Auguste MURY1859 - 1904
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1568
Identité
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Décès
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Biographie
[1568]. MURY, Auguste-Marie-Bonaventure, le plus jeune des deux frères Mury qui se consacrèrent à la Société des M.-E., naquit à Roz-Landrieux (Ille-et-Vilaine) le 8 mai 1859. Il était encore laïque quand il entra au Séminaire des M.-E. le 1er septembre 1879. Ordonné prêtre le 22 septembre 1883, il partit le 7 novembre suivant pour la mission du Se-tchoan oriental, et fut placé dans le district de Li-tou-pa. Trois ans plus tard, il y devint presque aveugle et fut obligé de revenir en France. Il y resta jusqu'en 1890, prêchant, confessant avec beaucoup de zèle et de succès dans les paroisses de son diocèse.
A cette époque, il fut agrégé à la mission de Pondichéry, et réussit malgré sa quasi-cécité à s'assimiler la langue. Il fut, en 1893, chargé de la paroisse de Nellitope, et en 1897 de celle d'Erayour, forte de plus de 3 000 habitants qu'il ramena à leur ancienne ferveur. Il y mourut le 12 février 1904. Ses dernières paroles furent : Mon Dieu, que votre sainte volonté soit faite ; mais que vos chrétiens restent bons. "
Nécrologie
M. MURY
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 8 mai 1859
Parti le 7 novembre 1883
Mort le 12 février 1904
M. Mury (Auguste-Marie) naquit à Roz-Landrieux (Rennes, Ille-et-Vilaine) le 8 mai 1859. Entré laïque au séminaire de Paris le 1er septembre 1879, il fut ordonné prêtre le 22 septembre 1883.
Parti le 7 novembre 1883 pour la mission du Su-tchuen oriental, il eut bientôt gagné l’estime de ses supérieurs et l’affection de tous. Il y tra¬vaillait, depuis trois ans, avec joie et succès, lorsque Dieu lui envoya une grande épreuve : un mal, demeuré mystérieux dans sa cause, le rendit presque aveugle et le contraignit de revenir en France en 1886.
On peut dire qu’il tenta tous les moyens pour obtenir une guérison qui lui permît de rejoindre son poste de combat. Il s’adressa aux docteurs les plus célèbres ; ils ne parvinrent pas à lui rendre la vue. Il alla prier à la roche de Massabielle ; Marie ne lui accorda pas le miracle qu’il demandait. Elle savait que l’infirmité dont souffrait son pieux client, loin de nuire à son ministère, le rendrait plus fruc¬tueux.
Au retour de son pèlerinage à Lourdes, M. Mury se reposait au sanatorium de Saint-Raphaël et goûtait le plaisir de se retrouver au milieu de confrères. Soudain, un douloureux message arrive du Yun-nan ; son frère aîné, le cher Bonaventure 1 , qui l’avait précédé de deux ans en mission, venait de succomber victime de son dévouement pour les malades, dans une épidémie de fièvre typhoïde. Auguste se hâte de regagner Roz-Landrieux, pour consoler ses bien-aimés parents.
C’était en 1888, et il devait séjourner deux ans auprès des siens. Sa vie, pendant ce temps, ne fut pas inactive. Tout d’abord, invité par le recteur de sa paroisse natale à prêcher la parole de Dieu devant ses compatriotes, il accepte, et ses prédications produisent les plus heu¬reux effets, qu’il complète par le ministère de la confession. La nou¬velle s’en répand, et bientôt les invitations lui arrivent de différents endroits. Jamais il ne refuse, et Dieu bénit visiblement sa parole. Certes, ce n’était pas une petite besogne que la préparation de ses sermons ; mais il fut grandement aidé par sa sœur. Il ne pouvait lui-même chercher les textes de la sainte Écriture ni consulter les maîtres de la vie spirituelle ; c’est elle qui se chargeait de ce travail et lui lisait les passages indiqués. Quand les matériaux étaient ainsi réunis, il méditait attentivement son sujet et écrivait lui-même ses sermons, mais il avait beau le faire en caractères très gros, il ne parvenait pas toujours à pouvoir se lire. Sa sœur alors d’intervenir de nouveau : elle prenait le manuscrit et répétait lentement, à haute voix, les pages tracées par son frère.
