Jean PASCAREL1913 - 1988
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3636
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[3636] Jean, Cécile, Albert PASCAREL a été missionnaire en Chine, puis au Japon au XXe siècle.
Il naît le 2 avril 1913 à Beauvais. Il est baptisé à Saint Sernin de Brive le 15 août de la même année. Après avoir fait toutes ses études primaires et secondaires au Collège libre du Saint Esprit à Beauvais, il fait deux ans à l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (1930-1931). Ensuite, il travaille pendant un an avec son père à l'usine de fabrique de chicorée que dirige sa famille. Le service militaire terminé, il part au Grand séminaire de Beauvais. Deux ans après, il fait sa demande d'entrée aux Missions Étrangères. Admis le 18 septembre 1936, il est ordonné prêtre le 29 juin 1939, et reçoit sa destination pour la Mission de Shenyang (Moukden), en Mandchourie. Mais il est alors mobilisé et fait prisonnier jusqu'en 1945. Il part enfin rejoindre sa Mission le 24 mai 1946.
Chine (1946-1951)
Pendant un court laps de temps, il peut aller à l'école des langues des Franciscains, à Pékin. Revenu à Shenyang (Moukden), il est nommé professeur de français à l'Université d'état de Shenyang (Moukden). A cause de l'arrivée des communistes, l'université est fermée. Il n'en continue pas moins à travailler à la Paroisse Saint François-Xavier, et devient membre du Conseil Episcopal. Plusieurs confrères ont déjà été expulsés. Son tour vient le 22 octobre 1951. Dirigé sur Hong-Kong, il y passe quelques mois, puis reçoit une nouvelle destination, à Fukuoka, au Japon.
Japon (1952-1984)
Arrivé au Japon le 19 janvier 1952, il gagne Kitekyushu, le centre du district, confié alors à la Société des Missions Etrangères. Après un an d'étude du japonais, il est envoyé à Wakamatsu auprès du P. Dechamboux. Il y séjourne à peine un an. A sa demande, il se rend à Tokyo pour continuer ses études linguistiques. Au bout d'un an, il est nommé à la nouvelle Paroisse de Mizumaki. Comme il ne peut s'y rendre immédiatement, il passe quelques mois à Tobata. Quand la chose est rendue possible, en 1955, il part pour Mizumaki où il reste jusqu'en 1970. On peut dire que c'est là le point culminant de sa vie missionnaire. Mizumaki est un centre minier en plein essor. C'est sur l'initiative et avec l'aide d'une base américaine des environs que naît le projet d'une nouvelle paroisse sur ce territoire relativement étendu, comptant plusieurs centaines de chrétiens. Il achète même de ses propres deniers un terrain pour ouvrir une école maternelle qui connaît un rapide essor. Aumônier de la Légion de Marie, pasteur dévoué, il trouve encore le temps de donner des cours de français à l'université de Kyushu. Cela lui valut d'être décoré des Palmes Académiques par le Conseil Général de Kobe.
En 1970, avant d'aller à Sizuka, qui sera son dernier poste, il s'occupe pendant quelques années de l'orphelinat du Père Roulier, en pleine ville de Kitakyushu. A Sizuka même, il a la charge d'une petite paroisse et d'une école maternelle, tout en continuant à donner des cours à l'Université et à s'occuper d'un centre de réfugiés vietnamiens.
France (1984-1988)
À la suite de problèmes de santé, il regagne la France, le 4 juillet 1984 et se retire à Lauris où il décède le 4 juillet 1988.
Nécrologie
Le Père Jean PASCAREL
Missionnaire en MANDCHOURIE et au JAPON
1913 - 1988
PASCAREL Jean
Né le 2 avril 1913, à Beauvais (Oise)
Entré aux Missions Étrangères le 18 septembre 1936
Prêtre le 29 juin 1939 — Destination pour Moukden
Mobilisé et prisonnier : 1939-1945
Départ pour Moukden le 24 mai 1946
Expulsé de Mandchourie le 22 octobre 1951
Affecté à Fukuoka (Japon)
Décédé dans la nuit du 3 au 4 juillet 1988 à Pertuis (Lauris)
Jean Pascarel naquit à Beauvais le 2 avril 1913. Mais ce n’est que le 15 août 1913 qu’il fut baptisé à l’église Saint-Sernin de Brive, diocèse de Tulle.
