Auguste DESGODINS1826 - 1913
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0675
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[675]. DESGODINS, Auguste, naquit à Manheulles (Meuse) le 16 octobre 1826. Il fit ses études théologiques au grand séminaire de Verdun et au séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Prêtre le 25 mai 1850, il fut nommé vicaire à la paroisse de Notre-Dame à Verdun et aumônier de la prison. Il organisa un cercle militaire dans une maison qu'il acheta de ses deniers, et qui aujourd'hui porte son nom.
Le 25 septembre 1854 il entra au Séminaire des M.-E., et le 15 juillet 1855 partit pour le Thibet. Il fut dirigé sur l'Inde d'où, espérait-on, il pourrait gagner la mission à laquelle il était destiné. Surpris à Agra par la révolte des Cipayes, ce n'est qu'en novembre 1857 qu'il gagne le Ladak avec un compagnon, M. Bernard, et au prix de bien des misères. Rappelé du côté de la Chine par son vicaire apostolique, Thomine-Desmazures, il est arrêté au Se-tchoan, et reconduit à Canton, d'où il repart pour le Thibet.
Avec Renou, il parvient à Lagong au-delà de Tchamouto ; il est bientôt obligé de se replier sur Bonga d'où il est chassé en 1864, après avoir été battu. Il s'installe à Gunra avec F. Biet et quelques chrétiens, puis à Yerkalo. Il est encore chassé de ce poste en 1873 par les lamas et leurs amis, mais il y rentre quelques mois plus tard, et y construit un modeste presbytère et un oratoire.
A cette époque et pendant de longues années, il adresse de nombreuses correspondances à la Société de Géographie de Paris, qui les publie dans ses Bulletins, offre au missionnaire en 1872 un compteur, lui décerne en 1880 le prix Logerot, et en 1890 la médaille Dupleix. En 1878, il avait reçu les palmes académiques.
En 1880, Mgr Biet, reprenant le projet de son prédécesseur, Mgr Chauveau, le prie de retourner dans l'Inde et de fonder, s'il est possible, des stations chrétiennes sur les frontières du Thibet, afin d'être prêt à pénétrer dans ce pays à la première occasion favorable. Desgodins quitte Ta-tsien-lou le 31 mai, muni d'une pièce qui le nomme provicaire et le délègue pour explorer la frontière sud du Thibet. Il s'arrête un certain temps à Calcutta, puis à Darjeeling [Sikkim], se met en relations avec les autorités civiles anglaises, les autorités ecclésiastiques, fait des explorations dans l'Assam, le Sikkim et le Boutan, et adresse à son évêque des rapports qui concluent à fonder une mission dans la partie du district de Darjeeling [Sikkim] située à l'est de la rivière Tista, et s'étendant dans les vallées de Pharidzong et de Towang, et dans le Boutan. Ces conclusions un peu modifiées sont soumises à Rome par Mgr Biet, et le 25 juin 1883, le Pape Léon XIII signe un décret ajoutant au vicariat apostolique du Thibet la partie civile du district de Darjeeling [Sikkim] à l'est de la Tista, et les vallées de Pharidzong et de Towang.
Le missionnaire se fixe à Padong, y construit un presbytère et un oratoire, compose et imprime lui-même plusieurs petits ouvrages de doctrine catholique pour les quelques catéchumènes qu'il recrute.
Après un voyage en France où il essaie de trouver des ressources, il retourne à Padong et continue son uvre.
En 1894, il part pour Hong-kong, et imprime à la maison de Nazareth le dictionnaire thibétain-latin-français composé par les missionnaires et auquel lui-même avait beaucoup travaillé. Les Anglais lui avaient proposé d'acheter le manuscrit de cet ouvrage ; il avait refusé, espérant que la France l'aiderait. Le volume édité en 1899, il publie encore plusieurs opuscules, et à l'âge de 77 ans regagne les Himalayas. Il avait donné sa démission de provicaire en 1897. Il meurt à Padong le 14 mars 1913. Il était à cette époque le doyen d'âge et d'apostolat de la Société des M.-E. Sa vie toute de travail, d'obéissance, de modestie, d'indéfectible persévérance dans des situations souvent très pénibles, est d'un grand exemple.
En souvenir de ses travaux géographiques, son nom a été donné à une montagne des massifs thibétains.
Nécrologie
M. DESGODINS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU THIBET
Né le 16 octobre 1826
Parti le 15 juillet 1855
Mort le 14 mars 1913
Le 14 mars 1913 s’éteignait, à Padong (Indes anglaises), notre vénérable et très cher confrère, M. Auguste Desgodins, dans la quatre-vingt-septième année de son âge, après soixante-trois ans de sacerdoce, dont cinquante-huit d’apostolat dans la mission du Thibet. Avec lui disparaît le dernier témoin des origines de cette mission, et l’un des principaux ouvriers de la première heure, dans cette partie difficile de la vigne du Seigneur. Aussi ses successeurs et confrères, héritiers des saints exemples de sa vie, ont-ils conscience, en dédiant quelques pages à la mémoire de ce vétéran du Thibet, de s’acquitter, envers lui, d’une dette de reconnaissance, et de lui donner un dernier témoignage de leur affectueuse vénération.
