Jean CLOSSET1857 - 1890
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1517
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1882 - 1890 (Hué)
Biographie
[1517]. CLOSSET, Jean, né à Kappelkinger (Moselle) le 16 juillet 1857, élève du collège de Bitche, du petit séminaire de Fénétrange et du grand séminaire de Metz, entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 4 novembre 1878. Il fut ordonné prêtre le 24 septembre 1881, et partit le 9 novembre suivant pour la Cochinchine septentrionale. Professeur au petit séminaire d'An-ninh, procureur de la mission pendant quelques mois à Hué en 1885, et aumônier de la Sainte-Enfance, il retourna au petit séminaire d'An-ninh le 1er septembre de la même année.
Quelques jours plus tard, le 10 septembre, le séminaire était assiégé par les païens qui avaient déjà massacré un grand nombre de chrétiens de la province ; le missionnaire contribua à la défense de l'établissement, organisée par le supérieur, Girard, et par le provicaire, Dangelzer. Il mourut de phtisie, à Phu-xuan, près de Hué, province de Thua-thien, le 1er avril 1890. Son corps fut transporté et enterré dans le cimetière du petit séminaire d'An-ninh. Peu m'importe de mourir, avait-il souvent répété pendant sa dernière maladie, mais je voudrais mourir en mission. " Son désir fut exaucé.
Nécrologie
M. CLOSSET
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE SEPTENTRIONALE
Né le 16 juillet 1857.
Parti le 9 novembre 1881.
Mort le 1er avril 1890.
Les détails biographiques que nous reproduisons nous ont été transmis par M. Girard, le supérieur et l’ami du défunt au séminaire de An.-ninh.
M. Jean Closset naquit à Kappellkinger (diocèse de Metz) le jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel 1857. Il commença ses études au collège de Bitche et alla les achever au petit séminaire de Fenétrange. C’est durant son séjour au petit séminaire qu’un jour il se prit à douter de sa vocation au sacerdoce. Harcelé par ce doute et cédant à la tentation, il sollicita et obtint sous un prétexte quelconque, la permission de retourner dans sa famille. A son arrivée, il déclara à ses parents qu’il ne voulait plus retourner au séminaire . Grand émoi dans la famille, le bon curé qui l’avait baptisé, qui avait discerné et encouragé sa vocation, prévenu immédiatement, reconnut bien vite que ce n’était qu’une tentation. La piété, la conduite exemplaire du séminariste témoignaient clairement de l’appel de Dieu . Après l’avoir consolé, il le décida à rentrer au séminaire , où il retrouva la paix et la joie que Dieu accorde à ceux qui se donnent à lui.
Il aimait à raconter cette anecdote de sa jeunesse pour louer la miséricorde de Dieu à son égard, et témoigner de sa reconnaissance envers son digne curé qui avait été , disait-il, le sauveur de sa vocation et de son âme. Outre l’affection et la reconnaissance qu’il garda jusqu’à la fin pour cet excellent prêtre, il professait pour le saint évêque de Metz, Mgr Dupont des Loges, une vénération profonde. Dans une feuille d’intentions au bréviaire, qu’il écrivit après son sous-diaconat, il consacra deux jours par semaine à prier pour l’évêque et le diocèse de Metz. Des lettres que Mgr Dupont des Loges lui avait écrite et qu’il gardait précieusement, témoignent de l’affection toute spéciale du grand évêque pour le jeune lévite et plus tard pour le missionnaire lorrain.
Ce fut au séminaire que se révélèrent les premiers germes de sa vocation apostolique ; toutefois , des circonstances indépendantes de sa volonté empêchèrent M. Closset de partir à la fin de ses études littéraires. Il passa donc une année au grand séminaire de Metz où il reçut la première tonsure, et après sa philosophie, les difficultés étant aplanies. Il entra au séminaire des Missions Étrangères en septembre 1878.
La santé du nouvel aspirant n’avait jamais donné d’inquiétudes, ce ne fut que peu de temps avant son ordination sacerdotale que se manifestèrent les premiers symptômes de la maladie qui devait l’emporter huit ans plus tard. Le médecin consulté ayant, grâce aux réticences intéressées du malade , émis un avis favorable, M. Closset fut ordonné prêtre, partit le 9 novembre 1881 pour la Cochinchine septentrionale : « Peu m’importait de mourir, disait-il souvent, mais je voulais mourir missionnaire .»
