Marcel VIGNALET-VERGÈS1922 - 2009
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3793
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Laos
- Région missionnaire :
- 1947 - 1976
Biographie
[3793] VIGNALET-VERGÈS Marcel est né le 13 mars 1922 à Lagos (Pyrénées-Atlantiques).
Ordonné prêtre aux MEP le 29 juin 1947, il part le 24 décembre suivant pour la mission du Laos.
Après l’étude de laotien à Paksé, il est chargé du poste de Mahaphom, de 1949 à 1954, avec en outre la charge de la procure de la mission à partir de 1952. Il est ensuite curé de Paksé (1954-1966), de Paksong-Saravane (1966-1968) et de Khong Sedone (1968-1976).
Expulsé du Laos en 1976, il est ensuite chargé de la pastorale des réfugiés lao à Paris jusqu'en 1980. De 1980 à 1993, il est supérieur de la maison de Paris, puis de 1993 à 1996, supérieur du sanatorium de Montbeton. Il est ensuite rappelé à Paris pour le service de la maison jusqu’en 2004, puis il se retire définitivement au sanatorium de Montbeton.
Il meurt le 22 février 2009 à Montbeton.
Nécrologie
[3793] VIGNALET-VERGÈS Marcel (1922-2009)
Notice nécrologique
Marcel Vignalet est né le 13 mars 1922 à Lagos, près de Pau, dans les Hautes-Pyrénées. Ses parents, Félix Vignalet-Vergès et Marie-Henriette Soubielle, étaient agriculteurs. Ils le firent baptiser dans l’église de Lagos trois jours après sa naissance et lui donnèrent tout naturellement une éducation chrétienne, comme ils l’avaient fait pour les deux sœurs aînées de Marcel, et comme toute famille catholique le faisait alors dans la région. Après les années d’études primaires à Lagos, en 1934 Marcel entra au petit séminaire de Nay et c’est, semble-t-il, sans hésitation qu’au terme de ses études secondaires il entra ensuite au grand séminaire de Bayonne en 1940. Il ne devait y rester qu’un an. Dès 1941 il demanda à être admis et fut effectivement reçu, le 6 octobre 1941, au séminaire des Missions Étrangères à Paris.
La France est alors sous le régime de Vichy. Comme la plupart des séminaristes de l’époque, Marcel Vignalet dut très bientôt interrompre le cours de sa préparation au sacerdoce. Pierre Laval, qui a été appelé en avril 1942 par le maréchal Pétain à former un nouveau gouvernement, est un fervent partisan de la collaboration avec l’Allemagne. Sous prétexte de lutter contre le marxisme de l’U.R.S.S., à laquelle cette dernière a déclaré la guerre, il décide en 1943 de lui venir en aide et organise à cette fin le service du travail obligatoire, le S.T.O, pour tous les jeunes français nés en 1922 et en 1923, système qui les astreint à aller travailler dans les usines d’armement allemandes. Marcel Vignalet, né en 1922, fait partie de ceux qui doivent partir. Le supérieur du séminaire de Paris a pris le parti de laisser aux séminaristes concernés le choix de la décision à prendre pour échapper au travail obligatoire : retourner dans leur famille pour se cacher, ou entrer dans un réseau de résistance clandestine en France, ou encore gagner l’Angleterre ou l’Algérie et rejoindre l’armée de libération de la coalition anglo-américaine. Avec quelques condisciples du séminaire Marcel Vignalet décide de rejoindre la France libre. Passant à travers les filets de la milice et de l’armée d’occupation, il franchit les Pyrénées pour se rendre en Afrique du Nord à travers l’Espagne. Et ce n’est pas sans difficultés qu’il atteindra son but. Emprisonné pendant un temps avec d’autres en Espagne, il finira après de multiples péripéties par être incorporé dans un régiment de parachutistes, et c’est comme sergent parachutiste qu’il prit part en 1944 aux combats pour la libération de la France, dans la première armée française, commandée par le général de Lattre de Tassigny.
La petite histoire a retenu une anecdote que l’intéressé raconta plus tard. Au cours de la campagne d’Italie, lors de la prise de Rome par les armées alliées, alors qu’il n’était qu’un simple sergent de l’armée de Lattre, Marcel Vignalet fut appelé à rendre un service auquel il ne s’attendait pas. Le général américain commandant les troupes qui entraient dans Rome, n’étant pas lui-même catholique et ne sachant pas à qui s’adresser ni comment faire pour entrer en contact avec le Pape Pie XII, demanda au séminariste Vignalet, qui était connu comme tel, de le conduire chez le Pape pour lui annoncer que le Vatican était libéré.