M. Auguste Desgodins naquit à Manheulles, diocèse de Verdun, le 16 octobre 1826, d’une noble et ancienne famille du pays. Son père avait été officier au régiment de Provence, puis lieutenant-colonel du 52e d’infanterie de ligne. De très bonne heure, il montra une grande piété et beaucoup d’inclination pour le service de Dieu ; et sa résolution d’entrer au séminaire n’étonna pas sa famille. Il fit ses études théologiques au séminaire de Verdun, puis à celui de Saint-Sulpice, à Paris. Ordonné prêtre en 1850, il fut aussitôt nommé vicaire à la paroisse Notre-Dame de Verdun ; il était, en même temps, aumônier de la prison. Ses occupations ordinaires ne l’absorbèrent pas au point de suffire à son activité ; il trouva le temps d’organiser un cercle militaire, dans une maison qu’il acheta de ses deniers, et qui porte encore aujourd’hui son nom. En 1854, à la mort de sa mère, il sollicita et obtint son entrée au Séminaire des Missions-Étrangères. Il y passa un an, et partit le 15 juillet 1855 pour la mission du Thibet.
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Depuis 1846, année de la création par Grégoire XVI du vicariat apostolique de Lhassa, les premiers missionnaires du Thibet n’ont pu encore que frapper aux portes de ce pays fermé. Les obstacles physiques, amoncelés par la nature sur les confins d’une contrée âpre et sauvage, ne sont rien. Les premiers pas des ouvriers évangéliques se heurtent à deux autres obstacles : la politique chinoise, qui sans doute tolère les missionnaires, mais là seulement où la fidélité aux traités s’impose ; et le bouddhisme thibétain, dont les lamaseries populeuses, riches et puissantes, ne peuvent voir d’un œil indifférent la prédication d’une religion rivale : n’y va-t-il pas de leur existence ? Aussi Chinois et Thibétains s’accordent-ils à merveille sur ce point : la porte du Thibet doit rester close aux étrangers. Déjà, sur la frontière-sud, MM. Krick et Bourry ont payé leur audace de leur vie ; sur la frontière du Su-tchuen, M. Renou, supérieur de la mission, en est à sa troisième expédition. Un établissement a été fondé à Bonga, mais combien fragile, hélas ! et combien précaire !
M. Desgodins, que le Séminaire de Paris présentait à M. Renou comme « un excellent sujet, plein de talent et doué d’une indomptable énergie », fut dirigé sur l’Inde. En janvier 1856, il arrive à Calcutta, où l’attend M. Bernard, supérieur local, et quelques jours plus tard, nos deux confrères sont à Darjeeling, sur la frontière du Sikkim. Au sud de la mission comme à l’est, il s’agit de trouver une voie pratique de pénétration. On a tenté quelque chose par la vallée du Brahmapoutre : MM. Krick et Bourry ne sont pas revenus...; le Bouthang, le Sikkim, le Népal ne présentent aucune chance de réussite, et on se décide à essayer, dans l’ouest des Himalayas, par le Ladak. Les deux missionnaires, en route pour Simla, sont surpris à Agra par la révolte des Cipayes : ils assistent à l’incendie de la ville, perdent tous leurs bagages, et sont contraints d’attendre plusieurs mois, dans la citadelle, la fin de cette guerre atroce. Enfin, la route du Ladak redevient libre ; et, vers le milieu de novembre 1857, MM. Bernard et Desgodins peuvent contempler, de Simla, la haute barrière qui les sépare du pays de leurs espérances. Mais le voyage se fait de plus en plus pénible, et l’on peut penser que ni les splendides forêts, ni les neiges étincelantes dans le lointain, ni les vallées creusées dans le roc par les torrents, que rien, en un mot, ne leur adoucit la fatigue des ascensions et les privations que leur imposent la pénurie des vivres, les intempéries, les misères de toute sorte. Mais où donc conduit cette route ? Les deux voyageurs n’en savent rien ; plus tard, des explorateurs nous le diront ; et, par eux, nous saurons que MM. Bernard et Desgodins marchaient, tout droit, vers une des régions les plus affreusement désertiques du Thibet ! Du moins auront-ils fait la volonté de Dieu, en faisant celle de leur supérieur. Cette expédition, d’ailleurs, ne fut pas inutile de tout point, car M. Desgodins ne se bornait pas à voyager ; il s’instruisait, et plus tard, les notes, prises en cours de route, seront utilisées par lui pour ses travaux de linguistique.
