Henri MASSIOT1906 - 1992
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3390
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1929 - 1938 (Hué)
- 1939 - 1946 (Hué)
Biographie
[3390] MASSIOT Henri est né le 25 mars 1906 à Pleurtuit, dans le diocèse de Rennes (Ille et Vilaine).
Après ses études primaires à Pleurtuit, il fait ses études secondaires au collège des Cordeliers à Dinan (1916-1923). Admis aux MEP le 15 septembre, il est ordonné prêtre le 29 juin 1929 et part le 8 septembre suivant pour la mission de Hué (Vietnam).
A son arrivée à Hué, il est nommé vicaire de Phu-Cam, où il reste d'octobre 1929 à août 1930. Il enseigne ensuite au petit séminaire d’An-Ninh (1930-1933), au collège de la Providence à Hué (1933-1934), puis à nouveau à An-Ninh (1934-1936) et à Hué (1936-1938).
En 1938, le conseil central le rappelle en France pour le petit séminaire de Beaupréau.
Mobilisé en France lors de la déclaration de la guerre l’année suivante, il rejoint cependant rapidement Hué, où il est affecté en décembre au collège de la Providence (1939-1946).
Au printemps 1946, il est de nouveau rappelé en France puis à Ménil-Flin d'août 1961 à juillet 1966. Le 1er juillet 1966, il revient à la rue du Bac comme responsable de la pastorale missionnaire, et administrateur de la revue Épiphanie. A partir de 1962, il est également chargé de la formation permanente.
Sentant ses forces décliner, il demande à se retirer à Montbeton, où il arrive en février 1978. C'est dans cette maison, au milieu des confrères et estimé de tous, qu'il décède le 9 novembre 1992.
Nécrologie
Henri MASSIOT
1906 - 1992
MASSIOT Henri, René
Né le 26 mars 1906 à Pleurtuit (Ille-et-Vilaine), au diocèse de Rennes
Entré au séminaire des Missions Étrangères le 15 septembre 1923
Ordonné prêtre et destiné à Hué le 29 juin 1929
Parti pour sa mission le 8 septembre 1929
Agrégé à la Société le 11 septembre 1932
Sorti du Vietnam en 1946
Affecté aux Établissements communs le 1er juin 1946
Nommé à l’administration générale le 1er juillet 1966
Retiré à la maison Saint-Raphaël en février 1978
Décédé à Montbeton le 9 novembre 1992
Henri vint au monde à Pleurtuit, le 26 mars 1906, de parents alors âgés tous deux de trente-quatre ans et mariés depuis dix ans ; le père, Jean-Louis, était cocher-maître d’hôtel, et la mère, Marie Rouillé, repasseuse, avait son atelier particulier à Pleurtuit ; le foyer devait compter en tout six enfants, quatre garçons et deux filles. Il fut baptisé à l’église paroissiale dès le lendemain de sa naissance.
Il fit ses premières années d’études dans le village même, et fut mis à 10 ans à l’école des Cordeliers, à Dinan, où Mgr Le Fer de La Motte le confirma le dimanche 4 juin 1916, et où il resta jusqu’à la fin de ses études secondaires ; il les termine en 1923 avec le baccalauréat. À ce moment déjà il a rencontré depuis deux ans le P. Jean Depierre avec lequel il est resté en contact depuis lors ; rien d’étonnant donc qu’il se recommande de lui en adressant, le 30 juillet, la demande d’entrée aux Missions Étrangères « d’un petit Breton de dix-sept ans ». Elle est agréée le 8 août, d’autant plus facilement que les renseignements reçus des Cordeliers sont on ne peut plus élogieux : « C’est un sujet d’élite. Intelligence très vive ; piété très sérieuse ; a besoin de formation... Jeune homme excellent et plein d’avenir pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Nous quitte avec le grand prix d’honneur et bachelier avec mention “bien” (philosophie). Dieu soit béni et adoré, qui vous l’envoie. Nous en faisons joyeusement le sacrifice pour les missions. »
À la rentrée, le 15 septembre, il ira donc au séminaire de Bièvres, puis à celui de Paris, après l’interruption du service militaire de mai 1926 à novembre 1927 ; tonsuré ensuite le 10 juin 1928, il recevra tous les ordres en l’espace d’un an, puisqu’il accédera à la prêtrise le 29 juin 1929, apprenant le soir même du jour de l’ordination sa destination pour la mission de Hué, en Cochinchine septentrionale.
