Ambroise ROBERT1859 - 1896
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1574
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1884 - 1895 (Hanoi)
- 1895 - 1896 (Hung Hoa)
Biographie
[1574]. ROBERT, Ambroise, né le 16 décembre 1859, dans la paroisse Saint-François-Régis, à Saint-Etienne (Loire), fit ses études au petit séminaire de Montbrison, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 11 septembre 1879, fut ordonné prêtre le 22 septembre 1883, et partit le 21 novembre suivant pour le Tonkin occidental. Il débuta dans le district de Ke-tru ; en 1885, il dirigea la première école de français fondée à Hanoï ; en 1887, il fut placé à la tête du district de Kim-son, et, en 1888, devint procureur de la mission avec résidence à Hanoï. Envoyé en 1890 dans la province de Thanh-hoa, il se fixa à Cua-bang. Il allait entreprendre la construction de l'église de cette chrétienté, quand il fut envoyé à Vinh-Da-trang.
Rattaché au vicariat apostolique du Haut-Tonkin créé en 1895, il venait d'être nommé supérieur au séminaire de Ha-thach, et il travaillait à l'installer, quand il fut atteint du choléra en administrant un chrétien qui succombait au fléau. Transporté à Son-tay, il y mourut le 27 juin 1896.
Nécrologie
M. ROBERT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU HAUT-TONKIN
Né le 16 décembre 1859.
Parti le 21 novembre 1883.
Mort le 27 juin 1896.
« La mission du Haut-Tonkin, écrivait Mgr Ramond, le 2 juillet 1896, la mission du Haut-Tonkin passe par une crise bien douloureuse. Elle n’est pas encore fondée, et voilà que la mort vient éclaircir ses rangs ; elle choisit pour victime un confrère qui nous parais¬sait bien nécessaire.
« M. Ambroise Robert, né à Saint-Etienne le 16 décembre 1859, parti pour le Tonkin occidental en 1883, et devenu missionnaire du Haut-Tonkin lors de la formation de ce nouveau Vicariat, est décédé à Son-tay, le 27 juin, dans des sentiments de piété et de soumission à la volonté de Dieu vraiment admirables. C’est une grande perte pour ma Mission ; je l’avais nommé supérieur de notre futur collège, et c’est à son installation qu’il travaillait, à Ha-thach, lorsqu’il est tombé malade. Pour moi, c’était un ami dévoué, un conseiller fidèle.
« Il se plaignait depuis quelque temps de fatigues d’estomac, mais il n’en continuait pas moins son travail, comme à l’ordinaire. Toutefois, je ne tardai pas à l’appeler près de moi pour se reposer, et déjà un mieux sensible se faisait sentir, lorsqu’une circonstance le rappela chez lui. Malgré mes conseils, il désira partir pour deux ou trois jours ; le voyage le fatigua. Le lendemain, en plein midi, par des chaleurs très fortes, il fut appelé à plus d’une heure de distance, pour administrer un cholérique qui se mourait. Il ne crut pas pouvoir refuser et s’y rendit ; à son retour, il avait perdu toute force.
« Je le rappelai une seconde fois et immédiatement. Sa figure était pâle, défaite. Je l’envoyai sans tarder, par bateau, à Son-tay, où il pouvait recevoir les soins des docteurs et de l’ambulance.
« C’est le jeudi soir, 25 juin, écrit à son tour M. Duhamel, que le mal s’est considérablement aggravé. Aussi, malgré l’heure avancée — il était plus de 9 heures — nous n’avons pas hésité à appeler le docteur qui est venu immédiatement. Après avoir examiné notre cher confrère, il nous dit que le cas était grave, et sans nous dire le nom de la maladie, il nous fit suffisamment entendre que le Père était atteint du choléra. En même temps, il donnait une prescription et commandait à l’infirmier-chef de l’ambulance de mettre deux infirmiers, l’un européen et l’autre indigène, à la disposition de la mis¬sion.