Il fit toutes ses études primaires et secondaires au collège libre du Saint-Esprit, à Beauvais. Après avoir passé avec succès son baccalauréat ès sciences, il entra pour deux ans (1930-1931) à l’École supérieure de Commerce, à Paris. Après quoi, il travailla pendant un an avec son père à l’usine de fabrique de chicorée que dirigeait sa famille. Puis il fit son service militaire durant un an. Quelles furent ses réflexions pendant ce temps ? Nous n’en savons rien. Mais c’est alors qu’il décida d’orienter sa vie vers le sacerdoce. Un gros obstacle se présentait sur sa route. Son père refusait absolument de lui accorder sa permission. Il comptait en effet sur lui pour prendre la direction de l’usine de chicorée. Apprenant par La Croix le décès du P. Pascarel, M. le chanoine Jolibois a confié quelques souvenirs au Bulletin diocésain de Beauvais : « En sortant du collège du Saint-Esprit, avec l’impression d’une liberté retrouvée, il déclarait : “Maintenant, j’ai eu assez de messes pour toute ma vie.” » Pendant son service militaire, M. Jolibois conseilla à Jean Pascarel quelques essais de conversations avec son père, même par lettre s’il le fallait. M. Pascarel restait inflexible !
Et voilà que M. Maurel, le Supérieur du grand séminaire de Beauvais, me dit un jour : « Je vais vous annoncer une nouvelle qui vous fera plaisir : M. Pascarel père est venu me voir pour inscrire son fils comme élève ! » Or la rentrée d’octobre se fait et aucune nouvelle de Jean Pasca¬rel ! Franchement je me demandais s’il n’avait pas changé d’idée, juste au moment où les difficultés s’évanouissaient — Non ! Le père n’avait rien dit à son fils de sa démarche, et le fils ne l’avait su que le jour même de son retour du régiment ! Et voilà Jean au grand séminaire de Beauvais. Une année ou deux se passent. Nouvelle surprise ! Jean me dit : « Je désire quitter le grand séminaire ! Je veux aller dans les Missions ! » A mon tour de faire obstacle à sa vocation ! « Il y a tant à faire dans l’Oise ! Les coins de « mission » ne manquent pas ! Et puis, tu as été élève au Saint-Esprit, donc autrement que dans la filière classique du petit séminaire ; cela te vaudra des appuis de toutes sortes, même financiers, parmi tes camarades ! Tu trouveras des facilités pour ton apostolat ! »
Réponse : « Justement, j’aurai trop de facilités dans l’Oise ! Aussi je veux mettre un grand sacrifice à la base de ma vie ! » Cette fois c’était moi qui recevais la leçon, ajoute M. Maurel. Évidemment, Jean Pascarel avait mûri sa décision.
Il fit sa demande d’entrée aux Missions Étrangères. Les renseignements fournis par le Supérieur du grand séminaire furent favorables. Il fut admis et entra aux Missions Étrangères, le 18 septembre 1936. Ordonné prêtre le 29 juin 1939, Il reçut sa destination pour la Mission de Moukden, en Mandchourie.
Laissons la parole à un confrère de son temps : « Qui ne se souvient de l’arrivée triomphale d’un beau jeune homme, élégant, beau parleur, marqué profondément par le scoutisme et ses origines bourgeoises, sportif, fou de gymnastique et passionné de natation : c’était Jean Pascarel. Tous les mercredis, jour de congé, c’était soit la piscine, soit la salle de gymnastique d’un patronage des environs. Avant son entrée au séminaire, ayant pendant deux ans « goûté » d’une École de commerce, c’est avec une légère pointe de vanité qu’il aimait à dire : « Quand j’étais à l’École de commerce » : simplement quelques cocoricos !
Mobilisé en 1939, il fut fait prisonnier : il aurait travaillé en usine, puis dans une ferme pendant ce temps de captivité. En tout cas, il n’en sortira qu’en 1945.
Ordonné prêtre depuis 1939, et destiné à la Mandchourie, il partit pour rejoindre sa mission le 24 mai 1946.
