Jean de Guébriant est nommé vicaire apostolique de Canton en 1916. Parvenu dans son diocèse début 1917, il rapporte ses impressions sur cette ville bien différente du Sichuan (Xichang) qu’il a connu jusqu’alors :
« Je ne sais si j’arriverai jamais à bien comprendre certaines questions auxquelles rien, absolument rien, ne m’a préparé.
Cette ville est un tourbillon. Je crois qu’aucune agglomération chinoise ne l’égale en population et en activité. C’est vrai, probablement, de la seule ville avec ses faubourgs immédiats. C’est vrai, certainement, si on lui ajoute la banlieue. On y trouve des centres de 500 000 habitants. La ville seule en a au moins deux millions. Les flèches de la cathédrale le dominent, il est vrai.
J’avais toujours cru, je le vois bien maintenant, que cette province de Canton, avec son hinterland du [Guangxi] est, au point de vue de l’évangélisation, un morceau de Chine tout différent des autres (…) : caractères intraitables d’une population qui a conscience de sa force et de son intelligence ; xénophobie organisée par quatre siècles de contacts de heurts, langues diverses et compliquées, quatre ou cinq au moins, subdivisées en dialectes et sous-dialectes confus ; émigration abondante en Amérique, en Océanie, aux Indes, partout, d’où dislocation des familles et des chrétiens ; piraterie invétérée, incorrigible.
(…) Il y a des chrétiens nombreux qui ont passé une partie de leur vie au Pérou, aux îles Hawaï, à l’île Maurice, à Singapore, aux îles Gilbert et où encore ? (…). Une jeune chrétienne m’a amené une jeune femme arrivée du Guatemala. J’aurais voulu savoir l’espagnol ! »
[IRFA, archives, boîte Guébriant 03, lettres du 19 février et du 3 mars 1917 à Alain de Guébriant]
- Intérieur de la cathédrale de Canton
- Cimetière catholique de Canton : monument funéraire à la mémoire de soldats français morts durant l’expédition de 1857
- Vue de la pagode à cinq étages bordant l’enceinte de Canton
[IRFA, iconothèque, fonds P. Pic boîte 86a, 1901-1905]