants parfois très diminués, de cette joie qui ouvre la porte à la grâce et à la paix : bonne préparation pour la rencontre avec le Seigneur. Que le bon Père Marty du haut du ciel, reste notre aîné, lui qui sut montrer un si grand courage devant une maladie impitoyable qui le laissa lucide pour l’orienter encore et pour achever son œuvre de rédemption universelle. Les âmes nombreuses qu’il a conduites à Dieu ont su l’accueillir dans le Royaume. Je prie avec lui et pour lui ».
C’est le 16 avril 1986 que le P. Marty arriva à Montbeton après plusieurs séjours en divers hôpitaux de Marseille. Le verdict du docteur, à Marseille, ne lui laissait aucun doute sur la gravité de sa maladie. Il venait à Montbeton pour achever dans la paix une vie sacerdotale et mission¬naire très bien remplie : 53 ans d’activité sans discontinuer.
Derniers jours
Comme il ressentait quelques malaises au point de vue cardiaque, le P. Marty fut conduit à la clinique du Pont de Chaume, à Montauban, le 22 octobre. Dans la pensée de tous, il ne s’agissait que d’un examen du cœur. Cependant, étant donné son état, le supérieur de la Maison lui proposa de recevoir le sacrement des malades, le 21 octobre. Le P. Marty accepta très volontiers et s’y prépara de son mieux. La chose faite, il dit a un confrère : « Puisqu’il faut partir, eh bien, partons ». Que voulait-il dire au juste par ces paroles ? Sans doute qu’il sentait sa fin prochaine, contrairement à ce que pensaient les confrères qui le conduisirent à la clinique le lendemain. Aussi grande fut la surprise quand, le matin du 23 octobre, la clinique fit savoir par téléphone que le P. Marty était décédé.
Ses obsèques eurent lieu à Montbeton, le 24 octobre, en présence de sa famille, d’une quarantaine de personnes de sa paroisse natale venues en car, avec le curé en tête, et de quatre Frères de Saint-Jean de Dieu, de la Maison de Marseille, venus apporter un dernier témoignage de reconnaissance et d’affection au P. Marty. L’homélie fut faite par le P. Giffard, un ancien de Kontum et grand ami du P. Marty. Dans cette homélie, le P. Giffard rappela combien le pape Jean-Paul II, lors de son dernier voyage en France, avait insisté sur la fidélité. « Le P. Marty fut fidèle à sa vocation missionnaire, depuis le premier appel jusqu’à son dernier soupir. Homme de droiture, il a cheminé sans broncher, sans regarder en arrière, et en pleine soumission à la volonté de Dieu, spécialement depuis qu’il connaissait sa maladie ; avec une espèce de pudeur, il en parlait peu, souffrant seul avec le Christ en croix. Dans les diverses épreuves de sa vie, il a fait front en esprit de foi. Il fut fidèle à sa piété de prêtre, que ce soit en mission, à Marseille, ou ici à Montbeton, comme chacun a pu le constater. D’un tempérament assez vif, il s’est exercé à la patience et à la douceur, s’efforçant de passer inaperçu sur la fin de sa vie pour ne pas être plaint et ne pas gêner. Son cœur était resté attaché à la Mission de Kontum : tant qu’il a pu, il est resté en relation avec les Petites Sœurs de la Médaille Miraculeuse de Kontum, pour leur venir en aide, en leur envoyant des colis de médicaments et autres choses utiles. Nous garderons du P. André Marty le souvenir d’un confrère charmant, d’un prêtre entièrement donné à sa Mission, et qui a mis en pratique la parole de saint Paul : « l’amour du Christ nous presse ! »
~~~~~~~
Références
[3497] MARTY André (1910-1986)
Références bibliographiques
AME 1933 p. 200. photo p. 237. 1938 p. 138. CR 1933 p. 255. 1934 p. 171. 1937 p. 169. 170. 1938 p. 165. 1939 p. 152. 154. 1947 p. 82. 1948 p. 102. 104. 1949 p. 110. 1950 p. 87. 89. 1951 p. 59. 60. 1952 p. 47. 1953 p. 54. 1955 p. 48. 50. 1957 p. 49. 1958 p. 51. 1962 p. 62. 1964 p. 39. 1965 p. 71. 72. 1966 p. 82. 84. 1967 p. 58. 65. 66. 1969 p. 63. 71. 73. BME 1933 p. 724. 872. 939. 946. 947. 959. 1934 p. 501. 876. 882. photo p. 225. 1935 p. 521. 672. 1936 p. 138. 1937 p. 141. 142. 368. 1938 p. 131. 777. 1939 p. 283. 1940 p. 287. 506. 626. photo p. 258. 1948 p. 110. 1949 p. 681. photo p. 55. 1950 p. 400. 1951 p. 701. 1953 p. 45. 491. 1954 p. 791. 793. 1955 p. 567. 1956 p. 398. 399. 1958 p. 280. photo p. 348. 1959 p. 79. 84. 85. 1960 p. 731. 733. Enc. PdM. 11P4. EPI 1962 p. 402. 1966 p. 134. Hir. 124. 127/9. 130/4. 137. 146/2. 181. 189. EC1 N° 132. 270. 275. 457. 462. 578. 633. 680. 692. NS16P54. 57. 20P176. 28P82. 32/C2. 37P13. 39P82. 44P240. 242. 45/C2. 47P334. 53P177. 54P208. 55P248. 56P278. 63P147. 71P49. 85P131. 132. 133. 86P180. 87P219. 89/C2 P. 276. 277. 91P334. 139P113. 169P378. 212/C2.