Cependant M. Bernard tombe malade, la fièvre le mine, il commence à douter du succès, l’avenir lui paraît sombre, et il se demande avec angoisse s’il faut aller plus loin. Tandis que les deux missionnaires étaient dans l’hésitation, une lettre leur parvint : Mgr Thomine-Desmazures, vicaire apostolique de Lhassa, les appelait près de lui, sur la frontière de l’est, désormais base unique d’opération. Ne se sentant plus capable d’affronter les rigueurs d’un climat rigoureux avec une santé ruinée, M. Bernard obtint de consacrer à la mission de Birmanie, avec toute sa bonne volonté, ce qui lui restait de forces ; tandis que M. Desgodins, jeune et vigoureux, déjà aguerri par deux années aussi mouvementées, prenait le chemin de la Chine. L’ancien fondateur du cercle militaire de Verdun se retrouva, à la traversée du Bengale, aumônier à la suite des troupes anglaises. De cette diversion, d’ailleurs en harmonie avec sa vocation, il garda le meilleur souvenir. En février 1859, il arrivait enfin à notre procure de Hongkong.
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A cette époque, l’entrée des missionnaires dans l’Empire chinois souffrait encore bien des difficultés d’ordre pratique ; notre confrère devait en faire l’expérience, à ses dépens. Vêtu en chinois pour assu¬rer son incognito, il traverse, en barque, toute la province de Canton, non sans noter, au passage, les différentes manières chinoises de se tirer d’embarras ; il traverse, en chaise à porteurs, la province du Foulan, où il se heurte maintes fois à des bandes de révoltés Taipin. Et tout cela, pour réussir à se faire arrêter, à son entrée au Su-Tchuen, par le préfet de Yeou-Yang : on venait de le reconnaître pour européen ; et, par malheur, il n’avait point de passeport ! Il eut beau parlementer, discourir, discuter ; d’ordre du vice-roi du Su- Tchuen, il dut reprendre le chemin de Hongkong. Quelques semaines après son arrivée, il repart : gardant toujours l’incognito, mais cette fois muni d’un passeport délivré par le vice-roi de Canton, il reprend son ancien itinéraire et atteint enfin Talinpin, résidence de son vicaire apostolique.
C’est à Talinpin que M. Desgodins s’initie sérieusement aux choses chinoises, à la pratique du saint ministère, heureux de trouver, dans ces occupations, l’oubli des fatigues passées et l’énergie pour les labeurs à venir.
Une ère nouvelle semblait alors s’ouvrir pour la Chine, tout à l’avantage de la prédication de l’Evangile : on était au lendemain du traité de Tientsin. Des passeports devaient être délivrés à tous les missionnaires catholiques ; l’évangélisation, désormais libérée de toutes prohibitions et tracasseries, promettait les plus beaux résultats à bref délai ; les circonstances étaient des plus favorables : Mgr Thomine décida le départ pour Lhassa. C’est à la suite de Sa Grandeur, que M. Desgodins mit, pour la première fois, le pied sur la terre thibétaine.
Tout d’abord, l’affaire marcha bon train : de Tatsienlou à Kiangkha, pas d’obstacles, et le jeune missionnaire partage les espérances de son évêque. On arrive à Kiangkha, territoire de Lhassa. Ici, l’élan des missionnaires se brise net contre la coalition des intérêts chinois et thibétains. Deux mois se passent en palabres sans fin ; on produit les plus beaux passeports du monde, mais on piétine sur place sans rien obtenir. On passera outre ; l’évêque, accompagné de MM. Renou et Desgodins, continue sur Tchamouto : là, les difficultés recommencent. Des envoyés de Lhassa leur déclarent formellement : « Nous sommes venus ici pour vous chasser, retournez sur le territoire de Bathang. » Les passeports s’exhibent de nouveau, peine inutile. La marche en avant apparaît de plus en plus comme une utopie irréalisable, et Mgr Thomine se décide à partir pour Pékin. Les deux missionnaires, eux, tiennent bon ; ils reprennent même la route de Lhassa, mais sont arrêtés à deux journées de Tchamouto. On crée l’isolement autour d’eux, on leur coupe les vivres. « Ce n’est qu’avec beaucoup de difficultés, mandait M. « Desgodins, et seulement pendant la nuit, que nous avons pu nous procurer un peu de viande. « Personne ne vient chez nous, ni chez les soldats, qui, depuis les défenses lancées contre « nous, ont eux-mêmes bien de la peine se procurer les choses nécessaires à la vie. On veut « évidemment nous faire mourir de faim ; et si cet état continue encore quelques jours, M. « Renou ne tardera pas à retomber malade. » Acculés à la famine, ils sont bien forcés de battre en retraite ; et, protégés par une escorte thibétaine, ils regagnent Tchamouto pour, de là, rallier Bonga.
