Ludovic FOURNEL1908 - 1968
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3499
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1934 - 1968 (Mandalay)
Biographie
[3499] FOURNEL Ludovic naquit le 25 juillet 1908 à Araules (Haute Loire), diocèse du Puy et y fit ses études primaires. Il poursuivit ses études secondaires à Yssengeaux et entra aux Missions Etrangères le 14 septembre 1927. Ordonné prêtre en 1933, il partit pour Mandalay en Birmanie.
Dès son arrivée, il commença l'étude de l'anglais ; en 1934, en compagnie du père Audrain, fondateur de l'Eglise sur les montagnes Chin, il fit le voyage vers les Chin-Hills dans des conditions périlleuses. Il apprit le chin et le birman et pouvait ainsi converser. A Mindat, aidé de quatre religieuses, il ouvrit un dispensaire dont le père Audrain prit la charge et le père Fournel s'occupa du district de Lukshe.
Jusqu'en 1942 qui vit l'arrivée de l'armée japonaise, le père Fournel s'occupa surtout des enfants, créant une école pour garçons, il n'était pas question d'éduquer les filles à cette époque. Pour vivre, il cultiva un petit jardin, fit de l'élevage, volailles, vaches, porcs mais la faune animale hostile, le découragea de cette entreprise. Il fut le premier à implanter aux Chins-hills le carféier, il planta également bananiers, manguiers, orangers et citronniers.
Après Pearl Harbour et l'invasion des armées nippones, beaucoup partirent mais les missionnaires restèrent fidèles à leur poste malgré la dévastation des églises, des écoles. Ce fut une période très difficile. Le père Fournel rédigea en chin un nouveau catéchisme, une première traduction des Evangiles.
Après la bataille d'Imphal, les Japonais reculèrent devant les armées anglo-américaines, les missionnaires purent de nouveau se déplacer et ils se rendirent à Mandalay pour voir leurs supérieurs. Tout était à reconstruire, les missionnaires s'y employèrent bien au-delà de leurs forces. Certains tombèrent malades, le père Fournel assuma la responsabilité de la Mission de tout le Sud-Chin. Au bout de quelques années, sa santé déclina et en 1966 eut lieu le départ définitif de Birmanie de 235 missionnaires catholiques, mais le père Fournel put regagner les montagnes en direction de Matupi. Il ressentit de très violentes douleurs dans la poitrine, les religieuses de Mindat s'inquiétèrent, le 30 mai 1968, le père Fournel expira et fut inhumé en terre Chin.
Nécrologie
[3499] FOURNEL Ludovic (1908-1968)
Notice nécrologique
Le 30 mai 1968, à Mindat, dans sa Mission de Birmanie Septentrionale, mourait, à l’âge de 60 ans, le P. FOURNEL, doyen des missionnaires des Chin-Hills. Envoyé à Mandalay en 1934, il avait consacré aux montagnards Chin les trente-trois années de sa vie missionnaire.
UN MONTAGNARD À L’ÉTROIT DANS QUATRE MURS
Ludovic Paul Fournel vint au monde, et au Christ par le baptême, le 25 juillet 1908, au hameau de Pialevialle, paroisse d’Araules, diocèse du Puy. Ses parents étaient fermiers, pauvres en biens de ce monde, mais riches d’une foi chrétienne vivante, d’une robuste santé et d’un grand bon sens paysan. Ils eurent cinq enfants, cinq garçons, dont le troisième, à l’exemple de son glorieux Patron, devait un jour partir au loin porter l’Evangile du salut. Mais c’est d’abord sur les genoux de sa maman, que le petit Paul apprit, à connaître et aimer Dieu ; la prière en famille matin et soir était, d’ailleurs, de règle chez les Founnel. Très tôt également, il apprit à se rendre utile à la ferme, conduisant au pâturage les quelques brebis et vaches de ses parents ; et pendant que son chien gardait le troupeau, lui-même nourrissait déjà son esprit curieux de quelque bonne lecture. Ses qualités le firent remarquer et placer à l’école des Frères à Araules, puis au petit séminaire de Monistrol, alors transféré à Yssingeaux ; collège où il laissa le souvenir d’un garçon studieux sinon brillant, énergique et gai, pratique et sportif... On dit que les cloîtres du grand séminaire du Puy entrevus laissèrent froid ce jeune ami du grand, air et de la belle nature. C’est alors que, conseillé par le P. Depierre, m.e.p., Paul Fournel. opta pour les missions lointaines et, s’enrôla au Séminaire de la Rue du Bac.
