Jean-Baptiste MALO1899 - 1954
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3507
- À savoir : Béatifié, Mort violente
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Identité
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Autres informations
Biographie
[3507] Jean-Baptiste Malo a été missionnaire en R. P. de Chine et au Laos, où arrêté et déporté, il perd la santé et la vie pendant cette déportation forcée, du Laos au Vietnam, en 1954.
Il naît le 2 juin 1899 à La Grigonnais (Loire-Atlantique) dans le diocèse de Nantes. Après ses études primaires à Paceul, et ses études secondaires à Saint-Lo, il entre laïc au Séminaire des Missions étrangères le 15 septembre 1928. Ordonné prêtre le 1er juillet 1934, il part le 16 septembre suivant pour la mission de Anlong (Lanlong), en Chine.
R. P. de Chine (1934-1951)
Dès son arrivée, il s'en va à Wangmo (Uang-mou) chez son compatriote le P. Pouvreau, pour y étudier la langue chinoise et s'initier en même temps aux us et coutumes du pays. Au mois de septembre 1935, il est chargé du district de Paopaochou. Plein de zèle, il entreprend aussitôt la visite des stations du district, dont certaines n'ont pas reçu la visite d'un prêtre depuis 20 ans. Il règne, en effet, une grande insécurité dans cette région montagneuse, qui est située aux confins des trois provinces de Guizhou (Kweichow), Gangai, actuel Tibet (Kangaï) et Yunnan. Les montagnes sont un refuge idéal pour tous les hors-la-loi, qui de temps en temps font des incursions dans la plaine et se livrent au pillage. Le 1er juin 1938, alors que le Père Malo se trouve dans le poste de Wangmo (Wangmou), des brigands armés de haches et de fusils viennent piller son presbytère à Paopaochou. En dépit de ces difficultés, le P. Malo continue à rendre visite à ses chrétientés, et réussit même à fonder quatre nouvelles écoles. Des problèmes de santé l'obligent aussi à aller se faire soigner à Anlong (Lanlong) en 1941, mais après sa guérison, il revient fidèlement à son poste. En avril 1948, il réussit même à aller visiter les chrétientés qui se trouvent au confluent des deux fleuves Lu Ho (Pô) et Nanpan Jiang (Lanpan-kiang), alors que les brigands se trouvent sur la rive opposée. A sa résidence il est toujours sur le qui-vive, et prêt à prendre le large, quand les brigands viennent piller son village. Au printemps 1951, il se trouve avec son voisin et confrère, le P. Jean Des Pommare, quand les brigands se présentent. Ils sont alors obligés tous les deux d'aller se réfugier dans une hutte à la campagne, pendant une quinzaine de jours. Avec l'arrivée des troupes communistes, le P. Malo sera, peu de temps plus tard, arrêté et emprisonné, puis expulsé, après un jugement sommaire, en même temps que les PP. Nénot et Des Pommare.
Le 4 décembre 1951, il arrive à Hongkong où il doit subir une intervention chirurgicale et va ensuite se reposer pendant quelques mois en France. Le 27 novembre 1952, il rejoint le nouveau champ d'apostolat auquel il a été affecté : la mission de Thakhek, au Laos.
Laos (1951-1954)
Il se met courageusement à l'étude de la langue laotienne et prend en charge une petite chrétienté à dix km au nord de Thakhek. En 1953, les troupes viêt-minh progressent dans cette région, et l'armée française oblige les missionnaires à partir vers Paksé, dans le sud du pays. Croyant le calme revenu, Mgr Arnaud et ses confrères décident de revenir à Thakhek le 15 février 1954, mais sur la route ils tombent dans une embuscade des Viêt-minh qui attendent le passage d'un convoi militaire. Les missionnaires (Mgr Arnaud, et les PP. Mainier, Malo, Cozien) ainsi qu'une religieuse française sont alors arrêtés et emmenés à pied dans un camp près de Vinh, à une distance de plus de 1.200 kilomètres. Le P. Malo n'arrivera pas au bout de cette marche forcée. Ne pouvant digérer le riz mélangé de sel, qui sert de nourriture quotidienne aux prisonniers, il meurt de faim et d'épuisement, à proximité de Cua-rao, le 28 mars 1954.
Il sera enveloppé dans une natte et inhumé la nuit suivante sur le bord du fleuve Song-Ca.
