Jean-Baptiste LAP1826 - 1893
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0649
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1854 - 1893 (Pondichéry)
Biographie
[0649] LAP Jean-Baptiste-Antoine-Achille naît le 11 ou le 13 juin 1826 à Haussonville dans l’ancien département de la Meurthe, devenu la Meurthe-et-Moselle (1). Il fait ses études au Petit séminaire de Pont-à-Mousson, puis au grand séminaire de Nancy. Il est quelque temps professeur au pensionnat de Sarrebourg.
La maîtrise du tamoul
Il entre, déjà tonsuré, au Séminaire des MEP le 6 janvier 1852. Ordonné prêtre le 17 décembre 1853, il part le 26 janvier 1854 pour Pondichéry. Nommé professeur au collège colonial, il y enseigne jusqu'en 1860 et met à profit ce temps pour étudier la langue du pays, y apportant méthode et rigueur. Il peut ainsi écrire en tamoul ‘‘l'Explication des principaux mystères et des observances du catholicisme’’, en sept volumes qu'il lithographie lui-même.
Le missionnaire
Il fait ses premiers pas apostoliques à Cottapaleam. En 1861, dans un village situé aux confins du district de Salem, il baptise un catéchumène qui devient l'apôtre de sa caste. Le district de Cottapaleam ayant été divisé en 1864, il est chargé de la partie qui a pour centre principal Tolourpatty. En 1869, il est muté à Paleam où il ne reste que quelques mois. Il passe ensuite à Vadouguerpatti. En 1873 il est à Colanour et en 1874 à Erayour. Dans ces divers districts, il ne cesse de construire à bon compte et solidement des chapelles, des résidences et des écoles. S’il n'a pas le don de la prédication publique et solennelle, il sait éminemment éclairer, instruire et émouvoir ses auditeurs en causant familièrement avec eux. Sa parole coule alors si pleine d'originalité et d'onction, que personne, parmi les missionnaires ses contemporains, ne peut l'égaler.
L’éditeur
A partir de 1885, il dirige l'imprimerie de la mission. Il y fait éditer plusieurs ouvrages : dictionnaire, grammaire et autres livres utiles à l'étude du tamoul. Il meurt le 22 novembre 1893, à Pondichéry, laissant le souvenir d’un homme de renoncement, d'endurance et de travail.
1 – Après la cession de l’Alsace-Lorraine en 1871.
Nécrologie
M. LAP
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 11 juin 1826.
Parti le 26 janvier 1854.
Mort le 22 novembre 1893.
Nous avons reçu de Pondichéry, les édifiants détails qui suivent sur les travaux du regretté défunt.
M. Marie-Antoine Lap, qu’une attaque d’apoplexie vient de nous ravir presque subitement, ne lui laissant juste que le temps de se confesser et de recevoir le sacrement des mourants, était né à Haus¬sonville, diocèse de Nancy. Après avoir fait de fortes études à Pont-à-Mousson, il entra au grand séminaire et il y reçut les ordres mi¬neurs. Son évêque, qui voyait en lui un sujet distingué, l’envoya pro¬fesser à la Malgrange. C’est alors qu’il entendit en son cœur la voix de Dieu qui l’appelait aux Missions-Étrangères. Se souvenant des pa-roles de l’apôtre : Prudentia carnis mors est, prudentia autem spiritus vita et pax (Rom.,VIII, 6), Nescit tarda, molimina Spiritus sancti gratia, il n’hésita pas un instant.
Il quitta ses parents qu’il aimait tant, les nombreux amis que son heureux naturel, ses qualités d’esprit et de cœur lui avaient attirés ; il dit un dernier adieu à sa Lorraine chérie et arriva au Séminaire des Missions-Étrangères de Paris. Là, se prêtant avec la docilité d’un enfant à tout ce que ses supérieurs pouvaient exiger de lui, il ne tarda pas à être jugé mûr pour le ministère apostolique, et fut envoyé à Pondichéry.
« Le voici débarqué sur le sol des Indes ; il espère aller sans retard dans l’intérieur pour travailler à la conversion des gentils ; il rêve qu’il baptise des Indiens par centaines, et comme il est jeune et que la jeunesse est pleine d’illusions, son rêve va jusqu’à désirer le martyre. Mais dans l’Inde, il faut savoir prendre patience, il faut se dépouiller de toute illusion. Son évêque lui dit : « J’ai besoin d’un professeur au collège colonial, allez-y. » Il fallut sacrifier son espoir, renoncer au rêve et aux illusions, et aller faire au collège colonial juste le même travail qu’il avait eu à faire en France, et cela jusqu’en 1860.