Souvent, avec ses compagnons de mission, il évoquera les beaux jour, à Bièvres et à Paris ; la discipline, qui n’était pas pour lui déplaire, d’un éducateur comme le P. Parmentier ; la sagesse originale d’un P. Bibollet, et surtout la gaie compagnie de condisciples comme les Valour, Mourgue, Mainier, Coyos... A celui-ci il écrivait encore dernièrement : « Ah ! le beau temps du séminaire ! Nous ne le reverrons qu’au ciel. Et puis, au ciel, y aura-t-il des frontons pour jeux de pelote ?… » ; car notre Ponot laissait volontiers les savants discuter théologie en tournant autour des pelouses, pour se joindre plutôt aux Basques et faire des parties de pelote endiablées... Puis ce fut le régiment, à Montluçon, où il se distingua encore par ses prouesses à la barre fixe, son adresse au tir, et sa calligraphie qui lui valut l’emploi de secrétaire de son colonel.
De retour rue du Bac, il se prépara sérieusement au sacerdoce, sans d’ailleurs jamais renoncer à faire du sport ni des farces, au point d’en être retardé six mois aux ordres, ce qui ne l’empêcha pas non plus de partir en mission six mois avant ses camarades ! Il fut ordonné prêtre le 23 décembre 1933, par Mgr de Guébriant, auquel il garda toujours une profonde vénération. Ses parents étaient venus assister à l’inoubliable cérémonie... Quelques jours plus tard, c’était les destinations : Mandalay pour Fournel et la Corée pour Coyos son unique « bateau ». Le 16 avril 1934 ils embarquaient sur l’Aramis. « Le voyage vers l’Extrême-Orient fut sans histoire, écrit le P. Coyos, excepté le crochet à Tel Aviv, pour y laisser les premiers juifs allemands rapatriés par la grâce de Hitler. Les M.M. organisèrent une visite éclair aux Lieux Saints : une journée sur les traces du Christ, à Jérusalem, Bethléem, etc. A Singapore, c’était la séparation ; et nous ne devions plus nous revoir ». L’un continuait vers la Corée, et un sort exceptionnel ; l’autre remontait vers la Birmanie, débarquait à Rangoon, puis gagnait Mandalay par train, où son jeune évêque, Mgr Falière, le reçut à bras ouverts.
La Birmanie était alors une colonie anglaise, pacifiée, unifiée, organisée et en pleine expansion économique. « C’était le temps des vaches grasses » dira plus tard notre sage confrère... A Mandalay, ancienne capitale des rois birmans, et centre d’un diocèse grand comme un tiers de la France, le P. Fournel ne devait passer que sept mois ; à peine le temps de s’initier aux usages et coutumes du pays, et d’abord d’apprendre l’anglais. De l’évêché où il logeait, il se rendait chaque jour au collège St-Pierre, où le directeur, le Frère Clémentien, d’illustre mémoire, prit le temps de l’enseigner lui-même ; et ce ne fut pas du temps perdu !
DESTINATION : LA MONTAGNE
En novembre 1934, le jeune Père vit converger sur Mandalay, pour la retraite annuelle, tous les missionnaires des districts de la plaine et des montagnes, et parmi eux, le P. Audrain, fondateur de l’Eglise catholique sur les montagnes Chin. A vrai dire, la fondation ne remontait qu’à onze mois ; et le nouveau missionnaire était justement le renfort qu’attendait ce pionnier intrépide et généreux que fut le P. Audrain. Après avoir emballé des provisions pour une année de vie et d’apostolat en brousse, ils firent donc ensemble le voyage vers les Chin-Hills, par train, bateau, chars à bœufs et chevaux ; ils atteignirent Mindat un soir de décembre, sous la pluie, transis et fourbus. Le jeune P. Fournel passa sa première nuit en montagne dans une misérable hutte de bambou, avec la surprise de trouver au réveil des coolies, hommes et femmes, couchés tout autour de lui et jusque sous son lit de camp. Contact brutal avec la dure réalité de ces régions sauvages, peuplées de primitifs nus, sales, toujours armés et méfiants. Mais l’Eucharistie, offerte sous le toit de chaume, et un café bien chaud chassèrent à jamais le cafard.
Il y avait, d’ailleurs, de quoi s’occuper. S’installer d’abord « comme à la guerre » ; faire sa popote et souvent ne pas même manger à sa faim, et surtout apprendre le chin. Aidé d’un catéchiste carian qui savait des bribes d’anglais, il se mit à l’étude de ce langage à tons, qui est sans doute plus apparenté au tibétain qu’au birman, qu’aucun Européen ne saurait comprendre et parler avant de longues années d’imprégnation. Et à l’époque, il n’y avait encore ni dictionnaire, ni grammaire ; de son propre aveu, le P. Fournel apprit le chin « comme les petits enfants, en écoutant parler et en répétant ce qu’il entendait ». Et disons tout de suite qu’il parvint à parler chin, et plus tard birman aussi, très couramment sinon parfaitement.
