Louis NÉEZ1680 - 1764
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0130
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1715 - 1764 (Hanoi)
Biographie
[0130] Louis NÉEZ a été vicaire apostolique du Tonkin occidental.
Dans les actes religieux et civils, son nom est écrit Nez, Néez, Nélz, mais toutes ses lettres sont signées Néez. Il naît le 11 février 1680 dans la paroisse Sainte-Madeleine, à Verneuil (Eure). Cette commune appartient comme aujourd’hui au diocèse d’Évreux et non à celui de Bayeux, comme l’indique par erreur la première partie du « Mémorial ». Son père est échevin de Verneuil, et l’un de ses frères, abbé commendataire de l’Abbaye Royale de La Valette. Lui-même possède le prieuré de Notre-Dame-des-Bois, à Secondigny, dans le diocèse de La Rochelle, (Deux-Sèvres), prieuré pour la possession duquel ses ayants droit durent, de 1725 à 1729, soutenir un procès.
Il reste plusieurs années au Séminaire des MEP. Il a des relations particulières avec l’évêque de Rosalie, Mgr de Lionne, qui lui lègue par testament une pension de 400 livres. Il part pour les missions en 1712, s’embarque à La Rochelle le 1er décembre, et fait une assez longue escale à Cadix, d’où il ne continue son voyage qu’en juin 1713. Il devait aller au Sichuan, mais la persécution religieuse en Chine ne le lui permet pas. Il se rend au Tonkin occidental, où il arrive en septembre ou en octobre 1715.
Tonkin (1715-1764)
Il est d’abord envoyé en district ; en 1719, il est professeur au séminaire de Ke-Vinh et procureur de la mission. La persécution de 1720 et de 1721 l’oblige, à plusieurs reprises, à prendre la fuite. En 1721, il est nommé provicaire ; il est chargé de la correspondance avec les religieux du Tonkin oriental et de la rédaction du journal manuscrit de la mission. En qualité de provicaire, il devient supérieur de la mission le 17 novembre 1723, à la mort du vicaire apostolique, Mgr Guisain.
Différentes statistiques font connaître, qu’à cette époque, le nombre annuel des baptêmes d’adultes varie entre 600 et 800 ; celui des enfants de non-chrétiens en danger de mort de 2000 à 2500 ; les confessions se chiffrent par 45 000 ou 50 000, et les communions par 38 000 à 42 000. Le P. Néez s’occupe activement du recrutement du clergé tonkinois qui compte alors une vingtaine de prêtres ; il rédige sur les premiers prêtres indigènes des notices biographiques, qui seront publiées en 1883 avec quelques retouches par le P. Lesserteur, dans « Les Missions Catholiques », et ensuite dans une brochure sous le titre « Les premiers prêtres indigènes de l’Eglise du Tong-king ».
Dans une lettre de 1727, il exprime le désir que l’on insère dans le Règlement général des MEP la prescription « de n’admettre aucun nouveau missionnaire, à moins qu’il n’ait passé quelque temps au Séminaire des Missions, et qu’il n’ait renoncé à la communauté dont il sortait. »
En 1731, il doit se défendre des opinions qu’on lui attribue sur l’usure, les dispenses de disparité de culte, l’absolution des apostats, choses selon lesquelles les uns l’accusent de sévérité, les autres de laxisme et d’inexactitude. Comme à plusieurs prêtres des MEP, on lui fait, en cette période, la réputation d’être janséniste, ce qui retarde sa nomination de vicaire apostolique, quoiqu’il accepte la bulle « Unigenitus » et fait de solennelles protestations d’obéissance au Saint-Siège.
Il rencontre des difficultés avec les Jésuites, qui refusent d’accepter la délimitation des districts et prétendent se fixer où ils le croient bon. Le vicaire apostolique du Tonkin oriental, évêque de Coricée, Mgr Hilaire de Jésus, religieux augustinien, est, en 1738, chargé par la Propagande d’étudier et de trancher la question. Il se rend au Tonkin occidental, loue les travaux du P. Néez et de ses compagnons, mais ne veut pas obliger les Jésuites à accepter la délimitation.
