Camille PETITE1857 - 1945
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1509
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1881 - 1945 (Coimbatore)
Biographie
[1509] PETITE Louis, Camille naît le 8 décembre 1857 à Montperreux dans le diocèse de Besançon, département du Doubs. Après ses études secondaires à Notre-Dame de Consolation de 1869 à 1876, il va étudier la philosophie au grand séminaire de Vesoul de 1876 à 1878. Il entre au séminaire des Missions Étrangères le 8 septembre 1878, car il désire suivre les traces du Bx Gagelin, originaire de sa région. Ordonné prêtre le 24 septembre 1881, il part pour Coimbatore le 26 octobre de la même année.
Professeur
Il s'adonne aussitôt à l'étude de l'anglais et du tamoul. En 1882, il est nommé à Atticodu où il fait un bref séjour. Son évêque le transfère à Coonoor (1) comme professeur à l'école ouverte par le P. Foubert, confiée par la suite aux Frères irlandais de Saint Patrick en 1892. Il revient alors à Coimbatore pour enseigner les sciences au Collège Saint Michel. En l'absence d'un manuel à l'usage des élèves, il fait imprimer un livre de sciences fort apprécié.
Au départ du P. Rondy en 1899, il doit aussi prendre la direction du pensionnat et de l'orphelinat de la Mission. Sur le conseil de son évêque, il décide de fonder une école industrielle pour apprendre un métier aux orphelins. L’école industrielle Saint Joseph est fondée en 1900 sur un terrain qui fait face au Collège Saint Michel. Au début, il n'y a que quelques hangars et paillotes, mais devant l'afflux des orphelins et des jeunes gens de l'extérieur, il crée des sections de menuiserie, de mécanique, de reliure, de tissage et de confection de vêtements. Quand il est transféré à Podanur (2) en 1906, le directeur des industries de l'État de Madras la classe au rang de seconde de toute la province.
Curé
Curé de Podanur de 1906 à 1907. Il l’est ensuite pendant trois ans à Ooty (3), mais ne peut rester à la montagne à cause du climat trop froid pour lui. Du coup, il retourne à Podanur où il reste jusqu’en 1936. C’est un nouveau district, détaché de Coimbatore en 1906. Le P. Petite doit agrandir l'église et construire un clocher. C’est aussi un centre ferroviaire, près de Coimbatore qui compte beaucoup d'Anglo-indiens, la plupart catholiques. Pour eux, la liturgie est naturellement en anglais, mais la majorité des chrétiens étant des Tamouls, le P. Petite célèbre aussi en tamoul. Il sait s'adapter à tous ces gens. Bon pour les pauvres, il puise son zèle dans sa dévotion à l'Eucharistie et à la Vierge Marie.
Enfin, après la célébration de ses Noces d'or de prêtrise, il se retire à l'évêché, puis à Ooty. A la mort de Mgr. Roy, il va prendre en 1937 sa place au Couvent des Franciscaines Missionnaires de Marie à Kotagiri (4). Il reste deux ans chapelain du couvent et en 1940 il se retire au Sanatorium Saint Théodore. Il y meurt le 28 mars 1945 après une vie missionnaire exemplaire. Son corps repose dans le cimetière du Sanatorium.
1 - Dans les Nilgiri en altitude.
2 – Juste au sud-est de Coimbatore.
3 – Diminutif de Ootacamund, également dans les Nilgiri.
4 – Au nord de Coimbatore.
Nécrologie
M. PETITE
MISSIONNAIRE DE MYSORE
M. PETITE (Louis-Camille) né le 8 décembre 1857 à Montperreux, diocèse de Besançon (Doubs). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 3 septembre 1878. Prêtre le 24 septembre 1881. Parti pour Coimbatore le 28 octobre 1881. Mort au Sanatorium Saint-Théodore, Wellington le 28 mars 1945.