Cependant la pensée des missions ne quittait pas M. Mury ; il ne pouvait se résoudre à être simplement, comme il disait, missionnaire par la prière. Les médecins étant d’accord à déclarer qu’il ne pourrait retourner en Chine, il fit le douloureux sacrifice de sa première mission et s’informa s’il ne lui serait pas possible d’aller en un autre pays. On lui parla de l’Inde où facilement on utiliserait son dévouement ; il demanda aussitôt a été agrégé à la mission de Pondichéry.
1. Voir Compte rendu de 1889.
En apprenant cette décision, les membres du clergé, qui l’appré¬ciaient et savaient le bien que ses prédications faisaient à leurs ouailles, essayèrent vainement de le retenir. D’autre part, depuis quatre ans qu’il était au milieu des siens, ceux-ci s’étaient peu à peu habitués à la douce et consolante pensée qu’ils le garderaient. M. Mury le comprenait, mais il connaissait leur foi et se disait avec raison qu’ils ne s’opposeraient pas à la volonté de Dieu. De fait, quand il eut reçu une réponse favorable du supérieur de la mission de Pondichéry, ses bons parents, avec plus de douleur, sans doute, mais aussi avec non moins de générosité, firent une seconde fois le sacrifice de leur Benja¬min. Et notre vaillant confrère s’embarqua en 1890 pour sa nouvelle mission.
Voici les détails que nous avons reçus de Pondichéry sur la car¬rière apostolique de notre regretté confrère dans cette mission :
Le 12 février 1904, expirait doucement à Erayiour le très aimable et très aimé M. Mury. Sa mort, que rien ne faisait prévoir, sinon quelques rhumatismes, fut pour ses confrères une douloureuse surprise. Que la volonté de Dieu soit faite !
Les missionnaires avec lesquels il vécut, et les chrétiens au milieu desquels il mourut, n’oublieront pas de longtemps ce prêtre modèle, à l’intelligence si vive et à la charité si parfaite, dont l’âme tranquille ne parut jamais effleurée par la colère. Devait-il parfois faire preuve d’une juste sévérité envers ses chrétiens, d’une franchise un peu rude envers ses confrères, sévérité et franchise ne lui furent jamais tenues à rigueur ; et les vérités qu’il avait à dire, il les faisait accepter sans blesser l’amour-propre ni heurter les sentiments de personne.
Les contradictions, car il n’en fut pas toujours à l’abri, il les subit toutes sans se plaindre. Une seule, vers la fin de sa vie, lui brisa le cœur, parce qu’elle était inattendue ; mais il n’en fit rien paraître : l’affection et le dévouement qu’il portait à son contradicteur n’en furent pas diminués.
Le genre de vie à Pondichéry ne ressemble pas plus à celui de la Chine que les Indiens ne ressemblent aux Chinois. M. Mury fut vivement frappé du contraste ; mais, sans montrer ses préférences, il se mit au travail. Sa demi-cécité lui interdisant l’étude, il prit comme professeurs de jeunes élèves de l’école française, qui lui lisaient du tamoul avec la traduction, lui faisant répéter chaque mot. Et bientôt, par un effort considérable de mémoire, il réussit à s’assimiler la langue. Chargé alors de la paroisse de Nellitope, il ramena la concorde parmi ses chrétiens de caste ; mais il échoua avec les parias. Cette dernière circonstance, unie à d’autres d’une moindre importance, lui fit désirer son changement.
