Léonard CANAC1858 - 1925
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1552
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1883 - 1884
- 1885 - 1907
- 1908 - 1925
Biographie
Léonard, Amédée CANAC naquit le 30 juin 1858, au village de Sauveplane, paroisse de Bournac, commune de Saint-Affrique, diocèse de Rodez. Il fit ses études primaires à Saint Affrique, puis après la guerre de 1870, il entra au petit séminaire de Belmont pour y faire ses études secondaires. Il s'y montra élève travailleur et brillant. De là, il passa au grand séminaire de Rodez où il resta quatre années entières, et se plaçant dans les premiers rangs, il eût les honneurs de l'argumentation. Il reçut le sous-diaconat le 11 juin 1881
Le 9 septembre 1881, il entra au séminaire des Missions Etrangères. Vers la fin de novembre 1881, il fit partie du second groupe de cinq aspirants envoyés au séminaire St.Paul à Bolognano, dans le Tyrol alors autrichien. En effet, dans le cas où l'orage qui menaçait alors les Congrégations religieuses en France viendrait à s'abattre sur la Société des Missions Etrangères, M.Péan était parti discrètement à la recherche d'une installation éventuelle pour tout ou partie du séminaire de la Société. Il trouva une propriété et des locaux à Bolognano, petite commune du Trentin, dans le doyenné d'Arco, dans le diocèse de Trente. On l'appela Séminaire St.Paul."
M.Canac reçut le diaconat des mains de Mgr. della Bona, évêque de Trente, dans la cathédrale de cette ville, le samedi des Quatre-Temps de Septembre 1882; il fut ordonné prêtre, à Paris, le 17 février 1883, et reçut sa destination pour la préfecture apostolique du Kouang-tong (Canton) qu'il partit rejoindre le 28 mars 1883
Arrivé dans sa mission au mois de mai 1883, M.Canac fut envoyé peu après, par Mgr. Chausse dans le district de Long-tchéou. Il y était depuis à peine un an, quand éclata le conflit franco-chinois de 1884-1885; comme les autres confrères, il dut, sur l'ordre de son évêque, se réfugier à Hong-Kong. La paix signée avec la Chine, ratifiée par le second traité de Tientsin du 9 juin 1885, autorisa les missionnaires à rentrer dans leur mission. M.Canac s'embarqua avec M.Hervel pour Swatow, et de là regagna son district de Long-tcheou. Pendant cette tourmente, les chrétiens avaient subi de nombreuses injustices. Ce fut pour M. Canac l' occasion de s'initier aux arcanes de la procédure chinoise, pour obtenir des réparations. Malgré bien des difficultés, il construisit une chapelle à Toi-nay-hang, et fonda des nouveaux postes à Tsaï-teou, à Kong-tang, puis à Chouy-Tsai, dans la sous-préfecture de Fo-pin.
En 1890, Mgr. Chausse envoya M. Canac au Tching-pin (Tchen-pin) sous-préfecture sise aux frontières du Fo-kien et du Kiang-si, comme aide et successeur de M. Bernon. Il administra en même temps la sous-préfecture voisine de Pin-yene. En 1891, M.Canac acheta une école au village de Tang-shock où une vingtaine de familles se firent chrétiennes, et l'année suivante y éleva un petit oratoire, y passa les fêtes de la Pentecôte, et baptisa 10 catéchumènes. En 1896, il fut menacé de mort par un lettré qui, trois ou quatre ans auparavant, avait fait démolir une école catholique. En 1903, la famine obligea plus de deux cents de ses catéchumènes à émigrer vers d'autres contrées plus fortunées.
En 1905, au village de Lam-mien-tsia, sa chapelle étant devenue trop petite, il fit le projet d'acheter une colline inculte pour y bâtir un grand oratoire. Malgré toutes les démarches administratives accordant l'autorisation d'achat et le permis de construire, il y eût des oppositions de la part des propriétaires voisins; l'affaire ayant fait grand bruit, fût portée au tribunal qui fit droit à la demande de M.Canac. Ce procès gagné lui valut une grande réputation. L'année suivante l'application de la nouvelle législation scolaire fut pour lui une source de difficultés, car il n'était pas facile aux chrétiens de se présenter aux examens, et de se soumettre au règlement de l'école moyenne comportant la vénération de la tablette de Confucius. Malgré cela, les écoles crées par M.Canac dans la ville de Tchang-ping étaient florissantes, atteignant un effectif de 175 élèves garçons et 32 filles en 1907.