Le P. Audrain l’avait vite laissé se débrouiller à Mindat, pour regagner son centre de Lukshe, d’où il commençait à rayonner dans les vallées ; souvent d’ailleurs pour n’y trouver que villages désertés. Les Chins de cette région vivent, en effet, dix mois sur douze dans leurs champs, chaque famille dans sa petite hutte au milieu de ses cultures, à flanc de montagne sur des pentes raides et difficiles d’accès. Contacts forcément rares. Et si le Père les recherchait, les Chins, au contraire, n’avaient que faire de cet Européen, qui bredouillait à peine leur langue, et qui ne les intéressait pas du tout avec son histoire de religion chrétienne. Eux-mêmes étaient animistes depuis toujours, chacun de leurs clans organisé et protégé par un grand-prêtre, qui, au cours des saisons et des événements, ne cessait d’offrir des sacrifices aux esprits, pour leur santé, sécurité et prospérité...
Décembre 1936 vit arriver à Mindat quatre religieuses F.M.M. envoyées pour y ouvrir un dispensaire. C’était bien tôt et osé ; mais les autorités locales le demandaient et Mgr Falière n’avait pas cru devoir refuser. En suite de quoi, le P. Audrain fut nommé à Mindat, pour y servir aussi d’aumônier et veiller à la sécurité des Sœurs, tandis que son jeune confrère était transféré à Lukshe, à une journée de marche plus au nord et vers l’intérieur des montagnes Chin. Là, où il pourrait enfin donner sa mesure.
SAVOIR ÉCOUTER ET DIALOGUER
La vie missionnaire du P. Fournel comporte trois étapes : avant, pendant et après la guerre. Jusqu’en 1942, année qui vit l’invasion japonaise et la débandade des Anglais, il résida principalement à Lukshe, jouissant de la paix et d’une certaine aisance matérielle. Il put organiser sa mission comme il l’entendait. Son charisme, à la différence du P. Audrain, n’était pas tant de courir par monts et par vaux, mais bien de planter ses racines, profondes et solides, et de dialoguer. Il aimait la conversation, et il trouva toujours le temps d’écouter les plus humbles gens aussi bien que les Anciens.
Comme les villageois sont d’ordinaire au diable vert dans leurs champs, il fit porter son effort d’évangélisation principalement sur les enfants. Secondé par de bons catéchistes et soutenu financièrement par des amis, il réussit à grouper jusqu’à quatre-vingt garçons, qu’il gardait à la mission cinq jours et cinq nuits par semaine, quitte à les nourrir et vêtir tous pour les attirer et conserver... A l’école publique de Mindat, on les payait pour les avoir ! Car, pour les Chins, encore bien primitifs, savoir chasser et se débrouiller dans la jungle paraissait autrement important qu’apprendre à lire et écrire. Pour eux, l’éducation des jeunes ne se justifiait qu’en vue d’emplois bien rétribués plus tard. Et donc, il n’était pas question d’école pour les filles. Dès sa tendre enfance, la fillette Chin est une servante, qu’il s’agit d’exploiter, en attendant de la vendre le plus cher possible au moment du mariage et de son passage dans un autre clan. Bref, il y avait un gros travail d’éducation à faire ; le P. Fournel s’y employa ; et son école devint fameuse dans la région.
Il fonda également un petit dispensaire pour soigner malades et blessés, bien sûr, mais aussi pour permettre aux catéchumènes de se libérer des tyrannies de l’animisme. Car les Chins ne connaissaient encore d’autres remèdes que les sacrifices aux Esprits ; et, sans autre « sécurité », les Anciens n’eussent pas toléré qu’on s’en passât... Les connaissances médicales du P Fournel (il lisait beaucoup et avait une mémoire d’éléphant), ainsi que son habileté à manier seringues et bistouris, firent plus d’une fois l’admiration de médecins de passage... Innombrables les malades qu’il soigna lui-même, les plaies qu’il désinfecta et recousit : les Chins sont batailleurs et se font parfois d’horribles blessures, et celles faites par les ours sont encore pires...
