Noël RONDY1848 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1168
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1873 - 1920 (Coimbatore)
Biographie
[1168] RONDY Noël, naît le 27 juillet 1848 à Souternon dans le diocèse de Lyon. Dans un premier temps séminariste dans son diocèse, il entre comme diacre au Séminaire des Missions Étrangères le 2 octobre 1872. Il est ordonné prêtre le 7 juin 1873 et part pour la mission de Coimbatore le 16 juillet suivant.
Il apprend le tamoul et l'anglais pendant quelques années. Nous sommes peu informés de sa vie missionnaire débutante. Mais nous le trouvons bientôt curé de la cathédrale de Coimbatore. C’est un pasteur dévoué qui essaie d'y faire fleurir la piété sous toutes ses formes. Il aide beaucoup son évêque, Mgr Bardou, pour la fondation de l'école secondaire St Michel dans l'enclos de l'église.
En 1891, après la mort du P. de Gélis, il est nommé vicaire général. Il conserve ces fonctions sous Mgr Roy et les remplit jusqu'à sa mort. Ses qualités sont appréciées, non seulement par le clergé et les fidèles, mais aussi par les hindous et les protestants, voire par les autorités civiles. Le gouvernement anglais (l'Inde est sous colonisation britannique) reconnaît officiellement son dévouement à la cause publique et lui décerne successivement la Médaille d'argent du Durbar et la Médaille d'or du Kaisar-I-Hind.
Pendant 23 ans, il est conseiller municipal de Coimbatore et à un moment difficile, cédant à la voix pressante du peuple, il accepte, à son corps défendant, de servir comme maire par intérim. C’est dans l'exercice de ces fonctions qu'un malheureux accident le force à rentrer en France pour y subir une opération difficile. Il recouvre la santé et pendant quelques mois collecte des aumônes à la demande de son évêque pour la nouvelle école St Michel qui, à ses débuts, pèse sur le budget de la mission.
Il est de retour en Inde lorsque éclate la guerre de 1914. Mgr Roy doit partir en Europe pour sa visite ad limina". Pendant l'absence de l'évêque, le P. Rondy administre le diocèse. C’est un moment difficile propice au découragement. Mais quand l'évêque revient à Coimbatore et reprend les rênes de l'administration, il retrouve des esprits remobilisés reprenant courage.
Pendant les années de guerre, le P. Rondy doit cumuler les charges pour pourvoir à tous les besoins : il est non seulement vicaire général, curé, aumônier du couvent indigène de la Présentation, mais il devient directeur de l'École industrielle. Au milieu des machines, des bois, des ouvriers, de la comptabilité, etc. il ne se trouve pas dans son élément, mais il faut à tout prix faire face aux circonstances.
Il tient bon malgré la fatigue et les soucis. Cependant, sa santé le force à ralentir ses activités. Il va consulter un spécialiste à Bangalore. On ne peut faire grand chose pour son estomac délabré. Il revient à Coimbatore et doit vite se rendre à l'évidence.
Alors il se résigne entièrement à la volonté de Dieu et reçoit le sacrement des malades avec foi et piété. Le 31 décembre 1919, lorsque les cloches de la cathédrale appellent le clergé et les fidèles à la bénédiction du Saint Sacrement, il dit aux confrères qui se trouvent près de lui : "Allez chanter le Te Deum de fin d'année, moi, j'irai le chanter au ciel." Le lendemain matin, il rend son âme à Dieu. Ses dernières paroles suggèrent un apparent paradoxe : "Une chose me fait peur, c'est que je n'ai pas peur de la mort."
Nécrologie
1919
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M. RONDY
VICAIRE GÉNÉRAL DE COÏMBATOUR
M RONDY (Noël), né à Souternon (Lyon, Rhône), le 27 juillet 1848. Entré diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 2 octobre 1872. Prêtre le 7 juin 1873. Parti pour la Mission de Coïmbatour le 16 juillet 1873. Mort à Coimbatore le 1er janvier 1919
La mort de M. Noël Rondy a fait un grand vide dans le diocèse de Coïmbatour. C’est une belle figure de prêtre apôtre qui disparaît. Par son zèle ardent, son amour des âmes, la multiplicité de ses travaux, il a mérité une place d’honneur parmi les grands missionnaires qui ont illustré la Société des Missions-Étrangères. C’est qu’il fut véritablement apôtre. Pendant les quarante-six ans de son apostolat, il se donna sans réserve au service de Dieu et au salut des âmes.