Après avoir débarqué en Provence en août 1944, la première armée française remonte la vallée du Rhône puis gagne les Vosges où se poursuivent jusqu’en février 1945 de violents combats avec l’armée allemande, retranchée dans la montagne et les forêts de sapins. Au cours de l’hiver 44-45, qui fut particulièrement rigoureux, l’armée de libération française et américaine subit de lourdes pertes. Marcel Vignalet survécut comme par miracle aux combats meurtriers qui se prolongeaient, et de sergent qu’il était au départ, se retrouva capitaine d’un bataillon qui avait perdu 80% de ses soldats. Il devait parler plus tard de cette période de sa vie militaire comme d’un temps d’épreuve inoubliable.
Après la capitulation de l’Allemagne, au printemps 1945, Marcel Vignalet regagna le séminaire pour y poursuivre sa formation et se préparer à son ordination. Ordonné prêtre le 29 juin 1947, il reçut sa destination pour la mission du Laos et partit effectivement pour Paksé le 24 décembre suivant.
Arrivé à Paksé il commença l’apprentissage de la langue, qu’il devait poursuivre plus tard dans les différents postes où il fut envoyé. Les témoins disent qu’il parvint à une bonne maîtrise du laotien et devint vite capable d’écrire et de s‘exprimer avec aisance. Après plusieurs mois d’étude à Paksé, en juin 1949 il fut envoyé à Mahaphom, dans l’est du pays, au service d’une chrétienté qui s’était développée là depuis quelques années. Puis à partir de 1952, tout en continuant son ministère dans cette chrétienté, il est appelé à seconder Mgr Arnaud, son évêque, comme procureur du vicariat à Paksé. Ensuite, en 1954, il sera chargé d’administrer la chrétienté de Paksé, et ira résider dans cette ville où il restera jusqu’en 1966. En 1959 il sera choisi par son évêque pour devenir pro-vicaire, autrement dit vicaire général. Entre temps il aura été nommé supérieur local du groupe missionnaire M.E.P., fonction qu’il occupa pendant six ans.
En 1966 Mgr Arnaud demande à Marcel Vignalet de quitter Paksé pour aller fonder une école de catéchistes à Paksong, en milieu non chrétien chez les Lovens. Mission qu’il mène à bien en ouvrant un centre où se retrouveront jusqu’à une quarantaine de jeunes pour se préparer à enseigner le catéchisme et à animer les rencontres de prière. En 1968 il est envoyé à Khong Sedone, au nord de la mission, en plein milieu non chrétien. Une région peuplée de laotiens bouddhistes qui n’ont pas entendu parler de l’évangile. Marcel Vignalet résidera là dans une maison construite autrefois par le Père Michel Godet. Pendant huit années, seul étranger parmi les laotiens, il visitera les villages des environs, s’arrêtant pour bavarder avec les gens qu’il rencontre et profitant de toutes les occasions pour annoncer la Bonne Nouvelle.
En mars 1976, prétextant de leur incapacité à assurer la sécurité des missionnaires étrangers, les autorités de la nouvelle république démocratique populaire laotienne demandent à ces derniers de quitter le pays. Marcel Vignalet doit alors comme tous les autres rentrer en France, le cœur déchiré par la séparation avec les Laotiens qu’il a aimés et servis pendant plus de vingt-cinq ans.
De retour à Paris il estime après réflexion, qu’à son âge - il a 54 ans - il ne sera plus capable d’apprendre une nouvelle langue et de partir à nouveau en mission à l’extérieur dans quelque autre pays lointain. Il décide de se consacrer, avec d’autres, à la pastorale des réfugiés laotiens en France et, pendant plusieurs années, il ne ménagera pas sa peine pour les aider à s’intégrer dans la société française, parcourant des centaines et des centaines de kilomètres dans tout le pays pour les rencontrer. Entre autres services qu’il leur aura rendus, il aura permis l’insertion de sept religieuses de la congrégation des Filles de Marie de la Croix, de Sieng Vang, dans des communautés féminines de Vendée.