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Bonga, ce cher berceau de la pauvre mission du Thibet ! Pourrions-nous résister au désir d’entendre M. Desgodins saluer, pour la première fois, cet humble nid, si péniblement édifié par M. Renou : « A un détour brusque de la route, raconte-t-il, nos yeux furent récréés par une lumière plus vive, nos poumons respiraient un air libre, nous entrions dans une vallée bien cultivée. Au centre, sur une petite proéminence, s’élève une belle maison, et, tout autour, quelques cabanes en pierres ou en bois, des écuries, une petite forge, un moulin. Lorsque nous approchons, les aboiements de quelques gros chiens nous semblent menaçants, mais on nous reconnaît pour des amis : un petit enfant vient à notre rencontre, et, au lieu de nous mordre, les chiens n’ont plus que des caresses à nous faire, pour fêter notre arrivée. Nous prêtons l’oreille, et bientôt nous entendons les doux noms de Jésus et de Marie ; notre cœur tressaille d’allégresse, nous éprouvons une joie intérieure que nous n’avions jamais ressentie, sur les terres encore païennes du Thibet. Nous sommes à Bonga ! Nous nous rendons à. la chapelle, et nous remercions Dieu de notre heureux voyage. »
L’état de la petite colonie fondée par M. Renou, n’était rien moins que brillant ; du moins, c’était un pied-à-terre, en même temps qu’un centre d’action. Et puis, tout le monde à la ronde connaît Bonga, tout le monde sait qu’à Bonga, des Européens prêchent la religion du Maître du Ciel. Nombreux sont ceux qui l’ont visité, soit comme travailleurs, soit comme simples curieux, soit même comme persécuteurs. Tous ont entendu parler du vrai Dieu, et chacun a pu en rapporter la connaissance dans sa famille.
Bientôt après leur arrivée, à Bonga, les missionnaires se remettent à l’œuvre ; plusieurs villages voisins se déclarent prêts à se convertir, et, sans hésiter, abattent leurs idoles. Sans doute, le motif d’un si beau zèle, chez les néophytes, n’était pas tout à fait pur ; mais on avait pris contact avec eux, et l’instruction religieuse élèverait peu à peu jusqu’à la foi pratique ces esprits grossiers et ignorants. Les missionnaires s’employaient avec zèle à cette besogne indispensable, et M. Desgodins, à Songta, baptisait, pour sa part, une quarantaine d’enfants et plusieurs adultes à l’article de la mort. Une assez longue maladie vint l’interrompre dans ses travaux ; mais, grâce aux soins dévoués de ses confrères, ainsi qu’à sa vigoureuse constitution, il triompha du mal et se remit bientôt à l’œuvre. L’heure de l’épreuve allait sonner.
A la nouvelle des conversions opérées dans la région de Bonga, les lamaseries voisines s’émeuvent : fortes de la malveillance des autorités à l’égard de la religion chrétienne et assurées de l’impunité, elles s’en prennent d’abord aux villages des néophytes, en vue de les détacher des missionnaires. Pour mieux s’assurer du succès, elles dépêchent des courriers aux trois grandes lamaseries de Lhassa ; elles insistent sur l’imminence du péril qui menace le bouddhisme, et conjurent les hautes puissances lamaïques de les aider, dans la guerre qui s’impose contre les étrangers. Les néophytes refusent, d’abord, tout compromis avec les adversaires de leur foi ; mais ils fléchissent, apeurés : les uns cèdent, les autres prennent la fuite.
Cette nouvelle bourrasque fut fatale à M. Renou ; le 17 octobre 1863 il rendait son âme à Dieu, léguant à ses successeurs l’exemple d’une ténacité, qui revivra chez la plupart d’entre eux. Cette mort fut pour la mission, déjà si éprouvée, une perte particulièrement douloureuse. Et puis, la haute protection reconnue par les traités se dérobe..., l’ennemi, sans doute, en a eu vent, car les attaques se font de plus en plus violentes ; les villages chrétiens sont sous le régime de la terreur, la situation devient intolérable, et Bonga doit être évacué. M. Desgodins réapparaît, quelques semaines après ; l’orage reprend plus furieux que jamais. Les chrétiens sont jetés en prison, et plusieurs mis à mort. M. Desgodins lui-même se voit l’objet des pires menaces, et presque la victime de voies de fait : au cours d’une bagarre, un énorme coup de pilon le couvre de sang. Enfin Bonga est livré aux flammes, sous les yeux mêmes des missionnaires.
Nous nous souviendrons toujours de l’émotion avec laquelle, bien des années après, notre vénérable ancien parlait de ces jours de calamités et de misères. Tout est-il donc perdu, et Bonga ne gardera-t-il rien du passage des ouvriers de la première heure ? « Il est temps de réoccuper le Tsarong, écrivait, en 1911, un missionnaire de la région, si l’on veut y trouver encore quelques-uns des anciens adorateurs de Bonga ; ils se font rares. Dans mon dernier voyage, j’ai eu le bonheur d’en entendre encore quelques-uns réciter leurs prières, apprises il y a à peu près cinquante ans ; ce qui prouve qu’ils les ont récitées bien souvent, sans quoi ils les auraient oubliées depuis longtemps. »
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Chassés de Bonga, les missionnaires se retirèrent dans cette zone de pays thibétains, annexés aux provinces du Su-Tchuen et du Yun-Nan, aujourd’hui connue sous le nom de Marches du Thibet. Mgr Chauveau, le nouveau vicaire apostolique, leur prescrivit de s’établir à proximité de la frontière de Lhassa, sans toutefois la dépasser.
