Jean-Baptiste CROZE1880 - 1918
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2789
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1904 - 1914 (Pondichéry)
Biographie
[2789] CROZE Jean-Baptiste naît le 21 août 1880 à Courpière dans le diocèse de Clermont dans le Puy-de-Dôme. Après ses études au Collège de Courpière et une année au Grand séminaire de Montferrand, il entre le 18 septembre 1898 aux Missions Étrangères. Il passe deux ans à celui de Bièvres. Il y reçoit la tonsure le 22 septembre 1899 et les ordres mineurs le 22 septembre 1900. Dans l'impossibilité de retourner à Paris après son service militaire, il demande son incardination au diocèse de Tulle et y termine ses études théologiques dans le Grand séminaire. Aussitôt après son ordination à Tulle le 29 juin 1903, il sollicite à nouveau son admission aux Missions Étrangères. Il fait une nouvelle année de probation et part le 17 août 1904 pour la mission de Kumbakonam.
Dix ans d’apostolat interrompu par la guerre
Après un temps dédié à l'étude de la langue tamoule et à l'initiation aux us et coutumes du pays à Kumbakonam (1) et à Mikelpatty (2), il est chargé du district de Palayam qui compte environ 1800 chrétiens, disséminés sur un vaste territoire. Il accomplit son travail missionnaire avec zèle, mais il doit interrompre ses projets pour aller à Bangalore se faire soigner du paludisme. A peine guéri, il est envoyé à Vadaveekam (3) où il apporte son aide spirituelle à 3000 chrétiens fervents. Il doit aussi faire face à de nombreuses tâches matérielles, notamment la construction d'une église à Kottur, ancien centre de chrétienté, qui avait accueilli trois siècles auparavant le Bienheureux Jean de Britto. Le P. Croze s'épuise à la tâche et doit prendre du repos : on lui confie alors le petit district de Vadagarei, mais peu de temps après éclate la Première Guerre Mondiale.
Infirmier, puis interprète et aumônier, tué au champ d’honneur
Au mois d'août 1914, il s'embarque à Pondichéry pour la France. Le 30 septembre 1914, il est affecté à la 13° section d'infirmiers militaires, puis peu après passe au service radiographique, que dirige son frère. En mai 1915, il part pour le front avec un groupe de brancardiers dans la région de Pont-à-Mousson, puis dans le secteur de la forêt de Paroy. Le 25 février 1916, au moment de la grande offensive allemande sur Verdun, il relève les blessés au bas de la Côte du Poivre au plus fort de la mêlée, mais sort indemne alors que beaucoup de ses camarades tombent à ses côtés. En 1917, il est avec son régiment au Mont Cornillon avec la double fonction de brancardier et d'aumônier de bataillon. A l'arrivée des Américains, au mois de mars 1918, il est affecté comme interprète au 371° Régiment d'Infanterie. Il est tué d'un éclat d'obus quelques mois plus tard, le 30 septembre 1918, au retour d'une mission de ravitaillement à Vitry-le-François. La médaille militaire lui est discernée à titre posthume le 9 avril 1919.
1 – A l’est de Karikal, l’un des cinq comptoirs français en Inde, sur la côte au sud de Pondichéry.
2 – Près de Tanjore.
3 – Au nord-ouest de Karikal
Nécrologie
M. CROZE
MISSIONNAIRE DE KUMBAKONAM
M. CROZE (Jean-Baptiste), né à Courpière (Clermont, Puy-de-Dôme), le 20 août 1880. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 18 septembre 1898. Prêtre le 29 juin 1903. Parti pour Kumbakonam le 17 août 1904. Tué à l’ennemi près de Vitry-le-François, le 25 septembre 1918.
M. Jean-Baptiste Croze naquit à Courpière (Puy-de-Dôme), le 20 août 1880 dans une famille profondément chrétienne. La précocité de son intelligence attira sur lui l’attention d’un vicaire de la paroisse qui lui donna les premières leçons de latin ; et ses études, poursuivies au collège libre de Courpière, furent couronnées de succès : à seize ans il était bachelier.
