Pierre PLASSOUX1849 - 1931
- Statut : Frère coadjuteur
- Identifiant : 1431
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
Pierre Marie PLASSOUX , fils de Laurent et de Françoise Apert, naquit le 17 décembre 1849, à la Rossignolière, paroisse de Pacé, diocèse de Rennes, département de l'Ille-et-Vilaine. Il appartenait à une famille de fermiers et exploitait avec un frère et deux sœurs la ferme où moururent ses parents. Pendant quelques temps, il travailla comme cordonnier, mais un mal au genou l'obligea à abandonner cette profession. Il revint alors à la ferme familiale qu'il exploita en parfaite entente avec ses frères et sœurs.
Le 10 février 1874, il entra au séminaire des Missions Etrangères, en qualité de frère coadjuteur. Depuis cette date et jusqu'à sa mort, il ne retourna jamais dans sa famille. Malgré quelques ennuis de santé peu après son admission, il fit ses premières promesses le 21 novembre 1876, et fut définitivement agrégé à la Société le 21 novembre 1879.
Dix-huit mois après son admission, on lui confia la charge de premier portier avec le Fr.Henri comme assistant. Il exerça cette fonction pendant une quinzaine de jours, puis fut remplacé par le Fr.Amédée. Vers 1880, et pendant deux ans, il fut adjoint au Fr.Henri qui exerçait les fonctions d'économe à Meudon. Il revint ensuite au séminaire de Paris où il s'occupa de la porterie. Caractère grave, peu causeur, minutieux, d'une régularité parfaite, il accomplit les fonctions de sa charge avec constance et scrupule, dans ce poste où sa patience fût sans doute, souvent mise à l'épreuve.
Au début de 1914, ses forces le trahissant, il dut se démettre de ses fonctions; mais six mois plus tard, au début de la guerre, il reprit son ancien poste devenu vacant par suite du départ des mobilisés. Au début de 1915, fatigué, il partit se reposer à Montbeton, et rentra à Paris en 1916.
L'Assemblée générale tenue à Hong-Kong en février-mars 1921 donna mandat à Mgr. de Guébriant de recruter des frères pour les missions. En 1922, la Société comptait 7 frères coadjuteurs dont l'un, M.Jean Gendron, décéda à Béthanie, à Hong-Kong le 12 septembre 1923 et 6 à Paris où M. Pierre Plassoux était le doyen de cette petite communauté. Le 10 Février 1924, ce dernier célébra le cinquantième anniversaire de son entrée au séminaire des Missions Etrangères; le 22 juin 1924 eût lieu à Dormans une réunion de famille organisée par M. Roulland et présidée par Mgr.de Guébriant en l'honneur du jubilé du frère Pierre.
Le 3 octobre 1924, atteint d'une hernie crurale étranglée, il fut transporté d'urgence à l'hôpital St. Joseph; le 12 octobre suivant il rentra guéri à la rue du Bac. Vers le début de 1929, on le trouva étendu au pied de son lit, sans connaissance. Quand il fut revenu à lui, on lui donna le sacrement des malades. Le soir même, à l'heure du souper, il fut présent au réfectoire.
Ses forces diminuant, sa mémoire faiblissant, Frère Pierre Plassoux doyen des frères coadjuteurs, partit à Montbeton où il passa deux ans. C'est là qu'il s'éteignit très doucement le 10 janvier 1931.
Nécrologie
M. PLASSOUX
FRÈRE-COADJUTEUR — SÉMINAIRE
M. PLASSOUX (Pierre-Marie), né le 17 décembre 1849 à Pacé (Rennes, Ille-et-Vi¬laine). Entré au Séminaire des Missions-Etrangères le 10 février 1879. Frère-coadjuteur le 21 novembre 1879. Mort à Montbeton le 10 janvier 1931.
