Jean TIJOU1933 - 2021
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4132
Identité
Naissance
Décès
Biographie
[4132]. TIJOU Jean est né le 4 novembre 1933 à Chemillé (Maine-et-Loire).
Ordonné prêtre le 23 décembre 1961, il part pour Bassein le 10 avril 1962.
Il étudie le birman à Rangoon, puis il est nommé vicaire à Bassein en 1963.
Expulsé de Birmanie en 1966, il suit d’abord des cours à l’école d’action catholique de Lille, puis il reçoit une nouvelle destination pour le Japon.
Il commence l’étude du japonais à Osaka, puis il est nommé vicaire à Nakayamate (1967), à Shimoyamate (1970), et à Akashi (1973-1980). Il est détaché à la maison de la JOC d’Akashi, en 1980, et à partir de 1989, est en charge de la maison de la JOC, à Takasago. Il rentre définitivement en France en 2008.
Nécrologie
Jean Marie Albert TIJOU est né à Chemillé, commune rurale de l’Anjou, située au sud de la Loire, dans le département du Maine-et-Loire, le 4 novembre 1933. Il est fils de Francis Tijou, jardinier, et de Marguerite Paizot. Il est le deuxième d’une fratrie de six enfants (5 garçons et 1 fille). Il fut baptisé en l’église Saint Pierre de Chemillé, diocèse d’Angers, le 5 novembre 1933 et confirmé aussi dans cette même église le 16 mai 1941. Il fait ses études primaires à Chemillé, puis entre au petit séminaire de Beaupreau pour ses études secondaires qu’il fit là de 1945 à 1953.
Il entre au grand séminaire de Bièvres le 21 septembre 1953 où il est apprécié de ses professeurs : « Aspirant qui a un bon esprit et le souci de faire le bien autour de soi. Il donne l’exemple de l’obéissance et de la régularité ». Ses études sont interrompues par son service militaire qu’il effectue de 1956 à 1958, d’abord à Karlsruhe ( 7 septembre 1956 au 19 novembre 1957) en Allemagne, puis à Safi au Maroc (24 novembre 1957 au 22 mars 1958) et enfin à Blida en Algérie (10 avril au 17 novembre 1958). Ensuite il poursuit ses études au séminaire de Bièvres où il est ordonné diacre le 29 juin 1961 et prêtre à Angers par Mgr Veuillot le 23 décembre 1961. Le 20 mai 1961 il avait reçu sa destination pour la mission de Birmanie pour laquelle il s’embarque le 10 avril 1962.
Arrivé en Birmanie, Jean étudie le Birman pendant un an à Myaugmya dans le diocèse de Bassein. Il est ensuite vicaire de paroisse dans cette même ville jusqu’en 1966 où il est expulsé de Birmanie en même temps que les autres missionnaires arrivés dans ce pays après l’indépendance. De retour en France, il s’inscrit à l’École d’Action Catholique Missionnaire de Lille où il passe une année scolaire (1966-1967). Il reçoit alors une nouvelle destination pour le diocèse d’Osaka au Japon.
A son arrivée au Japon, il est accueilli dans le diocèse d’Osaka. Jean se met à l’étude du japonais, tout en résidant à la paroisse de Nakayamate (1967-1970) à Kobé, paroisse tenue à l’époque par le Père Jean-Paul Bayzelon (MEP) qui a pour vicaire le Père Anatole Chaillou (MEP). Progressivement il rend quelques services à la paroisse. De 1970 à 1973 il est vicaire à la paroisse de Shimoyamate tenue par le Père Roger Bérault (MEP). Puis de 1973 à 1980 il est vicaire à la paroisse d’Akashi, avec comme curé le Père Jean-Louis Creignou, toujours dans le diocèse d’Osaka et dans le district de Kobé qui sera tenu par les MEP jusqu’en 1981.
Après bien des déboires et des discussions sans fin, il obtient de pouvoir résider hors paroisse, dans une petite maison, pour mieux s’occuper des jeunes, chrétiens ou non, qui, pour diverses raisons, ne veulent pas se rendre à la paroisse. La plupart des confrères âgés regarderont d’un mauvais oeil cette insertion missionnaire hors paroisse. Ils ne croyaient pas possible qu’un prêtre s’occupe efficacement de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) en dehors d’un cadre paroissial. Malgré les embûches, Jean peut résider désormais, de 1980 à 1989, à la Maison de la JOC à Akashi, où il se consacre essentiellement à l’apostolat auprès des jeunes travailleurs. Il continue cependant à rendre divers services à la paroisse. C’est durant cette période qu’il rencontre « sa petite dame », comme il aime à l’appeler, une personne rendue invalide par les produits toxiques de l’usine où elle travaillait. Jean prend à cœur la défense de cette femme. Avec d’autres personnes, pendant au moins quinze ans, il va se battre pour obtenir pour elle des dommages et faire reconnaître par le tribunal la responsabilité pénale de l’entreprise. Après le retour de Jean en France, en 2011, un livre sera publié pour relater toute cette épopée.
Jean est très affecté par le décès accidentel de sa maman survenu le 15 janvier 1982. Sa mère fut renversée par une voiture en traversant la route pour se rendre à la messe. Cet événement le laisse pendant un an au moins très instable et coléreux vis à vis de tous. Sa propre foi en est ébranlée. Il doute parfois de l’efficacité de la prière, trouve que nos insertions pastorales sont coupées de la vie des gens. C’est un sujet de tension avec les autres confrères MEP qui se sentent parfois jugés durement par lui, comme le Père Pons qui prenait pourtant à cœur la défense des Coréens résidant sur sa paroisse, ceux-ci vivant dans des conditions difficiles.