On l’envoya alors à Erayiour. Cette paroisse compte environ 2.300 chrétiens de caste et 1.000 parias. Elle marchait très bien depuis quelque vingt ans, lorsque dans les derniers temps le relâchement s’introduisit chez elle. M. Mury eut vite fait d’y ranimer l’ancienne ferveur. Pour cela, il établit les deux confréries du Mont-Carmel et du Sacré-Cœur, dont près de 550 membres pratiquent la confession mensuelle ; il institua les communions réparatrices, fonda un couvent où les religieuses indigènes instruisent plus de 100 jeunes filles ; enfin, il réorganisa son école de garçons. Et c’est ainsi que le nombre de communions, qui était autrefois de 3.000 par an, s’élève maintenant, à 12.000.
Le zélé missionnaire inspira à ses chrétiens un grand esprit de piété. Chaque soir, des centaines d’adorateurs se groupaient autour du Saint-Sacrement. Le matin, à 5 heures, la paroisse entière assistait à la sainte messe et y récitait le chapelet en commun. Rien d’émouvant comme ce spectacle d’une foule énorme de chrétiens jetant au Dieu de l’Eucharistie leurs humbles supplications. Et aussi, quelle joie pour M. Mury !
Son esprit d’organisation se manifeste partout ; dans les premières communions, qu’il prépare avec un soin extrême ; dans les procès entre chrétiens ; dans les cérémonies du culte, où les parias suivent la direction du vicaire, et les gens de caste, celle du curé ; où les jeunes gens sont séparés des plus âgés, et les hommes éloignés des femmes. Après la messe de communion, il donne à chaque groupe de fidèles les avis qui leur conviennent.
Voilà donc la foi de ses chrétiens bien assise ; l’œuvre du mission¬naire est achevée ; sa fin est proche.
Sans avoir jamais été très malade, M. Mury n’était cependant pas robuste, et son estomac capricieux lui avait causé plus d’un ennui. Au commencement de 1903, il eut une attaque de choléra qui l’affaiblit encore. Le 14 décembre 1903, de vives douleurs, dans un pied d’abord et bientôt dans tout le corps, ne lui permirent plus guère de se lever. Deux fois seulement, il put dire la sainte messe, et, le 31 janvier 1904, il voulut bénir deux nouvelles statues du Sacré-Cœur et de saint Joseph. A partir de ce jour, les douleurs devinrent plus vives. Nous n’en pourrions soupçonner l’acuité, s’il n’avait laissé, à plusieurs reprises, échapper cette plainte : « Mon Dieu, faut-il tant souffrir pour mourir ! »
Le 7 février, quelques confrères voisins étant venus le voir, leur présence lui rendit sa gaieté d’autrefois, mais le mieux ne dura pas. Le mercredi, il tomba en délire, et les confrères le veillèrent pendant la nuit. Vers 10 heures du soir, on l’entendit, tout à coup, chanter le Fiat voluntas tua sicut in cœlo et in terra du Pater, et comme le P. Adeikalam s’informait de son état : « Donnez-moi l’extrême-onction, dit-il, car mes pieds se refroidissent. » M. Tesson la lui administra, et le malade répondit lui-même aux prières. Le lendemain, d’autres confrères accoururent à son chevet, mais il ne parut pas les recon¬naître.
Ses dernières paroles respirent l’amour le plus pur : « Mon Dieu, que votre sainte volonté soit faite ; mais que mes chrétiens restent bons ! » Et il rendit son âme au Créateur.
Une foule énorme de chrétiens et de païens en larmes se pressa autour de ses restes, voulant contempler encore une fois les traits de cette figure si aimée.
M. Mury repose à l’ombre de cette église Notre-Dame, où il a tant prêché, tant prié, tant récité d’Ave Maria !
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Références
[1568] MURY Auguste (1859-1904)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1885, p. 47 ; 1902, p. 265 ; 1904, p. 249. - A. M.-E., 1910, p. 272.
Notice nécrologique. - C.-R., 1904, p. 366.