Le carnet de route du P.Joseph Cadars (1878-1950)
Conservé dans la Salle des Martyrs et faisant l’objet du chantier de numérisation de l’IRFA, le carnet du P.Joseph Cadars (1878-1950) témoigne du sort des pères missionnaires durant la guerre de Corée (1950-1953). On y retrouve un récit de sa captivité aux mains des troupes nord-coréennes, du 17 août au 30 septembre 1950. Le carnet est accompagné d’une carte qui retrace l’itinéraire parcouru par le père, de la prison de Séoul à un camp de prisonnier au bord du fleuve Yalou, en passant par Pyongyang, et qui se soldera par la mort de ce dernier.
Né en 1878, le P.Joseph Cadars entre au Séminaire des Missions Etrangères de Paris en septembre 1907. Destiné au vicariat apostolique de Corée il arrive à Séoul le 31 janvier 1909, où il commence son apprentissage de la langue. Il est rapidement envoyé comme premier missionnaire résident au village de Kyé ryang dont il s’occupe jusqu’en 1920 : changeant plusieurs fois de poste, le P.Cadars rejoint finalement la nouvelle mission de Tae-Jon en 1949.
La marche vers la mort :
Quand l’armée nord-coréenne atteint Tae-jon vers la fin juillet 1950, le P.Cadars se trouve au couvent des Pères franciscains canadiens dont il est le gardien depuis un an, en l’absence du père supérieur. Emprisonné, il s’échappe le 19 août pour célébrer la messe. Arrêté de nouveau, il est ensuite conduit en camion à Séoul puis Pyong-yang, avant d’arriver à Man-po le 18 septembre, où il retrouve les PP.Bulteau, Villemot, A. et J. Gombert et Coyos.
Du 10 au 21 octobre, le groupe passe de campements en campements, effectuant une boucle depuis le village de Ko San Jin d’où part la « Marche à la mort » le 22 octobre 1950. C’est le P.Coyos, seul survivant des 13 missionnaires présents en Corée qui raconte cette traversée des montagnes. Celle-ci s’achève le 9 novembre 1950 près de Chunggang, soit une distance totale parcourue de plus de 180 kilomètres sous la neige. Eprouvés par la faim, le froid et le manque de soin en plus de leur grand âge, les PP. Villemot, A et J. Gombert y meurent d’épuisement. Le P.Joseph Cadars décède à son tour le 17 décembre 1950 à Ha-jang-ri, de la gangrène et de la dysenterie, après 5 mois de captivité.
La chanson du P.Cadars :
Le carnet du P.Cadars comprend des notes diverses prises à la hâte : liste de dettes à régler au seuil de sa mort, inventaires de « choses nécessaires » mais aussi poèmes inspirés par sa situation de prisonnier. Sur les dernières pages on peut lire une chanson racontant sa captivité et écrite pour accompagner la marche, dont nous présentons ici les deux premiers couplets et le refrain.
« Pour camp quelques maisons sordides – L’eau du Yalou pour se laver – Des couchers de soleils splendides – Des cauchemars jusqu’au lever/ Tous avec entrain – chantons ce refrain/ Des harengs saurs pour nourriture – Du riz mal cuit moins blanc que roux – Forment une ingrate mixture – De soupe à l’huile avec des choux / Tous avec entrain – chantons ce refrain /