Frédéric MAZEL1871 - 1897
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2231
- À savoir : Mort violente
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1896 - 1897
Biographie
[2231]. MAZEL, Frédéric-Victor-Emile-Benjamin-Irénée, naquit le 22 septembre 1871 à Rodelle (Aveyron). Entré laïque au Séminaire des M.-E. le 21 octobre 1891, il fut ordonné prêtre le 28 juin 1896, et partit le 29 juillet suivant pour la mission du Kouang-si. En se rendant à Si-lin hien, poste qui lui avait été assigné, il fut massacré le 1er avril 1897 à Lo-li, préfecture de Se-tcheng, par une bande de Chinois ennemis des Européens. Grâce à l'action énergique du gouvernement français et de son représentant à Pékin, les meurtriers furent frappés de la peine due à leur crime. Les restes du missionnaire massacré furent inhumés à Chang-tsin.
Nécrologie
M. MAZEL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU KOUANG-SI
Né le 22 septembre 1871.
Parti le 29 juillet 1896.
Mort le 1er avril 1897.
M. Mazel naquit le 22 septembre 1871 à Rodelle, dans le diocèse de Rodez ; il était de ceux dont le cardinal Bourret disait : « Ce sont mes fils, je les veux les premiers au travail et à la lutte. » M. Mazel a réalisé ce désir. Parti pour le Kouang-si le 29 juillet 1896, il a été massacré le 1er avril 1897. L’un des deux courriers qui accompa¬gnaient notre confrère a pu échapper à la mort. C’est d’après son récit que M. Renault, pro-préfet apostolique, s’est trouvé en mesure de nous envoyer, sur le drame sanglant dont ce courrier fut le témoin oculaire, les détails qui vont suivre :
« M. Mazel arriva chez moi, à Nan-nin-fou, le 19 novembre 1896. Après quelques jours de repos, il me quitta et partit en barque pour Pe-se : c’était le 24 novembre. Il devait se rendre à Sy-lin-hien, dans le nord-ouest de la province, pour y apprendre la langue en attendant qu’un district lui fût assigné.
Il était à peine arrivé à Pe-se qu’une forte fièvre le saisit et le força à revenir à Nan-nin-fou ; je réussis à le guérir.
Le 5 mars dernier, M. Mazel quittait de nouveau Nan-nin-fou. Il était bien portant et désirait ardemment travailler au plus tôt au salut des âmes. Il promettait d’ailleurs, par son bon esprit et sa piété, de faire un excellent missionnaire.
Le 15 mars, il arrivait heureusement à Pe-se. Le 17, il envoya sa carte au préfet de la ville pour l’avertir de son passage ; mais ce der¬nier ne daigna pas répondre à sa politesse.
Le 19, jour de la fête de saint Joseph, notre confrère partait de Pe-se, en chaise à porteurs. Il suivit la grande route du Yun-nan, qui passe par le marché de Lo-ly, où nous possédons une maison qui sert de pied-à-terre aux confrères de passage et où habite ordinairement un gardien.
M. Mazel arriva à Lo-ly, le 22 mars, vers trois heures de l’après-midi, sans le moindre incident. Toutefois, un peu avant d’atteindre ce grand marché, il avait rencontré des muletiers qui rebroussaient chemin, parce que, à une demi-lieue au-delà de Lo-ly, leurs mules et leurs chevaux avec tout leur chargement de marchandises européen¬nes, avaient été saisis et emmenés par une bande de brigands.
Le premier soin du missionnaire fut d’envoyer sa carte au petit mandarin militaire de la localité. Comme il devait changer de porteurs et que, d’ailleurs, il eût été très imprudent de s’aventurer sans escorte sur une route où le pillage s’exerçait ouvertement, il se décida à rester à Lo-ly. Là, il n’avait rien à craindre ; le marché était tran¬quille, le commerce s’y faisait comme à l’ordinaire, et quelques cen¬taines de soldats, venus de Pe-se, veillaient à la sécurité publique.
Ne pouvant trouver de porteurs à Lo-ly, M. Mazel écrivit à M. Lavest, qui résidait à trois jours de distance, pour le prier de lui en chercher parmi ses chrétiens et de lui obtenir une escorte. Mal¬heureusement, M. Lavest n’était pas chez lui ; il était allé à Sy-lin-¬hien. De là, un retard considérable.
Le courrier, obligé d’aller de Cha-ly, résidence ordinaire de M. Lavest, à Sy-lin-hien, ne revint à Lo-ly que dans la matinée du 1er avril, avec les instructions de M. Lavest et une lettre du sous-préfet de Sy-lin-hien, enjoignant au mandarin militaire de Lo-ly de faire escorter M. Mazel, pour lui permettre de continuer son voyage.
Il était trop tard.
En effet, ce matin-là même, notre confrère venait d’être tué avec un des hommes qui l’accompagnaient.