Le même confrère continue : « Lors de notre rencontre fortuite à Shang-Hai, faisant fi de notre modeste rafiot chinois, il était en attente d’un LST américain devant appareiller pour le port de Tien-Tsin. De fait, cet LST ne vint jamais. Il gagna la Mandchourie, on ne sait trop comment, pour un court séjour puis nous nous retrouvâmes à Pékin, à l’école de langue des Pères Franciscains. L’été venu, vacances à Moukden pour Jean et notre petit groupe. Là, petit intermède : sous la pression du P. Vérineux, pas encore évêque, mais vicaire capitulaire, l’inutilité de retourner à l’école de langue s’avéra une triste réalité. Notre Jean, naïf mais flatté, se sentait pousser des ailes avec un avenir brillant devant lui. Il devint effectivement, peu de temps après, membre du conseil épiscopal, assistant du P. Simonin et professeur de français à l’université d’État de Moukden. Assister à un repas chez nos deux confrères était un vrai poème : l’un érudit, l’autre cultivé ; discussions très animées avec consultations des auteurs à l’appui ; la poussière des dictionnaires ajoutait une douce saveur à nos agapes. Tout allait très bien, mais l’arrivée des communistes brouilla les cartes. Le P. Pascarel réussit à se maintenir à Moukden pendant encore un certain temps. Naturellement ses cours de français à l’université étaient supprimés pour la bonne raison que l’université était fermée. Il continuait à s’occuper de la paroisse, en attendant la suite des événements qui était facile à prévoir. Plusieurs confrères avaient déjà été expulsés. Son tour vint le 22 octobre 1951. Dirigé sur Hongkong, il y passa quelques mois, puis reçut une nouvelle destination, à Fukuoka, au Japon.
Au Japon
Une deuxième tranche de sa vie commençait. Arrivé au Japon le 19 janvier 1952, il gagna Kita-Kyushu, le centre du district, spécialement confié à la Société des Missions Étrangères. Sans plus tarder, il se mit à l’étude du japonais, sous la direction du P. Drouet : quelques éclats de voix de temps en temps, car le P. Pascarel aimait beaucoup aller au cinéma : ce qui ne plaisait pas tellement à notre bon Père Supérieur.
Au bout d’une année, il fut envoyé à Wakamatsu, comme socius du P. Dechamboux. Il y séjourna à peine un an. Se rendant compte de ses déficiences dans la connaissance de la langue japonaise, il demanda lui-même à venir à Tôkyô pour continuer ses études linguistiques. Au bout d’un an, il fut nommé à la nouvelle paroisse de Mizumaki. Mais comme il ne pouvait s’y rendre immédiatement, il passa quelques mois à Tobata. Quand la chose fut possible, en 1955, il partit pour Mizumaki où il devait rester jusqu’en 1970. On peut dire que c’est là le point culminant de sa vie missionnaire. Mizumaki était un centre minier en plein essor à ce moment-là. C’est sur l’initiative et avec l’aide d’une base américaine des environs que naquit le projet d’une nouvelle paroisse : territoire relativement étendu, chrétienté dense : il acheta même de ses propres deniers un terrain pour ouvrir une école enfantine qui connut un rapide essor : aumônier de la Légion de Marie, pasteur dévoué ne rêvant pour ses enfants que de camps au bord de l’eau. Il fut même satisfait au-delà de ses désirs. Par suite de la baisse importante du fleuve, la marée, remontant dans les terres, envahit même le réservoir de Mizumaki, si bien que, comme les autres, le robinet du presbytère ne donnait plus que de la saumure ! Il faut avouer que cela ne vaut pas un bon whisky ! C’est durant cette période qu’il fut sollicité pour donner des cours de français à l’université de Kyushu. Il et était très fier d’ailleurs. Cela lui valut d’être décoré des Palmes académiques par le Consul général de Kôbé. Mais cette distinction ne semble pas l’avoir ému outre mesure.
Fin gourmet et excellent pâtissier, il savait fort bien recevoir. Il avait cependant gardé une mentalité de prisonnier — la peur de manquer — ou d’être lésé, se faisant à tort ou à raison le défenseur de la veuve et de l’orphelin. Par ailleurs, un « cœur d’or » au point d’en devenir naïf. Il s’occupa spécialement d’une jeune fille et de sa famille, mettant même ses frères à contribution. Il envoya cette jeune fille étudier en France. Il prit soin ensuite d’un jeune homme pour qui il dépensa beaucoup d’argent : ce qui montre sa générosité.
En 1970, avant d’aller à Iizuka qui fut son dernier poste, il s’occupa pendant quelques années de l’orphelinat du P. Roulier : ce fut un échec et c’est bien compréhensible : on ne désirait qu’un adjoint et non un animateur. Pendant ce séjour à l’orphelinat, il fit preuve de beaucoup de patience, il faut le reconnaître !
Son séjour à Iizuka, où il succéda au P. Beignet rentré en France, fut agréable : il trouvait la mer un peu éloignée, mais ce n’était quand même pas le bout du monde. Il y administra une école enfantine. Chaque semaine, il se rendait à l’université de Kyushu pour y donner des cours de français. Dans cette petite paroisse de Iizuka, il eut quelques difficultés, étant donné son caractère irascible et ses impatiences : une vraie soupe au lait !
