Emmanuel SOUVIGNET1855 - 1943
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1536
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1883 - 1943 (Hanoi)
Biographie
Henri, Emmanuel SOUVIGNET naquit le 25 décembre 1855 à Monistrol-sur Loire , diocèse du Puy, département de la Haute Loire, dans une famille de bourgeoisie terrienne.
Tonsuré le 7 juin 1879, il entra au Séminaire des Missions Etrangères le 11 octobre 1879. Minoré le 4 Juillet 1880, sous-diacre le 24 septembre 1881, diacre le 4 mars 1882, il fut ordonné prêtre le 23 septembre 1882, en même temps que son frère Jean-François Régis. Henri Emmanuel reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï), et son frère Jean François Régis, pour le Vicariat Apostolique de la Mandchourie, où il succombera sous les coups des Boxers,le 30 juillet 1900. Tous les deux partirent ensemble pour leur mission respective le 8 novembre 1882.
Arrivé au Tonkin à l'époque des démélés aigus entre la France et la Cour de Hué, Henri-Emmanuel fit son stage de formation de jeune missionnaire,en 1883-1884 à Ke-So, au sud de Hanoï, résidence des Vicaires Apostoliques du Tonkin de 1860 à 1886,.et coeur de la Mission. Durant cette période,en compagnie de M.Mollard, professeur au Séminaire, il dut organiser la défense de la Mission, contre les rebelles et les pillards qui infestaient la région.
Toute la carrière apostolique de M.Souvignet a eu pour théâtre la province de Ha-Nam, à part un court séjour dans celle de Ha-Dong. Il exerça d'abord son ministère à Ke-Non, ancien centre religieux du Vicariat, puis à Dôn-Chuôi, Ke-Song et enfin à partir de 1894-1895, à Phu-Ly, chef-lieu de la province de Ha-Nam, où il resta jusqu'à sa mort.
Très vite, il assimila tout ce qui avait trait à la vie du pays. Sa connaissance des lois et coutumes viêtnamiennes lui permit de rendre de précieux services à la Mission, et à toute la population de la région. Il s'interessa à l'histoire, à l'ethnologie,à la législation, aux courants religieux viêtnamiens, à la linguistique, ainsi qu'à l'architecture. En 1903, sous le pseudonyme de A+B, il publia son ouvrage le plus connu, et qui fut un grand succès: "Variétés Tonkinoises",dont il employa les bénéfices de la vente à la construction de l'église de Phu-Ly, achevée en 1907. Il en avait dressé lui-même les plans et dirigé les travaux.
La mission de Vinh fit appel à ses compétences pour établir les plans de sa cathédrale à trois nefs et qui mesure 50 mètres de long,16 de large,et 14 sous clef de voûte. Elle fut bénite par Mgr. Eloy le 12 mai 1929. M. Souvignet fut aussi l'architecte de l'église de l'Immaculée-Conception à Thanh-Hoa que Mgr. De Cooman consacra le 8 décembre 1929.
M.Souvignet publia diverses études de linguistique comparée, d'autres sur les religions d'Extrême Orient, sur le calendrier impérial. Il se passionna pour les caractères chinois, science dans laquelle il s'acquit une réputation méritée. Il fit même du journalisme, et on pût lire, dans la presse tonkinoise, un certain nombre d'articles écrits d'une plume alerte élégante et originale.
Homme d'étude, et de foi robuste, grand travailleur intellectuel, personnalité fortement accusée, original par tempérament, architecte et bâtisseur, écrivain, causeur brillant et quelque peu caustique, avocat par nécessité, craint des chicaniers retors, fort apprécié des enfants, faisant de la chasse un de ses passe-temps favori, mais tout donné à sa mission spirituelle, sous une apparente rudesse, M.Souvignet eût le constant souci d'aimer et de faire aimer le peuple viêtnamien en le faisant mieux connaitre.
En Septembre 1932, il célébra dans l'intimité ses noces d'or à Phu-Ly. Vers 1941,bien que demeurant en possession de ses facultés intellectuelles, ses forces physiques commençèrent à décliner, et Mgr Chaize lui donna un auxiliaire. C'est à Phu-Ly qu'il s'éteignit le 19 mars 1943,à l'ombre de son église, dans le modeste presbytère qu'il avait refusé jusqu'au dernier moment de quitter.
Nécrologie
[1536] SOUVIGNET Emmanuel (1855-1943)
Notice nécrologique
Nous avons perdu, en la personne de M. Souvignet, décédé dans sa 88e année, après 60 ans de séjour ininterrompu au Tonkin, le doyen d’âge du Vicariat, vice-doyen des Missions d’Indochine et de toute la Société. M. Henri-Emmanuel Souvignet, né le 25 décembre 1855 à Monistrol-sur-Loire, diocèse du Puy, d’une famille de bourgeoisie terrienne, se détourna de la vie aisée qui l’attendait dans le monde pour répondre à l’appel divin et embrasser la rude existence du missionnaire. Ordonné prêtre au Séminaire de la rue du Bac, le 23 septembre 1882, il s’embarqua le 8 novembre suivant pour le Vicariat du Tonkin occidental. Parmi ses compagnons de traversée se trouvait son propre frère, Régis, d’une année plus âgé que lui, prêtre le même jour, et destiné à la Mandchourie, où il devait tomber en 1900, sous les coups des Boxers.