Pour ses chrétiens, il rédigeait en chin de longs sermons, qu’il faisait corriger au catéchiste et apprenait par cœur... Mais il n’avait encore guère de baptisés, et c’est aux non-chrétiens qu’il devait ordinairement rendre service. Services multiples et variés : réparer leurs vieux fusils et leurs vieux réveils ; transformer des coutelas usagés en petites pioches pour cultiver les champs ; aiguiser d’innombrables ciseaux. et même couper les tignasses sans trop regarder à la faune qui y grouillait. Souvent il fallait encore conseiller et réconcilier, car les China pratiquent la vendetta pis que les Corses ; écouter d’interminables palabres et trancher les disputes dans le sens de la paix, sans trop blesser la justice, ni trop contrer les sacro-saintes coutumes ancestrales.
Et puis, il fallait vivre. Le riz et toutes provisions et denrées devant être apportés de la plaine à dos d’homme, il devint vite indispensable de faire cultiver un jardin ; mais que d’ennuis avec les termites qui mangeaient à mesure les clôtures de bois, et, que d’efforts pour empêcher cerfs, sangliers, de ravager en une nuit ce qu’on avait mis des mois à cultiver ! Pour la basse-cour, c’était encore pire : les corbeaux emportaient les poussins, les aigles enlevaient les poules, et le peu qui restait n’échappait guère aux chats sauvages... Le P. Fournel se lança un temps dans l’élevage des porcs et des chèvres ; mais avec tigres, léopards et panthères, l’opération ne fut guère rentable. Et quant aux vaches — des vaches qui vous donnent tout au plus un verre de lait par jour — elles furent vite, partie dévorées par les loups gris, partie emportées par les épidémies de charbon.
Sans se décourager et toujours à la recherche d’améliorations, le P. Fournel implanta, le premier aux Chin-Hills, le caféier ; ce fut un succès. Pour tenir les caféiers à l’ombre, il planta toutes sortes de bananiers, dont les fruits succulents amélioraient l’ordinaire des missionnaires et des écoliers. Il planta encore des manguiers, des papayers, des orangers et citronniers, ananas, de la canne à sucre, etc. Jusqu’à sa mort, il conservera cette passion de planter, « pour ceux qui suivront » disait-il... Ces travaux matériels lui étaient une distraction. Une autre consistait à jouer au ballon avec ses écoliers, ou de leur enseigner la pratique de la barre fixe et des anneaux... Enfin, il allait à la chasse ; car les cartouches ne coûtaient pas cher à l’époque et le gibier ne manquait pas. Et quand il tenait un chevreuil ou un faisan au bout de son fusil, il ne le manquait pas non plus ! Un jour il tua un « hla pyi »(sorte de renard argenté, extrêmement rare) et devint « héros » sans le vouloir, car cette distinction est attribuée aux seuls « mâles » qui ont abattu un tigre, ou un « hla pyi », ou encore un ennemi humain !
Les Chin-Hills sont un terrain où les épines et la misère viennent mieux que les roses et le bonheur. De toute évidence, la Mission s’y annonçait lente et laborieuse. Non seulement les conditions matérielles étaient dures, mais surtout les habitants, farouchement attachés à leurs coutumes ancestrales, toutes imprégnées d’animisme, étaient naturellement hostiles à la religion « des gens d’en-bas ». Seul le témoignage de la charité leur était accessible et immédiatement utile.
En 1939, remplacé à Lukshe par un prêtre birman, le P. Fournel descendit à Mandalay pour aller prendre un court congé à Hongkong. Mais alors, la guerre éclatait en Europe ; et c’est finalement dans des villages de la plaine qu’il passa le temps de son congé, profitant de l’aubaine pour apprendre à lire et écrire le birman... Bientôt, son évêque devait le renvoyer dare-dare à Lukshe, où son successeur ne s’entendait guère avec les Chins ; et, pour un accident lors d’une partie de foot-ball où un garçon chin trouva la mort, les montagnards menacèrent de tuer le « pied-plat birman » qui dut s’enfuir... Les relations entre les deux races avaient toujours été tendues ; et durant la guerre qui approchait, l’antagonisme ancestral devait encore s’accentuer et le sang couler à nouveau.
Pour la Mission, un autre drame d’abord : le 8 mai 1940, le P. Audrain mourait subitement, « à Mandalay et le ventre ouvert », comme le lui avait prédit peu auparavant un sorcier chin. Opéré tardivement d’une appendicite avec complications, ainsi disparaissait, à 42 ans, le fondateur et animateur de l’Eglise au Sud-Chin. Coup très dur pour la jeune mission, qui prendra une décennie pour retrouver son élan et son dynamisme premiers.. Le P. Fournel ne pouvait être laissé seul sur les montagnes au loin ; aussi Mgr Falière pria-t-il le P. Francis Collard d’aller lui porter aide temporairement : un temporaire qui devait durer dix ans. Missionnaire chevronné des districts de la plaine birmane et des montagnes Katchin, le P. Collard, toujours disponible et généreux, se lança dans cette nouvelle tâche avec son zèle coutumier ; à 52 ans, il se remit à l’étude d’une nouvelle langue (lui qui avait déjà appris le birman, le katchin et le shan) ; et son confrère pourra témoigner plus tard : « Du chin, il en sait plus que moi »... Dix ans, ils devaient rester ensemble et ensemble vivre les terribles années de la guerre et de l’occupation japonaise.