Après l’Assemblée générale de 1980 Marcel Vignalet est nommé supérieur de la maison de Paris. La fonction est loin d’être une sinécure. Elle demande à son détenteur parfois un peu de diplomatie pour régler les petites difficultés qui peuvent surgir dans les relations avec le personnel, mais aussi et surtout beaucoup de dévouement tant pour les hôtes de passage que pour les résidents habituels de la maison, membres du conseil ou responsables des différents services de Société. Il doit veiller aussi au bien être des prêtres étudiants venus de différents pays d’Asie qui sont toujours plus nombreux chaque année à prendre pension rue du Bac. Marcel Vignalet n’est pas seul pour assurer toutes ces tâches et plusieurs confrères lui viennent en aide, mais c’est lui le responsable qui doit veiller à la bonne marche de l’ensemble. Les bénéficiaires de son dévouement n’étaient peut-être pas toujours suffisamment conscients des efforts qu’il faisait pour rester disponible en tout temps au service de tous. Il remplissait en tout cas sa mission avec une autorité souriante et suffisamment d’humour pour vite gagner la sympathie de ses administrés.
Après treize années passées comme supérieur de la maison de Paris, en 1996 Marcel Vignalet fut nommé supérieur de celle de Montbeton pour trois ans. Là aussi il se montra serviable comme il l’avait été partout, mais le cadre lui parut un peu étroit et il eut quelques difficultés, semble-t-il, à s’habituer au rythme de vie d’une maison de retraite, forcément moins animé que celui qu’il avait connu à Paris. En 1996 il regagnera Paris où il exercera son ministère dans la communauté laotienne avec laquelle il est toujours resté en relation, tout en faisant fonction de chapelain, assurant des permanences à la chapelle pour le sacrement de la réconciliation. Puis, en 1998 il sera nommé officiellement pour une durée de trois ans renouvelable vice-supérieur de la maison, pour assister le Père Jean-Michel Cuny qui est parfois amené à s’absenter. Le supérieur général, le Père Etcharren, en lui notifiant cette nomination, le remercie de l’avoir acceptée alors qu’il a été lui-même dans le passé supérieur en titre pendant treize ans et de montrer ainsi qu’il sait prendre en considération le service à rendre plus que le titre à porter.
En 2004, victime de différents ennuis de santé, Marcel Vignalet dut se résigner à retourner à Montbeton, cette fois pensionnaire à la retraite comme les autres résidents de la maison. Puis en décembre 2006, pour se rapprocher de sa famille il demanda à être admis dans la maison de retraite sacerdotale Francis Henri à Pau, dans son diocèse d’origine, où il retrouva quelques condisciples du temps du séminaire. C’est là qu’il devait décéder le 22 février 2009.
Un confrère qui l’a bien connu, au Laos et en France, a rendu hommage à Marcel Vignalet en signalant ses grandes qualités qui faisaient vite oublier les quelques défauts qu’il avait comme tout un chacun. Il y avait du militaire en lui : il semblait né pour commander et pour assumer des responsabilités, ce qu’il a su faire aussi bien à l’armée que tout au long de sa vie missionnaire. Habitué à l’obéissance par son expérience du temps de guerre sur les camps de bataille, il a toujours suivi les directives et obtempéré aux ordres donnés par son évêque, Mgr Arnaud d’abord puis, à partir de 1968, Mgr Urkia. Mais il entendait obtenir l’obéissance des autres quand c’était à lui de commander. Ce qu’on pouvait croire affaire de tempérament ou simple réflexe d’un ancien soldat venait plutôt chez lui de la haute idée qu’il avait de l’autorité religieuse.
Au Laos il s’est toujours comporté comme un missionnaire courageux et entreprenant, sans faire de concessions à la médiocrité, sachant se montrer exigeant avec ceux et celles qu’il a conduits au baptême. Respectant les coutumes locales, il avait le souci de l’acculturation de la foi. Pour les chrétiens de l’ethnie Ta-Oï dans les environs de Paksong, il avait fait construire une belle chapelle conforme aux normes de l’architecture traditionnelle de la région, dont on parlait comme une réussite exemplaire. Et il était respectueux avant tout des gens qu’il rencontrait, ce qui lui permettait d’être à l’aise partout et de mettre à l’aise ses interlocuteurs. À Paksé et ailleurs il a fréquenté tous les milieux, aussi bien l’aristocratie locale que les hauts fonctionnaires civils et militaires, français et étrangers en poste au Laos. Il a aussi et surtout passé le plus clair de son temps avec les minorités ethniques, agissant partout avec la même simplicité et le même naturel.
Il était volontiers ironique, capable de réparties cinglantes et maniant un humour déconcertant parfois pour ceux qui le connaissaient mal. Il ne maîtrisait pas toujours ses impatiences mais ses colères passaient vite et sa compagnie était agréable car il avait l’art de raconter les péripéties de sa vie missionnaire et attirait la sympathie. Son apparence parfois un peu bourrue cachait au fond un cœur bon et généreux, le cœur d’un vrai missionnaire toujours et partout fidèle à la prière, et désireux de faire connaître l’évangile.