Louis GODARD1845 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1067
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1870 - 1919 (Hanoi)
Biographie
Louis GODARD naquit le 13 novembre 1845, à Damrémont département de la Haute-Marne, diocèse de Langres, dans une famille chrétienne de cultivateurs-vignerons très aisés. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de Langres où dit-il : "Je n'étais pas un élève brillant... Je n'ai jamais été premier ni dernier d'ailleurs. J'ai eu un peu toutes les places intermédiaires.." A la fin de 1865, il passa au grand séminaire de Langres, où il fit ses études de philosophie et débuta en théologie, se montrant séminariste travailleur et appliqué.
Le 22 octobre 1867, il entra tonsuré au séminaire des Missions Etrangères et y acheva ses études écclésiastiques. Minoré le 6 juin 1868, sous-diacre le 19 décembre 1868, diacre le 22 mai 1869, il fut ordonné prêtre le 11 juin 1870, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 20 juillet 1870.
Arrivé à Hong-Kong, M. Godard dût attendre pendant plusieurs mois qu'une jonque chinoise consentit pour une grosse somme, à transporter une dizaine de missionnaires jusqu'à l'entrée du Tonkin. Le départ s'opéra à la fin de l'année, et dans la nuit du 31 décembre 1870 le groupe missionnaire aborda sur la terre du Tonkin, à l'embouchure du Thai-Binh. Leur arrivée jeta l'émoi parmi les mandarins de la région; il fallut parlementer, écrire à la cour de Hué pour obtenir des passeports; les nouveaux arrivés durent passer un mois ensemble dans une petite chrétienté aux environs de Hai-Duong, en attendant l'autorisation de continuer leur route. Le 17 février 1871, M.Godard était rendu à Ke-So auprès de son Evêque Mgr. Puginier.
M.Godard fut envoyé seul dans une chrétienté des environs de Ke-So pour s'initier à la langue et au ministère. Il connut quelques difficultés d'adaptation au climat. A la fin de 1871, il revint à la communauté de Ke-So pour recevoir une destination. Dès 1869, Mgr. Puginier avait songé à développer l'oeuvre de la presse. A cette fin, il avait commandé en France un important matériel d'imprimerie, lithographie et reliure qui parvint au Tonkin en 1871, peu après l'arrivée de M.Godard.
Un jour, Mgr. annonça à M.Godard qu'il le destinait à l'oeuvre de la presse. Ce dernier surpris ne put cacher sa répugnance pour ce travail. " Hè, lui dit l'Evêque,vous êtes venu en mission pour obéir !". M.Godard n'insista pas, et par obéissance, il se mit à faire de l'imprimerie et il en fit pendant cinquante ans. En même temps que la direction de l'imprimerie de la Mission, il reçut aussi la charge de la paroisse de Ke-So.
A la cathédrale de Ke-So, M.Godard s'adonna avec une foi vive et un zèle ardent au ministère paroissial. Pendant la période troublée de 1873 à 1885, il resta avec ses chrétiens. En 1898, il fit l'acquisition de quatre cloches pour la cathédrale de Ke-So. Le bourdon fit entendre pour la première fois sa voix, le 2 février 1899.
A l'imprimerie, M.Godard surveillait le service, la répartition du travail, corrigeait les épreuves. libellait les factures. L'établissement comptait une quinzaine d'ouvriers typographes, des manoeuvres, des catéchistes qui composaient les textes à imprimer et assuraient la surveillance technique. Six religieuses Amantes de la Croix exécutaient le pliage,le brochage et la reliure. L'histoire de l'imprimerie de la Mission du Tonkin Occidental depuis son origine jusqu'en 1919 est contenue dans l'agenda de M. Godard qui relate année par année, les travaux exécutés.
D'une santé assez faible,M.Godard vivait de peu, ne supportant ni oeufs ni laitage. Serviable, doué d'un bon jugement pratique, d'une grande bonté, par sa simplicité, il mettait tout le monde à l'aise, sachant à l'occasion, assaisonner ses réparties d'un grain de sel caustique.