RESTER AU POSTE ET SURVIVRE
Après Pearl Harbour et l’invasion du Sud-Est asiatique par les armées nippones, en Birmanie, ce fut une belle panique et la fuite générale des autorités vers le Nord et l’Inde. Le sous-préfet de Kanpetlet adjura Pères et Sœurs de les suivre. Mais, à la différences des Baptistes, les missionnaires catholiques décidèrent tous de rester à leurs postes, coûte que coûte... Le P. Fournel avait d’ailleurs prévu les événements et fait quelques provisions en vin de messe, huile de cuisine, pétrole pour éclairage, etc... Une épreuve qu’il n’avait pas pu prévoir vint alors aggraver la situation : le dimanche de la Passion 1942, à midi, sous un soleil de feu et un vent infernal, son église était tout à coup la proie des flammes, ainsi que l’école aménagée dessous au rez-de-chaussée. Et il n’était pas question de rebâtir alors ; il faudra, en fait, attendre 1953 pour que Lukshe ait une nouvelle petite église de bois.
Par surcroît, quinze jours après cet incendie, le P. Collard et les Sœurs arrivaient en réfugiés. Mindat étant trop accessible et exposé, il avait été décidé. de se regrouper à Lukshe, qui outre une sécurité relative, offrait la possibilité de faire du jardinage et de l’élevage... Les religieuses s’installèrent tant bien que mal dans le presbytère, dont la plus grande salle servait déjà de chapelle depuis l’incendie ; et les deux Pères se retirèrent dans une pauvre hutte de bambou, ouverte à tous les vents, où ils durent pratiquer la vie de communauté, bien à l’étroit et pendant cinq longues années.
Quand il apprit que les Japonais étaient arrivés à Mindat, le P. Fournel prit l’initiative d’aller les voir et se faire connaître. Cette démarche courageuse et franche impressionna favorablement les nouveaux maîtres. Pères et Sœurs furent autorisés à demeurer à Lukshe et y poursuivre leur travail... Travail d’ailleurs bien humble et discret. Souvent, il leur fallut « se faire tout petits » pour se faire oublier et survivre. En temps de guerre les instincts sauvages reprenant le dessus, plusieurs fois la mission échappa de justesse à l’extermination. Ainsi, les chefs de plusieurs villages d’alentour complotèrent-ils de massacrer les missionnaires pour s’emparer de leurs « richesses ». Alerté par ses jeunes, le P. Fournel fit alors une sorte de testament public, laissant savoir à qui reviendraient, le cas échéant, son fusil de chasse, les chevaux et les vaches, les couvertures et autres vêtements, les provisions de bouche, etc. si bien que les « futuribles » héritiers se firent ses protecteurs, et que la rapacité des chefs fut déjouée.
Il y avait aussi des politiciens véreux, pour qui tout étranger était forcément colonialiste et ennemi. Abusant des pouvoirs que leur avaient délégués les Japonais, ils adressèrent un jour un ultimatum à Lukshe : les missionnaires avaient deux jours pour plier bagage et déguerpir ! Consternation à la mission, d’autant plus que le P. Fournel était alors au lit avec une forte fièvre paludéenne. Mais, imperturbable quand tous les autres tremblent, le bon P. Collard s’en fut droit à Mindat affronter ces politiciens (dont le chef se trouva providentiellement absent ce matin-là), obtint un laissez-passer pour se rendre en char à bœufs jusqu’à Pakokko, à quelques 170 km, et demander un sursis aux autorités japonaises. Lui aussi devait avoir au moins deux anges gardiens ! Huit jours plus tard, il revenait sain et sauf, et muni de papiers rédigés en japonais, birman et anglais, qui intimaient aux politiciens de Mindat de laisser les missionnaires tranquilles. Une fois de plus, la mission était sauvée.