Il aima la sainte Eglise de toute son âme, il dévoua toutes les heures de sa vie apostolique à la prospérité des œuvres de la Mission de Coïm¬batour. Il aima l’Inde comme sa propre patrie : il s’intéressa activement à ses revendications religieuses, à ses aspirations politiques et à son progrès social. Mais c’est à la lumière du flambeau de la foi qu’il envisageait tous les intérêts matériels de son pays d’adoption ; ses qualités d’intelligence, de cœur, et de travail lui avaient acquis une autorité incontestée.
Il fut pour tous, prêtres et fidèles, un modèle de vertus sacerdotales et chrétiennes. Sa physionomie rayonnante reflétait l’ardeur enflammée de son cœur. Son visage, même quand il fut encadré de cheveux blancs, respirait l’énergie d’une âme qui ne vieillit pas : ni les travaux ni les ans ne lui firent courber le front.
D’une piété aussi énergique que son caractère, il était à quatre heures du matin en oraison près du Tabernacle. A l’autel il était comme transfiguré au sein des divins mystères. Dès son plus bas-âge il eut pour 1’Eucharistie et pour la Sainte Vierge une dévotion très vive qu’il s’efforça toujours d’inculquer dans les âmes qui lui furent confiées. Ses sermons pleins d’éloquence étaient inspirés d’une conviction profonde et d’une haute théologie, mais trop souvent au-dessus de la portée de ses auditeurs. Il avait beaucoup d’onction, comme il maniait avec aisance le tamoul et l’anglais, il fut un prédicateur de retraites très recherché.
Toujours digne dans ses paroles et dans ses actes, il inspirait le respect et la confiance à tous ceux qui l’approchaient. Dans ses directions et dans ses ordres, c’était d’abord le « fortiter » qui se faisait sentir, toutefois le « suaviter » suivait de près. Sa fermeté de caractère était, en effet, tempérée d’une grande volonté ; s’il fustigeait les délits avec véhémence, son cœur s’ouvrait toujours aux premiers signes du repentir. Sa clémence allait parfois si loin qu’on lui reprocha souvent, comme jadis à Notre-Seigneur Lui-même, d’être « l’ami des pécheurs » ; et de fait, il fut souvent leur refuge au risque même d’être trompé. On peut dire, en vérité, que les pas des pécheurs, des pauvres et des orphelins ont usé le seuil de sa porte. Mais son bon cœur fit de lui un médiocre financier, sa charité l’emportait toujours.
Tels sont les principaux traits de cette belle et grande figure. Mais M. Rondy n’a pas disparu tout entier ; il survit dans ses œuvres. Or ses travaux dans la Mission ont été nombreux et variés.
Dans la fondation du Collège Saint-Michel, du pensionnat et de l’orphelinat, il fut le bras droit de Mgr J. Bardou, lui-même premier organisateur du diocèse de Coïmbatour. La paroisse de la cathédrale eut en lui, pendant plusieurs années, un pasteur dévoué qui s’ingénia par ses instructions, confréries et œuvres de jeunesse à y faire fleurir la piété sous toutes ses formes. Partout où il passa, il a laissé l’empreinte de son âme, de sa foi et de sa charité. En 1891, quelques mois après la mort du P. de Gelis, il fut nommé, encore jeune, Vicaire Général, par Mgr Bardou, qui le tenait en haute estime. Il continua ses fonctions sous Mgr Roy, et les remplit jusqu’à sa mort avec un dévouement sans bornes. A deux reprises, à la mort de Mgr Bardou et, peu après, à la mort de Mgr Peyramale, évêque élu, il dirigea le diocèse de Coïmbatour en qualité d’administrateur apostolique.
Ses qualités furent appréciées non seulement par le Clergé et les fidèles, mais aussi par les païens et les protestants, voire même par les autorités civiles. Le gouvernement anglais reconnut officiellement son dévouement à la cause publique et lui décerna successivement la médaille d’argent du Durbar et la médaille d’or du Kaiser-I-Hind. Pendant vingt-trois ans il fut conseiller municipal de Coimbatore ; et, à un moment difficile, cédant malgré lui à la voix pressante du peuple, il accepta de gérer les affaires de la municipalité en qualité de maire par intérim. Ce fut dans l’exercice de ces fonctions civiles qu’un malheureux accident nécessita son retour en France pour y subir une opération que les chirurgiens de l’Inde n’osaient point entreprendre. L’opération faite et sa santé rétablie, il se préparait à rentrer aussitôt dans sa mission, lorsqu’il reçut une lettre de son évêque, qui lui demandait de rechercher quelques secours au profit du Collège Saint Michel de Coïmbatour, alors pesant fardeau pour la Mission. A cette occasion, il composa sur la Mission de Coïmbatour un opuscule intéressant pour les bienfaiteurs et les amis des Missions. Ainsi, de retour à son poste, pouvait-il dire que, pendant son éloignement forcé, il n’avait cessé de travailler pour son diocèse.
