Le P. Bareigts et les Amis
Le P. André Bareigts gagne Taiwan en 1969, après avoir été expulsé de Birmanie en 1966. Pendant son séjour en France, le P. Bareigts suit des cours d’ethnologie à l’École pratique des hautes études, où il arrive riche de 12 ans de vie dans les villages birmans. Fraîchement diplômé, il demande à repartir en mission et est alors affecté au diocèse de Hwalien (Hualien).
Dès son arrivée, le P. Bareigts s’initie à la langue des Amis, ou Amitsu, l’un des groupes aborigènes les plus importants sur le territoire de la mission. Mgr Vérineux lui confie en janvier 1972 le district de Feng Pin, éloigné du centre de la mission et assez difficile d’accès mais qui rassemble une quinzaine de villages amis, chaque village comprenant une centaine de familles. Le P. Bareigts en fait le centre de ses travaux d’ethnologue et y passera tout le reste de sa vie.
Les principaux mythes de l’ethnie Amis :
Entre 1976 et 1993, il publie une série de 5 livres sur les principaux mythes amis, dont deux sont des transcriptions littérales de cette littérature orale. Dans cet extrait, le P. Bareigts décrit le déroulement du premier jour de la fête des moissons, célébration très importante pour les Amis et qui dure près d’une semaine :
« Le millet une fois moissonné, il y a le rite pinaagan (pour amener la moisson au grenier) vous l’y porterez en un seul jour, il est défendu de le porter en plusieurs jours. Ensuite allez à la pêche, puis les gens feront le rite pakadac qui consiste à porter du poisson, deux maisons porteront six poissons dans une corbeille, au chef, on fera de même pour les deux chefs de chaque groupe d’âge. Ensuite faites le rite licomod, rite d’entrée pour ce rite on offre un repas de poisson aux jeunes gens, mais ne rendez pas malade l’estomac des jeunes. Ceci terminé, préparez des gâteaux sucrés. Après cela faites le pa’dap, puis ce sera le rite misa roko (prières dans la maison des Esprits). Après le misa roko c’est la danse des jeunes gens le soir. »