Nécrologie
Le P. Jean-Baptiste Malo
Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères, le 15 septembre 1928, il fut ordonné prêtre le 1er juillet 1934, et partit le 16 septembre suivant pour Lanlong. Le 17 octobre il arrivait à Yunnanfu.
A la date du 15 janvier 1935, le P. Malo poursuit avec acharnement l’étude de la langue de Confucius. Les efforts méthodiques de M. Pouvreau, son compatriote, l’initièrent aux us et coutumes. Avec les Pères Nénot et Heyraud il prit contact avec la vie des chrétientés. Le 28 avril de cette même année il arrivait à Yunnanfu avec Mgr Carlo et les Pères Williate, Richard et Signoret, fuyant les Rouges qui, après les bandits, pillèrent la mission de Lanlong. Le 15 août il fit ses débuts de prédication en chinois sur la fête du jour. Son coup d’essai fut un coup de maître, aussi les chrétiens congratulèrent-ils longuement le benjamin de la mission. La persévérance obtient tout même quand on a commencé à 36 ans la vie missionnaire. A la fin de la retraite, qui eut lieu du 3 au 8 septembre, il reçut sa nouvelle destination pour le district de Paopaochou, à côté du Père Pouvreau.
Le 16 janvier 1936, en arrivant à Lanlong à la fin de sa visite des stations du district qui n’avaient pu être visitées depuis 20 ans, il mérita bien le titre de « chevalier de la brousse ». En novembre de cette même année, à Paopaochou, le Père Malo assista dans le village à une bataille entre le Tchen-Iun-Tsin et le Long-Kiao.
Le 1er juin 1938, vers 10 heures du soir, alors que le Père Malo était à Wangmou, à Paopaochou des brigands armés de haches et de fusils pillèrent son presbytère, brisèrent les meubles, volèrent la caisse et laissèrent tout dans le plus affreux désordre. En 1937 le Père Malo avait déjà signalé ce fait que le nombre des bandits progressant de jour en jour, les déboires étaient devenus le lot de presque tous les missionnaires de la région. On pouvait parler déjà d’une série d’années de misère et de grandes douleurs pour le district de Paopaochou entre autres : batailles meurtrières, incendies, crimes, haines, jalousies, vengeances sur de nombreux chrétiens. De là les larmes, la tristesses les veuves, les orphelins. Comment dès lors pouvoir sauvegarder la mission elle-même ? Et cependant le vaillant missionnaire ne manque point de visiter ses chrétientés régulièrement. Mais du fait de près d’une vingtaine d’années déj à d’état plus ou moins chaotique, l’instruction chrétienne restait bien insuffisante. Le Père Malo réussit malgré tout à établir quatre écoles de garçons. Un excellent catéchiste faisait tout pour entretenir la foi en ces régions où avait rudement besogné un Père Menel.
Naturellement, en 1938 les épreuves s’accentuèrent encore ; la situation empira dans tout le district à la faveur du brigandage. Le 24 septembre, avec le P. Mourgue, le P. Malo prenait de nouveau la route. En rentrant à Paopaochou, il se trouva seul dans une maison croulante, presque vide. Il lui fallait aussi se spécialiser dans la cuisine, le lavage et le raccommodage. Du moins à Wangmou, avec le Père Mourgue, il put jouir de belles fêtes pascales ; ces deux districts du nord-est de Wangmou et de Paopaochou étaient bien les plus vastes et les plus difficiles. Paopaochou, qui aspirait à la paix depuis si longtemps, se trouvait depuis deux ans dans une situation intenable, sans doute, mais on commença tout de même à circuler tranquillement de village à village. En 1940 le Père Malo ne cessa de courir après les brebis égarées. Sans doute l’oubli de la doctrine était parfois déconcertant, du moins c’était partout le bon accueil et les Dyoïs se sentaient confiants avec les missionnaires.
Le 23 janvier 1941 il arriva à Lanlong pour être bientôt saisi par une congestion cérébrale. Soigné de suite par les Sœurs du dispensaire, il put regagner son district. Au mois de mai, de mauvaises nouvelles arrivèrent par Wangmou : le P. Malo se trouvait atteint de paratyphoïde.
