Auguste GIMBERT1878 - 1913
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2561
Identité
Naissance
Décès
Biographie
[2561] GIMBERT, Auguste, né le 21 février 1878 au Monastier (Haute-Loire), fit ses études à l'école apostolique de Notre-Dame de Montciel à Lons-le-Saunier, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 14 septembre 1896, fut ordonné prêtre le 23 juin 1901, et partit le 24 juillet suivant pour le Cambodge. Il étudia la langue à Meat-krasa jusqu'en décembre 1902, puis à Battambang pendant une année, et à la fin de 1903, il fut mis à la tête du district de Prek-kedol (Thanh-mau). Il retourna à Battambang en 1907. Malade, il séjourna à Hong-kong, revint en France en 1912, et mourut au sanatorium Saint-Raphaël à Montbeton (Tarn-et-Garonne), le 10 janvier 1913. Avant de recevoir l'extrême-onction, il prononça ces paroles : " Vous direz à mon vicaire apostolique que j'offre ma vie pour la mission du Cambodge.
Nécrologie
M. GIMBERT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBODGE
Né le 21 février 1878
Parti le 24 juillet 1901
Mort le 10 janvier 1913
Des quatre missionnaires du Cambodge, que le bon Dieu a rappelés à Lui dans le cours de l’année 1913, M. Gimbert fut le premier à ouvrir cette douloureuse série.
Il était jeune encore, âgé de trente-cinq ans à peine ; les qualités d’intelligence, de jugement droit, de savoir-faire dont il avait fait preuve, pendant les douze années qu’il passa au Cambodge, laissaient espérer qu’il continuerait à y rendre des services justement appréciés.
Le bon Dieu en a décidé autrement : mais Il a dû avoir pour agréable le dernier sacrifice de son serviteur, offrant, avant de mourir, sa vie pour la mission qu’il avait tant aimée !
M. Auguste Gimbert naquit au Monastier (Le Puy, Haute-Loire). Il était fils unique. Sa mère, femme forte et solide chrétienne, avait donné à son fils une éducation sévère, « peut-être même un peu trop, dira un de ses anciens maîtres, car elle avait sans doute con¬tribué à lui communiquer ce fonds de timidité qui le caractérisait ».
Le 14 septembre 1890, il entrait en sixième à l’Ecole apostolique de Notre-Dame de Montciel, à Lons-le-Saunier. « Il y fut constamment un bon élève, faisant son petit chemin sans bruit, occupant le milieu de sa classe, aimé de ses condisciples et vivant en bonne harmonie avec eux. »
Après sa rhétorique, dans le courant de l’année 1896, il demanda et obtint son admission au Séminaire des Missions-Étrangères. Sans plus de bruit qu’au cours des six années passées à l’Ecole apostolique, il se prépara par la prière, le silence et l’étude, à la réception des saints ordres, et le 24 juillet 1901, il partait avec joie pour la mission du Cambodge.
Il étudia la langue cambodgienne, d’abord à Meât-Krasa, puis à Battambang. Causant peu, observant beaucoup, il sut mettre à profit, tant pour la connaissance de la langue que pour la formation à la vie apostolique, ces deux années passées en compagnie de confrères expérimentés.
A la fin de 1903, M. Gimbert fut placé à la tête de la paroisse de Thanh-Mau, sur la rive gauche du Mékong, au village de Prêk-Kdol. Cette chrétienté avait été fondée par M. Lazard en 1893. A la suite d’un décret de libération des esclaves au Cambodge, M. Lazard avait réuni, dans cet endroit, environ 150 catéchumènes, qu’il avait dû nourrir et habiller pendant leur préparation au baptême. Dieu sait quelle patience il avait fallu, pour inculquer quelques notions religieuses à ces cerveaux frustes de sauvages Penongs, n’ayant, en fait de concepts religieux, que la crainte superstitieuse des mauvais génies, embusqués à tous les détours des rivières et des sentiers de la forêt, pour nuire aux pauvres humains.
Leur précédente condition d’esclaves avait encore rétréci leur étroit cerveau. Et voilà que la religion les transformait ; elle leur accordait des consolations et leur faisait entrevoir des clartés qu’ils n avaient jamais soupçonnées ; l’esclavage moral, beaucoup plus dur que l’autre, où les tenait le démon, disparaissait par le baptême. Ils avaient appris à aimer et à adorer le Dieu bon et miséricordieux, prêché par celui qui les avait rachetés et qu’ils vénéraient comme leur Père.
M. Lazard n’avait cessé de s’occuper d’eux. Sa résidence était située dans la partie la plus importante de la paroisse, sur la rive droite du Mékong, large en cet endroit de deux kilomètres, et souvent difficile à traverser. Le missionnaire, déjà âgé, avait demandé à être déchargé de la partie sise sur la rive gauche du fleuve : elle fut confiée à M. Gimbert. Ce dernier se dévoua tout entier à continuer l’œuvre commencée par son prédécesseur. Il avait la patience et la bonté nécessaires pour instruire et guider les âmes simples et droites des pauvres esclaves, et relever chez elles le niveau moral déprimé par leur première condition.