M. Desgodins, assisté de M. F. Biet, était alors à Gunra, avec les chrétiens de Bonga. Les deux missionnaires prirent logement chez un païen, et, durant quelque temps, leur vie fut exempte de tout souci grave. Cependant leur hôte s’aperçut que la présence de ces étrangers, chez lui, n’augmentait pas suffisamment ses revenus, et il les congédia. Se voyant de nouveau sans feu ni lieu, ils demandèrent un gîte à une de leurs connaissances du village, peu éloigné, de Yerkalo : « Je veux bien, dit le thibétain ; choisissez entre ma maison et mon écurie ? » Ils choisirent la maison. Un peu plus tard, ils élevèrent une petite chapelle, et s’enhardirent même jusqu’à acheter un lopin de terre pour en faire un cimetière. Personne ne réclamant, ils achetèrent encore quelques terrains cultivables. Puis, encouragés par l’attitude bienveillante du second chef de Bathang, ils demandent et obtiennent l’autorisation de couper, sur la mon-tagne, assez de bois pour construire une demeure convenable. A la suite du succès de leur démarche, auprès du même personnage, dans une question de contrebande, où plusieurs habitants de Yerkalo se trouvaient compromis, la population reconnaissante ne dissimula plus ses sympathies : les « pierres précieuses », comme on les appelait, purent procéder tranquillement à leur installation. Après quelques mois de travail, M. Desgodins faisait l’inauguration de sa nouvelle résidence, le 15 août 1873.
Le nouveau poste était à peine fondé, qu’il fallait déjà l’évacuer. Au commencement d’octobre, les résidences de Bathang et de Rongmé étaient détruites, et les missionnaires obligés de s’enfuir. MM. Desgodins et Biet, avertis à temps, prennent ce qu’ils ont de plus précieux, et confient le reste, avec leur résidence, à la garde des chefs locaux. Suivis de leurs chrétiens éplorés, ils gagnent le Yunnan, à travers bien des dangers, et vont attendre à Tsekou l’issue des pourparlers, engagés à propos de ces nouveaux pillages.
L’année suivante, grâce à une très opportune pression des autorités chinoises sur les lamas de Bathang, auteurs de cette persé¬cution, les pourparlers aboutissent rapidement. Le chef de la lamaserie et les deux chefs civils de Bathang promettent, par écrit, que désormais « les Européens embaumés, qui répandent la bonne odeur de la vertu, pourront, comme auparavant, habiter partout, en haut et en bas, etc... » M. Desgodins rentre à Yerkalo ; puis, les chefs, le peuple et les lamas signent un acte, déclarant que la bonne harmonie régnera éternellement entre les missionnaires et eux.
La chrétienté de Yerkalo se reforme, et, lentement, se développe. En 1876, elle a enfin une vraie chapelle : ce n’est plus l’ancien Bethléem, tant s’en faut ! Elle a 21 pieds de long, 15 de large et 11 de haut. « Elle a son sanctuaire et sa nef, écrivait M. Desgodins, son autel et son tabernacle ; le tout en bois bien sculpté. Je crois qu’un rubriciste n’y trouverait rien à redire.
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Vers 1877, les circonstances paraissant plus favorables, Mgr Chauveau reprit l’idée d’une pénétration au Thibet, par la voie de l’Inde. Il en conféra longuement, avec M. Desgodins, le seul qui eût l’expérience des choses de ce pays. Les cheveux du missionnaire avaient blanchi, son front s’était ridé ; mais ses forces gardaient toujours leur vigueur, et son cœur, sa vaillance. « Vous n’avez qu’à ordonner, Monseigneur, dit-il, et je suis prêt. » Puis, il suggéra qu’un pied-à-terre, en territoire anglais, serait nécessaire ; par là, on préparerait l’avenir. Mgr Biet, successeur de Mgr Chauveau, adopta ce plan ; et, en mai 1880, M. Desgodins, nommé provicaire, quittait, pour ne plus le revoir, ce Thibet oriental, où la lutte des missionnaires contre le paganisme se faisait plus âpre que jamais.
