Yves RAMOUSSE1928 - 2021
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 3965
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- Archives : Série 03C : Cambodge
Identité
Naissance
Décès
Episcopal consecration
Biographie
ENFANCE ET FORMATION (1928-1957)
[3965] Yves RAMOUSSE est né le 23 février 1928 à Sembadel (Haute-Loire). Fils de Jacques Ramousse, employé du chemin de fer, et de Julie Carlet, il est le dernier d’une fratrie de trois (deux garçons et une fille). Après ses études secondaires au petit séminaire de la Chartreuse à Brives-Charensac, il entre au séminaire des Missions étrangères le 9 octobre 1947 : il étudie la philosophie à Bièvres, puis la théologie à Paris, et il est ordonné prêtre le 4 avril 1953. Il reçoit sa destination pour la mission de Phnom Penh au Cambodge le 14 juin suivant, mais avant de rejoindre sa mission, il part pour Rome faire une licence et un doctorat de théologie. Il termine ses études en 1957 et s’embarque pour le Cambodge le 18 mars 1957.
CAMBODGE (1957-1975)
Il commence l’étude du vietnamien et du khmer à Banam et à Chruichangvar (1957-1960), puis il est nommé professeur au grand séminaire de Saigon (1960-1961). Il réside ensuite au foyer des étudiants khmers à Phnom Penh tout en enseignant la philosophie au petit séminaire (1961-1962). En 1962, il est rappelé en France pour enseigner la théologie morale au séminaire de Bièvres.
Nommé évêque de Pisita et vicaire apostolique du Cambodge le 12 novembre 1962, il reçoit la consécration épiscopale le 24 février 1963. Jeune évêque, âgé de 35 ans, Mgr Ramousse vit le Concile Vatican II en tant que Père Conciliaire, et commence tout juste à en initier avec enthousiasme le mouvement dans son vicariat apostolique, lorsque les affres de la guerre du Vietnam débordent sur le Cambodge. Des 70 églises et 65000 fidèles que compte alors la petite Église du Cambodge en 1970, il n’en restera respectivement que 4 et 5000 à son retour dans le pays en 1992.
Avant son expulsion du Cambodge par les Khmers Rouges en avril 1975, Mgr Ramousse obtient du Saint-Siège l’autorisation d’ordonner un prêtre cambodgien comme évêque pour lui succéder, le Père Joseph Chhmar Salas. Ce dernier mourra d’épuisement dans l’année qui suivra, victime comme tant d’autres de ces années terribles (environ 1,8 millions de morts pendant le régime Khmer Rouge sur une population de 7 millions d’habitants en 1975). La nouvelle de la mort de Mgr Salas laissera sans pasteur les catholiques du Cambodge, dont le sort à l’intérieur du pays reste incertain, et qui forment à l’extérieur une diaspora de réfugiés principalement dans les pays d’Asie du Sud-Est, en Europe, en Amérique du Nord et en Australie.
INDONÉSIE (1977-1992)
Expulsé du Cambodge, Mgr Ramousse est alors affecté au diocèse de Pangkalpinang, en Indonésie. Il fréquente d’abord l’école de langue à Paris pour étudier l’indonésien (1976-1977), puis il poursuit cette étude à Bandung sur l’Ile de Java en Indonésie (1977). Il est ensuite vicaire à Tanjung Pinang, dans l’archipel de Riau (1978-1983). Le 6 janvier 1983, il est nommé par le Saint-Siège à la tête du Bureau pour la Promotion de l’Apostolat auprès des Cambodgiens à travers le monde (BPAC), et coordonne jusqu’en 1992 le soin pastoral de ces réfugiés, nombreux en particulier dans les camps à la frontière thaïlandaise.
CAMBODGE (1992-2014)
Du 8 au 27 février 1992, il effectue un premier retour au Cambodge après 14 ans d’absence. Le 25 juillet 1992, le Saint Siège le restaure évêque de Phnom Penh à l’instigation du roi Norodom Sihanouk, ce dernier le reconnaissant toujours comme évêque de Phnom Penh. Le 21 décembre 1992, il est nommé en outre administrateur apostolique de la préfecture apostolique de la préfecture de Battambang « Ad nutum Sanctae Sedis » et exerce cette fonction jusqu’au 1er avril 2000. Dans la situation précaire de l’après-guerre (décennie 1990-2000), il travailla avec courage au rassemblement et au soin pastoral et missionnaire des fidèles, dans des communautés dignes des Actes des Apôtres et au fort visage catéchuménal.