Il y partira le 8 septembre, et sera sur place le 18 octobre, prêt à se rendre à Phu-Cam chez le P. François-Antoine Stœffler où il apprend la langue jusqu’en août de l’année suivante. Après quoi il commencera une carrière d’enseignant, à laquelle il restera fidèle 36 années, au petit séminaire de An-Ninh d’abord, jusqu’en 1933, quand au retour d’une visite à Hunghoa et Hanoï, il fut transféré au collège de la Providence qui ouvrait ses portes cette année-là, avec une classe de sixième et deux préparatoires. Rien qu’un an seulement, au cours duquel il participe au premier camp de la troupe scoute, pendant les vacances de Pâques. Pour la rentrée suivante, il est remplacé par le P. Marcel Douchet, dont il prend la succession en retrouvant le petit séminaire de An-Ninh. En juin 1935, répondant à l’invitation du P. Anthelme Excoffon, il accompagnait à Vientiane un jeune diacre du grand séminaire de Hué qui allait recevoir l’ordination sacerdotale des mains de son évêque Mgr Ange Gouin. De même en 1936, avec le P. Douchet comme chauffeur, et son collègue du petit séminaire le P. André Eb, il fait en voiture le tour des missions du Tonkin. Après quoi il est nommé de nouveau à la Providence jusqu’à ce qu’il soit rappelé en France, qu’il rejoindra le 6 juillet 1938.
Ce départ gênait considérablement l’établissement où il enseignait ; aussi bien à la Providence qu’au petit séminaire, il s’est en effet révélé professeur de valeur, et probablement est-ce la raison qui l’a fait choisir pour exercer ses talents au séminaire Théophane-Vénard à Beaupréau. Ce qu’il fit un an durant, puisqu’en 1939 il était mobilisé dans les bureaux de l’état-major, avant d’être renvoyé par l’administration militaire, en sa qualité de missionnaire d’Indochine, dans sa mission de Hué, où il arrivait le 28 novembre pour reprendre non sans plaisir ses cours à la Providence.
Toute la période de la guerre, il la passe au service des institutions d’enseignement de Hué, principalement au collège de la Providence, et secondairement, à partir de 1943, au lycée Khai Dinh. Ses anciens élèves se souviennent de lui comme d’un excellent professeur, qui savait faire aimer les matières – grec, latin, français – qu’il était chargé de leur transmettre. Longtemps après qu’il eut quitté le Vietnam, nombreux sont ceux qui restèrent en relations épistolaires avec lui, tant étaient fortes l’influence qu’il avait eue sur eux, et l’empreinte dont il les avait marqués. Certains vont jusqu’à reconnaître sans détour que c’est à lui – tout spécialement par le solide humanisme qu’il leur a inculqué – qu’ils doivent la réussite d’une brillante carrière. Et chacun regrette les trop courtes années de cette époque studieuse dont ils ont gardé la nostalgie des « humanités gréco-latines ». C’est qu’il savait, mieux que quiconque, décortiquer les textes avant de les traduire ou de les commenter, et faire par-dessus tout apprécier la clarté de la langue française comme un véritable don des dieux.
La paix une fois revenue, il n’oublie pas que c’est en France que l’attend son affectation ; il y rentre le 5 juillet 1946, pour être au petit séminaire de Beaupréau à la reprise des cours en septembre. C’est durant son séjour en cet établissement qu’il fêtera son jubilé d’argent en 1954. C’est de là également qu’il se rendra, avec son collègue le P. Alphonse Desrocbes, pendant les vacances de 1960, à la session sacerdotale de la Rivette, à Lyon, où tous deux participent aux échanges auxquels prend part une bonne soixantaine de supé¬rieurs et de professeurs de petits séminaires et de juvénats.
En 1961, il quitte Beaupréau pour l’école missionnaire Augustin-Schœffler à Ménil-Flin, où il sera professeur de lettres dans la classe de troisième. Là aussi, comme d’ailleurs partout où il passe, il laisse une marque indélébile comme éveilleur d’esprits, et une inoubliable image dans le cœur de ceux qu’il forme petit à petit à devenir aspirants, tout en leur faisant partager les délices d’Homère et de Cicéron. Le 1er septembre 1963, il succède au P. Victor Thiry dans la charge de vice-supérieur.