Pendant son séjour France en 1907-1908, M.Canac confia au prêtre chinois Tsai. son district de Tchin-pin, et il y revint à son retour. En 1914, de la division de la mission de Canton, naquit le nouveau vicariat apostolique de Swatow, confié à Mgr. Adolphe Rayssac, évêque de Cotyeum. M.Canac fut alors agrégé à cette nouvelle mission. Il construisit les chapelles de Shinkonha, de Tongfoulkleang, de Sanhapeang, de Samhopa. En 1924, il avait la charge des sous-préfectures de Tchin-pin, Pin-yan, Tai-pou soit 1785 chrétiens; il assura aussi, par intérim, l'administration du district de Kiayn (Moyyen), à la mort de M.Jean-Claude Delorme, le 21 décembre 1923.et assista celui-ci à ses derniers moments.
Trente cinq ans de présence et de travail apostolique à Tchinpin permirent à M.Canac de bien connaitre la mentalité chinoise, et de s'y adapter. D'une gaieté exhubérante, il sut gagner le coeur de tous par sa bonté et sa patience. Sa porte était ouverte à tout le monde; un introducteur n'était pas nécessaire pour l'approcher.
Souffrant de la dysenterie, et son état s'aggravant, le 16 août 1925., il décida de se rendre en barque à Swatow. La fatigue du voyage fit monter la fièvre qui s'était déclarée au moment du départ. Il arriva à Tchao-tcheou ayant presque perdu connaissance. Transporté à la mission, il rendit son âme à Dieu quelques heures après son arrivée, le 20 août 1925. C'est dans le cimetière de cette chrétienté que reposent ses restes mortels.
Nécrologie
[1552] CANAC Léonard (1858-1925)
Notice nécrologique
M. CANAC (Léonard-Amédée) né à Saint-Affrique (Rodez, Aveyron) le 30 juin 1858. Entré sous-diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 septembre 1881. Prêtre le 17 février 1883. Parti pour le Kouangtong (Canton) le 28 mars 1883. Mort à Tchaotchéou le 20 août 1925.
Amédée Canac naquit le 30 juin au village de Sauveplane, paroisse de Bournac commune de Saint-Affrique. De nombreux frères et sœurs faisaient de la famille Canac une des plus honorables de la région ; le domaine de Sauveplane assurait le bien-être du foyer où les nouveau-nés étaient accueillis comme un gage des bénédictions du Ciel.
Après la guerre de 1870, quand fut rouvert le petit Séminaire de Belmont, Amédée y fut envoyé, et y fit toutes ses classes jusqu’à la rhétorique inclusivement. Il fut en même temps l’homme de confiance de ses supérieurs. Par son application au travail il cueillit tous les ans de nombreux lauriers.
Sans hésitation aucune, Amédée passa du petit séminaire au grand séminaire de Rodez. A un moment il avait pensé aller directement après la rhétorique au séminaire des Missions-Étrangères : sur le conseil de son directeur, il voulut d’abord mûrir sa vocation sous la sage tutelle des Sulpiciens qui dirigeaient le grand Séminaire. Il resta à leur contact quatre années entières qui lui donnèrent un cachet de vraie piété et de solide formation intellectuelle. Dans un cours qui comprenait des hommes supérieurs, Amédée se plaça dans les premiers rangs et, à plusieurs reprises soit en philosophie soit en théologie, il eut les honneurs de l’argumentation. Là, il se lia d’une manière plus intime avec l’abbé Amans Bessière, mort il y a quelques années provicaire de Mgr Ramond dans la Mission du Haut Tonkin ; ils se confièrent leur projet de se consacrer aux missions. Au jour de leur sous-diaconat, nul ne fut surpris de les voir placés sur le même rang et tous deux revêtus d’une dalmatique rouge. A cette époque, on voyait l’horizon de l’apostolat lointain teinté du sang des martyrs...
En octobre 1885, Amédée Canac et Amans Bessière se retrouvent au Séminaire de la rue du Bac. Avec eux sont entrés aussi plusieurs aspirants aveyronnais, car c’est l’époque où le diocèse de Rodez occupait le second rang sinon le premier parmi les diocèses de France où le Séminaire des Missions-Étrangères recrutait le plus grand nombre de vocations. Cette source de vocations apostoliques s’est bien affaiblie depuis, mais elle n’est pas tarie : il est impossible que les missionnaires comme M. Canac, les Séguret, Metge, Bessière, Soulié, Mazel et tant d’autres, Rouergats jusqu’à la moelle, n’obtiennent pas de Dieu le souffle qui inspire sur leur diocèse les vocations si nombreuses jadis. Qu’on pardonne à un Rouergat cette petite digression… de clocher.