En 1997, il ordonne son coadjuteur, Mgr Émile Destombes, qui lui succède en 2000 comme vicaire apostolique de Phnom Penh. Le 14 avril 2001 il devient évêque émérite de Phnom Penh. Il continue de servir la zone missionnaire de Sihanoukville, dans le sud-ouest du Cambodge, jusqu’à sa retraite en France en 2014.
FRANCE (2014-2021)
Le 5 octobre 2014, il revient définitivement en France et se retire à la maison Saint-Raphaël de Montbeton le 22 février 2015, où il décède le 26 février 2021.
La vie bien remplie de Mgr Yves Ramousse, aura été marquée par le drame de la guerre au Cambodge, qui a vu la montée en puissance des Khmers Rouges (1970-1975), leur prise de pouvoir (1975-1979) et leur résistance dans le maquis après l’intervention puis l’occupation vietnamienne du pays (1979-1991).
Pasteur endurant et visionnaire, Mgr Ramousse a cheminé pendant presque six décennies non seulement avec le peuple cambodgien, en essayant de soulager ses souffrances durant la tragédie, mais aussi avec la communauté catholique cambodgienne, en l’encourageant et soutenant son espérance par des lettres pastorales et des décisions éclairées qui se sont traduites en actes de foi et de charité.
Nécrologie
Yves René Georges Joseph RAMOUSSE est né le 23 février 1928 à Sembadel, une très petite commune rurale de la Haute-Loire. Fils de Jacques Ramousse, employé du chemin de fer, et de Julie Carlet, il est le dernier d’une fratrie de trois (deux garçons et une fille). Entré au petit séminaire de La Chartreuse à Brives-Charensac en 1942, il y fit toutes ses études secondaires. Il est confirmé en l’église de Vorey-sur-Arzon, dans le diocèse du Puy, le 29 mars 1938.
Le 9 octobre 1947 Yves rentre au grand séminaire des Missions Étrangères à Bièvres où il y effectue ses deux années de philosophie. Il semble que sa vocation missionnaire soit née à la lecture de la vie de Saint Isaac Jogues, missionnaire au Canada. La vie de ce missionnaire l’a fortement impressionné. Puis, après avoir fait son service militaire (Barcelonnette, Saint-Maixent, Nîmes, Bordeaux), il reprend ses études au séminaire de la Rue du Bac à Paris pour un an (1950-1951) et de là est envoyé à Rome poursuivre ses études. Il est d’ailleurs ordonné diacre à Rome le 20 décembre 1952 et sera ordonné prêtre le 4 avril 1953 à Lavardac dans le diocèse d’Agen et le département du Lot-et-Garonne. Il achève ses études à Rome et soutient une thèse consacrée à La grande catéchèse de saint Grégoire de Nysse (1957). Il part pour le Cambodge le 18 mars 1957.
A son arrivée au Cambodge, il étudie le khmer et le vietnamien à Banam, puis sur la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul (Xom Bien) de Phnom Penh. En 1960, il est nommé professeur de théologie morale au grand séminaire de Saïgon avant de rejoindre le petit séminaire de Phnom Penh comme professeur de philosophie l’année suivante, tout en résidant au foyer des étudiants khmers. Enfin, il est brièvement envoyé à Bièvres en 1962 comme professeur de théologie morale.
Jeune évêque conciliaire en 1962
Nommé Vicaire Apostolique de Phnom Penh à seulement 35 ans, il reçoit le siège titulaire de Pisita le 12 novembre 1962. Il est sacré le 24 février 1963 par Mgr Raballand dans la chapelle du séminaire des Missions Etrangères. Il participe aux 2e, 3e et 4e sessions du Concile Vatican II où il rencontre les deux évêques laotiens, Mgr Arnaud (MEP) et Mgr Loosdregt (OMI). Peu après est créée la conférence épiscopale du Cambodge et du Laos (CELAC).
