Casimir PÉDÉMON1852 - 1888
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1289
- À savoir : Mort violente
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1876 - 1888 (Vinh)
Biographie
[1289]. PÉDÉMON, Catherine-Lucien-Casimir-Marie, né dans la paroisse Saint-Sernin, à Toulouse (Haute-Garonne), le 26 septembre 1852, fit ses études dans sa ville natale. Il entra diacre au Séminaire des M.-E. le 17 mars 1875, fut ordonné prêtre le 11 mars 1876, et partit le 21 avril suivant pour le Tonkin méridional. Placé dans un district de la province du Nghe-an, il fit, avec Beyssac, le procès apostolique pour la cause de Béatification du prêtre indigène Khanh. En 1884, il participa à un voyage d'exploration sur les frontières du Laos. Lorsqu'en 1885 le Nghe-an fut ravagé par les rebelles, il organisa la résistance, et put tenir contre 5 000 ou 6 000 hommes, jusqu'à l'arrivée d'une colonne française. En outre, la même année, en décembre, il alla avec une troupe de 160 fidèles secourir une chrétienté fortement pressée par l'ennemi.
Le calme rétabli, il s'installa à Dua, sur les frontières des régions sauvages, collabora au rachat et au rapatriement des chrétiens. Il entra de nouveau en contact avec les tribus muongs, et ayant réussi à convertir l'un des chefs, il eut bientôt de nombreux catéchumènes. Il se fixa alors au milieu d'eux, à Lang. Mais, peu après, ayant accompagné en qualité d'interprète une colonne française, il fut tué d'un coup de feu, dans sa barque, sur le Song-ca, près de Nam-tam, le 7 novembre 1888, au début d'une escarmouche. Son corps repose à Xa-doai.
Nécrologie
M. PÉDÉMON
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MÉRIDIONAL
Né le 25 septembre 1852.
Parti le 20 avril 1876.
Mort le 7 novembre 1888.
M. Lucien-Casimir-Marie Pédémon était originaire de la ville de Toulouse, où il fit ses études. Il était diacre quand il entra au Séminaire des Missions-Étrangères, le 17 mars 1875. Ordonné prêtre le 11 mars de l’année suivante, il fut destiné au Tonkin Méridional.
Ardent et généreux par caractère, il supporta gaiement les épreuves de l’acclimatation, qui fut pour lui particulièrement laborieuse. A trois différentes reprises, il dut se rendre au sanatorium de Hong-kong pour y réparer ses forces. Grâce aux bons soins qu’il y reçut, grâce aussi à son énergie, sa santé se raffermit, et depuis plusieurs années il travaillait avec zèle et succès dans un des districts de la province de Nghe-an.
En 1884, il accompagnait le P. Blanck dans un voyage d’exploration sur les frontières du Laos. La connaissance qu’il fit alors de de ces peuplades sauvages lui permit, quelques années plus tard, de recueillir la succession des missionnaires du Laos, morts à la peine, et de sauver nombre de chrétiens, retenus captifs dans les montagnes.
L’année suivante, l’activité des missionnaires dut se porter sur un autre champ. Les rebelles désolaient le pays, ravageant et pillant tout sur leur passage ; ils voulaient exterminer tous les chrétiens et faire ainsi le vide autour des Français. Il fallut donc organiser la défense sur tous les points à la fois. Dans la province Nghe-an, le P. Pédémon fut comme l’âme de la résistance. Assiégé avec plusieurs de ses confrères par une armée de 5 ou 6,000 rebelles, il tient bon contre leurs assauts jusqu’à ce qu’une colonne française vienne enfin les délivrer. Au mois de décembre, il part à la tête de 160 hommes résolus, pour porter secours à son tour au P. Aguesse fortement pressé par l’ennemi.
Quand la paix fut rétablie dans la plaine, il fallut rapatrier les chrétiens et délivrer ceux qui étaient tombés aux mains des rebelles. Nous avons dit plus haut avec quel zèle le P. Pédémon s’y employa. Au commencement de cette année, il s’était établi au village de Dua, non loin du Laos, dans le but de renouer des relations avec les tribus Muong. Le chef, ou Nay-hoi, d’une de ces tribus lui ayant envoyé des présents, il alla le visiter et fut assez heureux pour le décider à embrasser la religion chrétienne. Voici comment il raconte lui même son voyage : « Je partis sous la conduite des hommes que le Nay-hoi avait envoyés me saluer. Après trois heures de marche, je rencontrai le chef Muong. Il était suivi d’une bonne escorte armée, de beaux hommes, et se rendait en grand apparat à l’embouchure du Hoi-nguyen pour y sacrifier un buffle. Je lui demandai s’il comptait continuer sa route, il me répondit qu’il s’en retourne-rait à son fortin avec moi. Le Nay-hoi me céda son cheval, en prit les rênes, et me conduisit ainsi jusqu’à l’endroit de son habitation. Là, il m’exprima de nouveau son désir de se faire chrétien. Comme je doutais encore que son peuple le suivît : « Père, me dit-il, ils me suivront « tous. » Un instant après il m’apporta une liste des adhérents. Il était accompagné des principaux de son peuple qui vinrent me dire comme par acclamation qu’ils se feraient chrétiens comme leur chef. Et celui-ci ajouta : « Ce n’est là que la moitié de mon peuple, mais « ils me suivront tous, j’en suis sûr. »
Le Père revint avec une liste de 60 maisons, représentant un total de plus de 500 âmes. « Je dédie au Sacré-Cœur , écrivait-il, les bons désirs de nos chers sauvages, daigne le divin Maître en faire de bons chrétiens ! »Un peu plus tard, il alla s’établir au milieu de ses nouveaux catéchumènes, et se mit avec ardeur à l’étude du laotien.