Quelques mois après, M. Mussot, jeune missionnaire arrivé directement de France, le rejoignit à Calcutta. Dans cette ville, M. Desgodins ne restait pas oisif : tout en cachant, suivant les instructions de Mgr Biet, la vraie signification de sa présence, il prenait contact avec les autorités civiles et militaires, dirigeait, par ses conversations, l’attention publique sur les choses du Thibet, recueillait, de différents côtés, tous les renseignements capables de servir ses vues secrètes, publiait articles et brochures sur ce pays qu’il connaissait si bien ; bref, ne négligeait aucun des moyens nécessaires ou utiles, pour assurer le succès de la mission, qui lui avait été confiée. N’oublions pas que c’est à Calcutta, qu’il commença ses travaux d’imprimerie : l’alphabet thibétain en trente-six pages, et le petit catéchisme en quarante pages, double travail exécuté par des ouvriers indigènes d’après des modèles écrits de sa main, sur papier autographique Il fut médiocrement content de cet essai : « Quel ouvrage ! disait-il, cela peut passer, à la rigueur. »
Mais où fonder l’établissement que l’on avait en vue ? M. Desgodins, suivi de M. Mussot, reprend le travail d’exploration, de la frontière du Népal au Brahmapoutre ; et, finalement, se décide à planter sa tente au bazar de Padong, à proximité de la vallée thi-bétaine de Chumbi. Il choisit un terrain convenable, et obtient sans difficulté l’autorisation du Gouvernement de l’Inde. Un peu plus tard, il reçoit avec une grande joie le décret de la Sacrée Congrégation de la Propagande, attribuant à la mission du Thibet, la partie du district de Darjeeling située à l’est de la Tista. Dès lors, M. Desgodins est bien chez lui, et, secondé par M. Hervagault qui lui tient compagnie, à la place de M. Mussot appelé dans le Thibet oriental, il assure son installation définitive. Le 7 avril 1884, les deux missionnaires arborent au faîte de leur nouvelle maison une grande croix, portant, en gros caractères thibétains, cette inscription : « Sacré-Cœur de Jésus, veuillez bénir ce peuple. » C’est, dit M. Desgodins, « notre déclaration de guerre au bouddhisme du Sikkim, du Bouthang et du Thibet, que la croix regarde en face, du haut de son piédestal. Que le Seigneur, fléchi par les prières ferventes du monde entier, fasse régner la croix de son divin Fils, non seulement à Padong, mais encore sur tous les peuples voisins ! La première conquête du Sacré-Cœur eut lieu, quelques jours plus tard : on me demandait des médecines pour un petit enfant thibétain, infirme et très malade. Je lui administrai la grande médecine de l’âme, en lui donnant le nom de Joseph. Mes médecines ne l’auront pas empêché d’aller voir son saint patron au ciel. » Ainsi, une maison assez grande avec chapelle, et, dans les environs, quelques milliers de familles thibétaines, népaliennes, boutaniennes et lepchas, voilà le Thihet-sud, au jour de sa naissance. Triomphe bien modeste, dira-t-on, et pourtant combien l’âme de notre cher confrère dut se sentir réjouie et reposée, après vingt-neuf années de travaux, de fatigues, de souffrances, de dangers et de déboires !
En 1890, M. Desgodins dut revenir en France, pour le règlement définitif de certaines affaires de famille. Il profita de ce voyage, pour orienter les sympathies publiques vers le Thibet et ses missionnaires. Il parla, dans des conférences données à Paris et à Nancy, devant des auditoires de spécialistes, sur le commerce du Thibet, ses produits, ses richesses. Aux âmes pieuses, il racontait l’histoire de la mission du Thibet, toute pleine de persécutions sourdes, de trahisons secrètes, de désastres sans éclat. Le missionnaire avait l’intention de faire imprimer le Dictionnaire thibétain, que lui et ses compagnons avaient composé ; voulant en faire une œuvre française, il déclina les offres de l’étranger. Mais, ne trouvant pas, même dans les cercles scientifiques français, l’appui matériel nécessaire, il renvoya à plus tard cet important travail, et reprit le chemin de l’extrême-orient.
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Explorateur, géographe, linguiste, colon, défricheur, maçon, M. Desgodins avait été tout cela ; nous allons maintenant le voir imprimeur, et cette qualité, pas plus que les autres, ne sera un hors-d’œuvre dans sa vie apostolique. Des livres de prières et d’instruction religieuse avaient déjà été composés par les missionnaires ; le Dictionnaire restait toujours à l’état de manuscrit, et M. Desgodins, en plus de sa collaboration à ces différents travaux, avait condensé en un « Essai de grammaire thibétaine » les notes qu’il avait recueillies sur les différents dialectes du Thibet. Tout cela demandait à être fixé. Mais le travail d’autographie et de lithographie, commencé à Calcutta et continué à Padong, ne pouvait donner rien de définitif : on résolut d’imprimer. Et M. Desgodins, l’homme de toutes les bonnes volontés, pour qui un simple désir du supérieur était un ordre, quitta de nouveau le cher Padong, pour s’installer à notre imprimerie de Nazareth, à Hongkong. Il devait y rester jusqu’en 1903.