Au commencement de février 1919, la grippe le saisit avec des complications broncho-pulmonaires. En quelques jours, il fut à toute extrémité. Le 5 février il reçut le sacrement des malades; il s'éteignit doucement le 12 février 1919, vers 8 heures du soir.
Nécrologie
M. GODARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
M. GODARD (Louis), né à Damrémont (Langres, Haute-Marne), le 13 novembre 1845. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 22 octobre 1867. Prêtre le 11 juin 1870. Parti pour le Tonkin le 20 juillet 1870, Mort à Ke-So le 12 février 1919.
Le 12 février 1919, à huit heures du soir, le bourdon de la cathédrale Marne ; ses parents, cultivateurs-vignerons très aisés, étaient de fermes vie apostolique de cinquante ans passés dans le même poste. C’est pour nous tous un grand exemple.
Louis Godard était né le 13 novembre 1845, à Damrémont, Haute-Marne ; ses parents, cultivateurs-vignerons très aisés étaient de fermes chrétiens. Ils lui firent commencer ses études au Petit Séminaire de Langres, d’où il passa au Grand Séminaire à la fin de 1865. Là il sentit sa vocation sacerdotale s’orienter impérieusement vers les Missions-Étrangères et son directeur spirituel jugea que l’appel de Dieu était indubitable.
Il alla donc achever ses études de théologie au Séminaire de la rue du Bac et le 11 juin 1870, il fut ordonné prêtre. Le 20 juillet suivant, il partait pour l’Extrême-Orient.
Arrivé à Hongkong, il dut attendre pendant plusieurs mois qu’une jonque chinoise voulut bien pour une forte somme, le transporter au Tonkin avec neuf autres missionnaires. Le départ s’opéra à la fin de l’année et dans la nuit du 31 décembre, à la faveur des ténèbres, ce groupe de futurs apôtres débarqua dans la région où plus tard devait s’élever Haiphong. Après quelques semaines passées à Hing, chrétienté de la Mission espagnole, le P. Godard se remit en route et, au commencement de février 1871, il arriva à Keso auprès de son évêque, Mgr Puginier, Vicaire Apostolique du Tonkin Occidental.
On était au lendemain des persécutions officielles de Tu Duc et les Missions du Tonkin n’avaient encore qu’une promesse de paix en vertu du traité de 1862. Leurs œuvres vitales avaient été détruites, seule la foi restait debout ; rien ne subsistait du village et des séminaires. A Vinhtri, le territoire avait été distribué aux communes environnantes. Le village de Keso ayant reçu les missionnaires dispersés, devint communauté centrale de la Mission avec résidence épiscopale ; mais tout était à réorganiser il importait de créer beaucoup de choses.
Après un séjour de quelques semaines à Keso, M. Godard, suivant la tradition de la Mission, fut envoyé seul dans une chrétienté des environs pour s’initier à la langue et se préparer au ministère apostolique. Les premières chaleurs l’affectèrent tout d’abord énormément et plus d’une fois il lui arriva de tomber en défaillance en célébrant la sainte messe. Puis il finit par s’y habituer et arriva même à les supporter mieux que la plupart de ses confrères. A la fin de 1871, il revint à la communauté de Keso pour recevoir une destination.
Dès 1869, Mgr Puginier avait à réorganiser et développer l’œuvre de la presse, si nécessaire au progrès d’une grande mission. Ses prédécesseurs, au commencement du siècle dernier, avaient bien installé une imprimerie en caractères annamites gravés sur des planchettes, et ce moyen, quoique primitif, avait permis de fournir à la Mission plusieurs ouvrages de grande utilité ; sous Mgr Retord on s’était procuré une petite presse à caractères mobiles pour les imprimés les plus courants, mais cela ne suffisait pas. Mgr Puginier avait donc commandé en France un très important matériel d’imprimerie, lithographie et reliure. Ce matériel étant arrivé au Tonkin peu après M. Godard, le jeune missionnaire fut chargé du service de l’imprimerie. Peu après on lui confiait la direction de la grande paroisse de Keso. Très actif et très pondéré, persévérant et toujours au labeur, il réussit à mener à bien sa double tâche.