Dans les derniers jours d’octobre, l’officier français d’un poste voisin vint le prier de l’accompagner, en qualité d’interprète, dans une expédition qu’il voulait faire contre les Chinois du haut fleuve. Plusieurs fois déjà, le P. Pédémon avait rendu ce service aux Français en de pareilles circonstances. Depuis qu’il était à Lang, c’est lui qui leur avait fourni tous les renseignements nécessaires pour leurs expéditions. Cette fois encore, il avait envoyé des chrétiens Muong pour reconnaître les forts chinois et s’informer du nombre des rebelles. Il fallut toutefois parlementer deux jours pour le décider à partir ; il lui répugnait de s’éloigner de ses chers catéchumènes ; mais il ne savait guère refuser un service, et, à la fin, il se laissa persuader. La colonne, composée de 26 hommes, était commandée par le capitaine Laffite. Ils remontèrent en barque le Song-ca jusqu’au dessus de Cua-rao, sans rencontrer l’ennemi. Le 7 novembre, on arriva devant un camp retranché qui fut enlevé d’assaut. Pendant la journée, le missionnaire avait pu délivrer 4 païens de Ke-chai, retenus captifs par les Chinois. 3 rebelles furent pris les armes à la main, ils devaient êre fusillés sur-le-champ. Le. P. Pédémon se mit aussitôt à leur prêcher la religion, et il eut la joie d’en baptiser un.
« Après cette première prise qui n’avait donné aucune difficulté, écrit M. Guignard, on se remit en route. Le P. Pédémon et le capitaine, ayant avec eux un soldat annamite, étaient dans une petite barque qui précédait les autres d’une centaine de mètres. Après avoir pris le repas du soir, ils remontaient tranquillement le fleuve. Il était neuf ou dix heures du soir. Tout à coup la barque est assaillie par une fusillade très vive. Le capitaine sort immédiatement, presse les soldats des dernières barques d’avancer et commande le feu. Pendant ce temps il appelait le missionnaire, mais pas de réponse. Le soldat annamite continuant à l’appeler aussi, il lui dit : « Le Père doit être fatigué, laisse-le reposer. » A la fin, trouvant étrange qu’au bruit de la fusillade le P. Pédémon ne se réveillât pas, il rentre lui même dans la barque et lui prend la main : instinctivement il se retire, la barque est inondée de sang ; le père est étendu sans mouvement, une balle lui a traversé les deux tempes, il est tombé tenant en main son chapelet. Quand commença la fusillade, pendant que le capitaine sortait par un bout de l’abri qui sert de cabine, il était sorti par l’autre, c’est à ce moment qu’il fut frappé.
« Le lendemain, le capitaine renvoya le corps de notre confrère à Dua, dans la barque même où il avait été tué. En apprenant cette nouvelle qui plongeait notre pauvre mission dans le deuil, tout le monde a été atterré. Les autorités françaises ont envoyé des lettres de condoléances à Monseigneur. Mais ce sont ses pauvres chrétiens de Dua surtout qui ont été affligés. Le P. Pédémon s’était dépensé sans mesure pour eux. Sur deux cents environ qui restent après le massacre de la paroisse de Lang, pour sa part il en a délivré près de 150, qui étaitent tombés entre les mains des Chinois. C’est l’espoir qu’il avait de sauver ceux qui sont encore prisonniers, au nombre d’une trentaine, qui a pu le déterminer à aller à sa mort. Je suis persuadé que le capitaine Laffite, qui est d’ailleurs un excellent homme, n’aura pas manqué de faire jouer la corde sensible pour arriver à son but. Les chrétiens ont montré qu’ils aimaient leur Père, et qu’ils se souvenaient de son dévouement pour eux. Pendant huit jours, ce n’étaient que pleurs et gémissements dans le village. Les autres chrétientés s’étaient réunies à Dua, et tout le monde portait le deuil. Ils ont tenu à honneur de demander un grand nombre de services et de messes privées pour le repos de son âme. Espérons que Dieu aura fait miséricorde à notre cher confrère, qui n’a pas hésité à exposer sa vie pour le bien de son troupeau.»
Nam si commortui sumus, et convivemus.
(Il Timoth. II, II.)
Références
[1289] PÉDÉMON Casimir (1852-1888)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1884, p. 98 ; 1885, p. 78 ; 1886, pp. 92, 166 ; 1887, p. 138 ; 1888, p. 122 ; 1889, p. 133 ; 1894, p. 199. - M. C., xx, 1888, La famine, p. 421 ; xxi, 1889, p. 83. - Sem. cath. Toulouse, 1889, Sa mort, p. 37. - Œuv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1876, p. vi.
Les miss. cath. franç., ii, p. 279.
Notice nécrologique. - C.-R., 1888, p. 273.
Portrait. - M. C., xxi, 1889, p. 79.