Avec une souplesse de vertu, qu’il faut admirer dans un vieillard de soixante-huit ans, qui n’a guère connu que le grand air libre des montagnes, M. Desgodins se plie, dès le premier jour, au train régulier et presque minutieux de la vie de communauté. Sa ponctualité à suivre les moindres prescriptions du règlement de la maison, son exactitude aux offices et exercices quotidiens, sa déli¬catesse à ne souffrir aucune de ces exceptions, que son grand âge et ses infirmités eussent certainement expliquées et légitimées, tout cela sera, durant les huit ans qu’il passera à Nazareth, un sujet de grande édification pour les confrères, qui auront occasion de faire quelque séjour dans nos maisons de Hongkong. Et l’on ne saura ce qu’il faut le plus admirer en lui, de la force dont il donna tant d’exemples, au cours de ses rudes travaux, ou du courage qu’il déploya sur un théâtre si nouveau pour lui, où l’on penserait, de prime abord, qu’une vertu médiocre dût suffire.
M. Desgodins pousse son travail d’imprimerie avec la ténacité dont il est coutumier. Il est, tour à tour, fondeur de caractères, compositeur, correcteur. Le Dictionnaire surtout, avec son triple texte thibétain, latin, français, exige de sa part une sollicitude de tous les instants ; il y ajoute cette espèce d’amour-propre et de fierté du bon travailleur, qui garantit en toutes choses la perfection de l’œuvre. Cet ouvrage sera suivi de plusieurs autres de forme plus modeste, et notre confrère ne dira adieu à ses presses, qu’à la dernière ligne du dernier manuscrit. Si nos fidèles thibétains récitent maintenant leurs prières, étudient leur catéchisme, lisent là Vie de Notre-Seigneur dans un texte clair, net, impeccable, c’est à M. Desgodins qu’ils sont redevables de cette facilité ; et ses confrères pensent que le vieil imprimeur a bien mérité de la mission, pour laquelle il a travaillé à Nazareth.
Entre temps, M. Desgodins vient au secours des confrères de la maison, surchargés de besogne ; il s’offre pour le service des expéditions. Il faut croire que, dans cette ingrate fonction, il révéla quelques aptitudes. Une légende forgée sur place, avec une artistique caricature à l’appui, nous le montre penché sur une caisse, empilant des livres dans icelle ; brusquement, il se retourne : la Mort est là ! Il est des gens avec lesquels on ne discute pas ; le « pauvre vieux », c’est sûr, n’a rien à objecter, mais il faut finir la caisse : « Aide-moi, dit-il ; ensuite nous verrons. » La Mort se penche sur la caisse ; en un clin d’œil, deux bras vigoureux l’abattent au fond, le couvercle tombe et malicieusement notre vieux de le fixer avec des clous qui n’étaient pas, assure-t-on, de simple mie de pain ! Notre vénérable confrère fut d’ailleurs, le premier à s’amuser de cette fiction. L’âge avait respecté en lui quelque chose de la jeunesse ; il aimait la bonne gaieté et il conserva toujours une franche simplicité, dont personne du reste, n’eut jamais le mauvais goût d’abuser.
Beaucoup de missionnaires de notre Société ont connu, à Hongkong, notre cher défunt ; ils n’ont tous qu’une voix pour faire son éloge. Ce qui en lui les frappait, c’était cette activité tranquille, avec laquelle il faisait chaque chose en son temps et comme s’il n’avait rien à faire après ; c’était cette modestie sans raideur, derrière laquelle se cachait, pour citer le témoignage d’un missionnaire fort peu porté à l’adulation, « l’un des hommes les plus complets que l’on pût rencontrer » ; c’était cette pondération d’esprit, qui s’attache à la vérité généralement reconnue, aussi longtemps, du moins, que le contraire n’a pas été prouvé. Les missionnaires italiens de Hongkong eux-mêmes, n’avaient pour M. Desgodins que de la vénération, et ils tinrent à en donner un témoignage public, à l’occasion de ses « noces d’or » sacerdotales, en 1900 : mêlés à nos confrères, ils lui apportèrent le tribut de leurs chaleureuses félicitations.