À quelques kilomètres de Iizuka, se trouvait un centre de regroupement de Vietnamiens qui avaient fui leur pays. Tous les dimanches après-midi, quel que fut le temps, il leur assurait une messe. De plus, à l’occasion de Noël et des grandes fêtes, il organisait, avec un groupe de jeunes de sa paroisse, des soirées récréatives et de bienfaisance au profit de ces Vietnamiens : ce qui dénote son esprit de charité.
Un autre point qu’il faut aussi signaler, c’est sa délicatesse de cœur . Il ne manquait jamais d’offrir à tous les confrères ses vœux de bonne fête ; à leur tour, ils essayaient de ne pas oublier la Saint-Jean.
Dans les réunions, il élevait parfois un peu le ton au cours des discussions. Mais s’il lui arrivait d’avoir blessé quelqu’un, il n’hésitait pas à demander pardon, même devant tout le monde, et personne ne mettait en doute sa sincérité. Ajoutons qu’il ne manquait pas d’humour : un confrère lui demanda à la fin d’une retraite ses impressions : « On voit que le prédicateur ne lit pas les mêmes romans que nous ». À un autre confrère qui lui conseillait vivement d’aller consulter un médecin, il répondit : « J’y suis allé il y a trois ans, il ne m’a rien trouvé. Je ne tiens pas à m’entendre dire que je n’ai rien : c’est une perte de face ! »
Et pourtant le P. Pascarel souffrait du diabète, mais il refusait de se soigner. Il aurait dû suivre un régime, mais il ne pouvait s’empêcher de manger ce qui lui plaisait, car il était un peu gourmand ! Bientôt il dut faire un séjour à l’hôpital et suivre une cure d’amaigrissement. Mais ce n’était déjà plus notre confrère de jadis. Il restait chez lui, sortait de moins en moins et radotait de plus en plus. Il commençait à devenir taciturne.
Il demanda son retour en France, ne voulant pas de la vie commune dans notre maison de société.
Il se retira à Lauris. Là nous l’avons vu durant quelques jours. Il était peu disert : heureux de nous voir et heureux aussi de nous voir partir ! Quand nous parlions du Japon, il revivait un peu. Le reste du temps, il le consacrait à la lecture de romans ou à regarder la télévision.
C’est avec beaucoup de peine que le P. Pascarel quitta le Japon où il avait bien travaillé pendant plus de trente ans. Son souvenir restera gravé dans le cœur de tous ceux — et ils sont nombreux — qui ont bénéficié de son dévouement et apprécié son amitié.
Comme l’état du P. Pascarel s’aggravait, il fut hospitalisé à Pertuis où il décéda dans la nuit du 3 au 4 juillet 1988. Son corps fut ramené sans tarder à Lauris où eurent lieu ses obsèques.
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Références
[3636] PASCAREL Jean (1913-1988)
Références biographiques
AME 1939 p. 238. CR 1947 p. 123. 1948 p. 14. 1951 p. 21. 1955 p. 17. 1956 p. 18. 1958 p. 24. 1960 p. 32. 1961 p. 31. 1962 p. 42. 1963 p. 49. 1964 p. 23. 1965 p. 37. 38. 1966 p. 41. 43. 1968 p. 124. 1969 p. 28. 29. 1974-76 p. 39. AG80-81 p. 51. 54. AG80-82 p. 45. 48. 85. BME 1936 p. 846. 1939 p. 666. 1940 p. 836. 1941 p. 130. 1948 p. 9. 166. 1950 p. 445. 1951 p. 257. 707. 780. 1952 p. 48. 129. 327. 1953 p. 699. 1954 p. 248. 341. 558. 1955 p. 32. 238. 449. 632. 1957 p. 453. 476. 538. 1107. 1958 p. 170. 711. 740. 839. 1052. 1053. 1959 p. 1055. 1960 p. 720. 928. 929. 930. 1961 p. 218. 379. 854. 855. EPI 1962 p. 396. 594. 789. 1963 p. 119. 120. R. MEP. 1963 N° 125 p. 46. Echos. Miss. 1943 p. 253. Miss. d'Asie. 1948 p. 126. Hir. N° 133. 218. EC1 N° 342. 405. 410. 426. 429. 431. 445. 507. 508. 617. 628. 764. EC2 N° 14P434. - 25P337. - 29/C2 p. 113. - 32P181. - 34P239. - 40P109. - 55/C2. - 56P273. 274. - 58P330. - 65P207. - 66P244. - 72P88. - 78P273. - 88P243. - 96P147. - 111/C2. - 142P211. - 174P522. - 178/C4. - 188/C2. - 192. 43. - 231/C2.
Notice nécrologique
Mémorial 1988 p. 58.