Mais voici que les Missions Étrangères doivent fermer leurs petites institu¬tions devenues non rentables. Le P. Massiot est à ce moment versé à l’administration centrale de la Société, qui le charge le 1er juillet 1966, avec le P. Joseph Pierron, de mettre sur pied à la rue du Bac un centre de documentation pastorale et missionnaire, outil indispensable pour tenir au courant les missionnaires de tout ce qu’impliquait dans l’Église le renouveau voulu par le Concile. Pendant plus de dix ans, il se dépensera pour la mise au point de ce service dont il sera, à plusieurs reprises, seul à porter la responsabilité. il s’agit notamment d’assurer la parution de toutes les publications de la Société, et par conséquent d’en revoir les textes, de les mettre en page, de les corriger, de mener à bien toutes les négociations avec l’imprimeur ; en outre, de poursuivre le patient travail quotidien consistant à recevoir les revues, à les éplucher pour en noter les articles susceptibles de servir à la formation permanente des confrères, à en organiser les classements, avec en sus l’entretien de la salle de lecture, le règlement des prêts et la surveillance du retour des emprunts. Il doit assurer aussi la lourde charge de rédiger le compte rendu annuel. Au cours du temps il sera appelé à faire partie du comité de rédaction de périodiques qui se succèdent ou se superposent : Missions Étrangères de Paris, dans le genre illustré de bon ton, Épiphanie, plus sérieux, voire même sévère, Échos de la rue du Bac, plus familier, jusqu’à l’éphémère Feu vert, à ce point follet que les archives elles-mêmes ne semblent pas en avoir gardé mémoire impérissable. En février 1971 il est partie prenante quand il est question d’un essai de lancement d’une association des anciens membres de la Société, peinés d’avoir été laissés en rade par suite des circonstances, et qui ne fera plus autrement parler d’elle. Il n’empêche que tous ces petits riens finissent par ne plus laisser de temps libre... D’autant qu’il les accomplit avec l’exacte ponctualité dont il est coutumier.
En juillet 1977, lors d’un séjour en Bretagne auprès des siens, il manifeste une extrême fatigue qui nécessite un repos de plusieurs semaines. Le médecin de Pleurtuit qu’il a consulté durant ces vacances l’a soigné pour une artério-sclérose cérébrale. Il hésite sur la décision à prendre, mais rentré à Paris, passe plusieurs semaines à l’hôpital d’Ivry. Il en sort pour rejoindre le pays et poursuivre auprès de sa famille un traitement énergique qui doit lui permettre de recouvrer la mobilité de ses membres. Moments pénibles pour lui-même et ceux qui lui sont chers : coup sur coup surviennent les décès de sa sœur aînée, le 3 septembre, et de son mari, le 26 octobre, tous deux malades depuis longtemps à l’hôpital de Dinard. Il habite chez leur fille, sa nièce, et craint que sa présence lui soit une charge plutôt qu’un réconfort. Il ne voit pas de progrès dans son état, s’inquiète pour le nº 111 des Échos qu’il laisse sur le dos du P. Jean Vérinaud, et finalement quitte la maison qui l’héberge pour chercher asile, au village même, dans la maison de retraite des sœurs de la Sagesse. Il fait part à Paris de son profond désarroi dans une missive soignée, digne du professeur de lettres qu’il est toujours resté, et s’applique à bien former chacun des mots qui la composent. « De toute façon, je rentrerai au séminaire dès que j’en verrai la possibilité... Je ne sais ce qui va se passer ; je désire rentrer à Paris dès que je le pourrai et me soumettre à la décision du Conseil. »
Lorsqu’il revient vers le mois de novembre, bien qu’il admette lui-même une légère amélioration dans son handicap, de nouveaux examens ont lieu à l’hôpital des Peupliers, et l’on y poursuit la rééducation intensive du bras et de la jambe, avec semble-t-il un minimum de résultats. Il rentre ensuite aux Missions Étrangères, toujours sous surveillance médicale, et suit des séances de remise en forme à l’hôpital de la Croix-Rouge. En décembre, si l’usage plus ou moins normal de ses membres paraît lentement lui revenir, il se plaint de lassitude continuelle et d’une incapacité permanente à recouvrer ses forces. Aussi va-t-il en janvier à l’hôpital Pasteur, d’où après quelque temps viendra le verdict : il souffre de la maladie de Parkinson.
Sa résolution est vite prise : il donne sa démission, et envisage d’aller à Montbeton. Il s’y retire en effet en février 1978. C’est là qu’il célébrera, l’année suivante, son jubilé d’or : il y a cinquante ans en effet qu’il a été revêtu du sacerdoce, et il en rend grâces, le 6 juillet, dans sa réponse aux vœux que le supérieur général lui a adressés à cette occasion. La voici intégralement.