Cette notice serait incomplète, si nous ne reproduisions ici, à la louange de notre vénérable confrère, l’éloge singulier que faisait de lui jadis Mgr Chauveau, au lendemain d’une négociation des plus difficiles : « Dans cette affaire, disait l’évêque, M. Desgodins nous a rendu un service important, moins encore par son intelligence, que par la docilité avec laquelle il a suivi la direction que je lui imprimais. Que cette direction fût sage ou maladroite, ce n’est qu’une question secondaire ; la question qui domine tout, en pareil cas, c’est qu’il y ait unité de vues et de langage. Nous traitions le procès à deux ; si chacun eût tiré en sens contraire, nous étions condamnés à l’immobilité, pour ne rien dire de plus. » Et, à ce témoignage du second vicaire apostolique du Thibet, s’ajoute, tout naturellement, celui de l’un de ses successeurs : « M. Desgodins fut par-dessus tout l’homme du devoir. Jamais il ne compta avec sa peine. Il suffisait qu’il connût un désir de son supérieur, pour travailler à le réaliser. »
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En 1903, le travail d’imprimerie, entrepris par M. Desgodins, était terminé. Nos confrères de Nazareth eussent été heureux de conserver, au milieu d’eux, cet exemple vivant de toutes les vertus, et lui-même se demandait si les années accumulées sur sa tête et ses infirmités qui s’aggravaient de jour en jour, n’étaient pas une preuve que Dieu voulait qu’il restât à Hongkong ; mais son cœur était à Padong ! Un incident décida son retour au Thibet-sud ; nous le relatons, parce qu’il met en relief la persistance de son amour pour le pays où il avait tant souffert, et son attachement inviolable à sa vocation apostolique. Une lettre venait d’arriver de Padong : les chrétiens tenaient à leur vieux Père ; ils s’étonnaient de sa longue absence, et d’aucuns se permettaient, à son sujet, une comparaison, assez peu flatteuse pour un missionnaire catholique : la vie était douce à Hongkong, disait-on ; M. Desgodins y jouissait de quelque grasse pension, comme d’autres missionnaires, non catholiques, ceux-là ! Touché à l’endroit sensible, le bon vieillard ne vit qu’un moyen d’affirmer, aux yeux des fidèles, sa persévérance dans l’esprit de sa vocation : aller mourir là où il avait travaillé. A soixante-dix-sept ans, il quitta Nazareth.
Padong le revit, mais combien usé, combien cassé ! Quatre confrères le reçurent à bras ouverts, et, dès lors, rivalisèrent de prévenances et d’affection à son égard, acquittant ainsi la dette commune d’amour et de vénération des missionnaires du Thibet. Qu’ils en soient cordialement remerciés !
Les dernières années de M. Desgodins vont se passer dans la retraite. Il prie tout le long de ses journées, et prépare, ainsi qu’il le dit lui-même, son cimetière. Malgré ses droits incontestables à une retraite complète, il tient à n’en user qu’à la dernière extrémité : il se charge des comptes. Besogne peu compliquée sans doute, à Padong, car elle ne l’occupe pas suffisamment, et il cherche autre chose : « Moi, qui ne puis faire, écrit-il, aucun ministère, je m’amuse, pour occuper mes loisirs et ne pas devenir la paresse incarnée sur mes vieux jours, à composer la Vie des Apôtres ; ce sera la continuation de l’histoire sainte et de celle de Notre-Seigneur, déjà imprimées. Ce sera aussi un livre de lecture spirituelle pour les chrétiens. » Pourra-t-il venir à bout de cette nouvelle tâche ? Il se le demande, car les infirmités se font cruelles : l’ouïe s’affaiblit, la vue baisse. En mai 1910, le voilà à sa soixantième année de sacerdoce. Il sanctifie cet anniversaire par une bonne retraite, et a la joie de recevoir, à cette occasion, la bénédiction apostolique. La mort de quelques aînés le fait doyen d’âge de notre Société : « Honneur assurément, dit-il; mais honneur dont personne ne jouit bien longtemps ; c’est plutôt un avertissement. » Avertissement encore, cette mort, dans les premiers mois de 1912, d’un confrère de Padong, de beaucoup plus jeune que lui. Désormais, l’éternité ne saurait être bien loin.
Depuis plusieurs années, M. Desgodins souffrait d’une hypertrophie du cœur. Sur la fin de 1912, le mal s’aggrava, et l’on put prévoir, à l’affaiblissement général du cher vieillard, l’issue fatale. Vers Noël, une bronchite vint compliquer la situation. Notre vénéré doyen ne se faisait aucune illusion, et il voulut recevoir, en pleine possession de ses facultés, les derniers sacrements, qui lui furent administrés par M. Douënel, assisté de M. Durel. Puis, rassemblant ses forces, il traça quelques lignes d’adieu à son évêque et à ses confrères du Thibet oriental : « Craignant de partir encore plus vite qu’on ne pense autour de moi, je vous écris ces quelques lignes, Monseigneur, pour vous faire mes adieux ainsi qu’à tous les confrères ; pour vous remercier de toutes les bontés que vous avez eues pour votre vieux doyen, et vous demander pardon des peines que j’aurais pu vous causer bien involontairement. Veuillez me pardonner toutes les fautes que j’ai commises au Thibet, et que je réparerai de mon mieux, si
Références
[0675] DESGODINS Auguste (1826-1913)
Bibliographie
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Dictionnaire thibétain-latin-français / par les missionnaires catholiques du Thibet ; [collab. de Auguste Desgodins, Charles Renou, Jean-Charles Fage, P. Giraudeau]. - Périgueux : Association des Hautes Etudes en Tibétologie, 1986. - XII-1087 p. sur 2 col. ; 16 cm.
Fac-similé de l'édition de Hongkong, 1899.
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