Pierre-Marie Plassoux, fils de Laurent Plassoux et de Françoise Apert, naquit le 17 décembre 1849 à la Rossignollière, paroisse de Pacé, diocèse de Rennes. Il fut baptisé le même jour ; ce trait montre à lui seul l’esprit de foi, vraiment chrétien, de sa famille, esprit qui sera celui de Frère Pierre tout au long de sa carrière au Séminaire de Paris.
Quoiqu’il en soit des circonstances maintenant oubliées qui inspirèrent à Pierre-Marie la pensée de servir Dieu dans la Société, voici ce que l’abbé Jouan, vicaire de Pacé, en écrivait en décembre 1873 à M. Hamon, le futur missionnaire de Quinhon, alors aspirant : « Jeune homme doux et paisible, bon caractère, bien élevé d’une conduite très chrétienne et très bonne. Il appartient à une honnête famille de fermiers ; il exploite avec un frère et deux sœurs la ferme où sont morts ses parents. » Dans une autre lettre à M. Delpech, Supérieur du Séminaire, le 15 janvier 1874, le même vicaire ajoute : « Il a travaillé quelque temps comme cordonnier ; un mal au genou l’obligea d’abandonner cet état. Depuis lors il ne s’est occupé que de labourage. Quoique Breton, il est d’un caractère facile : une preuve, c’est que depuis la mort des parents, les enfants Plassoux, trois frères et trois sœurs, vivent ensemble et exploitent la ferme avec une parfaite entente. »
M. Plassoux entra au Séminaire le 10 mars 1874 ; depuis cette date, il ne retourna jamais dans sa famille jusqu’à sa mort. Peu après son admission, sa santé donna quelques inquiétudes, et une note retrouvée dans le cahier des séances du Conseil marque que le docteur n’avait pas des vues optimistes sur ses forces physiqrues ! Le brave docteur ne prévoyait pas la longue carrière que devait fournir son client ! Dix-huit mois après son admission, on songea à lui confier les fonctions de premier portier avec le Fr. Henri comme assistant. L’idée était excellente et, de fait, je crois bien que notre bon Fr. Pierre a été chargé de la porterie presque toute la durée de sa vie active. Et pourtant, chose bizarre, le premier essai ne fut pas heureux, puisqu’au bout de quinze jours on notait qu’il n’était pas en état d’en remplir les fonctions ; on le remplaça par le Fr. Amédée. A quel moment reprit-il ces fonctions ? je ne le sais pas.
Vers 1880 il fut adjoint au Fr. Henri qui exerçait les fonctions d’économe à Meudon, et remplit cette charge pendant deux ans. Il avait fait ses premières promesses le 21 novembre 1876 et avait été agrégé définitivement à la société trois ans après, le 21 novembre 1879. C’est surtout comme portier que notre regretté Fr. Pierre est connu des membres de la Société ; je le trouvai dans ce poste en 1888 quand j’arrivai à Paris comme aspirant : caractère grave, peu causeur, d’un tempérament qui contrastait fort avec l’humeur et le caractère primesautier de son confrère le Fr. Paul. Toujours occupé, tenant la porterie en état de parfaite pro¬preté, minutieux, toujours à son devoir, accomplissant les fonctions de sa charge avec une constance et une conscience scrupuleuse, qu’il fût toujours d’un abord commode, qu’il ne lui échappât pas une fois ou l’autre quelque mouvement d’impatience vite réprimé du reste, je ne le prétendrai pas, mais sa patience était mise si souvent à l’épreuve ! Tel je l’ai connu à cette époque, tel je le retrouvai en rentrant comme directeur en 1900. Les années avaient passé, le Fr. Pierre était resté le même, n’ayant éprouvé aucun besoin de rien changer dans ses habitudes. Je dirais volontiers de lui qu’il était et resta jusqu’à la fin la règle personnifiée, très pieux, mais d’une piété fort simple et peu expansive. Dans les dernières années de sa vie, alors qu’il était déjà complètement à la retraite, on le voyait arriver chaque matin à la chapelle à cinq heures et demie, pour faire sa méditation, puis assister et communier à la sainte messe qu’il entendait toujours à genoux depuis le commencement jusqu’à la fin, immobile comme une statue. Et dans le courant de la journée il revenait fréquemment rendre ses devoirs au Saint-Sacrement, réciter son Petit Office et le Rosaire.
