Charles GRENIER1848 - 1905
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1293
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1876 - 1905 (Malacca)
Biographie
[1293] GRENIER, Charles-Auguste-Clément, né à Conliège (Jura) le 20 avril 1848, prêtre le 22 mai 1875, aspirant du Séminaire des M.-E. le 19 juin suivant, partit le 2 novembre 1876 pour la mission de la Presqu'île de Malacca. Il fut d'abord vicaire de la paroisse chinoise (Saint-Pierre et Saint-Paul) à Singapore, et aumônier de l'hôpital où il baptisa jusqu'à 500 adultes en une année. Il était, en même temps, chargé de la paroisse de Serangong.
Au début de 1880, il devint vicaire de l'Assomption à Pinang, et fonda à 8 kilomètres de Georgetown, près de Bagan-Lepas, une station qui ne dura pas longtemps. De 1881 à 1889, il fut curé de cette paroisse de l'Assomption. En 1883, il fut nommé provicaire et le resta jusqu'en 1888. En 1890, il administra le poste de Bukit Mertajam, dans la province de Wellesley ; en 1897 celui de Taïping où il construisit une école et établit les Dames de Saint-Maur. La maladie l'obligea, en 1905, à se retirer au sanatorium de Saint-Théodore, Wellington (Coïmbatour). Dès qu'il se sentit mieux, il voulut revenir à son poste ; la mort le surprit à Pondichéry le 13 juin 1905.
Nécrologie
M. GRENIER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE MALACCA
Né le 20 avril 1848
Parti le 2 novembre 1876
Mort le 13 juin 1905
M. Clément-Charles Grenier naquit à Conliège (Saint-Claude, Jura) le 20 avril 1848. Ordonné prêtre le 22 mai 1875, il entra au Séminaire des Missions-Étrangères le 19 juin suivant, et partit pour la presqu’île de Malacca le 2 novembre 1876.
Sa carrière apostolique a été de vingt-huit années, qui se partagent, comme naturellement, en deux périodes bien distinctes et de durée à peu près égale.
La première période va de 1875 à 1889.
Jouissant alors de la plénitude de ses forces, M. Grenier put fournir une somme de travail considérable, et donner la mesure de ses grandes qualités et de son dévouement au salut des âmes.
Après cela, il eut presque continuellement à lutter contre la maladie. Par intervalles, ses forces épuisées semblaient lui être rendues ; mais la maladie de cœur reprenait vite le dessus, et finissait par conduire notre bien-aimé confrère au dernier degré de l’anémie. Toujours plein de zèle et toujours actif quand même, il se faisait violence pour dominer la souffrance et travailler autant qu’il lui était possible. Il fallut que le médecin lui déclarât qu’il était absolument à bout de forces pour qu’il consentît à se reposer.
Depuis son arrivée en mission jusqu’en 1880, c’est-à-dire pendant plus de trois ans, il fut vicaire de M. Paris à Singapore. Il racontait plus tard avec enthousiasme les courses apostoliques qu’il faisait avec son curé pour visiter les chrétiens et les païens. Les années qu’il passa dans ce ministère si actif et si fécond, il les appelait les plus belles de sa vie de missionnaire. Quand il fut au courant des langues et des usages du pays, il se vit spécialement chargé du grand hôpital de Singapore. Mgr Gasnier écrivait à ce sujet dans le compte rendu de 1879 : « M. Grenier, chargé de l’hôpital, s’est acquitté avec zèle de sa pénible tâche. Ce n’est « pas en effet chose facile et surtout chose agréable, que de remplir dans ce pays un pareil « ministère. Le chiffre de 500 baptêmes dit assez par lui-même que Dieu bénit visiblemnent le « zèle de notre confrère. »
Au commencement de 1880, il fut envoyé à Pinang pour aider M. Manissol, curé de la paroisse de l’Assomption. Comme à Singapore et avec le même succès, il prit un soin particulier de l’hôpital des pauvres, où les Chinois se comptent par centaines. En même temps, il se mit à visiter tout son district, allant par monts et par vaux à la recherche des âmes de bonne volonté. Petit à petit, il réussit à grouper un certain nombre de chrétiens dans la ville de Pinang ; puis, fonda une nouvelle station à 12 milles plus loin, près du village de Bagan-lepas.
M. Grenier se dévouait ainsi tout entier à l’évangélisation des Chinois, rêvant pour Pinang une belle chrétienté comme celle de Singapore, quand un événement imprévu vint le lancer dans une autre direction, en lui imposant de nouveaux travaux. Cet événement fut la mort de M. Manissol, arrivée le 5 août 1881, après quelques jours seulement de maladie. La perte de cet homme considérable fut un grand deuil pour la mission tout entière ; elle fut un deuil intime pour M. Grenier, qui avait conçu pour M. Manissol une grande vénération et une affection toute filiale. « Hélas, écrivait-il, quel bon père nous avons perdu ! Quel vide autour « de moi ; que la maison paraît sombre et silencieuse ! »
Quelques jours après, Mgr Gasnier appelait M. Grenier à recueillir la succession de celui qu’il pleurait, et le mettait à la tête de la grande paroisse de l’Assomption.