A la cathédrale M. Godard prêchait habituellement chaque dimanche, à la deuxième messe ; il y manquait très rarement. En semaine il profitait de toutes les fêtes, de toutes les circonstances, pour adresser une parole d’édification à ses ouailles et ne perdait aucune occasion de glorifier et de faire aimer la Sainte Vierge. Fréquemment il laissait parler son cœur, semant toujours de bonnes paroles sans apprêt, comme il avait l’habitude de dire. Au confessionnal, il passait ses rares heures libres du jour et souvent une partie de la nuit, parfois la nuit entière, lorsque, menacés par les rebelles ou les pirates, les fidèles voulaient se tenir prêts à la mort. Il était inlassable et en voici des preuves péremptoires. Son agenda accuse 3.472 confessions en 1880, 3.053 en 1890, 2.909 en 1900. Les résultats dus à son zèle quant aux communions, les chiffres nous les révèlent avec leur éloquence 58.800 en 1912, 63.500 en 1913, 71.900 en 1914, 78.000 en 1915. S’il y eut un fléchissement en 1916, cela tint à l’inondation qui, cette année-là dura plus de trois mois.
M. Godard préparait aussi les enfants à la première communion, et leur nombre, qui ne descendit jamais au-dessous de 100 s’éleva parfois à 150. Il ne négligeait point les tout petits et tenait à les exercer lui-même aux actes de la confession. Dans les années 1880-1890, la moyenne de ces petits reçus au confessionnal est de 400 ; de 1900 à 1910, ce chiffre se monte jusqu’à 570.
Il prit également une large part dans la visite des malades et l’administration des derniers sacrements. Au 14 juin 1902, l’Agenda porte cette note : Extrême-onction et saint viatique à la mère du grand séminariste Dât, âgée de cent ans.
Le 15 octobre 1903, fête de sainte Thérèse, il assiste une de ses religieuses, relieuse pendant vingt-huit ans, Marie Nhin, qui meurt le jour même. Dans une note le Père ajoute : « C’est cette religieuse qui m’a donné la première inspiration des cloches de la cathédrale de Keso et qui m’a grandement aidé dans l’exécution de mon dessein. Sans elle, les cloches de Keso seraient encore dans les futurs contingents. »
Ces cloches, au nombre de quatre, furent acquises par le P. Godard en 1898. La première, do, s’appelle « Marie-Immaculée » patronne de la cathédrale et porte au bas l’inscription « Damrémont ». Son prix d’achat a été couvert par les souscriptions des Français de la région de Keso, Phuly. La seconde, mi, appelée « Louise-Françoise », a été payée par les paroissiens de Keso, surtout par Mme Tinh, la vieille mère de Sœur Nhin. La troisième, sol, baptisée « Joséphine-Marguerite-Marie » a été offerte par plusieurs familles chrétiennes des environs de Keso et des souscripteurs analogues d’autres chrétientés de la région ont donné la quatrième, do, dont le nom est « Jeanne-Philomène ».
Le bourdon fit entendre pour la première fois sa voix le 2 février 1899. Depuis, cette magnifique sonnerie remplit sa fonction naturelle d’ordre, de piété et de vie aux offices de l’Eglise : Vivos voco, mortuos olango, fulgura frango.
A l’imprimerie, M. Godard surveillait le service, la répartition du travail et corrigeait les épreuves. L’établissement comprenait une quinzaine d’ouvriers typographes et des manœuvres chargés de divers travaux ; des catéchistes composaient des textes et assuraient la surveillance technique. Six religieuses Amantes de 1a Croix, exécutaient le pliage, le brochage et la reliure. Grâce à M. Godard, cette œuvre de presse, cause de tant de bien, est un arbre bien planté qui continue et continuera à porter ses fruits : Defunctus adhuc loquitur.