Lorsque éclata la grande guerre en 1914, pendant l’absence de Mgr A. Roy, qui allait faire sa visite ad limina, M. Rondy se trouva tout à coup en face de difficultés aussi graves qu’imprévues. Les ordres de mobilisation avaient fait brusquement des vides trop nombreux dans les rangs déjà clairsemés des ouvriers apostoliques ; mais notre Vicaire général aussi bon patriote que zélé missionnaire, ne se laissa pas déconcerter. Cependant ce fut pour lui un grand soulagement lorsque le pasteur du diocèse, bravant les dangers et les difficultés du voyage, revint quelques mois après et ressaisit les rênes de l’administration diocésaine. Au retour de Sa Grandeur, les vieilles classes venaient d’être appelées à leur tour sous les drapeaux. M. Rondy, en plus de ses fonctions de vicaire général, de curé de la cathédrale et de supérieur du Couvent indigène, dut accepter le poste absorbant de Directeur de l’Ecole Industrielle, laissé vacant par le départ de M. J. Perrin mobilisé, jusqu’à ce que celui-ci, renvoyé en sursis un an après, sur la demande de Monseigneur, put reprendre ses fonctions. Dans cet établissement, au milieu des machines, des bois et des comptes. M. Rondy ne se trouvait pas dans son élément, il l’avouait lui-même ; mais il fallait à tout prix faire face aux circonstances
Le travail était sa vie et son bonheur ; on se demandait comment, à son âge, il pouvait ainsi tenir. Or il tenait toujours.
« Les missionnaires ne devraient point mourir » disait un évêque missionnaire. Hélas ! ils meurent plus tôt que les autres mortels. M. Rondy lui aussi s’acheminait à grands pas vers la tombe : il avait beau se raidir, ses forces diminuaient rapidement. Lui qui avait toujours redouté l’obésité maigrissait maintenant de jour en jour. Son estomac, qu’il avait habitué à peu de nourriture, finit par refuser tout aliment ; pendant les cinq ou six derniers mois de sa vie, il ne vécut que de liquides. On lui conseillait de prendre du repos, mais le repos lui était aussi odieux que la nourriture à son estomac. Il consentit pourtant à aller consulter un spécialiste à Bangalore et celui-ci après l’avoir examiné aux rayons X, trouva son estomac ratatiné comme un vieux parchemin : « Voilà, dit-il, l’estomac d’un homme qui se suicide depuis quarante ans. » Il revint sans amélioration sensible et voulut continuer son travail jusqu’au bout. Pendant ses quinze derniers jours il ne prenait que de l’eau et malgré tout conservait l’espoir de guérir.
Quand il dut se rendre à l’évidence, il se résigna entièrement à la volonté de Dieu. Il reçut les derniers sacrements avec sa piété et sa foi ordinaires. L’avant-veille de sa mort, le 29 décembre au matin, il recevait encore la sainte communion, en grande tenue, à genoux au milieu de sa chambre. Il ne semblait pas souffrir, du moins pas une plainte ne sortit de sa bouche ; au contraire il chantait de pieux refrains selon son habitude à ses heures de tristesse.
Le 31 décembre au soir, lorsque les cloches de la cathédrale appelaient le clergé et les fidèles à la bénédiction du Saint Sacrement, il disait aux confrères qui se trouvaient près de lui : « Allez chanter le Te Deum de la fin de l’année, moi j’irai le chanter au ciel. » Le lendemain, à quatre heures du matin, heure habituelle de sa méditation, dans le calme et la paix il rendit son âme à Dieu. Quelques jours avant sa mort il disait au confrère qui le soignait : « Une chose me fait peur : c’est que je n’ai pas peur de la mort ». — Il aurait pu ajouter avec saint Hilarion : « J’ai servi un bon maître pendant soixante-et-onze ans, pourquoi craindrais-je d’aller le voir ? »
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Références
[1168] RONDY Noël (1848-1920)
Références bibliographiques
AME 1894 p. 84. 85. 1899 p. 85. 189. 1900 p. 55. 1901 p. 266. 1903 p. 188. 274. 1904 p. 241. 1913 p. 155. 1919-20 p. 95. CR 1874 p. 47. 1888 p. 197. 1896 p. 323. 405. 1898 p. 261. 1901 p. 254. 256. 312. 1903 p. 282. 290. 320. 322. 332. 1904 p. 266. 1905 p. 266. 1906 p. 254. 1907 p. 298. 1908 p. 260. 1910 p. 278. 279. 368. 1915 p. 147. 221. 1918 p. 117. 1919 p. 11. 172. 1921 p. 166. 1947 p. 272. BME 1955 p. 418.