Ce fut alors qu’il eut à remplir un ministère véritablement écrasant. Outre ses nombreux chrétiens européens et eurasiens, ses deux écoles et ses deux pensionnats de Frères et de Sœurs, il devait continuer de s’occuper des chrétiens chinois, dont le nombre était assez restreint, il est vrai, mais dont la moitié habitait au loin, sur la montagne. Son zèle infatigable trouva moyen de faire face à tout et de travailler encore à la conversion des païens. Témoin ces lignes que Mgr Gasnier écrivait en 1882 : « A Pinang, M. Grenier, bien que surchargé par « son travail à la paroisse et dans les établissements de la ville, a trouvé moyen de préparer 60 « personnes au baptême. Son courage se fortifie au souvenir des vertus et du zèle de son « vénéré prédécesseur, dont la prière obtient pour son ministère d’abondantes bénédictions. »
Pour occuper si bien la place de M. Manissol, et fournir une somme de travail si considérable, il est évident que M. Grenier était avant tout un prêtre très zélé, mais qu’en même temps, il était doué d’un ensemble de qualités peu communes. Aussi, après la mort de M. Paris, décédé au mois de mai 1883, ce fut lui que Mgr Gasnier nomma provicaire.
Il continua, pendant plusieurs années, d’administrer la paroisse de l’Assomption, tantôt seul, tantôt aidé de quelque jeune confrère qu’on envoyait pour lui prêter main forte, mais qu’on lui enlevait bientôt pour occuper un poste devenu vacant. Il visait, par tous les moyens possibles, à entretenir et à développer la ferveur parmi ses fidèles. « Dans sa paroisse, dit le « compte rendu de 1886, les mois de Marie, du Sacré-Cœur et du Saint-Rosaire ne sont pas « moins bien célébrés que dans nos meilleures paroisses de France. La sainte communion y « est devenue très fréquente. Il y a eu, cette année, 15.089 communions de dévotion et 8.000 « confessions. »
Mais le grand moyen que M. Grenier employait pour sanctifier les âmes, c’était la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et la communion du premier vendredi du mois. Dans tous les postes qu’il occupa, il mit cette sainte pratique en grand honneur. C’est dire qu’elle était pour lui-même sa grande dévotion. Elle se manifestera encore à son lit de mort ; il voudra, alors, choisir un premier vendredi du mois pour recevoir les derniers sacrements.
Dès cette année 1886, M. Grenier commença à sentir que ses forces diminuaient. Il passait par de terribles périodes d’insomnie, et bien souvent son estomac fatigué refusait toute nourriture. Il voulut continuer son travail quand même, et sans en rien retrancher. Chaque matin, de bonne heure, il était sur pied pour faire ses exercices de piété et entendre les confessions de ceux qui se présentaient au saint tribunal. Pendant la journée, il visitait assidûment les malades, pour lesquels il témoignait toujours une grande sollicitude. Son zèle pour eux lui fit essayer de fonder une petite société de gardes-malades. Cette tentative ne réussit pas, mais elle montre combien il avait à cœur le salut des âmes qui lui étaient confiées.
En 1888, il dut prendre un peu de repos et alla passer plusieurs mois aux Indes. Dès qu’il se sentit plus fort, il revint à Pinang et reprit son ministère. Au bout de quelques mois, il était de nouveau épuisé, et, au commencement de 1889, il devait partir pour la France.
Il lui en avait beaucoup coûté de quitter sa chère mission et le ministère apostolique, car il ne pouvait rester inactif. Aussi, resta-t-il en France le moins longtemps possible. Lorsqu’il revint en Malaisie, il sentit lui-même que tout travail lui était désormais interdit, donna sa démission de provicaire et se rendit au poste de Buket-martajam qui lui était confié. C’est là et à Taïping qu’il passera le reste de sa carrière apostolique.
Ne pouvant plus faire de longues courses et étendre beaucoup son ministère à l’extérieur, il travailla à compléter l’installation de ces deux postes en y bâtissant des écoles. A Taïping, il réussit à fonder un couvent des Dames de Saint-Maur, qui est maintenant très prospère. Il rêvait aussi d’installer les Frères des Écoles chrétiennes dans cette ville, mais il n’eut pas cette consolation.
Une autre chose que M. Grenier avait grandement à cœur, c’était la beauté de la maison de Dieu. Il pouvait dire en toute vérité : Domine, dilexi decorem domus tuœ et locum habitationis gloriœ tuœ. Il aimait à orner ses églises, à les agrandir, à les embellir. C’est ce qu’il fit à Pinang, à Buket-martajam, à Taïping, en un mot, partout où il passa. Il voulait que les églises fussent d’une propreté irréprochable, par respect et par honneur pour l’Hôte divin du tabernacle.
