Joachim MARTILIAT (Enjobert de)1706 - 1755
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0147
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1732 - 1748
- 1732 - 1748
- 1732 - 1748
Biographie
[0147] Joachim Enjobert de MARTILIAT a été vicaire apostolique du Yunnan puis procureur à Rome au XVIIIème siècle.
Il appartient à une ancienne famille d'Auvergne, signalée à Hermant, à Champeix dans le Puy-de-Dôme au XIIIe siècle et à Clermont depuis 1566. Guillaume, trésorier de France à Riom, achète en 1587 la terre de Martiliat. Joachim naît en 1706 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il vient à Paris, intègre le séminaire de Saint-Sulpice le 18 octobre 1726 et en sort bachelier en Sorbonne, le 1er septembre de l'année suivante, avec cette note : « bon esprit ». Se sentant appelé à l'apostolat lointain, il entre au Séminaire des MEP, y reste peu de temps, et part le 2 septembre 1727, n'étant encore que tonsuré.
Chine (1729-1748)
Deux ans plus tard, il arrive à Canton, loge à la procure des MEP, se met avec ardeur à l'étude de la langue et de l'écriture chinoises. Au Siam, il est à cette époque nommé, par le Séminaire des MEP, supérieur du Collège général, ce qu’il refuse. Au commencement de l’année 1731, il reçoit les ordres mineurs et sacrés à Ayutthaya (Juthia). Il est ordonné prêtre le 12 mars, puis regagne la Chine avec l'autorisation de se rendre au Sichuan (Se-tchoan).
Il part pour cette mission en février 1732, s'installe à Hia-se-hiang ; mais le vicaire apostolique de la mission, le lazariste Mullener, alléguant que le P de Martiliat arrive dans cette province sans l'autorisation du représentant de la Propagande de Canton, lui refuse tout pouvoir, et le prie de s'en aller. Sans trop discuter avec l'évêque, le P. de Martiliat reste au Sichuan (Se-tchoan). Cependant, en 1733, les ordres du P. Mullener le forcent à s'éloigner. Il se fixe pendant quelque temps à Tsuen-ki-chi, dans le Hubei (Hou-kouang), avec le prêtre chinois André Ly. La persécution éclate, il en profite pour retourner au Sichuan (Se-tchoan) (1734) où l'évêque le tolère. Dès lors, il travaille activement, visite un certain nombre de chrétientés, et fait des conversions. Le Journal de ses travaux, dont une grande partie est conservée dans les archives du Séminaire des MEP, permet de le suivre dans ses courses apostoliques.
En 1736, il doit de nouveau lutter pour demeurer au Sichuan (Se-tchoan), localisation, que le P.Mullener, sur l'ordre dit-il de la Propagande, le prie de quitter. Il finit par obtenir de rester, et adresse au Séminaire des MEP et à Rome de longs mémoires, destinés à prouver qu'il doit être permis aux MEP d'envoyer des prêtres reprendre possession des districts du Sichuan (Se-tchoan) déjà évangélisés autrefois par ses missionnaires. Il obtient gain de cause en 1737. Le 2 octobre 1739, il est nommé évêque d'Ecrinée, vicaire apostolique du Yunnan, il est sacré par Mgr Mullener à Hia-se-hiang le 23 juillet 1741. Il fait sans résultat des tentatives d'évangélisation vers le Yunnan.
En 1744, à la mort du dominicain le P. Maggi, vicaire apostolique du Sichuan (Se-tchoan), il est nommé successeur du P. Mullener, tout en gardant la direction du Yunnan, supérieur du Hubei (Hou-kouang), du Sichuan (Se-tchoan) et du Guizhou (Kouy-tcheou). C'est ainsi qu’il prend la charge de la mission dont il a été si longtemps repoussé. Il débute par un mandement (9 octobre 1744) qui ordonne d'obéir à la bulle « Ex quo singulari » sur les Rites. Il marque les commencements de son administration par deux règlements importants : l'un du 1er novembre 1744, pour les Vierges chinoises, qui constitue encore actuellement la base des règles de cette pieuse institution et qui paraît avoir été en partie emprunté aux constitutions établies par les Dominicains dans la province du Fujian (Fo-kien) ; le second, pour les Catéchistes, date de la fin de l'année 1744. Le P. de Martiliat adresse à Rome plusieurs mémoires pour essayer d'obtenir que tout le Sichuan (Se-tchoan) soit confié aux MEP.
La persécution qui, en 1745 et 1746, fait des martyrs au Fujian (Fo-kien), a un écho au Sichuan (Se-tchoan). Le P. de Martiliat, très souffrant, trouve difficilement un asile chez les chrétiens et part le 1er septembre 1746 pour Macao où il séjourne environ une année. Par un acte du 1er décembre 1747, il nomme le P. Jean-Baptiste Maigrot procureur des MEP à Macao, provicaire du Yunnan, du Guizhou (Kouy-tcheou) et du Sichuan (Se-tchoan), et laisse ses pouvoirs sur Hubein (Hou-kouang) à l'évêque de Macao.
Le 6 janvier 1748, il s'embarque à Canton pour rentrer en Europe. Il reçoit de Louis XV l'abbaye de Mores, dans le diocèse de Langres. Il s'occupe activement du Règlement général et des difficultés pendantes entre les vicaires apostoliques et les directeurs du Séminaire des MEP. Il écrit à ce sujet plusieurs mémoires très importants, et obtient gain de cause contre les directeurs, par un arrêt du Grand Conseil royal daté du 23 octobre 1750. Le procès se poursuit, et un arrêt du 2 août 1751 déboute Martiliat de ses demandes. Il veut alors s'adresser au roi Louis XV, et compose un mémoire qui ne sera pas présenté, ou pas pris en considération (Voir DAVOUST). Quelques mois plus tard, il part pour Rome, afin d'y gérer la procure des MEP, ce qu'il explique aux vicaires apostoliques par une lettre du 24 janvier 1752.