Lorsqu’en 1907, M. Gimbert dut les quitter pour aller occuper le poste de Battambang, la douleur manifestée par ces pauvres gens, montra bien jusqu’à quel point leur pasteur avait su se les attacher.
Battambang n’était pas un pays inconnu pour M. Gimbert : il y avait déjà passé une année, quand il étudiait la langue. Cette circonstance lui permit de se mettre plus vite au courant des mille petits détails de la vie de paroisse.
Sa santé, jusque-là florissante, faisait prévoir pour lui de longues années de ministère dans son nouveau poste ; mais, au bout d’un an ou de deux, elle commença à décliner. Une anémie profonde annihila les forces du missionnaire ; de fréquents vertiges l’empêchaient de se livrer à quelque travail sérieux. Il crut qu’un séjour au sanatorium de Hong-Kong le remettrait sur pied ; il n’y fit que languir pendant plusieurs mois. Un accident vint encore compliquer son état : au cours d’une retraite, dont il suivait les exercices à la maison de Nazareth, un jour qu’il faisait sa méditation dans le jardin, il ne remarqua pas un chemin creux, pavé de pierres, qui traverse une partie du jardin, en contre-bas de la pelouse. Il y fit une chute qui lui occasionna une luxation de la cuisse : on dut le transporter au sanatorium. Y eut-il quelque lésion interne, dont on ne put se rendre compte ? On ne le sut jamais au juste ; toujours est-il que son état de langueur ne fit qu’empirer.
Désespérant de guérir, il revint à son poste de Battambang ; mais au bout d’un certain temps, ne constatant aucune amélioration, et se voyant incapable d’exercer son ministère, il demanda à rentrer en France.
Il ne se faisait guère illusion, et c’est avec un vif regret qu’il quitta le Cambodge. Il n’avait cependant pas perdu tout espoir d’y revenir, s’il plaisait au bon Dieu de lui rendre la santé ; mais il était, en même temps, résigné à faire le sacrifice d’une vie qu’il eût voulue plus longue pour le bien des âmes.
Il s’embarqua vers la fin de juillet 1912 : le voyage fut très pénible, et, quand il arriva exténué à Montbeton, tout espoir de le sauver était perdu.
Il y passa trois mois. Un de ses confrères de la mission du Cambodge, M. Bernard, arrivant au sanatorium le surlendemain de Noël, fut péniblement surpris de la mine si défaite du pauvre malade. Il pouvait encore se tenir debout, et manger un peu ; mais il dut bientôt s’aliter. Le docteur avait essayé, à plusieurs reprises, des injections d’eau de mer : chaque fois, le malade avait éprouvé une forte fièvre, même des crachements de sang. Les injections furent abandonnées. Depuis ce temps, la fièvre ne le quitta plus.
Le 7 janvier, il essaya de se lever, mais ses jambes fléchissaient, il dut se mettre sur sa chaise longue. Une diarrhée opiniâtre l’affaiblissait de jour en jour, et les soins dont il était entouré, ne parvenaient pas à enrayer le mal. Malgré cela, il causait tranquillement comme à l’ordinaire et les conversations ne paraissaient pas le fatiguer ni l’incommoder.
Le 9, son état s’aggrava : à la suite d’une faiblesse, on lui fit une injection de caféine, la fièvre augmenta d’intensité. Voyant les forces du malade diminuer, M. Matrat le prévint de la gravité de son état. M. Gimbert répondit : « A la volonté de Dieu. » La nuit fut assez calme.
Selon son habitude, écrit M. Bernard, notre cher malade recevait la sainte communion vers 5 heures ¾ . Le calme dura jusque vers 7 heures. A ce moment, on m’appela pour entendre sa dernière confession. Notre confrère, qui avait toute sa connaissance, parlait difficilement. Avant l’extrême-onction, je lui demande s’il n’a rien de particulier à faire dire à Mgr Bouchut. Il me répond très clairement et tout doucement : « Vous lui direz que j’offre ma vie pour la mission du Cambodge. » Pendant l’extrême-onction, il a pu suivre les cérémonies jusqu’au bout, et présenter les mains pour les onctions. Mais la respiration se ralentit peu à peu ; nous commençons, MM. Sibers, Matrat et moi, les prières des agonisants. Avant la fin, notre cher et regretté M. Gimbert rendait sa belle âme à Dieu. »
Sans éclat extérieur, sa vie et ses œuvres furent de celles dont Notre-Seigneur a dit : Pater tuus, qui videt in abscondito, reddet tibi.
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Références
[2561] GIMBERT Auguste (1878-1913)
Notes bio-bibliographiques. C.-R., 1913, p. 224. A. M.-E., 1913, p. 252.
Notice nécrologique. C.-R., 1913, p. 364