Entré en 1897 au Grand Séminaire de Montferrand, il n’y resta qu’une année. Aussitôt après sa première communion, il s’était senti appelé à l’apostolat sur les terres lointaines ; sa vocation se précisant, il alla frapper à la porte du Séminaire de la rue du Bac le 18 septembre 1898. Au Séminaire de Bièvres, où il passa deux ans, il acquit la réputation d’un fin jouteur dans les discussions philosophiques et théologiques.
N’ayant pu, son service militaire achevé, retourner à Paris, il fit incorporer au diocèse de Tulle, y acheva ses études théologique et y fut ordonné prêtre le 29 juin 1903. Un mois après, il entrait de nouveau au Séminaire des Missions-Etrangères, où un nouveau stage d’une année lui ouvrait enfin la route des Missions qu’il n’avait jamais perdue de vue au milieu de ses difficultés.
Parti le 17 août 1904 pour la Mission de Kumbakonam, il y arrrivait dans la première quinzaine de septembre. Son séjour au chef-lieu de la Mission fut de courte durée, de même que son vicariat à Mikelpatti, où il demeura juste le temps suffisant pour y apprendre les premiers éléments de la langue tamoule et s’initier aux coutumes du pays.
Mgr Bottero lui confia le district de Palayam qui compte 1.800 chrétiens disséminés sur une assez vaste superficie.
Notre confrère eût donc pleinement l’occasion d’exercer son activité ; mais de violentes attaques de paludisme l’obligèrent bientôt à aller faire soigner à l’hôpital de Bangalore.
A peine guéri, il fut envoyé à Vadavikam. Ce district comptait plus de 3.000 chrétiens. Par de fréquentes instructions et des catéchismes il s’efforça de développer en eux l’esprit chrétien ; le misérable hangar, ouvert à tous les vents, qui lui servait d’église, était loin de pouvoir contenir, la veille des fêtes, tous ceux qui s’apcprochaient du tribunal de la pénitence. L’administration spirituelle de ses ouailles, à laquelle il donnait tous ses soins, lui faisait oublier les fatigues de l’administration matérielle du district. A quelques kilomètres du chef- lieu de la résidence, se trouvaient des terrains incultes cédés par le gouvernement anglais pour être défrichés ; M. Croze les mit en valeur. Matin et soir, à cheval, sous un soleil brûlant, il parcourait son domaine pour s’assurer lui-même de la façon dont les travaux étaient exécutés. Et cette inspection quotidienne ne l’empêcha pas de jeter les fondations d’une église à Kottur, ancien centre de chrétien au XVIIe siècle, qui servit souvent d’asile au Bienheureux Jean de Britto.
A un tel surmenage, la plus vigoureuse constitution n’aurait pas résister : celle de M. Croze, si robuste pourtant, en fut très ébranlée. Pour permettre à notre confrère de se reposer un peu, on lui confia l’administration du petit district de Vadagarei, dont l’église du chef-lieu était inachevée. M. Croze comptait bien en mener à bonne fin les travaux, lorsque la guerre éclata. Atteint par la mobilisation, il revint en France. Avec plusieurs de ses confrères, il s’embarqua à Pondichéry à la fin d’août 1914. A son arrivée au dépôt de la 13e section d’infirmiers militaires, il fut affecté à un hôpital complémentaire de Clermont-Ferrand ; peu après, il passa au service radiographique à la tête duquel se trouvait son frère. En 1915, il partit pour le front avec un groupe de brancardiers dans la région de Pont-à-Mousson, d’abord, puis dans le secteur de la forêt de Paroy.
