Article de Marie-Alpais Dumoulin, directrice de l’IRFA, paru dans la revue « Missions étrangères de Paris », n°584, septembre 2022.
A l’occasion des 200 ans du diocèse de Singapour qui ont été célébrés en 2021, malgré les restrictions dues à la pandémie, et auxquelles l’IRFA a eu la joie de collaborer en fournissant des matériaux historiques, nous tentons un bref retour sur l’histoire commune des MEP et de l’Église de Singapour, à travers quelques grandes dates et portraits de missionnaires.
1821 : le P. Laurent Imbert se rend à Singapour, marquant le début de la présence des MEP sur l’île.
Depuis 1819, l’île appartient à la Compagnie britannique des Indes orientales. Le vicaire apostolique du Siam, Mgr Esprit Florens, y voit l’opportunité d’ouvrir un poste. Le P. Laurent Imbert, alors professeur au Collège général de Penang, est missionné pour y repérer des catholiques. Dans une lettre à Mgr Florens datant du 12 décembre 1821, il signale qu’il n’en trouve qu’une douzaine, « tous dans un état pitoyable et un grand oubli de la religion ».
- Ill 1 : lettre du P. Imbert à Mgr Florens, Singapour, 13 décembre 1821, AMEP 7429
1827 : par un décret de Léon XII, la Congrégation de la Propagande attribue aux MEP la responsabilité de la mission de Singapour, qui dépend du vicariat apostolique du Siam.
Depuis Bangkok, Mgr Florens envoie alors sur l’île le P. Barthélémy Bruguière, son coadjuteur, suivi du P. Boucho et du P. Pierre Clémenceau. Arriveront ensuite les PP. Jean-Paul Courvezy et Etienne Albrand en octobre 1832. Le conseiller résident anglais leur attribue un terrain à Bras Basah Road, où le P.Courvezy entreprend la construction d’une petite chapelle. Le P. Albrand prend la charge de l’apostolat auprès de l’importante communauté chinoise de Singapour.
- Ill 2 : décret de Léon XII, 27 septembre 1827 (copie conforme faite à Paris en 1828), AMEP 256
1838 : suite à plusieurs conflits entre clergé portugais et MEP, menant même à des excommunications réciproques, le bref Multa praeclare de Grégoire XV limite la juridiction du Patronage portugais en Malaisie et précise les pouvoirs du vicaire apostolique MEP.
1841 : le bref pontifical Universi Dominici Gregis divise le vicariat apostolique du Siam en deux : le Siam oriental et le Siam occidental ou « Mission de la péninsule de Malacca », confié à Mgr Courvezy des MEP. Celui-ci gouverne la presqu’île de Malacca, qui ne comprend alors que cinq districts : Singapour, 500 catholiques ; Penang, 2 200 ; Mergui, 290 ; Tavay, 40 ; Malacca, 2 000. Il s’occupe de l’évangélisation des Chinois et achète un terrain pour y construire un évêché.
1888 : érection du diocèse de Malacca, avec Mgr Gasnier pour évêque. Sous son administration vigoureuse, 15 nouvelles résidences sont créées, beaucoup d’églises ou de chapelles s’élèvent, le nombre des catholiques est plus que doublé, l’enseignement chrétien prend une grande extension. Le gouvernement anglais appelle dans les hôpitaux de Singapour et de Penang les religieuses de Saint-Maur.
L’église Notre-Dame de Lourdes, dotée d’une coûteuse armature métallique, est érigée pour servir de paroisse à la communauté catholique tamoule. Le P. Meneuvrier, seul prêtre du diocèse parlant tamoul, en est le curé.
- Ill 3 : intérieur de l’église Notre-Dame de Lourdes, IMEP bt. Malaisie-SG 16
1897 : consécration de la cathédrale du Bon-Pasteur, construite par le P. Beurel à Singapour, dont le nom est tiré d’une phrase écrite par St Laurent Imbert peu avant sa mort comme martyr en Corée. 
