Jean LAVASTRE1853 - 1894
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1358
Identité
Naissance
Décès
Biographie
[1358] LAVASTRE, Jean-François-Léon, originaire de Sainte-Eulalie (Ardèche), naquit le 11 (é) ou le 15 (m) octobre 1853. Il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 3 novembre 1874, fut ordonné prêtre le 22 septembre 1877, et partit le 27 décembre suivant pour le Cambodge. Il résida d'abord dans la chrétienté cambodgienne de Rosey-keo à Phnom-penh, et, dans le courant de l'année 1878, fut nommé à la paroisse de Hoa-lang (église de l'Immaculée-Conception), dans la même ville. Il administra en même temps le district de Meat-krasa, et fonda la station de Phlautrey. En 1880, il fut chargé du nouveau district de Tra-ho, et transféra sa résidence à Trabec où il éleva une église, un presbytère, et forma cinq chrétientés.
On lui confia, en 1884, le district de Cu-lao Tay ; les néophytes y étant très pauvres, il essaya d'améliorer leur sort par la culture du café ; il recueillit dans sa maison les petits garçons abandonnés, et fonda un orphelinat de filles tenu par les Amantes de la Croix. Atteint par la maladie, il vint en France en 1893 ; il en repartit à la fin d'octobre 1894, sans être guéri. En cours de route, son état s'aggrava tellement qu'on dut le descendre à Colombo (Ceylan) ; il mourut à l'hôpital de cette ville le 22 novembre de la même année.
Nécrologie
M. LAVASTRE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBODGE
Né le 12 octobre 1853.
Parti le 27 décembre 1877.
Mort le 22 novembre 1894.
M. Lavastre naquit à Sainte-Eulalie, canton de Burzet (Ardèche), le 12 octobre 1853 ; il arriva au Cambodge en 1877.
On nous écrit de Phnom.penh :
« Le cher confrère, dont nous pleurons la fin prématurée, a con¬tribué pour une large part aux progrès de l’Evangile dans notre chère Mission. Doué d’un caractère affable et enjoué, il avait reçu du Ciel le don de gagner les cœurs. Toujours infatigable, il ne comptait pour rien les plus grandes difficultés ; ni la distance à parcourir, ni le mauvais état des routes, ni les moustiques, ni le soleil brûlant, ni les privations de toute sorte n’étaient capables de l’arrêter, quand il s’agissait de sauver une âme. Longtemps sa santé parut ne pas souf¬frir de l’ardeur de son zèle, et cependant tout autre, à sa place, eût été bien vite épuisé.
« Sa libéralité ne connaissait pas de bornes : il donnait sans comp¬ter tout ce qu’il avait ; aussi manquait-il souvent du nécessaire. Il connaissait et parlait admirablement le cambodgien et l’annamite et ses prédications étaient très goûtées des indigènes.
« A son arrivée en mission, M. Lavastre travailla d’abord sous la direction de M. Silvestre. Il fit de rapides progrès et fut bientôt chargé de la chrétienté cambodgienne de Phnom-penh. ll n’occupa ce poste que pendant deux ans ; mais ce court laps de temps lui suffit pour se faire aimer de tous, donner une sérieuse impulsion aux œuvres de son district et grouper beaucoup de familles chrétiennes restées jusque là sans domicile. Il recruta en outre plus de cent catéchumènes.
« En 1880, Mgr Cordier ayant besoin d’un homme actif pour fon¬der un nouveau poste dans une province cambodgienne éloignée des autres districts et d’un accès difficile, Sa Grandeur jeta les yeuz sur M. Lavastre.
« Pendant les quatre ans qu’il passa à Trabec, notre confrère ren¬contra des difficultés et des contradictions sans nombre ; mais Notre-Seigneur lui donna la force nécessaire pour tenir tête à l’orage. Malgré Satan et ses suppôts, il recueillit, instruisit et baptisa 800 in-fidèles avec lesquels il forma cinq petites chrétientés. A peine l’église et le presbytère de Trabec étaient-ils terminés que Monsei¬gneur chargeait M. Guyomard du district de M. Lavastre. Quelques mois plus tard éclatait la guerre du Cambodge, et M. Guyomard tombait entre les mains des rebelles qui coupèrent son corps en mor¬ceaux.
« C’est dans le beau district de Cu-lao-tay que M. Lavastre passa les dix dernières années de sa vie de missionnaire. Il ne laissa jamais refroidir son zèle et recueillit, tous les ans, une belle gerbe de bap¬têmes. Profondément touché de la pauvreté de ses néophytes, il s’efforça de soulager leur misère en leur procurant des ressources, des terrains, et en essayant, dans leur intérêt, la culture du café. Il fonda un couvent d’Amantes de la Croix pour recueillir les orphe¬lines, tandis que sa maison servait d’abri aux petits garçons aban¬donnés. Pendant les premières années de son séjour à Cu-lao-tay il logeait dans une simple paillotte ; il désirait se bâtir une rési¬dence plus convenable, « ne serait-ce, disait-il en riant, que pour assurer un bien-être relatif à ses successeurs qui se feraient un devoir de prier pour le repos de son âme ».
« Malheureusement, l’argent nécessaire à cette construction fut difficile à trouver. Le surcroît de travail et les soucis que l’entreprise occasionna à M. Lavastre le fatiguèrent beaucoup, et il ne lui fut pas donné d’habiter longtemps son nouveau presbytère. Nous consta- tâmes bientôt avec douleur qu’il déclinait à vue d’œil et nous lui conseillâmes de prendre un peu de repos ; mais il se fit illusion jus¬qu’à la fin, ne se croyant pas malade.
« La terrible inondation de 1893 détruisit toutes les plantations des chrétiens de Cu-lao-tay ; ce désastre ruinait toutes les espérances de notre confrère. Son état empira dès lors et il se décida enfin à partir pour la France. Grande fut sa douleur de se voir ainsi obligé de quitter ses chers chrétiens. Toutefois une pensée adoucit quelque peu pour lui l’amertume des adieux : il allait revoir sa vieille mère !...
« Il passa dix mois en France ; mais son cœur, comme ses lettres le prouvent, était resté au Cambodge. Se croyant guéri, il s’embarqua à la fin d’octobre 1894, pour revenir dans sa Mission. Hélas ! il avait trop présumé de ses forces et sa santé ne résista pas aux fatigues de la traversée. Atteint, en pleine mer, de ce mal terrible qu’on appelle la tuberculose et se sentant mourir, M. Lavastre fit une retraite et une confession générale pour se préparer à paraître devant Dieu. Il dut descendre à Colombo, où les religieuses de l’hôpital lui prodi-guèrent leurs soins. Tout fut inutile : l’heure de la récompense allait sonner pour le missionnaire. Il eut la consolation d’entendre la messe, dans sa chambre, reçut pieusement le saint viatique et l’extrême-onction et rendit le dernier soupir, loin de sa mère, loin de la France et loin de sa chère Mission. Les chrétiens du Cambodge et les missionnaires pleureront longtemps sa mort.
« Notre cher confrère repose, dans le cimetière de Colombo, à côté de deux religieux qui, comme lui, ne sont pas arrivés à la desti¬nation qui leur était assignée. Le divin Maître s’est contenté de la bonne volonté de ses serviteurs et les a trouvés tous les trois mûrs pour son Paradis. »
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Références
[1358] LAVASTRE Jean (1853-1894)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1880, p. 69 ; 1881, p. 83 ; 1882, p. 77. - A. M.-E., 1913, p. 254.
Notice nécrologique. - C.-R., 1895, p. 340.