Le 28 mars 1945, à 5 heures du matin, au Sanatorium de St-Théodore, Wellington, M. Petite, doyen des missionnaires de Mysore, fut trouvé mort dans son lit. La veille au soir, il était avec M. Mercier, Supérieur du sanatorium, dans la chambre de M. Jambeau qui ne devait pas tarder longtemps à le suivre dans la tombe, lorsque soudain il s’écria : « Oh ! que j’ai mal au cœur ! » Le Supérieur lui offrit de le faire transporter dans sa chambre. Il préféra s’y rendre soutenu par M. Mercier et un domestique, et s’étendit sur une chaise longue. Le mal ne cessait pas ; une heure après on le mit au lit, et la souffrance disparut. Le Supérieur crut tout danger écarté, ce qui ne l’empêcha pas, tard dans la nuit, d’aller se rendre compte de l’état de santé de notre confrère. Il le trouva éveillé dans un calme parfait. Le lendemain étant leur jour de confession, — ils s’adressaient l’un à l’autre — il ne crut pas qu’il y eût urgence à lui proposer de se confesser. Il se contenta d’enjoindre à l’infirmier qui veillait M. Jambeau d’aller vers les 3 heures du matin voir M. Petite. Mais l’infirmier s’endormit et ce n’est qu’à 5 heures qu’il exécuta l’ordre reçu. La mort avait fait son œuvre peu de temps auparavant, car le corps était encore chaud. Bien que soudaine, la mort de notre confrère n’a pas été imprévue ; il s’y préparait depuis longtemps. Sa fidélité à ses exercices de piété faisait l’édification de tous les confrères.
M. Louis-Camille Petite naquit le 8 décembre 1857, à Montperreux, au diocèse de Besançon. Au petit séminaire de Notre-Dame de Consolation de 1869 à 1876, il fit sa philosophie au séminaire de Vesoul de 1876 à 1878, et au mois d’août demanda son admission aux Missions-Étrangères. Il y fut présenté par ses Supérieurs comme « intelligent et d’une grande humilité, compatriote de Bx Gagelin qu’il choisit pour protecteur et pour modèle ». Il fut ordonné prêtre le 24 septembre 1881 et partit pour la Mission de Coimbatore le 26 octobre suivant. Il ne devait plus revoir la France.
De sa famille nous ne savons rien, sinon qu’un de ses neveux, dont il était très fier, et dont la photographie occupait une place d’honneur dans sa chambre, est prêtre. De ses jeunes années nous n’avons pas davantage de renseignements, car M. Petite était modeste et il n’aimait pas parler de lui-même. Après quelques mois passés à Coimbatore pour apprendre l’anglais et le tamoul, son évêque, Mgr Bardou, l’envoya à Atticodoo, vicaire de M. Pottier. De là il fut nommé professeur à l’école que M. Foubert avait ouverte à Coonoor pour les enfants de langue anglaise. Il y resta jusqu’en 1892, époque où Mgr Bardou confia cet établissement aux Frères Irlandais de St-Patrick.
A Coonoor, il s’était montré excellent professeur; le Collège St-Michel à Coimbatore ayant besoin de maîtres doctes et expérimentés, il y fut donc appelé pour enseigner les sciences. Les manuels sur cette matière étaient rares à cette époque dans l’Inde, et ils étaient loin d’être satisfaisants. M. Petite en composa un pour ses élèves et le fit imprimer.
M. Petite avait une santé robuste ; son évêque le savait, et lui ne demandait qu’à travailler. Aussi quand vers 1897, M. Rondy, vicaire général, dut partir en France pour y subir une opération, abandonnant par le fait même la direction de l’orphelinat St-Michel et celle du pensionnat du même nom, M. Petite n’hésita pas, tout en gardant le cours de sciences, à se charger par surcroît de ces deux établissements. C’était trop, même pour un Franc-Comtois ; une malencontreuse jaunisse vint lui faire comprendre que les forces humaines ont une limite. Ce fut la seule maladie dont il fut atteint pendant toute sa carrière apostolique.
Au retour de M. Rondy, M. Petite abandonna la direction du pensionnat St-Michel, et garda celle de l’orphelinat. Cette institution avait d’abord été fondée à Shinappallam pour former les enfants à l’agriculture ; mais l’insalubrité du pays et la mortalité effrayante qui en était la conséquence forcèrent Mgr Bardou à la transférer à Coimbatore. Là une question se posa : à quoi occuper les enfants ? A Coimbatore la Mission n’avait pas de terrains à leur faire cultiver. Les mieux doués pouvaient évidemment suivre les cours du collège et devenir des maîtres dans les différentes écoles catholiques ; on pouvait leur trouver des emplois dans les divers offices du Gouvernement. Beaucoup d’entre eux n’avaient pas les moyens suffisants pour étudier, d’autres, qui auraient pu étudier, ne le voulaient pas. Qu’en faire ? Les garder inoccupés ? Les renvoyer ? C’eût été les rejeter dans le paganisme d’où ils étaient sortis. M. Petite ne put se résigner ni à l’une ni à l’autre de ces deux hypothèses. Il pria, réfléchit, consulta et se décida à ouvrir une école industrielle qu’il placerait sous le patronage de saint Joseph. Il fit part de ses projets à Mgr Bardou qui les approuva de grand cœur, et mit à la disposition de M. Petite un terrain, que la Mission possédait en face du Collège, tout en lui signifiant qu’il ne pouvait pas en faire autre chose.