Il aimait beaucoup la Très Sainte Vierge ! Cette dévotion particulière qu’il avait pour Notre-Dame était même cause de petits tiraillements entre lui et son confrère le Fr. Paul. Les veilles des fêtes de Marie, la porterie passait au second plan, et le Fr. Paul s’en allait disant : « On n’aura pas le Fr. Pierre aujourd’hui, c’est vigile de Notre-Dame, il va être tout le temps à la chapelle ! »
Au début de 1914 il dut se démettre de ses fonctions, les forces physiques le trahissaient. Six mois plus tard, au commencement de la guerre, il essaya de reprendre son ancien poste devenu vacant par suite du départ des mobilisés. Je me souviens de son étonnement dans les semaines qui suivirent ; forcément la vie du Séminaire se ressentait des événements et de l’agitation.générale : « Mais enfin, disait-il, je n’y comprends plus rien ; il n’y a plus de règlement, les aspirants sortent et rentrent à tous les moments de la journée ! »
Toujours plus fatigué, il partit au commencement de 1915 pour le Sanatorium de Montbeton. Il s’y trouva bien, mais ce n’était plus pour lui son Séminaire de la rue du Bac et il fut heureux de rentrer à Paris en 1916. L’esprit était fatigué, le corps pourtant demeurait solide, et l’inaction des dernières années de sa vie lui fut une croix très mortifiante dont il se plaignait quelquefois doucement : « Je m’ennuie, disait-il, je n’ai rien à faire. » Le 3 octobre 1924, il dut être transporté d’urgence à l’hôpital Saint-Joseph pour subir une opération. Cette opération eut lieu le soir même ; dix jours après il était déjà sur pied et nous revenait guéri.
Un matin de la fin de 1928, ou début de 1929, on le trouva étendu au pied de son lit, sans connaissance : était-ce un commencement de congestion ? On pouvait le craindre et dans le courant de la journée, quand il eut repris connaissance, les derniers sacrements lui furent administrés. Quelle ne fut pas notre surprise de le voir, le soir même, paraître à la porte du réfectoire à l’heure du souper ! Démarche imprudente et machinale d’un malade, sans doute, mais qui peint l’homme : la cloche avait sonné l’heure du repas, il fallait obéir comme pour n’importe quel exercice.
Cependant ses forces déclinaient de plus en plus, la mémoire s’en allait ; des accidents se produisaient, obligeant à une surveillance plus grande de notre malade, surveillance difficile à assurer au Séminaire. Il fut décidé qu’il partirait pour notre Sanatorium de Montbeton, sous la conduite de son dévoué et aimé confrère le Fr. Boittiaux. C’est là qu’il rendit son âme à Dieu le 10 janvier 1931.
L’humble Fr. Pierre n’avait sans doute jamais songé à prendre une devise qui orientât vers Dieu sa vie spirituelle et par là toute sa vie extérieure elle-même ; pourtant il n’est pas téméraire de penser qu’il s’est inspiré en toutes choses de ce simple mot de l’Imitation : Ama nesciri et pro nihilo reputari.
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Références
[1431] PLASSOUX Pierre (1849-1931)
Références biographiques
AME 1924 p. 155. 1931 p. 85. 93. CR 1924 p. 135. 1931 p. 272. 276. 332. BME 1922 p. 54. 1924 p. 341. 611. 808. 1931 p. 316. EC1 n° 57 65. 71. 82. 213. 214.
Mémorial PLASSOUX Pierre Marie page 2