Tout en s’occupant des questions d’administration générale, le P. Néez visite de temps à autre la mission pour se rendre compte des travaux des ouvriers apostoliques. Il va plusieurs fois dans le Thanh-Hoa et dans le Nghe-An. En septembre 1738, il est nommé évêque de Céomanie, vicaire apostolique du Tonkin occidental, et sacré le 22 novembre 1739 par l’évêque de Coricée, dans la résidence du vicaire provincial du Tonkin oriental.
Les difficultés qui ont marqué son provicariat ne cessent pas sous son épiscopat. L’affaire de la délimitation des districts reprend et se poursuit de longues années ; elle semble être tranchée par un décret du 14 mars 1758, déclarant que les vicaires apostoliques du Tonkin occidental n’assigneront aux Jésuites que les lieux dans lesquels habitent le plus grand nombre de chrétiens convertis par eux, et nul autre district.
Mais le supérieur, le P. Paul de Campos, n’accepte pas le décret ; Mgr Néez ayant voulu l’appliquer, le P. Campos porte contre lui une sentence de suspense. L’évêque répond par l’excommunication, et, dans une lettre du 20 janvier 1759, en appelle au Pape. C’est peut-être en réponse à cet exposé, que Clément XIII écrit le 7 février 1761 le bref « Incredibili dolore » (Jus Pont. de Prop. Fid., iv, p. 61) donnant aux missionnaires l’ordre de cesser leurs discussions. Ce bref ne paraît pas avoir produit beaucoup de résultats.
On ne peut entrer dans le détail des débats, mais en voici les conclusions : le 24 juillet 1762, à Ke-vinh, un accord intervient ; il est signé par Mgr Néez et le P. Villiani ; celui-ci prend le titre de député de la Société de Jésus pour la division. Par cet acte, le Tonkin méridional, c’est-à-dire le Nghe-An, le Ha-Tinh, le Bo-Chinh, est réservé aux Jésuites, avec deux cantons que l’acte nomme Thanh-Oai et Chuong-Dui, habités par 3 038 chrétiens ; il comporte en plus le droit d’établir à Than-Phu, dans le Thanh-Hoa, une maison de procure. Cet accord précède de quelques mois l’arrivée au Tonkin occidental du décret du 8 mars 1762, qui enjoint aux Jésuites de se conformer à la décision du 14 mars 1758.
Une autre affaire surgit entre Mgr Néez et les Dominicains du Tonkin oriental. Ceux-ci réclament l’île de Sao-bun qui renferme trois chrétientés, et que l’évêque prétend appartenir à son vicariat. Un acte, signé par Mgr Néez le 20 mai 1757, et le 23 du même mois par le P. Adrien de Sainte-Thècle, de l’ordre des Augustins, provicaire général du Tonkin oriental, déclare que Sao-bun relevé du Tonkin occidental. L’affaire ne finit pas là ; en 1759, le P. Espinosa réclame de nouveau. Alors il est entendu que Sao-bun appartiendra au Tonkin occidental, mais que pour les chrétiens de cette île, nés dans le Tonkin oriental, les missionnaires de ce vicariat en prendront soin en demandant des pouvoirs au vicaire apostolique du Tonkin occidental qui les donnera. La discussion recommence et dure pendant des années ; elle ne sera tranchée qu’au XIXe siècle.
Ces difficultés n’empêchent pas Mgr Néez de s’occuper activement de l’administration de sa mission. Selon une statistique de 1751, on compte : 1 vicaire apostolique, 1 coadjuteur, 2 missionnaires, 21 prêtres indigènes ; 1 050 baptêmes d’adultes, 3 869 baptêmes d’enfants de non-chrétiens en danger de mort ; 68 717 confessions, 55 991 communions ; 508 bénédictions de mariage, 1 321 confirmations, 1 692 extrêmes onctions.
En 1753, l’évêque tient un synode ; en 1754, il fait renouveler et signer à tous ses prêtres l’engagement de mettre en communauté ce qu’ils possèdent. En 1755, le 25 septembre, il adresse aux prêtres et aux chrétiens un mandement sur les rites funéraires ; il y prohibe certaines tablettes, l’éloge écrit du défunt à la manière des non-chrétiens, les parfums, les cierges, certains catafalques, les prosternations.