« Cher Père supérieur,
« J’ai été profondément touché de votre lettre du 27 juin, si bonne et si réconfortante. Vous avez raison de dire qu’il est difficile d’imaginer les grâces reçues dans cette longue étape de cinquante aimées de sacerdoce. Peut-être aussi devrai-je faire état, pour que le bilan soit équilibré, et tenir compte, des grâces qui Sont restées sans réponse. Pour celles-là, je m’en remets à la miséricorde paternelle du Seigneur, je lui confie mes fautes en toute simplicité. Que pourrais-je faire de mieux en cette dernière étape de la vie que le Seigneur m’a ménagée ?
Il me semble que c’était hier que je suis entré aux Missions Étrangères, et c’est dans ce cadre des MEP que je revois ces cinquante années de sacerdoce : j’y ai été heureux et j’en remercie le Seigneur et, en son nom, tous ceux qui m’ont aidé à être fidèle. Je vous dis ma reconnaissance, cher Père supérieur, puisque vous rassemblez en vous toute l’histoire de notre Société. Et tout spécialement, je vous remercie de la confiance et de l’amitié que vous n’avez cessé de me témoigner tout le temps que j’ai été à la rue du Bac, après la fermeture de nos petits séminaires. Là aussi, j’ai été heureux. Si bien que, en fin de compte, la grâce l’emporte sur le péché, et je n’ai pas eu tellement de difficulté à rester fidèle au Seigneur et à la vocation qu’Il m’avait réservée.
Je souhaite que mes dernières années de vie et de sacerdoce soient aussi au service de la Société. Sans doute n’ai-je pas à espérer faire beaucoup pour elle, sinon de prier pour qu’avec l’assemblée générale qui se prépare notre Société trouve son nouveau visage. A vous spécialement, ainsi qu’aux délégués des missions, que le Seigneur accorde toutes les grâces pour mener à bien un travail aussi délicat et aussi capital.
Merci encore une fois, merci, cher Père supérieur, de votre bonté à mon égard, et soyez assuré que dans la prière de tous, la mienne rejoint vos intentions et supplie le Seigneur de vous venir en aide.
Veuillez, cher Père supérieur, me croire votre missionnaire respectueux et fraternel en N.S. »
Puis, c’est le silence, pour de longues années. Il mourut paisiblement le 9 novembre 1992. L’homélie, au jour des funérailles, fut prononcée par le P. Georges Lefas, qui l’avait longuement connu autrefois à Hué. « En 1937, dans la vigueur de ses trente ans, il apparaissait frais et dispos... Plus tard, vers 72 ans, atteint de ce mal étrange qui allait le torturer pendant vingt ans, Henri Massiot conservait intactes sa lucidité d’esprit et sa mémoire étonnante... N’existe-t-il pas des êtres d’élite à qui Dieu propose d’être associés étroitement aux souffrances humaines de Jésus, tout au long de sa Passion, et cela en gardant une conscience aiguë de la redoutable stratégie, dans ce monde, des puissances du mal, dont on ne peut venir à bout qu’à travers la victoire de la Croix ? »
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Références
[3390] MASSIOT Henri (1906-1992)
Références biographiques
AME 1940 p. 57. CR 1929 p. 235. 1933 p. 174. 1936 p. 159. 1938 p. 159. 1939 p. 215. 1954 p. 85. 1960 p. 97. 1962 p. 107. 1967 p. 149. 1968 p. 63. 1969 p. 168. 169. 1974-76 p. 238. AG80-63 p. 7. BME 1923 p. 811. 1929 p. 576. 697. 758. 1930 p. 57. photo p. 48. 1933 p. 702. 863. 869. 1934 p. 427. 649. 725. 804. photo p. 153. 1935 p. 679. 1936 p. 593. 755. 1938 p. 552. 771. photo p. 403. 1940 p. 138. 734. 1961 p. 697. Epi 1970 p. 1. R. MEP. N° 129 p. 52. N° 147 p. 72. N° 118 p. 45. EC RBac N° 47. 179. 182. 384. 410. 411. 446. 447. 700. 725. 733. 766. NS 38P35. - 61P85. - 83P74. - 111P286/C3. - 112P317/C3. - 114P28. - 115P61. - 116P89. - 117P116.