Rome (1752-1755)
A la Propagande, il a une influence réelle, et obtient qu'un décret du 8 janvier 1753 confie définitivement le Sichuan (Se-tchoan) aux MEP. Il fait élire le P. Lacere vicaire apostolique de cette mission et administrateur du Yunnan. Lui-même est nommé prélat domestique du Souverain Pontife et assistant au trône pontifical. Il est dans les meilleurs termes avec l'ambassadeur de France, M. de Choiseul, qui le reçoit dans sa villa à quelque distance de Rome, avec plusieurs cardinaux, notamment le cardinal Valenti, secrétaire d'Etat, le cardinal Porto-Carrero, ambassadeur du roi d'Espagne, le bailli de Solar, ministre de Malte.
Il meurt de phtisie à Rome, le 24 août 1755. Il est enterré dans le tombeau du P. Maigrot, à l'église de La Trinité-des-Monts. Les MEP lui doivent d'avoir gardé les missions du Sichuan (Se-tchoan), et de les avoir aidés à conserver les bases essentielles de leur Constitution.
Références
Bibliographie. - (Règle des Vierges chinoises). - Imprimerie de Nazareth, 1905, Hong-kong, in-18, pp. 74.
Id. - Imprimerie de la Sainte-Famille, Cha-pin-pa (Se-tchoan oriental).
Pièces relatives à la Constitution de la Société des M.-E.
De la part de Mgr de Martiliat :
Sommaire pour M. l'Evêque d'Ecrinée, et autres Evêques François, Vicaires Apostoliques pour les Missions-Etrangères. Contre les Directeurs du Séminaire de ces Missions. - De l'imprimerie de J. Lamesle, Pont-Saint-Michel, au Livre Royal, 1750, in-8, pp. 6.
Mémoire pour les Evêques François, Vicaires Apostoliques dans les Royaumes de Siam, Chine, Tonquin, Cochinchine, et leurs Co-adjuteurs, missionnaires François en ces Royaumes. Contre les Directeurs du Séminaire des Missions-Etrangères, établi à Paris, rue du Bacq, faubourg Saint-Germain. - De l'imprimerie de J. Lamesle, Pont-Saint-Michel, au Livre Royal, 1751, in-8, pp. 210.
Sommaire contenant les prétentions des évêques, Vicaires Apostoliques François et de leurs Missionnaires résidants dans les Royaumes de Chine, Tonquin, Siam et Cochinchine, qui font le sujet des contestations qu'ils ont avec les Supérieur et Directeurs de leur Séminaire des Missions-Etrangères établi à Paris. - De l'imprimerie de Gissey, rue de la Vieille-Boucherie, 1751, in-8, pp. 4.
De la part du Séminaire des M.-E. :
Consultation de MM. de Héricourt et Le Merre, touchant les prétentions des Evêques français, Vicaires Apostoliques dans les Indes Orientales, et leurs Missionnaires, sur le Séminaire des Missions-Etrangères établi à Paris [15 janvier 1750]. - Chez N. H. Nyon, imprimeur du Parlement, rue Mignon Saint-André des Arcs, Paris, 1788, in-8.
Actes primitifs, concernant l'Etablissement du Séminaire des Missions-Etrangères, sa constitution et la forme de son gouvernement. Contre les prétentions nouvelles de M. de Martilliat, évêque d'Ecrinée. - De l'imprimerie de P. G. Simon, imprimeur du Grand Conseil, rue de la Harpe, à l'Hercule, 1750, in-fol., pp. 30.
Mémoire signifié et actes primitifs concernant l'établissement du Séminaire des Missions-Etrangères, sa constitution et la forme de son gouvernement. Contre les prétentions nouvelles de M. l'évêque d'Ecrinée. - De l'imprimerie P. G. Simon, imprimeur du Grand Conseil, rue de la Harpe, à l'Hercule, 1750, in-4, pp. 30.
Jugement de MM. les Commissaires généraux nommés par arrêt du Conseil d'Etat du Roi, du 2 août 1751, rendu entre les Evêques, Vicaires apostoliques François, et leurs Missionnaires ès Royaumes de Chine, Tonquin, Cochinchine et Siam. Et les Supérieur et Directeurs du Séminaire des Missions-Etrangères établi à Paris. Concernant les droits des Parties à l'égard dudit Séminaire [2 août 1751].
Notes bio-bibliographiques. - N. L. E., i, p. 48. - B. O. P., 1891, p. 424. - A. M.-E., 1909, p. 258.
Acta rev. vic. ap. miss. Se-tchouan, p. 1. - Docum. hist., Tab. alph. - Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. - Lett. à l'év. de Langres, pp. 188, 191, 224. - Journ. d'A. Ly, Tab. alph. - Nobiliaire d'Auvergne, ii, p. 391. - La Franc. pont., ii, p. 702.
Portrait. - Peint à l'huile, est au Séminaire des M.-E. [Une lettre de Mgr de Martiliat, en date du 3 mars 1753, annonce l'envoi de son portrait à son frère. Nous ignorons d'où provient celui que le Séminaire possède.]