Le 25 février 1916, quatre jours après le déclenchement de la grande ruée des Allemands sur Verdun, M. Croze relève les blessés au bas de la Côte du Poivre, au plus fort de la mêlée. Le bombardement devient si violent que la plupart de ses camarades tombent à ses côtés ; à la relève de sa formation, le 7 avril, il se demande comment il a pu sortir indemne de cette fournaise. En 1917, il suit au Mont Cornillon le régiment où il cumule les fonctions de brancardier et d’aumônier de bataillon. A l’arrivée des Américains, en 1918, il est affecté comme interprète au 371e régiment. Au poste de commandement du colonel, il assure tous les jours le service de minuit à midi, traduisant en anglais les ordres qui lui parviennent en français, et les tapant à la machine à écrire. Le 25 septembre il accompagne à Vitry-le-François le service du ravitaillement ; c’est à son retour en ligne que se déclenche l’attaque américaine au cours de laquelle il est tué.
Voici ce que le colonel Milet, du 371, écrit au sujet de la mort de son interprète : « Pendant que le régiment était engagé en Champagne, M. Croze a été tué sur le coup par un éclat d’obus, près d’un poste de secours. » Le colonel ajoute que M. Croze s’était fait aimer de tout le monde dans le régiment.
Le chef de la mission française auprès de l’armée américaine a porté sur le cher défunt, un jugement qui peint un côté de son caractère. « Pour moi, écrivait-il, il était un véritable ami. Que de fois j’ai pu apprécier ses services, reconnaître sa valeur et éprouver ses sentiments. C’était une âme droite, franche et loyale, éminemment française.
Achevons la peinture. L’administration de ses chrétiens disséminés dans de nombreux villages, souvent très éloignés les uns des autres, obligeait notre confrère à des courses longues et pénibles. Au retour de ses fatigantes chevauchées, son meilleur délassement était l’étude. Grâce à sa facilité d’assimilation et à sa bonne méthode de travail, il allait vite en besogne ; il lisait toujours la plume à la main, prenant des notes qu’il classait par ordre alphabétique, dans des cahiers où il pouvait les retrouver aisément. Recevait-il un nouveau fascicule de l’édition tamoule du Mahabaratta, qui paraissait tous les mois à Kumbakonam, il s’efforçait de le lire au plus tôt, et ne le quittait qu’après l’avoir relu et annoté. Quand ce surmenage lui causait de violents maux de tête, il s’enveloppait le front d’un linge imbibé d’eau et poursuivait son travail. Il était arrivé à lire le tamoul avec une grande facilité ; il avait aussi abordé l’étude du télégou et de l’hindoustani.
Les Missions Catholiques donnèrent, au début de 1915, une série d’articles résumant un travail qu’il avait consacré à son district. Il publia d’autres articles dans les Annales de la Propagation de la Foi. On lui doit enfin un essai, La femme dans l’Inde, dont la haute valeur a été reconnue par Etienne Lamy, alors secrétaire de l’Académie Française.
L’homme d’études n’hésitait jamais à laisser ses travaux de côté, quand il s’agissait de rendre service ou simplement de faire plaisir à ses confrères. Son concours leur était toujours acquis d’avance. Lui demandait-on un sermon de circonstance ? il s’exécutait de la meilleure grâce. Devait-il faire la police au moment des fêtes les plus fréquentées ? Il s’y employait de son mieux.
Dans ses relations avec les païens comme avec les chrétiens, il se faisait tout à tous, se mettait à la portée de chacun, écoutant avec attention les doléances des uns et des autres, s’ingéniant à trouver une solution qui satisfît chaque parti. Son calme et sa modération ne di-minuaient en rien la fermeté de ses décisions. Suaviter et fortiter, telle était sa ligne de conduite à l’égard des Indiens.
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Références
[2789] CROZE Jean-Baptiste (1880-1918)
Références biographiques
AME 1904 p.318.1918 p. 394. BME 1922 p.185, 187. 1928 p. 538, 600, 668, 728.1929 p. 27, 209. 1930 p.5, 18, 69, 217, 260. CR 1904 p. 293.1910 p.286.1912 p. 306. 1914 p.132, 135. 1918 p.VI, 199. 1920 p.117-119. 1933 p. 375.
Bibliographie
BME 1924 p.645-652, 696-711, 759-771: L'établissement du christianisme dans l'Inde. MC 1915 p. 9, 19.