Le jeune évêque, de retour du Concile Vatican II, est plein d’enthousiasme et s’emploie tout d’abord à dresser un état des lieux de la mission au Cambodge. Il invite le chanoine Boulard, sociologue, afin de déterminer les enjeux de la pastorale au Cambodge. Ce dernier met en évidence le décalage entre une Eglise rurale et essentiellement tournée vers des minorités, et un pays en pleine urbanisation et menant une politique nationaliste. Le Vicaire Apostolique impose alors des mesures exceptionnelles dans l’esprit de la Constitution Sacrosanctum Concilium. Les prêtres sont invités à célébrer en langue vernaculaire. Cette mesure prend véritablement sens lorsque, rompant avec la tradition présente depuis l’épiscopat de Mgr Miche, il remplace l’étude du vietnamien par celle du khmer pour les nouveaux arrivants (1966). Outre l’ordinaire de la messe, plusieurs écrits chrétiens voient le jour en cambodgien. Les travaux de traduction de la Bible commencent à cette époque.
Les évêques de la CELAC décident aussi d’ouvrir l’Eglise à la connaissance du bouddhisme. Des sessions furent organisées pour les prêtres, les religieux et les laïcs, permettant un regard nouveau des missionnaires sur l’environnement non chrétien de leur apostolat.
Une vie marquée par la guerre au Cambodge
L’ordination de plusieurs prêtres khmers au cours des années 1950 – 1960 conduit Mgr Ramousse à leur transmettre progressivement le pouvoir. Dans cette optique, il obtient de Rome la division du Vicariat Apostolique de Phnom Penh en trois circonscriptions. Le 26 septembre 1968 sont créées les Préfectures Apostoliques de Battambang et de Kampong Cham. Le cambodgien Paul Tep Im est nommé à la tête de l’Eglise de Battambang, et André Lesouëf à Kampong Cham. Mais le peu de vocations sacerdotales khmères ne permet pas encore une transmission définitive de l’autorité ecclésiastique aux prêtres autochtones.
Mgr Ramousse décide de la fondation d’un grand séminaire sur la presqu’île de Chrouy Changvar, en face de Phnom Penh. Les tensions avec le Sud-Vietnam, ainsi que les nouvelles visées pastorales de l’Eglise cambodgienne, ont conduit l’évêque à cette création. Il nomme de jeunes professeurs pro-khmers, Vincent Rollin et Emile Destombes, puis envoie tous les séminaristes en milieu cambodgien durant l’année 1968 – 1969 pour répondre aux directives de la conférence épiscopale Laos-Cambodge. Mais la brusque dégradation de la situation politique du pays en 1970 ne permet pas la réouverture de l’établissement.
Lors de l’éclatement de la guerre civile, les Vietnamiens sont chassés du Cambodge. La communauté chrétienne passe de 65 000 fidèles à seulement 7000. Par ailleurs, la guerre civile qui éclate paralyse l’activité missionnaire. Mgr Ramousse refuse l’aide du Catholic Relief Service américain afin de ne pas paraître comme une ONG, mais aussi pour ne pas prendre parti pour l’un des deux camps.
Le déclenchement de l’offensive finale des Khmers Rouges sur Phnom Penh le 1er janvier 1975 contraint les missionnaires à prendre des mesures pour assurer l’avenir de l’Eglise au Cambodge. Le Vicaire Apostolique prévoyant l’expulsion des étrangers, rappelle le Père Joseph Chhmar Salas, en année sabbatique en France, afin que les chrétiens ne restent pas sans évêque. Le lundi 14 avril 1975, il le consacre sous les bombes dans la paroisse cambodgienne de Notre-Dame, assisté seulement de Mgr Lesouëf. Peu après, l’ensemble des prêtres français est expulsé du Cambodge par les Khmers Rouges. Mgr Ramousse quitte son peuple bien-aimé le cœur brisé.