Pendant ce temps-là, le jeune missionnaire s’est conquis l’affection de ses supérieurs, des enfants du collège et de leurs parents. Il a profité de ses moments de liberté pour diriger quelques âmes choisies dans les voies de la perfection chrétienne. Il s’est aussi appliqué à l’étude de la langue indienne, et a eu l’audace tout apostolique de lithographier de sa main et de mettre au jour en sept volumes un immense manuscrit tamoul renfermant l’explication, par histoires et miracles, des principaux mystères et des observances de la religion catholique. Cette entreprise hardie de M. Lap était appelée à rendre d’incalculables services aux missionnaires et aux fidèles.
« Enfin il fut envoyé dans l’intérieur : c’est à Cottopaléam qu’il fit ses premières armes. Après avoir appris le noble métier de pêcheur d’hommes, en compagnie de M. Pierre, il se lança pour son propre compte dans la carrière apostolique. Il eut dès l’abord des succès sinon éclatants du moins dignes d’envie. Sa parole bénie de Dieu amena à la religion un païen très influent, chef du village de Poutha¬-Paléam dont la conversion entraîna bientôt celle de douze ou quinze familles. Ce fut avec une joie bien vive et un profond sentiment de reconnaissance envers Dieu que M. Lap baptisa ces prémices de son apostolat et se consacra tout entier à les instruire et à les affer¬mir dans la foi catholique. Il n’avait pas le don de la prédication publique et solennelle, mais il avait éminemment celui d’éclairer, d’ins¬truire et d’émouvoir ses auditeurs en leur faisant le catéchisme et l’aïttam (préparation à la confession), en causant familièrement avec eux. Sa parole coulait alors si pleine d’originalité, de grâce et d’onction que personne, parmi les missionnaires contemporains, n’a pu l’égaler.
« En même temps qu’il communiquait aux âmes le suc des vé¬rités évangéliques, notre cher et regretté confrère se plaisait à cons¬truire de nouvelles églises, des écoles et des presbytères, partout où le besoin s’en faisait sentir dans son district. Il excellait en ce genre-là, bâtissant à bon compte, élégamment et solidement à la fois.
« Il aimait à développer dans le cœur de ses ouailles la double dévo¬tion qui prime les autres, celle de Jésus au Sacrement de son amour et celle de l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu. J’ai visité cer¬tains villages où il avait eu le temps de faire pénétrer son esprit. L’affluence des chrétiens à l’église, je ne dis pas les dimanches et fêtes, mais tous les jours et même en dehors du temps où est offert le saint sacrifice, m’a grandement édifié. Partout aussi où la chose était possible, il établissait l’usage du mois de Marie, et il était si habile à orner l’autel de cette bonne Mère que les pauvres villageois en étaient émus jusqu’aux larmes et se faisaient un vrai bonheur de contribuer de leur argent à la splendeur du culte.
« J’ai été aussi fort édifié de la sobriété avec laquelle le cher Père vivait en son particulier. Il était vraiment simple dans ses goûts, et aussi éloigné de toute sensualité qu’on peut le désirer d’un mission¬naire apostolique, c’est-à-dire d’un homme de Dieu qui vit des aumônes de la Propagation de la Foi. Tant pis pour vous, si vous arriviez chez lui à l’improviste ; il n’avait généralement à partager avec vous qu’un peu de riz grossier, assaisonné de sauce ou d’eau de poivre et accompagné de quelques légumes cuits à l’eau. Ses princi¬paux repas ne lui coûtaient certes pas plus de vingt-cinq centimes. Quant à sa boisson, c’était aussi celle de l’Indien : une grande verrée d’eau de l’étang ou du puits voisin. Il était loin pourtant de vouloir imposer aux autres sa propre austérité. S’il était prévenu de l’arrivée d’un confrère, il achetait un peu de mouton, des œufs, du poisson, il sortait une bouteille de vin conservé pour la circonstance, et faisait faire à son hôte le meilleur repas possible.
« Non seulement il était éloigné de toute sensualité en ses repas ; mais il était encore très mortifié en ce qui regarde le bien-être du corps. Il allait généralement pieds nus, non seulement dans le village rnême où il restait, mais aussi dans les environs. S’il fallait visiter quelque malade, il partait, même en plein jour et au fort de la chaleur, sans chaussure et sans parasol. Il se moquait avec une égale bonne humeur du soleil, du vent et de la pluie, et si la nuit le sur¬prenait loin du gîte, il s’étendait n’importe où, sur la margelle d’un puits, sur le talus de la route, au pied d’un tamarinier. « Tout était à M. Lap couchette et matelas.
« Je l’ai vu passer des journées presque entières sur des blocs de rochers dont, pour le besoin de ses constructions, il avait à faire sauter des plaques de pierre. Une autre fois, il se rendit pieds nus à la forêt voisine chercher du bois pour son four à briques. Il revint au logis, clopin-clopant, tirant de l’aile. — Qu’y-a-t-il ?lui demandai-je. Rien, me répondit-il, quelques épines dans le pied que j’aie gagnées à la forêt ; et appelant son domestique, il lui dit de vouloir bien les arracher. Or il y en avait plus de vingt et de trente ; et le cher ami avait passé sa journée avec ses épines aux pieds, et il avait fait, avec ces mêmes épines et toujours pieds nus, le chemin qui con¬duit de la forêt au village.