« L’infirmier-chef vint lui-même, accompagné d’un de ses aides, admi¬nistrer au cher malade les remèdes les plus énergiques. Au bout d’une heure ou deux, il retourna à l’hôpital et nous renvoya aussitôt un infirmier européen avec de nouveaux médicaments. Grâce aux soins dont il fut entouré toute la nuit, un mieux, au moins extérieur, sembla se produire le matin et dura quelque temps. Vers neuf heures, les deux médecins de l’ambulance se rencontrèrent au chevet du malade, et prescrivirent des remèdes pour combattre l’empoisonnement interne qui aurait pu se produire à la suite d’une sorte de constipation. Mais malgré tous ces remèdes, notre confrère déclinait peu à peu, au milieu de souffrances qui paraissaient terribles à en juger par les contractions qu’éprouvait le patient.
« Cependant M. Robert s’était lui-même rendu compte de son état et à partir du moment où le choléra se fut déclaré, l’idée de la mort et de la préparation à la mort ne l’a pas quitté un seul instant. Durant la nuit, il a répété un nombre incalculable de fois les trois invocations : Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, etc. Quand on l’exhortait à bien supporter ses souffrances : « Oh ! oui, disait-il, pour l’expiation de mes péchés, pour Mgr Ramond, pour la « Mission du Haut-Tonkin, pour le Séminaire, pour les nouveaux chrétiens. Je vais mourir, « mais je suis complètement tranquille. Quand j’étais en bonne santé et que je pensais à la « mort, je l’envisageais avec crainte, mais maintenant elle ne m’effraie pas. » Entre temps, il remerciait ceux qui le soignaient, leur demandant pardon des peines qu’il leur causait.
« Vers neuf heures du matin, le 26 juin, le hoquet étant survenu quelques instants, M. Robert nous dit : « Je me suis confessé hier, maintenant je désire recevoir le saint viatique. » Comme on ne lui répondait pas directement, parce que les docteurs et l’infirmier préparaient quelque potion : « Vous voulez donc attendre que je ne puisse plus », leur dit-il. — « Mais « non, lui fut-il répondu, prenez patience quelques instants. » Il reçut le saint viatique vers dix heures, dans les sentiments de la foi la plus vive et de la piété la plus touchante. M. Brossier lui administra l’extrême-onction et lui conféra l’indul¬gence plénière. Alors un certain mieux se produisit, qui persista jusque vers une heure de l’après-midi. Toujours il demandait qu’on le préparât à la mort et qu’on lui suggérât de bonnes pensées. Il répétait toutes les prières qu’on lui disait, même celles qu’il ne connaissait pas ; pour le reste, il était indifférent. Quand, dans la soirée, M. Brossier lui demanda s’il voulait se confesser de nouveau, s’il avait quelque chose qui le gênât, il répondit qu’il était absolument tranquille ; mais il accepta de bon cœur et avec reconnaissance l’absolution que le Père offrait de lui donner. — N’avez-vous rien de particulier à dire à Monseigneur ? dit M. Brossier. — Non, d’ailleurs je ne le pourrais pas. — Et à votre famille ? — Je la bénis d’une façon toute spéciale. — Enfin, tout le temps qu’il a conservé en connaissance, c’est-à-dire presque jusqu’au dernier moment, il n’a cessé de prier et de se préparer à mourir en supportant ses souffrances avec une patience admirable. Vers minuit, il nous a bénis tous, ainsi que sa famille, une dernière fois. A minuit trente-cinq minutes : — « C’est fini, a-t-il dit ; mon bon souvenir au P. Girod, au P. Bertaud, à tous les confrères... O mon Dieu... » — Son âme était allée vers le Seigneur qu’il venait d’invoquer. »
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Références
[1574] ROBERT Ambroise (1859-1896)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1886, p. 88 ; 1892, p. 160 ; 1894, p. 179 ; 1896, p. 178. - M. C., xvii, 1885, p. 41 ; xix, 1887, p. 532 ; xxiii, 1891, p. 577 ; xxv, 1893, pp. 354, 365, 381, 390, 405, 418, 429 ; xxvii, 1895, La nouvelle mission de Vinh-Da-trang, p. 169 ; xxviii, 1896, Le nouveau vicariat du Haut-Tonkin, p. 133 ; Ib., pp. 398, 542 ; xxx, 1898, p. 65. - Sem. rel. Lyon, 1897, 1er sem., p. 80.
Notice nécrologique. - C.-R., 1896, p. 398.