Il faudrait encore signaler les dangers plus communs de cette période de guerre, où la loi de la jungle reprenait partout l’avantage. Ce tigre par exemple qui, en un instant, égorgea vaches et chèvres à deux pas du couvent. Cet ours noir qui faillit bien embrasser tel Père qui était allé dire son bréviaire dans le calme de la forêt. Ce cobra qui logeait avec les Sœurs dans la hutte du champ de riz, et que leur petit chien noir tua au prix de sa vie. Ce boa de six mètres de long, qu’un catéchiste tua alors qu’il digérait un chevreuil... Les routes n’étaient plus entretenues, et sous les grandes herbes, Pères et Sœurs, nu-pieds ou en galoches faute de mieux, risquaient toujours de fouler quelque serpent, scolopendre ou énormes chenilles à piquants... Plus graves encore : les épidémies de dysenterie et de choléra, qui, plusieurs fois, décimèrent les villages, et furent aussi l’occasion de quelques baptêmes in articulo mortis ; et si tels anciens se sauvèrent dans la brousse par crainte de la contagion, les missionnaires, eux, soignèrent si héroïquement les cholériques que même ces politiciens, qui avaient tout fait pour les supprimer, vinrent un jour leur offrir une moitié de porc et un plateau recouvert de pièces d’argent : toujours fin diplomate, le P. Fournel accepta, au nom de tous, ces beaux présents, et un peu plus tard leur rendit ce plateau d’argent comme contribution à leur « noble cause », le salut de la nation... La vendetta, qu’aucune autorité ne réprimait plus, fit alors bien des victimes aussi. Les Chins n’osaient plus sortir de leurs huttes, sauf en bandes et armés. Plus personne n’osait venir à la messe le dimanche. Et le meilleur catéchiste fut un jour abattu d’une flèche au ventre, traîtreusement, selon l’authentique coutume des anciens, mais avant de mourir il pardonna, généreusement, selon l’authentique coutume des chrétiens.
Leurs provisions épuisées, nos missionnaires furent obligés de faire un champ et de cultiver riz de montagne, maïs et millet, à la mode chin. Le P. Fournel partait chaque jour abattre à la hache les gros pins, tandis que ses aides coupaient herbes et broussailles par dessous. Glissant un jour sur ces pentes abruptes, le Père faillit se couper la jambe de sa hache... L’incen¬die de la jungle avant les semailles est toujours une opération risquée ; d’autant plus que les missionnaires refusaient de faire les traditionnels sacrifices aux Esprits : que le vent tourne, et les villages brûlent ! et celui qui a mis le feu sera responsable de tous les dégâts. Mais la Providence fit encore mieux que les Esprits, et chaque année cette opération se passa très bien pour le champ de la mission. Les céréales aussi vinrent assez bien, en dépit des invasions de rats et autres déprédateurs. Deux sœurs étaient d’ailleurs sur place, dans une misérable hutte au milieu du champ ; d’où elles ne remontaient à la mission que pour la messe dominicale. Le P. Collard, de son côté, dépierrait et cultivait le jardin. Pendant que la Mère Supérieure faisait des prodiges de raccommodage pour tenir son monde habillé. Et comment ne pas signaler la volonté indomptable de cette sœur birmane, qui réussit à maintenir l’école ouverte pendant toute la durée de la guerre.
C’est pendant ces années de « retraite »que le P. Fournel, toujours actif mais jamais agité, rédigea en chin un nouveau catéchisme, de nouvelles prières, et surtout fit une première traduction des évangiles des dimanches et fêtes de l’année. Il travailla encore à une première grammaire chin... Ces essais, encore que bien imparfaits, témoignent de son zèle et de sa confiance en l’avenir. Avenir qui restait bien incertain...
Brusquement arrivait l’ordre, des Japonais eux-mêmes cette fois, de descendre dans la plaine. Non sans appréhension, les quatre missionnaires étrangers obtempérèrent. Au pied des montagnes, ils furent pris en charge par des militaires nippons relativement bons. Après quinze jours d’attente au pied des montagnes, en butte aux vexations des gens et aux piqûres des anophèles, ils furent emmenés à pied jusqu’au bourg de Pauk. Un officier supérieur japonais y examina leurs papiers d’identité. Grâce à son ordo, le P. Collard parvint à le convaincre qu’ils étaient bien des envoyés du Pape ; et comme le Japon entretenait des relations diplomatiques avec le Vatican, les choses finirent pas s’arranger. Père et Sœurs furent autorisés à regagner les montagnes Chin, au grand étonnement des Birmans.
Le vent commençait à tourner. Dans le ciel on voyait de plus en plus d’avions japonais et alliés se livrer bataille. Bien qu’exposés aux bombes comme tout le monde, les missionnaires ne pouvaient que s’en réjouir. Un avion américain abattu près de Lukshe leur apprit que les Etats-Unis renforçaient à présent les Anglais, et ses cartouches de mitrailleuse lourde récupérées et transformées par le P. Fournel servirent à chasser et améliorer l’ordinaire.
