Pierre RUAUDEL1873 - 1937
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2367
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1898 - 1937 (Malacca)
Biographie
[2367] RUAUDEL Pierre, Emile, est né le 10 décembre 1873 à Paris, dans la paroisse de Saint Germain l'Auxerrois. Il fait ses études secondaires au Collège de Lourdouve-Saint-Michel, après quoi il entre au Séminaire Saint Sulpice d'Issy où il suit le cours de philosophie (1892-1894). Il entre tonsuré au Séminaire des Missions Etrangères, le 24 septembre 1894. Ordonné prêtre le 26 juin 1898, il part le 27 juillet suivant pour la Mission de Malacca.
Désigné pour la Mission chinoise, il est confié au Père Vignol, vicaire général et curé de la paroisse Saint Pierre-Saint Paul de Singapour (1898). Il est envoyé ensuite à Bukit-Mertajam, chez le Père Bès (1899-1900). Il fait ses premières armes au poste de Batu Gajah de 1900 à 1905. En 1902, son évêque le charge aussi de régler une situation délicate au district voisin de Ipoh, ce qu'il réussit à mener à bien. En 1905, il est nommé à Malacca avec son annexe d'Ayer Salak, où en plus de son travail pastoral, il assure aussi la direction spirituelle des communautés de Frères et de Soeurs, et suit les cours d'anglais des Frères sur les même bancs que ses petits paroissiens. En 1909, le Père Ruaudel est appelé à Seremban. Il y agrandit l'église et bâtit un presbytère. Quatre ans plus tard, c'est à Singapour qu'il va missionner comme curé de la Cathédrale. En 1920, il prend en France un congé bien mérité. De retour en Mission, il va bâtir une chapelle de district à Katong dont il devra s'occuper en même temps que de la Cathédrale, les vicaires ne faisant que passer pour un stage d'anglais.
En 1928, le Père Ruaudel est nommé provicaire. A la démission de Mgr. Barillon, il devient donc Supérieur de Mission (1933-1935). Après la nomination de Mgr. Devals, il demande à prendre un congé en France après lequel il est nommé curé de Katong, tout en gardant la direction spirituelle des religieuses de Singapour. Mais sa santé ne lui permettra pas d'y donner toute sa mesure. Dès juin 1937, il souffre d'une mauvaise grippe et de maux d'oreilles. Conduit à l'hôpital, il n'y aura guère d'amélioration : le 4 juillet une pneumonie double s'est déclarée et le 6 juillet à 11 heures du soir, le Père Ruaudel rend son âme à Dieu. Le Père Ruaudel repose près de Mgr. Barillon et de ses confrères de la Mission de Malacca.
Nécrologie
M. RUAUDEL
VICAIRE GÉNÉRAL DE MALACCA
M. RUAUDEL (Pierre-Emile), né le 10 décembre 1873, à Paris. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 14 septembre 1894. Prêtre le 26 juin 1898. Parti pour Malacca le 27 juillet 1898. Mort à Singapore le 6 juillet 1937.
Pierre-Emile Ruaudel naquit à Paris le 10 décembre 1873 et fut baptisé à l’église Saint-Germain l’Auxerrois. Elève des Frères de la rue Pernety, il fit preuve de telles qualités d’esprit et de cœur, que ses parents n’hésitèrent pas à l’envoyer au collège libre de Lourdouve-Saint-Michel où il obtint les succès les plus bril¬lants. Dès son jeune âge, il manifeste le goût pour les voyages et le désir d’être marin ou missionnaire. Aussi, lorsqu’au terme de ses humanités, il se pose la question : que ferai-je ? l’appel de la grâce a déjà déterminé son choix ; il ira vers les lointains rivages à la conquête des âmes et réalisera ainsi le rêve de ses jeunes années par l’apostolat au milieu des infidèles.
Pour mieux mûrir sa vocation, il entre au grand séminaire Saint-Sulpice d’Issy où il suit le cours de philosophie. Deux ans après, sa décision est prise et il va frapper à la porte du Séminaire des Missions-Étrangères. A la rue du Bac, il se montra aspirant régulier, laborieux et discret. Ces qualités le firent désigner pour la charge de réglementaire qu’il remplit avec une régularité par¬faite. Il parut réservé à ceux qui ne le connaissaient pas ; mais ses amis intimes eurent vite fait d’apprécier sa piété basée sur un fonds solide, son exquise délicatesse et sa franche cordialité. Plus tard, il emporta ces qualités en mission et elles resteront les caractéristiques de toute sa vie missionnaire.
Le 27 juillet, il s’embarque pour les verdoyants rivages de Malaisie où, pendant trente-neuf ans, Dieu lui donnera de réaliser le rêve de son enfance en travaillant au salut des âmes. Désigné par son Supérieur pour la Mission chinoise, il est, dès son arrivée, confié à M. Vignol, vicaire général et curé de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul à Singapore. Là, il s’entraîne à la pratique de cette langue aux multiples tons, si difficile à l’oreille et au gosier européen. Il est envoyé ensuite à Bukit Mertajam, dans le nord de la Mission, sous la direction de l’excellent sinologue qu’était M. Bès, de sainte mémoire.