Dans ses dernières années, notre cher confrère était absolument épuisé. Souvent, il devait se traîner pour pouvoir dire la sainte messe, et parfois, lorsqu’il prêchait le dimanche, la voix lui manquait et il devait s’interrompre. A maintes reprises le docteur lui avait conseillé de se reposer. Il répondait toujours : « Donnez-moi des remèdes, mais ne m’obligez pas à cesser mon ministère. » Enfin, il dut capituler. Il tomba gravement malade et sa faiblesse était telle qu’il resta plusieurs jours entre la vie et la mort. C’est alors que M. Vignol demanda à aller le voir, pour le décider à se rendre au sanatorium de Saint-Théodore, quand il serait capable d’entreprendre le voyage. C’est ce qui eut lieu. Le 6 mars 1905, M. Grenier quittait Taïping et se mettait en route pour les Indes. Quelle ne fut pas sa stupeur quand, arrivé aux Indes, il apprit que le cher M. Vignol lui-même était mort subitement le 17 mars, à Taïping, dans sa propre maison !
Pendant les premières semaines de son séjour au sanatorium de Saint-Théodore, l’air frais de la montagne lui rendit quelque force. Il pouvait faire des promenades assez longues sans trop se fatiguer. Puis son état resta stationnaire et, malgré les avis qui lui étaient donnés, il voulut absolument rentrer dans sa mission. Après avoir rendu visite à quelques amis de Bangalore, il vint à Pondichéry. C’est alors que le vénérable archevêque de Pondichéry écrivit les lignes suivantes à l’évêque de Malacca : « Je ne puis tarder plus longtemps à vous « annoncer une bien mauvaise nouvelle. M. Grenier est venu du sanatorium, avec l’intention « de s’embarquer pour sa mission par le bateau des Messageries. En attendant le passage du « Dupleix, il a voulu voir le médecin français. Celui-ci a trouvé son état très grave, et nous a « dit que le malade ne pouvait pas s’embarquer, parce qu’il pouvait avoir une attaque qui « l’emporterait soudainement. Nous pensions qu’après quelques jours de repos, il serait assez « bien pour faire le voyage ; mais, au lieu de se rétablir, il est allé en déclinant rapidement. A « l’heure actuelle, il semble entièrement perdu pour sa mission. »
Voici, d’autre part, les renseignements que le procureur de la mission de Pondichéry nous a donnés sur les derniers jours de notre cher confrère :
« Tout s’est passé dans le plus grand calme. La nouvelle même du grave danger qui le « menaçait, M. Grenier l’a reçue avec la plus parfaite tranquillité. « Partir aujourd’hui ou « partir demain, dit-il, peu importe, puisqu’il faut nécessairement partir un jour. » Le 1er juin, « jour de l’Ascension, Mgr Gandy lui proposa de recevoir les derniers sacrements. « Non, dit-« il, je les recevrai demain matin ; c’est le premier vendredi du mois. Je veux me mettre sous « la protection spéciale du divin Cœur de Jésus. » Ainsi fut fait, et le vendredi matin, il « recevait le saint viatique et l’extrême-onction des mains de M. Faure, curé de la cathédrale. « Son agonie se prolongea pendant plusieurs jours. Il était accablé par les grandes chaleurs « que nous traversions à ce moment-là. Il s’est éteint paisiblement, le 13 juin dans la nuit, au « moment où les confrères présents à la mission et réunis dans sa chambre venaient de « terminer pour lui les prières des agonisants. »
Et nous qui attendions son retour d’un jour à l’autre, nous reçûmes, par télégramme, la nouvelle de sa mort, deux jours avant la réception de la lettre de Mgr Gandy qui annonçait la gravité de son état ! Que de deuils successifs pour cette chère mission de Malacca ! Cor Jesu sacratissimum, miserere nobis !
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Références
[1293] GRENIER Charles (1848-1905)
Bibliographie
Ces deux opuscules ont été imprimés à l'imprimerie de Nazareth, Hong-kong.
Pengajaran atas Rosario (Catéchisme du Saint-Rosaire). - 1891, in-18, pp. 24.
Nhanhi nhanhian pada bulan seti Mariam (Cantiques en malais, pour le mois de Marie). - 1898, in-12, pp. 34.
Notes bio-bibliographiques
C.-R., 1879, p. 56 ; 1880, p. 75 ; 1882, p. 84 ; 1883, p. 95 ; 1884, p. 124 ; 1886, p. 113 ; 1891, p. 189 ; 1892, p. 209 ; 1895, p. 256 ; 1897, p. 215 ; 1898, p. 207 ; 1899, p. 242 ; 1902, p. 220 ; 1904, p. 218. - A. M.-E., 1914, pp. 75 et suiv.
Notice nécrologique. - C.-R., 1905, p. 367.