M. Souvignet arriva au Tonkin à l’époque des démêlés aigus entre les Représentants de la France et la Cour de Hué, démêlés d’où allait sortir l’établissement du protectorat français sur le pays. Plusieurs fois, en 1883-1884, au cours de son stage de jeune missionnaire à Ke-so il dut organiser la défense en compagnie de M. Mollard, professeur au séminaire, à la tête de séminaristes, catéchistes et jeunes gens du village contre les bandes de rebelles et de pillards qui, infestant la région, s’en prenaient de préférence à la population catholique. Très brave, notre capitaine improvisé avait presque toujours le dessus dans ces rencontres. Il prit même à l’ennemi plusieurs étendards et quatre petits canons de bronze que l’on a pu voir longtemps à notre communauté de Ke-so. Ils furent finalement fondus pour en faire des cloches.
Toute la carrière apostolique de M. Souvignet a eu pour théâtre la province de Ha-nam, à part un court séjour dans celle de Hadong. Il exerça d’abord son ministère à Ke-non, ancien centre religieux du Vicariat, puis à Dôn-chuôi, Ke-sông et enfin, à partir de 1894 ou 1895, à Phu-ly, chef-lieu de la province. Animé d’une grande activité, parcourant sans cesse son district, il s’assimila très vite tout ce qui avait trait à la vie du pays. Sa connaissance des lois et coutumes annamites en particulier, lui permit de rendre de précieux services à la Mission,, ainsi qu’à la population catholique et même païenne de la région. Il employait ses loisirs à des études d’histoire, d’ethnologie, de législation, voire d’architecture, et particulièrement à celle des caractères chinois, science dans laquelle il s’acquit une réputation méritée. Il publia diverses études de linguistique comparée, d’autres sur les cultes extrêmes-orientaux, taoïsme, bouddhisme, confucianisme, sur le calendrier impérial, etc... Il fit même, à ses heures, du journalisme et l’on a pu lire de lui dans la presse tonkinoise nombre d’articles écrits d’une plume alerte, originale et souvent élégante.
Mais le plus connu de ses ouvrages est celui qu’il publia en 1903, sous le pseudonyme de A + B et le titre modeste de : « Variétés tonkinoises ». Ce livre est, selon l’expression de l’auteur, « comme un tableau réduit des mœurs et institutions du peuple annamite » ; et il ajoute : « C’est, croyons-nous, faire œuvre utile, œuvre sociale, que de livrer au public — surtout au public français — une clef qui facilite, par l’assimilation de ses us et coutumes, la pénétration morale de ce pays et par-dessus tout le secret d’aimer ce peuple en le connaissant mieux. » Les « Variétés tonkinoises » eurent un grand et légitime succès. Les bénéfices réalisés sur la vente de ce livre furent employés à la construction de l’église de Phu-ly, dont M. Souvignet lui-même dressa les plans et dirigea les travaux. La Mission eut d’ailleurs recours à ses connaissances en architecture pour la construction de plusieurs autres églises, notamment celle de Vinh, au Tonkin méridional.
Longtemps, l’âge sembla n’avoir point de prise sur sa vigoureuse constitution. Septuagénaire, octogénaire, il continua à tenir seul son poste, voulant, disait-il, « mourir sur la brèche ». Les deux dernières années cependant, ses forces physiques déclinèrent sensiblement, et Mgr Chaize dut lui donner un auxiliaire. Mais il demeura en possession de ses facultés intellectuelles, continuant son labeur tout en se préparant à la mort avec son courage habituel et une grande confiance en la miséricorde de Dieu. Il s’éteignit le 19 mars 1943, à l’ombre de son église, dans le modeste presbytère qu’il avait refusé jusqu’au dernier moment de quitter. Des missionnaires français, des prêtres annamites, toutes les autorités provinciales et une foule imposante de catholiques venue des paroisses environnantes accompagnèrent son cercueil.
M. Souvignet laisse à ceux qui l’ont connu le souvenir d’une personnalité fortement accusée, d’un grand travailleur intellectuel, d’un missionnaire aimant à vivre simple et retiré, très original, mais de foi robuste et, sous une apparente rudesse, foncièrement bon envers les petits et les humbles.
Références
[1536] SOUVIGNET Emmanuel (1855-1943)
Bibliographie :
"Variétés Tonkinoises" par A+B , Hanoï, Imprimerie Schneider, 1903
Notes Bio-bibliographiques:
AME 1910/p.281 "De l'Enseignement annamite", par M. E.Souvignet, Missionnaire Apostolique
AME 1912/p.309 "Le merveilleux annamite" par M. E.Souvignet, Missionnaire Apostolique
BME 1931/p.879 "Une date mémorable" Souvenir de la grande piraterie au Tonkin. (Extrait de l'Avenir du Tonkin, 19 Août 1931)
BME 1932/p.508 "Correspondances Lexicologiques entre le SANSCRIT, le CHINOIS, et l'ANNAMITE"
Références biographiques
AME 1910 p. 281 (art.). 1912 p. 309. 1933 p. 44. 45. 1938 p. 9.
CR 1882 p. 103. 1890 p. 241. 1893 p. 10. 11. 1894 p. 18. 1907 p. 170. 1918 p. 61. 1919 p. 66. 1922 p. 99. 1929 p. 133. 1940 p. 120. 1947 p. 211.
BME 1929 p. 436. 1930 p. 86. 1931 p. 879. 1932 p. 508. 520. 942. 1934 p. 346. 1935 p. 668. 1936 p. 452. 1939 p. 204. 426. 1940 p. 205. 417. 481. 1941 p. 189.
EC1 N° 434.