En 1900, M. Ruaudel peut enfin voler de ses propres ailes et faire ses premières armes dans le poste de Batu Gajah ; il s’y trouve au milieu d’une population rurale de Chinois hakkas dont le bon esprit a toujours fait la consolation de ses divers pasteurs ; aussi a-t-il gardé des années passées dans ce district le meilleur souvenir. Mgr Fée le charge, en 1902, de régler une situation très délicate dans le district voisin d’Ipoh. Avec l’aide du jeune M. Coppin, il prend la charge des deux districts et, grâce à la sûreté de son jugement, à son calme que rien n’affecte, il peut, sans à-coup, apporter remède à des désordres qui eussent pu entraîner des conséquences les plus graves pour l’avenir de ce poste, sur lequel on fondait les plus belles espérances. Il donne ainsi la mesure de son savoir-faire. Aussi, ses Supérieurs n’hé¬sitent-ils pas à lui confier l’importante paroisse de Malacca et son annexe d’Ayer Salax, laissées vacantes par le départ de M. Perri¬chon pour Pulo Tikus. En plus du ministère paroissial, que com¬plique la diversité des races formant son nouveau troupeau, il lui faut assumer la direction spirituelle de deux Communautés de Frères et de Sœurs. Et cependant, il trouve moyen de mettre à profit son séjour à Malacca pour se perfectionner dans l’étude de la langue anglaise. Il n’hésite pas à prendre place sur les bancs de l’école des Frères où il fut certainement un des meilleurs élèves et des plus attentifs. Il disait plus tard qu’il avait beaucoup appris en se faisant tout petit avec les petits enfants.
En 1909, le district de Seremban se voit privé de son titulaire, M. Nain, nommé curé de la cathédrale. M. Ruaudel est appelé à le remplacer. Quoique de fondation récente, ce poste était déjà en pleine prospérité avec deux belles écoles anglaises pour garçons et filles ; même la petite église, bâtie par M. Catesson quelque dix ans auparavant, ne suffisait plus pour contenir les fidèles de toutes races dont le nombre s’était rapidement accru. Dans le cours de l’année 1911, M. Ruaudel ajouta à la nef de l’église deux chapelles formant transept et doublant ainsi la surface de l’édifice. A peine ce travail était-il achevé, que furent jetées les fondations d’un presbytère appelé à remplacer la petite maison sur le bord de la route, dont on fit une école de doctrine pour les Chinois. Le chef de district dut alors laisser à un successeur le soin de parfaire son œuvre ; il était appelé à Singapore pour succéder à nouveau à M. Nain, comme curé de la cathédrale. M. Nain, ruiné par le sprue, partait pour la France, d’où, hélas ! il ne devait jamais revenir. De l’avis de tous, notre confrère était bien à la place qui lui convenait. Dès le premier jour il se trouve à l’aise au milieu de ses paroissiens et gagne vite leur estime et leur confiance.
La guerre de 1914 éclate, et l’appel aux armes fait vibrer dans son cœur de Français le sentiment patriotique. A l’exemple de ses confrères plus jeunes, il voudrait bien répondre à l’appel de la patrie en danger ; mais où trouver un autre missionnaire qui puisse prendre la charge des âmes qu’il va laisser ? Heureusement, le gouvernement français accorde un sursis aux réservistes de l’armée territoriale. Son devoir lui est dicté par la voix de son évêque ; il restera à son poste de missionnaire, au service des âmes. Pendant les longues années de guerre, M. Ruaudel ne cesse d’inspirer à tous une confiance invincible en la victoire finale des alliés, et, sans que son ministère paroissial déjà très chargé en souffre, il donne sans compter son concours aux diverses initiatives charitables qui se fondent, pour porter secours aux victimes du terrible fléau.
Au début de l’année 1920, après avoir chanté le Te Deum de la victoire et attendu que fussent rentrés ses confrères mobilisés, il part pour la France afin d’y refaire ses forces épuisées par vingt-deux ans de travail continu. Dès son retour, en décembre de la même année, il se remet à la tâche avec plus d’entrain que jamais. La population de la paroisse de la cathédrale émigrant en masse vers le district de Katong, la construction d’une chapelle de secours s’impose dans ce nouveau quartier qui se développe rapidement ; le très dévoué curé la bâtit sur un terrain offert par un de ses paroissiens. Si, toutefois, l’érection de cette chapelle est un bien¬fait pour les ouailles éloignées de la cathédrale, elle est pour le pasteur une nouvelle et bien lourde charge. Il faudrait à ce dernier un assistant qui restât à demeure à Katong ; on ne peut y songer. Il est vrai que les jeunes confrères, à leur arrivée de France, font un stage à la cure de la cathédrale, mais tout juste le temps voulu pour y apprendre les rudiments de la langue anglaise. Dès qu’ils sont à même de rendre quelque service, il leur faut aller ailleurs s’initier aux langues indigènes. M. Ruaudel accepte avec grand esprit de foi ces changements successifs et à chaque départ se contente au plus d’un sourire discret.