Au Séminaire des Missions-Étrangères, il continua sa préparation à l’apostolat. Il reçut la prêtrise, le 17 février 1883, et sa destination pour la Mission de Kouangtong. Il quitta la France le 28 mars suivant.
Presque aussitôt après son arrivée, Mgr Chausse l’envoyait faire ses premières armes dans le district de Lioungtchon. Il y était à peine depuis un an qu’éclatait la guerre du Tonkin et, comme les autres confrères, il dut, sur l’ordre de son évêque, se réfugier à Hongkong. Le vice-roi de Canton avait mis à prix la tête des officiers français ; il était à craindre que la population ne fît pas de distinction : tout Français eût été de bonne prise. Il fallait donc voyager de nuit et avec toutes sortes de précautions.
M. Canac se déguisa de son mieux et, encore ignorant du pays et de la langue, se confia à des guides qui devaient le conduire chez le missionnaire voisin. La seconde nuit ils s’égarèrent, et le missionnaire à bout de forces décida d’attendre le jour pour reconnaître la route. A l’aurore, les guides se reconnaissent : on est tout près d’arriver. Mais, ô stupeur ! les collines qui entourent la résidence sont occupées par des gens en armes. Il n’y a qu’à fuir. Heureusement le Père avait été aperçu et il est bientôt rejoint. C’était des chrétiens qui mon-taient la garde pour défendre la résidence. Mais quelle alerte !
La paix signée, M. Canac regagna aussitôt son district. Pendant la tourmente, les chrétiens avaient subi de nombreuses injustices ; après le traité ce fut l’heure des revendications, la plupart sans succès. Mais M. Canac en profita pour s’initier aux arcanes de la procédure chi-noise et y acquit une science qui lui fut dans la suite très utile. Le district de Lioungtchon lui doit les chapelles de Vounayhang et de Taimiao.
En 1890, Mgr Chausse envoya M. Canac au Tchingpin, comme aide et successeur de M. Bernon. Il devait y passer le reste de sa vie.
Sous sa direction, l’essor de cette colonie de chrétiens, fondée par M. Bernon après la révolte des Tapings, fut rapide. Il dut son succès à plusieurs causes. Un procès qu’il gagna, dès les premières années, contre les païens qui voulaient l’empêcher de construire une chapelle fit grand bruit et lui valut une grande réputation. Il raconte ainsi lui-même cette affaire : « A Lammientsia, l’oratoire était devenu trop petit et je me décidai à acheter une colline inculte pour y bâtir un plus grand. Païens et chrétiens de la famille Ho, à qui appartenait cette colline me la cédèrent volontiers. Avant de commencer, je demande au sous-préfet un édit de protection qui m’est accordé sur-le-champ ; mais à peine est-il affiché que les propriétaires voisins déclarent s’opposer à la construction. Néanmoins je fais procéder au déblaiement. Alors les événements se précipitent. Les membres de la famille Wong accusent deux notables et quelques chrétiens de la famille Ho d’avoir violé le tombeau de Wong shan yen, ancêtre de la treizième génération et d’avoir jeté ses cendres dans le ruisseau voisin. Le sous-préfet cite les deux parties à son tribunal : il interroge les païens pour la forme, invective les chrétiens et les deux notables païens de la famille Ho, les menace de la prison et leur enjoint de restituer dans dix jours les cendres de Wong shan yen.
Les deux notables arrivent chez moi plus morts que vifs, me suppliant de les tirer de ce mauvais pas. Je fais prendre copie de tous les noms gravés sur les pierres tombales de la famille Wong jusqu’à la quinzième génération. Le nom de Wong shan yen ne s’y trouve pas. Comment un individu qui n’a jamais existé pouvait-il avoir un tombeau ? Je transmets cet argument avec preuve à l’appui au sous-préfet qui donne ordre de régler cette affaire à l’amiable. » Le nouvel oratoire fut élevé et les deux notables se firent chrétiens avec toute leur famille.
Ce n’est pas le seul oratoire qu’ait construit M. Canac. On lui doit encore les chapelles de Shinkonha, Tongfoulkleang, Sanhapeang, Samhopa.