En avril 1948 il put visiter les chrétientés sises au confluent des deux fleuves Pô et Lanpankiang, alors que les brigands se trouvaient sur la rive opposée. « Pour la fuite dans les hautes herbes, les alertes et le reste, le Père Des Pommare et moi, nous sommes maintenant bien à la page », pouvait-il écrire ensuite. Au mois de mai, tous deux forment encore une équipe tranquille dans le Wangmou. L’ancien parcourait, son gros bâton à la main, les quelque 20 villages ou chrétientés, et le benjamin organisait les œuvres centrales à la résidence où c’était un va-et-vient de la jeunesse. Les brigands étaient toujours aussi proches, mais le Père Malo entretenait son cran. A la résidence il se tenait sur le qui-vive. Quand il fallait prendre le large avec le Père Des Pommare, comme en cette année, la pluie battante ne les embarrassait pas ; mais alors les semi-communistes ou communistes en action envahissaient aussi bien les écoles de la mission et l’église que le prétoire. Tout cela n’empêchait pas le Père Malo d’écrire : « Ne vous mettez pas en peine pour nous, nous avons le strict nécessaire, l’épreuve est généreusement acceptée. » Mgr Carlo soulignait alors à juste titre ce fait que « situé aux confins des trois provinces : Kweichow, Kangaï et Yunnan, le diocèse de Anlung offre dans ses montagnes un refuge idéal pour tous les hors-la-loi. »
Bientôt il fallut fuir devant les communistes, de nouveau tout fut pillé. Au début de 1949 le Père Malo se trouvait à Wangmou auprès du Père Des Pommare, mais malade. Au printemps de 1951 tous deux durent passer une quinzaine de jours dans une cabane à la campagne ; cependant le Père Malo put encore visiter un certain nombre de chrétientés en profitant des moments moins critiques. Mais bientôt ce fut l’arrestation puis la prison. Finalement, après un jugement sommaire, il fut expulsé avec les PP. Nénot et Des Pommare. Le 4 décembre, c’était l’arrivée à Hongkong où le Père Malo dut subir une intervention chirurgicale. Après sa remise en bon état, ce fut le rapatriement en France, il débarquait à Marseille en mai 1952. Le temps de reprendre contact avec Paris et sa chère Bretagne, en novembre, le 27 exactement, il quittait Paris, affecté qu’il était depuis septembre à la mission de Thakhek au Laos. Il alla faire en cours de route une visite à son frère missionnaire au Basutoland.
Ayant échappé aux communistes de Chine qui s’étaient contentés de le chasser, avec son nouveau supérieur et quelques confrères il se vit arrêter par les vietminh en février 1954, alors qu’il regagnait Thakhek, puis entraîné dans une marche forcée. C’était en février. Le 23 mars, épuisé, il avait dû être porté puis hissé sur une pirogue sur le fleuve Song-Ca, en direction de Vinh. Il avait pu recevoir l’Extrême-Onction des mains de Mgr Arnaud. Finalement, à proximité de Cusrao, il devait expirer le 28 mars 1954, en sa 55e année, après une vie missionnaire des plus éprouvée. Vers une heure du matin, le 29 mars, il fut enseveli au bord du fleuve.
Références
[3507] MALO Jean-Baptiste (1899-1954)
Références bibliographiques
AME 1934 p. 187. photo p. 282. 1936 p. 96. 1938 p. 268. CR 1934 p. 233. 1936 p. 86. 1937 p. 86. 87. 1938 p. 90. 1939 p. 82. 1940 p. 54. 1947 p. 341. 1948 p. 47. 48. 1949 p. 60. 1951 p. 28. 1954 p. 56. 57. 88. 1955 p. 50. BME 1928 p. 511. 1934 p. 659. 660. 812. 813. 864. 892. 1935 p. 52. 53. 193. 271. 427. 432. 514. 593. 802. 1936 p. 52. 124. 199. 520. 587. 623. 1937 p. 47. 125. 225. 431. 797. 870. 1938 p. 256. 336. 400. 538. 758. photo p. 377. 1939 p. 46. 47. 50. 128. 273. 348. 418. 565. 863. 1940 p. 50. 490. 1941 p. 311. 546. 1949 p. 113. 520. 1950 p. 335. 1951 p. 253. 440. 1952 p. 54. 59. 198. 348. 425. 647. 1953 p. 123. 205. 788. 1954 p. 490. 702. 800. 799. 913. 1029. 1143. 1146. 1955 p. 51. 101. 103. 106. 783. 817. 1956 p. 326. R.MEP n° 128 p. 54. EC1 N° 293. 295. 509. 519. 524. 529. 553. 565. 567. NS. 49P51. 58P338.