La bataille d’Imphal (mars-juillet 1944) amenait enfin le tournant de la guerre. A leur tour, les Japonais devaient reculer devant les armées anglo-américaines qui rentraient irrésistiblement en Birmanie à travers les Chin-Hills. Immense soulagement pour nos missionnaires. Leur présence fut d’ailleurs repérée et signalée par des aviateurs ; en suite de quoi, un parachutage fut organisé de l’Inde pour leur venir en aide. Mais le pilote se perdit dans ce fouillis des Chin-Hills et largua son précieux fardeau quelque 100 km plus au sud, près de Longshe. Le P. Fournel n’hésita pas à s’y rendre, mais à son arrivée, tout avait été pillé ; beaucoup de peine et de risque pour rien.
Cependant les soldats alliés arrivaient, qui donnèrent aux missionnaires quelques vêtements, chaussures et boîtes de conserve... Sur ces entrefaites, le chef de Pauk fut arrêté sous inculpation de collaboration avec les Japonais. En désespoir de cause, il envoya un message au P. Fournel, le priant de venir à son aide. C’était risqué. Mais la charité passe avant tout, et le P. Fournel se mit en route, fit à Pauk sa petite enquête, et poursuivit jus¬qu’à Pakokku où ce chef était emprisonné. Là, il réussit facilement à prouver son innocence et à le faire remettre an liberté... Cette intervention d’un Européen en faveur d’un Birman devant un tribunal anglais eut quelques échos ! Le Père fut emmené au Quartier général des Alliés à Myitche, où il fut longuement questionné ; car nul ne voulait apparemment croire que des Européens aient pu rester en liberté sous l’occupation japonaise... Cette affaire terminée, le P. Fournel reprit la route de sa mission. Mais à Pauk, le chef libéré par ses soins lui ménageait une réception à laquelle il ne s’attendait guère. Il fut prié de prendre place sur une sorte de trône, pendant que, sur un tapis à ses pieds, le chef lui faisait trois prostrations en règle, puis déclarait hautement : « Désormais, vous êtes comme mon père ! » Et on peut bien ajouter que cet homme tint parole, toujours par la suite il se montra d’une obligeance admirable pour les mis¬sionnaires catholiques à leurs passages à Pauk.
ARRIVÉE DES RENFORTS ET EXPANSION
Quand Mandalay fut libérée à son tour, et le pays à peu près sûr, le P. Fournel et deux sœurs décidèrent d’aller revoir enfin leurs supérieurs. Joie réciproque, on l’imagine, après cinq ans de séparation et sans nouvelles. Mais quelle tristesse aussi de constater que Mandalay n’était plus que ruines, que l’évêque n’avait plus ni cathédrale, ni évêché, et que les victimes n’avaient pas manqué parmi pères et sœurs...
Provisions faites, il fallut regagner au plus vite les montagnes, où le P. Collard et les autres missionnaires attendaient dans l’angoisse et le besoin... Désormais, tout irait mieux. Mais, pratiquement, tout était à recommencer. D’abord il fallait réoccuper les bâtiments de Mindat. Le P. Fournel y alla, avec un catéchiste, et bientôt y rouvrit une petite école. Un peu plus tard, les sœurs arrivaient à leur tour et réintégraient leur couvent où, cinq ans durant, politiciens, japonais et coolies de passage avaient logé, non sans y laisser des traces ; les charnières et autres ferrures de portes avaient toutes été enlevées à coups de coutelas par des Chins avides de métal pour fabriquer des flèches ; les planchers étaient troués partout où ils avaient allumé leurs petits feux...
Le 4 janvier 1948 était proclamée l’indépendance nationale. Plus que jamais, l’humilité seyait aux missionnaires, les seuls étrangers qui persistaient à demeurer dans le pays. Grâce au savoir-faire du P. Fournel, cette transition délicate se passa au mieux à Mindat. Et quand les politiciens du temps de guerre, qui étalent à présent autorités dûment constituées, tentèrent de confisquer les bâtisses de la mission, une fois de plus leurs projets furent déjoués par la Providence. La « petite graine », après ce long et rigoureux hiver, allait enfin germer et grandir.