- Ill 4 : la cathédrale du « Good Shepherd » en 1918, décorée par le P. Lambert pour célébrer la victoire française, IMEP bt. Malaisie-SG 15
1911 : ordination du premier prêtre local, le P. Michael Seet, d’origine chinoise. Voici ce qu’en écrit M. Mariette, curé de la paroisse chinoise de Saint-Pierre et Saint-Paul de Singapour : « Le 2 juillet 1911 fera époque dans les annales de notre église. Une cérémonie tout à fait extraordinaire s’y passait : l’ordination d’un prêtre, enfant de la paroisse. Le P. Michel Sih, né et baptisé à Singapore, est, en effet, le troisième fils de notre vieux Sih-Toa-Ti, qui, comme catéchiste, sert l’église avec dévouement depuis une trentaine d’années. Ses longs et fidèles services méritaient bien une telle récompense. L’ordination ayant lieu dans la ville épiscopale, il semble que la cérémonie eût dû se faire dans l’église cathédrale. Cependant, pour montrer sa satisfaction à la paroisse qui donne au diocèse le premier prêtre chinois né dans la presqu’île, Mgr Barillon eut la délicate attention d’accorder cet honneur à l’église chinoise et décida de faire la cérémonie, à Saint-Pierre, le jour même de la fête patronale ».
- Ill 5 : le P. Michael Seel, IMEP bt. Malaisie-SG 13
Ill 6 : Réception de Georges Clémenceau à la mission, IMEP bt. Malaisie fonds 2016
1927 : installation d’une communauté de réfugiés chinois de Swatow. Les P. MEP développent pour eux une pastorale en langue kahha et dans le dialecte du Fujian.
- Ill 7 : La communauté chinoise devant la petite chapelle en bois de Mandai, IMEP bt. Malaisie fds 2016
1934 : Mgr Devals est sacré évêque de Malacca.
1941 : raids aériens japonais sur Singapour. L’église Notre-Dame de Lourdes en est gravement endommagée.
1942-1945 : Singapour est occupée par les Japonais. Mgr Devals se porte au secours des catholiques chinois, en proie à une dure répression de l’occupant. Une partie du clergé est enfermée dans la prison de Changi et perçoit notamment le besoin d’accélérer la passation des pouvoirs ecclésiastiques dans les mains d’un clergé local.
- Ill 8 : les Pères de la mission entourant Mgr Devals, lors d’une retraite en 1941, IMEP bt. Malaisie-SG 18
1943 : les Japonais emmènent 3000 catholiques à Bahau, un camp de défrichement situé dans l’état de Negeri Sembilan. Mgr Devals et les PP. Becheras et Berthold les accompagnent. Au camp, même si la communauté catholique est très soudée autour de la chapelle qu’elle y a construite, les conditions de vie sont extrêmement dures, malgré les supplications répétées de Mgr Devals aux autorités japonaises. En janvier 1945, Mgr Devals meurt des suites de ces mauvais traitements. Suite à la défaite japonaise, le camp est dissout en septembre 1945 et les catholiques peuvent revenir à Singapour.
- Ill 9 : à Bahau, le salut à l’empereur, IMEP, dépôt du diocèse de Singapour
1947: épiscopat de Mgr Michel Olçomendy, archevêque de Malacca puis de Singapour.
Quand Singapour reprend son indépendance à la fin de l’essai de fédération Malaisie-Singapour, Mgr. Olçomendy demande la création du diocèse de Malacca-Johore, ce qui est fait le 18 février 1973 ; il ne garde plus que l’île de Singapour dont il devient l’archevêque.
Mgr Olçomendy prend de nombreuses initiatives sur le plan social. Il favorise l’insertion d’institutions telles que la Société de Saint-Vincent-de-Paul, le secours catholique, la JOC, la JEC, les Cœurs Vaillants ainsi que de nombreuses associations d’enseignants, de médecins et d’infirmières catholiques. Un collège prépare aux aumôneries de l’école polytechnique et de l’université. Ainsi, 44 prêtres indigènes, 60 prêtres des MEP, 6 jésuites, 6 rédemptoristes, 160 frères et 500 religieuses de différentes congrégations et institutions servent 105000 catholiques dans le diocèse. 
- Ill 10 : Mgr Olçomendy entouré de prêtres MEP, IMEP bt. Malaisie fonds 2016
1955 : les deux diocèses de Kuala Lumpur et de Penang sont érigés par division de l’archidiocèse de Malaca, et sont confiés à des prêtres locaux. Le P. Vendargon, tamoul, devient évêque de Kuala Lumpur tandis que Penang est attribué au P. Francis Chan, chinois.
1977 : Mgr Olçomendy se retire et apprend la nomination de son successeur, Mgr Yong, un prêtre qu’il avait ordonné et envoyé se former à Rome.
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