En 1938, un accident mortel enlève à Mgr Barillon son Vicaire général. C’est sur les épaules déjà surchargées de M. Ruaudel que Son Excellence reporte cette fonction. En août 1933, Mgr Perri¬chon, Coadjuteur, meurt presque subitement à Penang et, peu après, Mgr Barillon résigne le siège de Malacca, laissant ainsi à son Vicaire général, pendant les quinze mois qui s’écoulent jusqu’à la nomination de Mgr Devals, tout le travail et l’entière responsabilité de la direction du diocèse. M. Ruaudel exerce sa charge avec son calme habituel, mais doit avouer à son nouvel évêque que ses forces le trahissent, et demander, pour les rétablir, l’autorisation de retourner en France.
Au printemps de 1935, il peut enfin prendre au milieu des siens un repos bien mérité. Il nous revient avec l’espoir de travailler de longues années encore parmi nous. En le voyant, tous partageaient cette illusion. Hélas ! ses jours étaient comptés. La chapelle de Katong avait, par les soins de notre confrère, fait place à une belle et grande église. Il y fallait maintenant un prêtre résidant ; M. Ruaudel, sur la proposition que lui en fait Mgr Devals, accepte avec empressement la direction de cette paroisse dont il est d’ail¬leurs le fondateur. Toutefois, le soin spirituel des communautés religieuses de la ville de Singapore lui est conservé. Pendant quelques mois, il se montre plein de vie et dévorant d’activité ; il reprend contact avec ses paroissiens, organise le service, procède au recensement de la population et fonde un groupe d’Action Catholique. Mais après six mois à peine de travail intense, il ressent une grande fatigue et le climat le déprime. Il se rend compte de ce fléchissement subit dans son état de santé, et son entourage ne dissimule pas une inquiétude que les événements ne devaient que trop justifier, et à bref délai. Ce n’est pas encore la maladie, mais ce sont les signes manifestes d’un déclin rapide.
Le 13 juin 1937, il commence pour les enfants une retraite préparatoire à la Confirmation. Elle sera, cette retraite, l’effort suprême du bon ouvrier dans le champ du Père de Famille, que suivra bientôt l’appel à la récompense. Peu de jours après, une mauvaise grippe le force à garder le lit ; des maux d’oreilles le font douloureusement souffrir, occasionnant une surdité très accentuée. Sur l’avis du docteur, il est conduit à l’hôpital. Malgré les soins attentifs qui lui sont prodigués, le mal persiste ; il y a carie du maxillaire inférieur. Une opération s’impose, mais les docteurs n’osent la tenter parce que le malade est trop faible. Le 4 juillet une pneumonie double se déclare. M. Bécheras lui administre les derniers sacrements, qu’il reçoit avec une piété simple et profonde ; le 6 juillet à 11 heures du soir, il rend paisi¬blement son âme à Dieu.
Pendant la journée du lendemain et la nuit qui suivit, sa dépouille mortelle demeura exposée dans la cathédrale. Les fidèles vinrent nombreux prier pour celui qui, 23 ans durant, avait de leur pasteur excellemment dévoué et qui, pour les sanctifier et les sauver, avait donné sa vie sans compter. Le 8 juillet, Mgr Devals, qu’entourait une couronne d’une vingtaine de prêtres et une foule profondément émue, chanta la messe et présida aux funérailles.
Notre cher et vénéré confrère repose aux côtés de Mgr Barillon et de ses autres compagnons d’armes dans la Mission de Malacca. Beati qui in Domino moriuntur.
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Références
[2367] RUAUDEL Pierre (1873-1937)
Références biographiques
AME 1898 p. 232. 1908 p. 322. 1914 p. 79. 85. 132. 133. 136. 137. 1935 p. 40. 1936 p. 11. 1937 p. 240. CR 1898 p. 271. 1901 p. 193. 1902 p. 219. 1907 p. 233. 1909 p. 205. 1910 p. 226. 1911 p. 200. 1912 p. 241. 1916 p. 241. 1919 p. 186. 1924 p. 104. 1925 p. 114. 1927 p. 246. 1928 p. 131. 132. 1929 p. 173. 174. 1930 p. 194. 195. 1931 p. 208. 1932 p. 237. 1933 p. 200. 1934 p. 180. 181. 1935 p. 183. 1936 p. 177. 1937 p. 179. 234. 287. BME 1922 photo p. 61. 1923 p. 520. 1927 p. 182. 1928 p. 58. 378. 1929 p. 304. 1932 p. 714. 1933 p. 75. 800. 1934 p. 69. 808. photo p. 369. 1935 p. 446. 903. 910. 1936 p. 380. 1937 p. 600. 601. 1956 p. 692. 1958 p. 636. 796. EC1 N° 316. 321. 334. 362.
Notice nécrologique
CR 1937 pp. 287-290.