Ceux qui n’ont point connu M. Godard se demanderont sans doute quel était l’homme qui, pendant cinquante ans, put fournir une telle somme de travail. Beaucoup sans doute se le figureront exceptionnellement doué. Eh ! bien, il n’en était rien. Ses forces physiques ne dépassaient pas la moyenne, sa santé resta toujours faible, mais il n’avait pas de tare physiologique et ne souffrit d’aucune maladie grave. Il vivait de rien, souvent d’un peu de riz et de quelques petits poissons grillés, trempés dans du « nuoc mam ».
Il faut chercher le ressort de son activité dans sa foi vive et sa confiance en Dieu en tout et par-dessus tout. C’est sur ce fondement que s’appuyait sa volonté toujours ferme avec une persévérance infatigable dans la monotonie des besognes quotidiennes.
Pendant cinquante années consécutives, il a travaillé sans jamais prendre ni vacances, ni congé.
Ce qui frappait le plus chez M. Godard, lorsqu’on le fréquentait, c’était sa simplicité, sa bonhomie originale ingénue et de bon aloi qui mettait tout de suite à l’aise. Simple il l’était en tout ; dans la piété, dans la prédication, dans le langage ordinaire, dans ses reparties souvent assaisonnées d’un grain de sel caustique, dans ses actes, il adoptait toujours les solutions les plus pratiques, dans sa vie matérielle il conserva le même mobilier pendant cinquante ans. Un trait entre beaucoup d’autres donne une idée de son caractère. Comme il avait rendu quelques services, par son imprimerie au Carmel de Hanoï, la mère prieure en l’en remerciant lui dit : « Nous aimons beaucoup le bon Père Godard ». — « Oh ! reprit le Père, vous n’êtes pas difficiles. »
Une autre caractéristique du Père c’était la bonté, l’obligeance. Sa porte était ouverte à tous, il était le refuge de tous ceux qui souffraient et peinaient. On l’appelait communément « le père du peuple », surnom bien mérité qui vaut tout un panégyrique. En 1883-87, nous avions un poste de soldats français dans la communauté de Keso. La chambre du Père était devenue leur « cercle » et il les recevait à toute heure comme s’il n’avait eu rien à faire. En tout, il cherchait l’occasion d’être utile aux âmes. Souvent, dans sa promenade habituelle du lundi, il emmenait tous ses catéchistes de l’imprimerie : « Aujourd’hui, disait-il, nous allons nous promener chez les païens pour leur prêcher la religion en exemple. »
Que de pécheurs même publics lui doivent leur conversion ! Au lieu de rompre tout rapport, il les visitait de temps en temps, il entretenait des relations avec eux « afin d’avoir une occasion, de se ménager une porte ouverte auprès d’eux à l’heure de la maladie ou de la mort ». Dès qu’il s’agissait du salut d’une âme, il ne reculait devant aucune fatigue.
Sa vie de labeur incessant finit par l’épuiser. Néanmoins il continuait de s’occuper activement de l’imprimerie, lorsqu’au commencement de février dernier la grippe le saisit avec des complications broncho-pulmonaires. En quelques jours il fut à toute extrémité.
Après avoir reçu l’extrême-onction le 5 février, il vécut encore une semaine, gardant sa pleine connaissance jusqu’à la fin.. Le 12 février à 8 heures du soir, il s’éteignait doucement. Beati mortui qui in Domino moriuntur.
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Références
[1067] GODARD Louis (1845-1919)
Références biographiques
AME 1919-20 p. 95. 193 sq (importante notice). CR 1872 p. 51. 1888 p. 229. 1892 p. 159. 1899 p. 386. 1908 p. 155. 1911 p. 129. 1917 p. 81. 1919 p. 63. 68. 175. 195. 1920 p. 47. 1926 p. 97. BME EC1 N°