Un an après son expulsion, Yves Ramousse démissionne de sa charge de Vicaire Apostolique. Il décide de partir en Indonésie pour demeurer proche du Cambodge. Il commence l’étude de l’indonésien à Paris en 1976 ; puis, après l’obtention de son visa, il se rend à Bandung pour poursuivre cette étude. Ensuite il se rend dans l’Archipel de Riau et le diocèse de Tanjung Pinang, au sud de Singapour, et prend en charge les nombreux réfugiés qui débarquent sur les côtes du pays. Soucieux de la diaspora cambodgienne, il alerte le Vatican sur le devenir des chrétiens khmers. Le 6 janvier 1983, la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples créé le Bureau pour la Promotion de l’Apostolat auprès des Cambodgiens (BPAC) et lui en confie la responsabilité. Mgr Lesouëf l’assiste dans cette mission. Il s’agit pour eux d’aider les baptisés cambodgiens réfugiés à l’étranger à entrer en contact avec les paroisses et les diocèses où ils ont trouvé refuge. Le but est ici de créer des aumôneries dans le cadre de la pastorale des Migrants.
Avec l’effondrement du bloc communiste et le retrait de l’armée vietnamienne (1989) s’ouvre une nouvelle ère pour le Cambodge. Les accords de Paris de 1991 conduisent à la fin de la guerre civile, et la mise en place d’une nouvelle Constitution (24 septembre 1993) permet la restauration du roi Sihanouk.
Retour au Cambodge
Du 8 au 27 février 1989, Mgr Ramousse se rend au Cambodge grâce au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD). La situation de l’Eglise est désastreuse. La plupart des sanctuaires ont été détruits, à l’image de la cathédrale de Phnom Penh dynamitée par les Khmers Rouges. Les chrétiens sont morts ou ont été dispersés. Tous les prêtres et religieux cambodgiens ont disparu dans la tourmente. En outre, l’évêque ne peut se rendre à l’évêché devenu l’hôtel de ville. Ne pouvant rencontrer les chrétiens (les contacts avec les étrangers sont interdits aux Khmers), il déambule le long du boulevard Monivong dans l’espoir d’être reconnu. Une chrétienne lui adresse discrètement quelques mots : « Nous vous attendons à telle heure, dans tel restaurant tenu par mon beau-frère. » L’évêque constitue un comité avec la poignée de chrétiens qu’il rencontre dans le restaurant. Les liens avec les fidèles se reforment peu à peu.
Le 25 juillet 1992, Yves Ramousse est restauré Vicaire Apostolique par Rome, non sans difficulté. De nouvelles congrégations ou organismes ecclésiaux s’implantent au Cambodge. Ces nouveaux missionnaires n’ont pas connu l’Eglise avant les Khmers Rouges et refusent de reconnaître son autorité. L’intervention du roi Sihanouk auprès de la Curie a ici été décisive, les liens entre les deux hommes ayant toujours été empreints de chaleur. Le 21 décembre 1992, l’évêque est aussi nommé Administrateur Apostolique de Battambang jusqu’au 2 juillet 2000, quand Mgr Enrique Figaredo (SJ) est installé Préfet Apostolique de Battambang. Mgr Ramousse fait le choix de laisser les Khmers rebâtir leur Eglise. Le 30 avril 1991, à l’appel du Père Destombes, eut lieu un synode des communautés chrétiennes, soit 602 familles (environ 3000 baptisés), 350 catholiques venus des camps ainsi que 10 000 vietnamiens venus s’installer au Cambodge à la faveur de l’occupation. Les participants se réunissent deux fois par an pour réorganiser les communautés.
Le 25 mars 1994, Mgr Ramousse, après de nombreuses négociations avec le gouvernement Royal du Cambodge, obtient l’établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. En 1997, Mgr Ramousse fait reconnaître les statuts de l’Église Catholique par le Gouvernement Royal du Cambodge et le Ministre des Religions et des Cultes. Ces statuts donnent une assise juridique à l’Église et permet au catholicisme d’être reconnu comme religion à part entière et non pas comme une association ou une ONG à caractère religieux.
Formation d’un clergé diocésain
Dans sa lettre pastorale de 1996, l’évêque déclare : « La priorité donnée à l’établissement de l’Eglise au Cambodge doit se concrétiser par la priorité donnée à former un clergé diocésain. » Quelques réfugiés en Thaïlande et au Canada forment le premier noyau des séminaristes au début des années 1990. Quatre prêtres sont ordonnés le 9 décembre 2001.