Mars 1968 amenait du renfort en la personne du P. Jordan. Ragaillardi, le P. Fournel se mit à faire des plans, acheter des outils, scier planches et poutres, monter une charrette et amener lui-même avec ses buffles le bois de construction jusqu’à la mission, au sommet de la montagne de Mindat... à la grande joie d’un ami, officier de recrutement, qui le surnomma « the cow-boy Father ». Le vieux presbytère fut démoli et rebâti plus haut pour servir d’école. Les Pères logeaient un peu n’importe où, séparant leurs « chambres » au moyen de parachutes suspendus ; où, à peine le soleil couché, les punaises se levaient et s’ébattaient, en compagnie des puces, poux et moustiques... Les écoliers affluaient (l’Etat n’avait encore rouvert aucune école), et le travail ne manquait pas. Avec les jeunes aussi, le P. Fournel se délassait : malgré ses 40 ans et un bel embonpoint, il jouait au ballon (personne n’osait le dribbler !) ou il chantait et tapotait son petit harmonium indien. Le premier à Mindat, il eut la radio ; pour recharger les accus, il se procura une vieille bicyclette, et il fallait le voir pédaler pour faire tourner sa dynamo !
L’Eglise catholique étant alors la seule institution solide et organisée, nombreux furent les appels à aller fonder écoles et missions dans les villages des vallées d’alentour. Le P. Fournel entreprit de longues tournées de reconnaissance. Mais presque toujours il dut renoncer à ouvrir de nouveaux centres d’évangélisation, faute de personnel... Noël 1948 vit le regroupement à Lukshe de tous les chrétiens de la région ; grande fête, avec un buffle pour le curry des participants ; il y eut 43 communiants ! (Vingt ans plus tard, on en dénombrera 800 et plus).
Hélas ! moins d’un an après l’indépendance éclatait la guerre civile. Les ruines devaient s’accumuler encore et se multiplier les massacres ; signalons entre autres ceux des Pères m.e.p. Perrin, Maréchal et Meyrieux... Descendus à Mandalay pour la retraite en janvier 1949, les PP. Fournel et Jordan mirent quarante-quatre jours à faire le voyage retour : camionnette, train, bateau, camion militaire, chars à bœufs et éléphants, tous ces moyens de locomotion furent utilisés. Le P. Fournel affectionnait l’éléphant vu son poids, il en avait d’ailleurs un pour lui tout seul ! Il faillit même en acheter un, pour faire la corvée d’eau à Mindat !... Mais l’heure n’était guère à l’humour. Que de scènes atroces, inoubliables ! Villages incendiés, pauvres gens terrorisés, blessés, qu’il fallait opérer sans autre anesthésique qu’un verre de rhum, tués qu’on devait incinérer ou enterrer en toute hâte. Plusieurs fois, les Pères entendirent balles et obus siffler à leurs oreilles… Un peu plus tard, Mindat même fut menacée ; vite, on expédia à Lukshe les vases sacrés ; pendant que les sœurs allaient se réfugier dans un village isolé, et les pères passaient la nuit tout habillés, le fusil à portée de main... La paix fut longue à se rétablir, d’ailleurs peut-on dire qu’elle le fut jamais ? Il devint impossible de se rendre à Mandalay pour la retraite annuelle, l’unique occasion de rencontrer les autres confrères. Partout la brousse étant aux mains des rebelles, le gouvernement aménagea un petit terrain d’aviation au pied des montagnes, à Kyauktu. Pour aller à Mandalay, distance à vol d’oiseau de 350 km tout au plus, il fallait descendre à Rangoon : aller-retour 2 200 km ! C’était tout de même mieux que rien. Mais alors, le P. Jordan dut subir une opération à Rangoon et faillit mourir de méningite. De son côté, le P. Collard tomba malade et dut finalement aller se reposer à Hong-Kong. Et le P. Fournel restait seul, courageusement, pour tout maintenir et même développer... Le P. Jordan put revenir en fin d’année et s’en fut à Luskshe réorganiser ce poste resté sans prêtre depuis six mois.
Pendant ses vingt dernières années, le P. Fournel réussit à ouvrir six écoles de village, avec bientôt autant de chapelles. Son temps était partagé entre Mindat, son centre, — qui est devenu une petite ville de 10.000 âmes : Birmans, Indiens, Chinois et métis divers sont accourus s’y joindre aux Chins — et le soin de ses catéchumènes et néophytes des villages : villages souvent lointains et difficiles d’accès : dix heures de marche parfois à pied ou à cheval, sous la pluie et dans la boue, sucé par les sangsues, puces, moustiques et bien d’autres « instruments de pénitence ». Heureusement, le P. Fournel jouissait d’une forte constitution ; il pouvait manger n’importe quelle popote et dormir n’importe où... Chaque fois qu’il descendait prendre l’avion à Kyauktu, la bascule, limitée à 200 livres, devait s’avouer vaincue ! Ses petits chevaux aussi en avaient vite assez de le porter
Références
[3499] FOURNEL Ludovic (1908-1968)
Réf. biographiques.
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