Paul RODHAIN1868 - 1914
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1943
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1891 - 1914 (Pondichéry)
Biographie
[1943] RODHAIN Paul naît le 12 août 1868 à Aboucourt dans le diocèse de Nancy. Il entre aux Missions Étrangères le 17 octobre 1886, est ordonné prêtre le 21 février 1891 et part pour la Mission de Pondichéry le 15 avril 1891.
Un missionnaire aux inclinations bénédictines
A son arrivée en mission en septembre 1891, il est placé comme professeur au Collège colonial de Pondichéry. Il est sévère, même intransigeant en matière d'études et de discipline. Sa sévérité est sans doute jugée un peu excessive. Son évêque l'envoie alors en paroisse à Allah où sous la direction du curé, le P. Fourcade, il se met à l'étude du tamoul. Doué d'une belle intelligence, il entend apprendre le tamoul à fond et recourt plus que souvent aux dictionnaires et grammaires. Son étude du tamoul est surtout livresque, car il ne se soucie guère de parler avec les gens. Il est tout aussi scrupuleux dans l'administration des sacrements et, finalement, son essai de vie apostolique demeure infructueux.
Il est alors nommé au Petit séminaire, où il consacre tout son temps à l'enseignement d'une façon très méthodique et minutieuse. Il ne quitte ses livres que pour dire son bréviaire et faire des exercices spirituels. En cela, le Père Rodhain est un prêtre exemplaire.
C’est aussi un missionnaire assez original, peu expansif, d'un caractère légèrement teinté de misanthropie, vivant à l'écart de ses confrères, ne prenant jamais les récréations avec eux et préférant la solitude de sa chambre. Il ne cause pas beaucoup. Sa vie, on peut dire est celle d'un bénédictin : laborieuse et silencieuse. Il reste professeur jusqu'à la fin de sa vie.
Il finit par se retirer dans notre Sanatorium Saint-Théodore à Wellington dans les montagnes Nilgiri. C'est là qu'il meurt et est enterré dans le petit cimetière des Pères. Un de ses anciens élèves dit à son sujet : ‘‘Le Père Rodhain fut un saint prêtre’’. C'est un témoignage qui nous rappelle que la sainteté s'obtient par la dévotion à son devoir et... le silence.
Nécrologie
M. RODHAIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 12 août 1868
Parti le 15 avril 1891
Mort le 6 juin 1914
Le 6 juin un télégramme nous annonçait la mort de notre cher confrère M. Paul-Pierre Rodhain. Rien ne nous faisait prévoir une fin aussi prématurée.
Professeur au petit séminaire de Pondichéry depuis de longues années, M. Rodhain nous quittait le 22 mai, en compagnie de ses confrères, professeurs comme lui, pour demander au climat plus frais des Nilgiris un regain de force, avant d’affronter les fatigues d’une nouvelle année scolaire. A peine arrivé au sanatorium Saint-Théodore, il dut s’aliter, atteint de dysenterie ; et, cinq jours plus tard, il rendait paisiblement son âme à Dieu. Il fuit assisté à ses deniers moments par M. Vieillard, supérieur du sanatorium.
A son arrivée en mission au mois de septembre 1891, M. Rodhain fut placé au Collège colonial comme professeur de troisième. Là, il se montra, dès le début, le professeur minutieux et sévère qu’il devait être toujours. Travailleur infatigable, il préparait ses classes avec une régularité telle, qu’il n’était jamais pris au dépourvu devant les questions que lui posaient ses élèves. Les explications qu’il donnait en classe étaient exactes et frappées au coin de la grammaire la plus pure. Il exigeait de ses élèves une application soutenue. Malheur à l’élève paresseux, ou seulement inattentif ! Les devoirs mal faits devaient être recommencés ; les leçons mal apprises, récitées à nouveau en dehors de la classe : M. Rodhain était un intransigeant en matière de discipline.