Le 7 mars 1984, à la suite de l’hospitalisation de son curé, le Père Jean Louis Creignou, Jean va rendre de grands mais discrets services pour la continuation de la pastorale de la paroisse. Il se charge aussi d’accueillir le 30 mars le vieux Père Fukuda, venu se reposer et lui donner un coup de main. Le 17 septembre 1986, Jean est nommé par le diocèse administrateur de la paroisse d’Akashi pour la durée du congé du Père Creignou. Dès que celui-ci revient, en mars 1987, Jean prend son congé régulier, via Hong-Kong, afin d’assurer la traduction lors d’une rencontre asiatique de la JOC. Il reviendra au Japon le 3 octobre de la même année.
Nommé enfin officiellement aumonier de la JOC pour les secteurs d’Himeji, de Kobé et du Hanshin, de 1989 à 2008, Jean réside à Takasago dans « la Maison des travailleurs », une vieille bâtisse qui sert d’habitation pour l’aumônier, de chapelle et de salle de réunion pour les jocistes. C’est là qu’il poursuit son apostolat auprès des jeunes travailleurs.
Le 30 avril 1989, Jean part pour un séjour à la procure de Hong-Kong, pour un repos bien mérité. Il revient le 10 mai pour être hospitalisé à l’hôpital catholique du Kaisei pour surmenage. Il en sortira le 20 mai, pour un congé en France jusqu’en juin 1990. A son retour au Japon, il se rend à Takasago pour prendre possesion d’une belle et pratique maison que l’évêché d’Osaka a fait construire à côté de l’ancienne Maison des Travailleurs. Jean fait cependant une nouvelle rechute en 1991 et doit à nouveau se reposer. Bon gré, mal gré, il accepte de le faire une semaine seulement chez les Frères de Saint Jean de Dieu à Kobé. En juin 1992, il prend son congé régulier durant lequel dans le métro parissien il se fait voler son passeport et son argent. Pendant que le Père Gouineau contacte les autorités japonaises pour obtenir un nouveau visa et sa carte de résidence des étrangers, par hasard, trois jours avant son retour au Japon, son passeport et sa carte d’étranger sont heureusement retrouvés.
Le 7 juillet 1993, Il est hospitalisé à l’hôpital du kaisei pour l’ablation de la vésicule bilaire et des calculs dans les reins. Il en sort le 22 Juillet. Dès le séisme de Kobé le 17 Janvier 1995 et le décès de « sa petite dame », Jean se rend souvent à Tokyo pour faire des recherches sur l’histoire de la JOC au Japon. Très discret à ce sujet, nul ne sait vraiment ce qu’il a fait et ce que sont devenues ses notes et les documents consultés.
Le 29 septembre 2008, il retourne définitivement en France à l’occasion de ses 75 ans. Sa famille est très étonnée de ce retour, car Jean semblait très attaché au Japon. D’octobre 2008 à juin 2009, il prend un temps sabbatique à Paris, un temps de réadaptation à la France avant de rejoindre son diocèse d’origine où il s’installe à Angers en 2009. Son idée était de témoigner de sa mission au Japon auprès de ses compatriotes après 43 ans de présence en Asie.
En octobre 2015, Jean a de graves problèmes de santé. Il doit être hospitalisé et a de plus en plus de difficultés à se déplacer. En mars 2016, il doit quitter son appartement pour rejoindre la Maison de Retraite Sainte-Marie à Angers. Au cours de l’année 2020, de nouveaux problèmes de santé l’affaiblissent encore davantage et il doit désormais se déplacer en chaise roulante.
Au début de l’année 2021, il demande à rejoindre la maison de retraite de Lauris. Son souhait peut se réaliser le 8 avril 2021 où il retrouve avec joie sa place parmi les confrères MEP. Mais le 14 avril il n’arrive pas à se réveiller et doit être hospitalisé. Il meurt à l’hôpital d’Aix-en-Provence le 15 avril, une semaine seulement après avoir rejoint la Maison de Lauris.
Au Japon, Jean était estimé de.ses confrères, son retour en France les a tous attristés. Il aimait ruer dans les brancards et dire crûment ce qu’il ressentait. Cependant il restait toujours serviable et attentionné vis à vis de ses confrères. Ses excès de bile, dont les Angevins sont coutumiers, dit-on, ne les empêchait pas de l’apprécier, de recueillir ses conseils et de respecter ce qu’il faisait parfois jusqu’à la limite de ses forces.
Jean aimait rencontrer les gens de façon gratuite et il sympathisait facilement avec eux. Il se mettait à leur niveau, sans ostentation ni volonté de convertir. Être à l’écoute de la vie des gens et, dans la mesure du possible, les aider était sa mission. Il y restera fidèle toute sa vie durant, sans jamais se vanter. Mais la vie paroissiale n’était pas, comme on dit, « sa tasse de thé ».
Ces dernières années, alors qu’il était en maison de retraite à Angers et déjà assez handicapé, Jean aimait se rendre à la gare, observer les gens et échanger avec eux. Il s’était même fait des amis parmi certaines personnes qu’il rencontrait presque tous les jours.
Alors que ses confrères âgés du Japon racontaient volontiers ‘leurs exploits’ pendant la première et la seconde guerre mondiales, Jean, comme les Pères Connan et Renou, n’a jamais rien voulu dire sur son expérience pendant la guerre d’Algérie. Une discrétion qu’il nous faut sans aucun doute respecter.