L’approbation de l’évêque ne suffisait pas : il fallait des fonds pour bâtir, acheter les instruments et les matières premières, et enfin payer le salaire des maîtres. Il se confia en la divine Providence et en saint Joseph ; il y consacra toutes ses petites économies, reçut aussi les modestes aumônes que ses confrères purent lui faire et alla de l’avant. Les cours commencèrent d’abord sous des paillotes ; puis il réussit à construire peu à peu un bâtiment auquel il juxtaposa des hangars, où non seulement ses orphelins, mais aussi des enfants de chrétiens et de païens de la ville travaillaient à qui mieux mieux, sous la direction de maîtres compétents, à apprendre le métier de menuisier, de tisserand, de tailleur, ou de relieur. Tous s’assuraient ainsi un gagne-pain au sortir de l’école et pourraient fonder une famille.
Le travail ne manquait pas, les commandes étaient nombreuses ; mais pour les exécuter il fallait des matériaux qui devaient être payés soit au comptant soit régulièrement à la fin de chaque mois ; il y avait aussi le salaire des maîtres à solder. Si les clients avaient réglé leurs factures immédiatement ! Mais trop nombreux étaient ceux qui faisaient attendre le paiement pendant de longs mois. D’où la nécessité d’emprunter. Ce n’était pas là toute la difficulté : il lui incombait de faire face à un travail écrasant. Sans doute il avait renoncé à enseigner au Collège St-Michel ; mais la direction, la surveillance de l’orphelinat et de l’école industrielle lui prenaient tout son temps. Un assistant eût été nécessaire ; malgré tout, M. Petite préférait être seul.
Bref, en 1906 il donna sa démission à Mgr Roy, qui se chargea de l’école industrielle et nomma notre missionnaire curé de Podanur. L’école s’est développée considérablement sous ses successeurs au point de devenir, disait un jour le Directeur des Industries de la Province de Madras, la seconde de toute la province. C’est M. Petite qui a eu tout le mérite de la fondation. Ses élèves sont maintenant dispersés dans l’Inde tout entière et gardent à leur ancien maître et père un souvenir affectueux et une profonde reconnaissance.
C’est à Podanur que notre confrère passa la plus grande partie de sa longue vie de missionnaire, car si Mgr Roy le nomma en 1907 curé de Ste-Marie à Ootacamund, la plus importante paroisse du diocèse, il n’y demeura que trois ans, le climat étant contraire à sa santé et surtout il préférait travailler seul. En 1910, il revint donc à Podanur et y resta jusqu’en 1936, époque où l’âge et ses infirmités ne lui permirent plus de tenir ce poste. Quand il y arriva en 1906, le district de Podanur avait été détaché de celui de Coïm¬batore depuis quelques années à peine. M. Robin y avait commencé une église, mais la nef principale seule avait été construite et elle ¬ne tarda pas à devenir trop étroite pour le nombre toujours croissant des fidèles. M. Petite y ajouta d’abord le chœur, puis deux nefs latérales, une sacristie et enfin un clocher. Il donna aussi, tous ses soins à l’ameublement et à l’ornementation intérieure de sa chère église. Il la dota d’un bel autel, d’une chaire, de fonts baptismaux, d’une cloche venue de France, de bancs pour les fidèles de langue anglaise et de très beaux ornements. Il termina la chapelle que M. Tour, un de ses prédécesseurs avait commencée à Shoranur, et en bâtit une autre à Mettupalayam, deux petites villes qui, au spirituel dépendaient de Podanur. Quant au presbytère, il en sacrifia une moitié pour y établir une école élémentaire tamoule, et dans l’autre il réserva la meilleure chambre, la seule à peu près convenable, pour ses hôtes de passage ; il ferma ensuite une extrémité de la véranda où il s’installa.