Ce fut cette sévérité, un peu excessive peut-être, qui lui fit quitter sa chaire de troisième, pour aller faire ses premières armes en apostolat à Alladhy, sous la direction de M. Fourcade, le grand convertisseur de pieuse mémoire.
Homme de devoir avant tout, M. Rodhain laisse de côté ses livres de classe et se met à l’étude du tamoul. Grammaire et dictionnaire en main, il apporte, dans cette étude, le même esprit méthodique que dans l’enseignement classique. Doué d’une belle intelligence, il ne glisse pas, il appuie sur toutes les questions de linguistique qui se présentent : il veut se rendre compte de tout. Quand il ne trouve pas le pourquoi ni le comment d’une chose, il questionne ses aînés, une fois, deux fois, trois fois ; et, si la réponse ne le satisfait pas, il se contente de hausser les épaules silencieusement et de penser, en son for intérieur, sans malice du reste : « Encore un qui ne sait pas le tamoul. »
Alladhy, matin et soir, penché sur son dictionnaire, M. Rodhain étudie d’arrache-pied. Pauvre dictionnaire, il faut voir comme il a été annoté, raturé et augmenté par son maître ! L’étudiant ne souffre pas qu’on le dérange dans son travail pour l’initier au saint ministère. Il est venu à Alladhy pour apprendre le tamoul ; son archevêque le lui a dit, et il apprend le tamoul.
D’une conscience très scrupuleuse, notre confrère craignait de commettre quelque erreur dans l’administration des sacrements : « Mais, objectait-il à son curé qui s’évertuait à lui prouver que fit fabricando faber, je puis me tromper ; et, si je me trompe, savez-vous que c’est grave… » Impossible de le sortir de là.
Cette frayeur du saint ministère, cette conscience scrupuleuse à l’excès, il devait les garder jusqu’à la fin de ses jours, et vivre uniquement occupé de ses exercices de piété et de la préparations de sa classe, préparation aussi minutieuse après vingt ans de professorat, que dans les débuts.
Il quitta Alladhy, après cet infructueux essai de vie apostolique, et fut nommé cette fois, professeur au petit séminaire. Le voilà de nouveau à lui tête d’une classe, avec ses livres, qu’il ne quitte que pour dire son bréviaire et faire ses exercices spirituels ; car M. Rodhain fut un prêtre exemplaire et d’une parfaite régularité de vie.
Timide à l’excès, peu expansif par nature, d’un caractère teinté d’une légère misanthropie, pas méchante du reste, M. Rodhain vécut pour ainsi dire à l’écart de ses confrères, ne prenant jamais ses récréations avec eux, préférant à leur société la solitude de sa chambre. A table, à l’heure des repas, il cause peu, ou plutôt point. Interrogé, il répond par un mot laconique, un signe de tête, un haussement d’épaules, et c’est tout. Un confrère de passage va-t-il le saluer, il lui tend la main : « Ah ! c’est vous, Père, comment allez-vous ? » et c’est tout. Cependant, M. Rodhain n’est pas un oisif, tant s’en faut. Sa vie est la vie laborieuse et silencieuse du bénédictin dans sa cellule. Cette vie, il la vivra jusqu’à la fin ; car il ne quittera guère le séminaire, que pour tenter, une fois encore, un court et timide essai de vie apostolique et revenir prendre sa place dans sa chaire de professeur.
A dire vrai, M. Rodhain fut un original, mais d’une originalité douce et bienveillante. C’est le souvenir qui restera de lui dans la mémoire de ceux qui l’ont connu. Un de ses anciens élèves me disait : « Le Père Rodhain était un saint prêtre : mais ce n’était pas un homme comme les autres ; il ne causait jamais. »
Et maintenant, lui, qui aima toujours la solitude et le silence, il repose, en attendant la résurrection, dans le silencieux et solitaire cimetière du sanatorium Saint-Théodore.
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Références
[1943] RODHAIN Paul (1868-1914)
Références biographiques
AME 1914 p. 214. CR 1891 p. 239. 1911 p. 241. 1914 p. 121. 139. 194.