« D’autre part, quels contrastes dans les caractères ! ce cher confrère serait tombé en pamoison s’il avait eu à voir couler le sang de son prochain ; et il perdait tout sang-froid quand il s’agissait de monter en chaire pour faire une instruction solennelle à ses chrétiens.
Depuis sept ou huit ans, M. Lap, devenu vieux et lourd, avait été chargé de l’imprimerie de la Mission. Il fut, de tous les confrères qui avaient passé avant lui dans cet établissement, celui qui lui fit faire le plus de progrès. C’est en cette position modeste, mais aussi bien assortie à son talent de linguiste qu’à son caractère sans prétention, qu’il a fini ses jours, enrichissant la Mission de dictionnaires, de grammaires et d’autres ouvrages très utiles à ceux qui commencent l’étude du tamoul. Que Dieu donne à ce bon serviteur de parler désormais au ciel la langue des Anges ! »
Références
[0649] LAP Jean-Baptiste (1826-1893)
Bibliographie. - Explication des principaux mystères et des observances du catholicisme [Nous ne connaissons pas le titre en tamoul]. - 7 vol. autograph.
Les ouvrages suivants ont été imprimés à l'imprimerie de la Mission, Pondichéry.
Petit vocabulaire tamoul-français. - 1886, in-16, pp. 286.
Manuel de conversation français-tamoul. - 1891, in-12.
Pâler souvadhi (Premier livre de lecture). - 1891, in-16 ; 6e édit., 1903, in-16, pp. 48.
Vocabulaire français-tamoul. - 1891, in-12.
Grammaire française-tamoule. - 1894, in-12 ; nouv. édit., 1904, in-12, pp. 249.
Leçons de langue tamoule, selon la méthode Robertson. - 1894, in-12 ; nouv. édit., 1905, in-12, pp. 174.
Ouvrages attribués à M. Lap [Nous ne savons où ils ont été imprimés] :
A Great novelty ! a choice of 93 tamil songs. - 1893.
Calculator or ready made accounts, from 1 piece to 50 rupees and from 1 to 50 thengs. - 1893.
Notes bio-bibliographiques. - Hist. miss. Inde, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1894, p. 349.
Bibliographie:
LAP Jean-Baptiste (1826-1893)
A great novelty : a choice of 93 Tamil songs / J. B. Lap. - [S.l.] : [s.n.], [18-].
Pâler suvadhi / J. B. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1886. - 48 p. ; 16°. Premier livre de lecture en tamoul.
Petit vocabulaire tamoul-français / J. B. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1886. - 286 p. .
Vocabulaire tamoul-français contenant les mots tamouls d'un usage plus fréquent, avec leurs sens français les plus usités / par M. A. Lap, m. a. de la Congrégation des Missions Etrangères. - Pondichéry : Impr. de la Mission catholique, 1886. - 285 p. ; 16 cm.
Manuel de conversation français-tamoul / J. B. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1891.
Pâler suvadhi / J. B. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1891. - 48 p. ; 16°.
Premier livre de lecture en tamoul. Plusieurs éditions.
Vocabulaire français-tamoul / par un missionnaire apostolique de la Congrégation des Missions Etrangères [Jean-Baptiste Lap]. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1891. - 811 p. ; 22 cm.
Petit manuel de la conversation à l'usage des confrères nouvellement arrivés en mission / par un missionnaire apostolique de la Congrégation des Missions-Etrangères [J.-B. Lap]. - 2e éd. cor. et augm. - Pondichéry : Impr. de la Mission catholique, 1892. - 157 p. ; 15 cm.
Grammaire française-tamoule / J. B. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1894. - 12°.
Leçons de langue tamoule selon la méthode Robertson / J. B. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1894. - 174 p. ; 12°.- Plusieurs éditions.
Abrégé de la grammaire française-tamoule / par le P. Lap. - Pondichéry : Impr. de la Mission catholique, 1904. - 249 p.; 20 cm. Plusieurs éditions.
Grammaire française-tamoule / J. B. Lap. - Nouv. éd. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1904. - 249 p. ; 12°.
Vocabulaire tamoul-français contenant les mots tamouls d'un usage plus fréquent, avec leurs sens français les plus usités / par M. A. Lap, m. a. de la Congrégation des Missions Etrangères. - 2e
éd. rev. et cor. - Pondichéry : Impr. de la Mission, 1926. - 280 p. ; 19 cm. AMEP 0649.2
Petit manuel de conversation française-tamoule / [Jean-Baptiste Lap]. - 8e éd. - Pondichéry : Impr. de la Mission catholique, 1952. - 112 p. ; 19 cm.