Ce qui contribua le plus à gagner à M. Canac le cœur des païens comme des chrétiens, fut sa charité et sa patience. Il ne rebuta jamais personne. « Que de fois, écrit M. Rey, son voisin depuis vingt ans, je l’ai vu exténué après une journée entière passée à recevoir des visiteurs, qui ne le quittaient que pour laisser la place à d’autres. Il arrivait parfois qu’une personne venait à la fin d’une journée de fatigue, au moment où il se disposait au repos. — « Oh ! c’est assez, disait-il, je vais le renvoyer à demain. » Mais la bonté l’emportait toujours et la conversation durait autant que le voulait son interlocuteur, sans qu’il montrât la moindre impatience. Sa porte était ouverte à tout le monde et chacun savait qu’il n’était nul besoin d’un introducteur pour pouvoir l’approcher. »
M. Canac avait presque complètement fait abstraction de sa mentalité européenne pour s’adapter à celle des Chinois. Il s’était fait quelques maximes bien apostoliques qu’il suivait et qu’il aurait bien voulu voir suivre aussi complètement par tous. « Les Chinois, disait-il, ont leur mentalité qui ne cadre pas avec la nôtre : ce que nous prenons pour de l’impolitesse est souvent chez eux une marque de confiance. Supportons leurs manières. Dieu se sert souvent d’un mot jeté au hasard pour les éclairer… Ayons une grande largesse d’âme pour nos chrétiens ; tenons la corde assez longue afin de pouvoir les ramener d’aussi loin qu’ils s’égarent. Les Chinois sont ennemis du silence et de la discipline. A force de sévérité, vous pourrez enrégimenter un groupe de vos chrétiens et le contraindre à une certaine discipline, mais vous en rebuterez beaucoup et vous éloignerez en même temps les païens qui auraient quelque velléité de se rapprocher de vous. »
C’est dans l’oraison que M. Canac puisait cette patience illimitée. Les confrères témoins, aux réunions de retraite, de sa gaieté exubérante auraient difficilement soupçonné en lui l’homme de vie intérieure que connaissaient bien ses intimes. M. Canac profitait de ces rares occasions pour se détendre, « se déchinoiser », comme il disait. Détente bien justifiable et même nécessaire à sa santé, car ce fut ce don continuel de lui-même qui amena la maladie qui devait l’emporter : maux de ventre et maux de reins. « Si vous continuez ce genre de vie, lui avait dit le médecin, vous n’en avez pas pour deux ans. » Notre confrère tint-il compte de ces observations ? Pas assez, certaine-ment.
Depuis 1910 il avait pour l’aider un prêtre indigène chinois, et cela allégea beaucoup sa charge ; mais le germe de la maladie prenait peu à peu racine et il souffrait toujours des intestins.
Au commencement d’août 1925, le P. So nous annonçait que M. Canac souffrait de la dysenterie. Le 16, le malade allant de plus en plus mal s’embarquait pour Swatow. A Tsoungkeou, le capitaine du bateau, voyant la gravité de son état, refusa de l’admettre à bord, et il dut continuer son voyage dans la barque qui l’avait amené. La fatigue du voyage avait augmenté une fièvre qui s’était déclarée au moment du départ, et arrivé à Tchaotcheou, il avait presque complètement perdu connaissance. Ce fut sur un brancard de l’hôpital qu’il fut trans¬porté à la Mission. Les soins du docteur appelé par M. Le Corre furent inutiles et le 20 août, quelques heures après son arrivée, il rendait doucement son âme à Dieu, assisté de M. Le Corre et en présence de toute la communauté religieuse.
C’est dans le cimetière de cette chrétienté que reposent les restes de M. Léonard Canac en attendant la résurrection.
Références
[1552] CANAC Léonard (1858-1925)
Références biographiques
AME 1825 p. 239. CR 1883 p. 32. 115. 1884 p. 87. 88. 1885 p. 63. 1886 p. 72. 1887 p. 117. 1889 p. 115. 345. 1891 p. 124sq. 1892 p. 140. 141. 1894 p. 160. 1895 p. 175. 1896 p. 144. 145. 1899 p. 392. 1900 p. 197. 1901 p. 123. 1902 p. 141. 1903 p. 123. 1904 p. 137. 1905 p. 111. 1906 p. 125. 126. 1907 p. 152. 1909 p. 133. 1911 p. 111. 1912 p. 163. 1913 p. 166. 1916 p. 96. 1919 p. 58. 1920 p. 42. 1922 p. 76. 1923 p. 89. 1924 p. 68. 157. 1925 p. 80. 197. 1926 p. 195. BME 1924 p. 135. photo p. 115. 1925 p. 566. 716. 1932 p. 261. 1949 p. 69. EC1 N° 91.
Mémorial CANAC Léonard, Amédée page 2