Pendant son séjour à Lo-ly, M. Mazel s’était vu entouré, du matin au soir, par une foule de gens, qu’attirait le désir de contempler le « diable d’étranger ». Tous racontaient sur les Européens les choses les plus saugrenues. Quelques individus tinrent même ce propos :
« Ce sont les Français qui nous ont attaqués, qui nous ont enlevé le Tonkin. Puisque nous rencontrons un homme de leur race, il faut nous donner la satisfaction de le tuer. »
Les courriers qui accompagnaient le missionnaire, ne pouvant le débarrasser de ces visiteurs impertinents, qui pénétraient partout, examinant les coins et recoins de la maison, allèrent prier le manda¬rin militaire d’user de son autorité pour protéger notre confrère. Le mandarin le promit et ne fit rien. Ses gens l’imitèrent, et cependant le poste des soldats n’était pas éloigné de notre résidence.
Le 1er avril, vers quatre heures du matin, trente ou quarante indi¬vidus attaquèrent la maison à coups de fusils et de revolvers. Bien¬tôt la porte principale vola en éclats sous les coups d’une énorme massue en fer, et les assaillants pénétrèrent dans les appartements, saccageant tout et faisant main basse sur les bagages. Pendant que les uns emportaient le butin, les autres gardaient les issues et conti¬nuaient à décharger leurs armes contre les fenêtres de la résidence.
On trouva notre confrère étendu mort près de son lit ; il avait reçu trois balles, une à la tempe, une autre en pleine poitrine et une au cœur. Sa mort dut être instantanée.
Un des deux courriers, qui couchait dans une chambre contiguë à celle du Père, avait été tué, lui aussi ; une balle l’avait atteint au front ; une autre avait traversé sa poitrine. Le second courrier échappa miraculeusement au massacre.
D’après ce que je viens de relater, il ne paraît guère douteux que M. Mazel n’ait été tué parce qu’il était Européen et Français, quoique l’appât du gain soit aussi pour quelque chose dans le drame sanglant dont il a été victime.
Quelle a été l’attitude des soldats et des gens de Lo-ly, pendant l’attaque de la résidence ? Hélas ! pas un soldat, pas un habitant de Lo-ly n’a songé à porter secours à notre confrère contre les bandits qui l’ont tué. C’est seulement après leur départ que le mandarin mili¬taire se présenta pour la forme, demandant combien il y avait de morts et paraissant s’apitoyer sur le sort des victimes. Alors seule¬ment il commanda à ses gens de poursuivre les voleurs ; mais les sol¬dats revinrent presque aussitôt , « n’ayant pas réussi, disaient-ils, à les atteindre ». Ils s’étaient contentés de ramasser quelques bou¬teilles de vin de messe que les pillards avaient abandonnées, sans doute pour s’alléger et gagner plus facilement la montagne.
On est en droit de demander au chef des soldats et à ses subal¬ternes pourquoi ils n’ont pas songé à prévenir l’attaque. En effet, il leur aurait suffi de confier à quelques soldats la garde du Père ; ils ne l’ont pas fait et les soldats sont restés oisifs dans le poste où ils étaient établis. Et cependant, les deux chrétiens qui accompagnaient M. Mazel avaient prié le mandarin de veiller à la sécurité menacée de notre confrère. Une grande part de la responsabilité doit donc lui incomber.
Les gens du marché ne sont guère plus excusables, parce que, au moment de l’attaque, ils n’ont pas daigné se déranger pour repousser les bandits, ce qui constitue une faute grave aux yeux de la loi chinoise.
Le crime semble avoir été commis principalement en haine du nom européen et surtout du nom français : la preuve en est palpable, puisque aucune autre maison que la nôtre, dans ce vaste marché, n’a été attaquée, ni alors, ni avant, ni après. Bien plus, le gardien qui occupait une chambre voisine de celle du Père et que l’on savait être là avec sa famille, n’a eu absolument rien à souffrir. Tous les coups de fusils et de revolvers étaient dirigés contre la chambre de M. Mazel. Enfin, rien n’a été dérobé au gardien »
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Références
[2231] MAZEL Frédéric (1871-1897)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1897, p. 126 ; 1910, p. 321. - A. P. F., lxix, 1897, p. 313 ; lxx, 1898, p. 235. - M. C., xxix, 1897, pp. 205, 267, 289 ; xxx, 1898, Indemnité pour son massacre, p. 99. - B. O. P., 1897, p. 742. - A. M.-E., 1898, p. 257. - Rev. rel. Rodez et Mende, 1897, Son massacre, pp. 282, 299, 315, 405, 427 ; Ib., p. 393 ; 1898, Lettre de M. Hanoteaux, ministre des Affaires étrangères, p. 126. - Sem. rel. Montauban, 1897, p. 461.
Hist. miss. Kouang-si, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1897, p. 303.
Portrait. - A. P. F., lxix, 1897, p. 242. - M. C., xxix, 1897, p. 290. - B. O. P., 1897, p. 743.