En 1997, Mgr Ramousse demande à Rome un coadjuteur. Il consacre Emile Destombes cette même année ; le nouvel évêque lui succède le 14 avril 2001.
Yves demeure au Cambodge jusqu’en 2014 dans la paroisse de Sihanoukville, où il sera un pasteur inlassable et aimant, toujours prêt à donner des conseils. Il aimait préparer avec minutie et créativité, avec le père Werachai (TMS), puis le père Un Son, les curés, les grandes fêtes liturgiques qui rythment l’année. Il construisit aussi le Centre de retraite de Sihanoukville.
Le 5 octobre 2014 il revient définitivement en France et se retire à la maison Saint-Raphaël de Montbeton le 22 février 2015. Il décède de la covid à l’hôpital de Montauban le 25 février 2021, alors qu’il devait fêter son 93ème anniversaire le 23 février et sa 58ème année de sacerdoce le 24 février.
Un serviteur fidèle
La vie bien remplie de Mgr Yves Ramousse, aura été marquée par le drame de la guerre au Cambodge, qui a vu la montée en puissance des Khmers Rouges (1970-1975), leur prise de pouvoir (1975-1979) et leur résistance dans le maquis après l’intervention, puis l’occupation vietnamienne du pays (1979-1991). Jeune évêque, Mgr Ramousse a vécu le Concile Vatican II en tant que Père Conciliaire et il avait tout juste commencé à en initier avec enthousiasme le mouvement dans son vicariat apostolique lorsque les affres de la guerre du Vietnam ont débordé sur le Cambodge. Des 70 églises et 65000 fidèles que comptait la petite Église du Cambodge en 1970, il n’en restera respectivement que 4 et 5000 à son retour dans le pays en 1992. Avant son expulsion du Cambodge par les Khmers Rouges en avril 1975, Mgr Ramousse avait obtenu du Saint-Siège l’autorisation d’ordonner un prêtre cambodgien comme évêque pour lui succéder, le Père Joseph Chhmar Salas, sachant que les Khmers Rouges tuaient ou au mieux expulsaient les étrangers. Ce dernier mourra d’épuisement dans l’année qui suivra, victime comme tant d’autres de ces années terribles (environ 1,8 millions de morts pendant le régime Khmer Rouge sur une population de 7 millions d’habitants en 1975). La nouvelle de la mort de Mgr Salas laissera sans pasteur les catholiques du Cambodge, dont le sort à l’intérieur du pays restait incertain, et qui formaient à l’extérieur une diaspora de réfugiés principalement dans les pays d’Asie du Sud-Est, en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Nommé par le Saint-Siège à la tête du Bureau pour l’Apostolat auprès des Cambodgiens (BPAC) en 1982, Mgr Ramousse coordonna jusqu’en 1992 le soin pastoral de ces réfugiés, particulièrement nombreux dans les camps à la frontière thaïlandaise. De retour dans le pays en 1992, il fut nommé, fait rarissime, une seconde fois au même poste de vicaire apostolique de Phnom Penh. Dans la situation précaire de l’après-guerre (décennie 1990-2000), il travailla avec courage au rassemblement et au soin pastoral et missionnaire des fidèles, dans des communautés dignes des Actes des Apôtres et au fort visage catéchuménal. Pasteur endurant et visionnaire, Mgr Ramousse a cheminé pendant presque six décennies, non seulement avec le peuple cambodgien en essayant de soulager ses souffrances durant la tragédie, mais aussi avec la communauté catholique cambodgienne en l’encourageant et soutenant son espérance par des lettres pastorales et des décisions éclairées qui se sont traduites en actes de foi, d’espérance et de charité. Sa patience, sa vision, sa perspicacité, son courage, sa résilience et ses sacrifices ont permis à l’Église du Cambodge de renaître de ses cendres.
Cet homme calme et paisible, attentif et bienveillant, accueillant et chaleureux, qui respirait la paix, et dont le visage s’illuminait facilement d’un large sourire qui a marqué beaucoup de ses interlocuteurs, est aussi un homme qui a affronté courageusement des situations difficiles et vécu un immense drame au milieu de son peuple et en solidarité avec lui.
Père Vincent Chrétienne