Le zèle de M. Petite pour le salut des âmes ne le cédait en rien à celui qu’il avait pour la maison de Dieu. Podanur était un centre ferroviaire, la population catholique se composait d’Anglo-Indiens, dont la langue courante est l’anglais, et d’Indiens parlant le tamoul. Il possédait parfaitement les deux langues et se dévouait pour tous avec la même ardeur. Nombreux sont les païens qu’il a baptisés, les protestants qu’il a réunis au sein de la véritable Eglise, les faibles qu’il a fortifiés, les pécheurs qu’il a convertis. Quant aux pauvres, ils savaient que sa bourse leur était toujours ouverte et plus d’un en a abusé. Il les aimait tous et était aimé de tous. Ils le lui montrèrent bien quand, en 1931, sous la présidence de son évêque et compatriote Mgr Tournier, il célébra ses noces d’or sacerdotales. Toute la paroisse se pressait autour de son pasteur pour remercier Dieu des grâces qu’il lui avait accordées et pour prier le divin Maître de leur conserver longtemps encore leur père bien-aimé. Hélas ! la vieillesse, encore verte sans doute, apportait avec elle une surdité qui lui rendait difficile le ministère si important de la confession ; les jambes aussi, qui ne devaient pas tarder à être atteintes d’un eczéma purulent qu’il garda jusqu’à la fin, refusaient leur service. Il demanda à être déchargé de ses obligations de curé et se retira à Coimbatore. Le repos, pourtant bien gagné, ne tarda pas à lui peser, car il ne pouvait guère s’allier au caractère ardent de notre confrère. Mgr Tournier lui offrit, en 1936, l’aumônerie des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, à Ootacamund. Il accepta, mais cette fois encore le climat de cette ville était trop dur pour lui et, après un an, il dut revenir occuper sa chambre de Coimbatore. Ce ne fut pas pour longtemps car, en décembre 1937, mourut Mgr Roy, son ancien évêque, qui après sa démission d’évêque de Coimbatore était devenu chapelain du couvent de Kotagiri. Bien que situé dans les Montagnes Bleues, Kotagiri est beaucoup moins froid qu’Ootacamund. M. Petite y remplaça Mgr Roy comme aumônier des religieuses et y resta jusqu’en 1940, époque à laquelle il se retira définitivement au Sanatorium Saint-Théodore. C’est là qu’entouré de ses confrères de la nouvelle Mission de Mysore qui venait d’être fondée et à laquelle étaient passés tous les anciens missionnaires de Coimbatore, il célébra en 1941 ses noces de diamant, sous la présidence de Mgr Feuga.
Homme de prière, M. Petite l’était. Un petit papier trouvé après sa mort dans sa brièveté le prouva manifestement : « Méditation quotidienne, visites au Très Saint-Sacrement, Présence de Dieu, Charité. » N’est-ce pas là le programme d’un saint- missionnaire ?
Il repose dans le cimetière du Sanatorium. Une belle couronne de prêtres, religieux, religieuses et chrétiens des paroisses avoisinantes l’y a accompagné. Il laisse à tous l’exemple d’une vie toute dépensée pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
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Références
[1509] PETITE Louis (1857-1945)
Références biographiques
AME 1903 p. 117 (art.). 1923 p. 230. 1935 p. 125. 1937 p. 91. CR 1881 p. 104. 1885 p. 131. 1888 p. 197. 1889 p. 234. 1900 p. 234. 235. 1902 p. 278. 1906 p. 254. 1907 p. 298. 1908 p. 260. 1909 p. 241. 242. 1918 p. 117. 1920 p. 77. 78. 1921 p. 130. 1922 p. 153. 1930 p. 226. 227. 1931 p. 252. 253. 1932 p. 281. 1933 p. 237. 1938 p. 240. 1940 p. 109. 1947 p. 271. 1951 p. 159. BME 1922 p. 382. 1923 p. 583. 1925 p. 576. 1927 p. 452. 1929 photo p. 80. 1931 p. 848. 849. photo p. 900. 1932 p. 638. 1933 p. 472. 879. 1934 p. 24. 1935 p. 451. 907. 1936 p. 75. 221. 919. 1937 p. 376. 1938 p. 633. 1939 p. 443. 1941 p. 62. 120. 1950 p. 359. 360. EC1 N° 439.