Jean MONTROUZIÈS1828 - 1878

[960]. MONTROUZIÈS, Jean-Pierre-David, naquit le 26 janvier 1828 à Réalmont (Tarn). Ses études au petit et au grand séminaire de son diocèse lui furent facilitées par un futur missionnaire de Cochinchine occidentale, Boyer de Lavergne. Après son ordination sacerdotale, qui eut lieu le 20 décembre 1851, il fut professeur à l'établissement Saint-Louis de Gonzague à Albi. Envoyé à Paris, à l'école des Carmes, par Mgr de Jerphanion, il obtint la licence ès-lettres. Après avoir été précepteur dans la famille Murat, puis dans la famille de Braché, il entra au Séminaire des M.-E. le 1er mai 1867, et le 26 novembre suivant il partit avec sa destination pour le Tonkin méridional.
Au lieu d'aller directement dans sa mission, il fut dirigé sur Hué, afin d'y collaborer à l'établissement d'un collège annamite que le roi Tu-duc avait prié Gauthier, le vicaire apostolique du Tonkin méridional, d'installer. Ce collège n'ayant pu être fondé, par suite du mauvais vouloir des mandarins, Montrouziès dut se borner à enseigner à quelques jeunes chrétiens la langue française et les éléments des sciences. Les autorités annamites ne purent supporter même cette faible initiative, et, en août 1871, le professeur fut forcé de quitter Hué pour le Tonkin méridional. Il résida pendant une année à Huong-phuong, dans le Bo-chinh. En 1874, il fut envoyé à Saïgon avec Michaud, pour exposer au gouverneur de la Cochinchine la persécution excitée dans le Tonkin par les lettrés. Ayant en 1875 fait un voyage en France, il en profita pour publier une petite carte du Tonkin méridional, et pour rédiger sur ce pays une étude géographique dont la publication resta inachevée. Il retourna au Tonkin en 1876, demeura à Xa-doai, et servit de secrétaire à l'évêque. Il mourut le 22 septembre 1878 à Xa-doai, province du Nghe-an.

M. MONROUZIÈS

MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONG-KING MÉRIDIONAL.

M. Monrouziès est décédé le 22 septembre 1878 , dans la cinquante-unième année de son âge . « Le cher M. Monrouziès , écrivait Mgr Croc , vient de rendre le dernier soupir . Mourir le jour de N.-D. des Sept-Douleurs , pour être enterré le jour de la fête de N.-D. de la Merci , c’est la récompense de ce pieux et aimable confrère pour sa dévotion à la sainte Vierge . »
M. Jean-Pierre-David Monrouziès était né à Réalmont (diocèse d’Albi) , le 26 janvier 1828. Il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1851 . Après avoir passé une douzaine d’années à Paris , dans l’enseignement privé , il entra au Séminaire des Missions Étrangères le 1er mai 1867 .
Vers cette époque , arrivait en France Mgr Gauthier , Vicaire apostolique du Tong-King méridional . Chargé par le roi Tu-Duc de fonder à Hué un collège de hautes études , il venait chercher le personnel et le matériel nécessaires à une entreprise dont le succès pouvait avoir une influence considérable sur l’avenir du catholicisme dans le royaume annamite . Mgr Gauthier trouva auprès du gouvernement français l’appui le plus bienveillant ; il reçut même des secours destinés à faciliter sa tâche , et il put s’embarquer à Marseille , le 25 novembre 1867 . M. Monrouziès fut un des deux Missionnaires emmenés par Mgr Gauthier pour travailler à l’établissement du collège annamite .
Les Missionnaires arrivèrent à Hué les derniers jours de février 1868 ; mais la fondation du collège , que personnellemnt le roi favorisait , fut retardée , puis entravée , et enfin empêchée par le mauvais vouloir des ministres . Un grand mandarin informa officiellement les professeurs que , « le gouvernement ne pouvant pas utiliser leurs services , ils étaient libres de repartir . » Un médecin , qui avait accompagné les Missionnaires , revint en France ; MM. Monrouziès et Renauld restèrent à Hué , à la disposition de Mgr Sohier , Vicaire apostolique de la Cochinchine septentrionale .
En attendant des circontances plus favorables , M. Monrouziès fut chargé d’enseigner à quelques jeunes chrétiens la langue française et les éléments des sciences . Mais cette modeste école portait encore ombrage à quelques grands mandarins , et , au mois d’août 1871 , M. Monrouziès alla rejoindre Mgr Gauthier au Tong-King méridional , Mission à laquelle il avait été primitivement destiné .
En 1874 , alors de la persécution qui , au Tong-King méridional , ruina plus de 200 chrétientés et immola près de 2,000 chrétiens , Mgr Croc , coadjuteur de Mgr Gauthier , envoya MM. Monrouziès et Michaud à Saïgon pour faire connaître la situation aux autorités françaises . Au mois de mars 1875 , peu après son retour au Tong-King , M. Monrouziès fut contraint par le mauvais état de sa santé de revenir en France .
Son séjour ne fut que de quelques mois . Il employa une partie de ce temps de repos à dresser la carte détaillée du Tong-King méridional et à rédiger la savante étude géographique dont la publication , commencée après le départ du Missionnaire , est malheureusement restée inachevée . M. Monrouziès s’était rembarqué pour sa Mission le 16 janvier 1876 , sans attendre une complète guérison . Il présumait trop de ses forces . Au Tong-King , il retrouva les mêmes causes d’affaiblissement qui avaient nécessité son retour en France . Il n’eut ni la force ni le temps de coordonner les notes qui devaient entrer dans la composition du vaste travail dont il avait conçu le plan et préparé les matériaux .
Pendant tout le cours de sa carrière apostolique , M. Monrouziès se fit remarquer par la ferveur de sa piété et la douceur de son caractère . Souvent malade , jamais il ne lui échappait la moindre plainte ; il opposait à la souffrance une patience et une gaieté que rien n’altérait. A une science peu commune il joignait une humilité profonde . Il est mort , emportant dans la tombe l’estime , l’affection et les regrets de tous .