On note aussi que, dans une lettre de 1763, il signale aux missionnaires la voie du fleuve Rouge pour entrer en Chine.
En 1746, il prend pour coadjuteur le P. Deveaux ; celui-ci meurt en 1756 ; le suivant, le P. Bennetat, décède avant d’arriver au Tonkin ; un troisième, le P. Reydellet, est sacré en 1765. Ces coadjuteurs remplacent en quelque sorte les provicaires, et c’est pourquoi, par le bref « Ex sublimi » (Jus Pont. de Prop. Fid., iii, p. 519), du 26 janvier 1753, Benoît XIV ne prescrit qu’aux vicaires apostoliques dépourvus de coadjuteur de se choisir un provicaire. Après la mort de l’évêque de Coricée, Mgr Hilaire de Jésus, en 1757, Mgr Néez est provisoirement chargé de l’administration du Tonkin oriental.
La marche générale des MEP, en particulier son Règlement, ne lui demeure pas étrangère, comme c’était son droit et son devoir ; il donne en 1747 sa procuration à Mgr de Martiliat, le vicaire apostolique du Yunnan, qui retourne en France pour s’occuper de cette question et faire accepter par les directeurs du Séminaire le Règlement de 1700.
En 1759, ayant envoyé à Rome un de ses missionnaires, le P. Davoust, pour la délimitation des districts, il lui donne aussi des pouvoirs pour le même objet (Voir DAVOUST).
Après avoir travaillé ainsi pendant plus d’un demi-siècle à étendre le règne de Dieu, à compléter ou à maintenir l’organisation de sa mission et celle des MEP, après s’être montré en toutes choses sage et ferme, Mgr Néez meurt le 19 octobre 1764 à Trai-Nhoi, province de Hanam, à l’âge de 84 ans.
Il a été neuf ans simple missionnaire, deux ans provicaire, quinze ans supérieur, et vingt-six ans vicaire apostolique. Une plaque de marbre avec une inscription, placée en 1912 dans l’église de Sainte-Madeleine à Verneuil, rappelle le souvenir de l’évêque missionnaire.
Références
Notes bio-bibliographiques.
— N. L. E., v, pp. 376, 392¬ ; vi, pp. 80 et suiv., 138 et suiv. — A. P. F., ii, p. 160. — Sem. rel. Evreux, 1912, Plaque commémorative, p. 645. — Rec. des trav. de la Soc. bib. d’agr. de l’Eure, 6e sér., x, 1912, p. 63. — Sainte-Madeleine de Verneuil. Bull. par., 1912, n° 65, p. 3. — Alm. par. de Sainte-Madeleine de Verneuil, 1913, pp. 8, 49.
Plaidoyer touchant le prieuré de Notre-Dame des Bois de Secondigny. — Imprimé chez Jacques Guérin, Paris, quay des Augustins, 1729.
Hist. gén. des miss. cath., ii, 2e part., pp. 496, 507. — Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. — Journ. d’A. Ly, Tab. alph. — Lett. à l’év. de Langres, pp. 327 et suiv. — La Coch. et le Tonk., pp. 166 et suiv. — La Franc. pont., ii, p. 679.
Collect., 5 sept. 1736¬ : n° 1712¬ ; 3 oct. 1736¬ : nos 772, 778¬ ; 12 nov. 1748¬ : n° 1291¬ ; 28 fév. 1760¬ : n° 2007¬ ; 12 juin 1764¬ : nos 752, 1688.
Biographie.
— Un évêque missionnaire, Louis Néez, né à Verneuil au Perche (1680-1764) [avec portrait], par M. le chanoine Porée. — Imprimerie Pierre Amelot, Brionne (Eure), 1910, in-8, pp. 141.
Portrait.
— La brochure ci-dessus indiquée donne un portrait comme étant celui de Mgr Néez. Nous croyons que c’est une erreur¬ ; en tous cas ce serait un portrait fait de mémoire, et le personnage est revêtu d’un costume que ne porta jamais l’évêque.