La traversée l’éprouva beaucoup , il dut même s’arrêter quinze jours à Syngapour. Entre ce port et Saïgon il fut pris de la fièvre typhoïde, et arriva mourant au séminaire de cette dernière ville où, grâce aux bons soins qu’il reçut, il se rétablit et put atteindre le but de son voyage. Il était à Hué au mois de février 1882.
Après quelques semaines de séjour à la capitale il fut envoyé en qualité de professeur au petit séminaire de An-ninh où il arriva le Vendredi-Saint. Huit ans plus tard presque jour pour jour il y rentrait, couché dans sa bière, pour y dormir son dernier sommeil. A part quelques mois qu’il passa à Hué en qualité de procureur de la mission, toute sa vie s’écoula au séminaire au service des aspirants au sacerdoce.
Dans l’accomplissement de ses fonctions le professeur sut gagner l’estime et la confiance de ses confrères, des prêtres indigènes et des élèves, non seulement par sa bonté, sa générosité, mais surtout par l’éclat de ses vertus. Nous laissons ici la parole à son biographe :
« La première pierre de l’édifice spirituel de sa sanctification était l’humilité. Ama nesciri et pro nihilo reputari. C’était bien la devise gravée au fond de son cœur. Ne parlant jamais de lui, cherchant toujours la dernière place, se faisant un plaisir de se gêner, de s’effacer pour mettre tout le monde à l’aise, il fut très humble sans peut-être le savoir et sans le faire savoir aux autres. Un long commerce avec lui pouvait seul le dévoiler.
« Sa bonté ne pouvait se cacher ainsi, car elle était toujours agissante. Entre nous , nous l’appelions le bon père Closset ; sa bourse, comme son cœur, était ouverte à tout le monde . Sans être causeur, son abord était facile, on lui demandait facilement un service, parce qu’on savait qu’il était prêt à en rendre dix. Les prêtres indigènes le savaient bien et avaient souvent recours à lui. Il était le père spirituel d’un grand nombre d’élèves et avait la confiance de tous. Il devinait les misères, les chagrins, les découragements, les tentations, mais c’était surtout pour y porter remède. Il ressentait vivement les injures, l’ingratitude, toutefois il se maîtrisait si parfaitement que rien ne transpirait au dehors.
« Sa générosité à l’égard des confrères et des élèves était encore dépassée par son zèle pour orner la maison de Dieu. Lui, toujours faible et maladif, à qui un régime fortifiant était nécessaire et qui pouvait se le procurer au séminaire , il se le refusa constamment, sans doute par mortification, mais aussi afin de pouvoir faire davantage pour l’ornementation de la chapelle.
« Mais ce qui a peut-être frappé davantage chez notre confrère , ce fut sa régularité en tout et toujours . Il s’était fait un règlement en harmonie avec celui du séminaire ; ce règlement était très sévère, il l’avait toutefois fait approuver par son directeur, et il l’observait fidèlement. La charité seule pouvait le déterminer à en modifier quelque chose. Jamais la curiosité, pas même la fatigue n’était capable de lui faire remettre à plus tard aucun de ses exercices. L’arrivée du courrier de France le laissait imperturbable. Le journal, ce tentateur bi-mensuel, en mission, était toujours renvoyé aux heures de loisir. »
Sa piété enfin s’alimentait chaque jour dans ces exercices multipliés qui avec ses autres devoirs, partageaient son temps , et la ponctualité qu’il mettait à les faire n’avait d’égal que la ferveur avec laquelle il les accomplissait.
« Telle fut sa vie de missionnaire passée presque tout entière au séminaire . Au commencement de 1885, Mgr Caspar l’appela à Hué, à l’évêché, et le nomma procureur de la mission et aumônier de la Sainte-Enfance. Il montra dans ce poste le même dévouement qu’au séminaire . Ses confrères pouvaient user du procureur jusqu’à l’indiscrétion. Par des relations pleines de verve et d’intérêt, il les tenait même au courant des graves événements politiques qui se passaient alors à Hué, et qui devaient avoir des suites si sanglantes pour toutes les missions de l’Annam. Le choléra qui vint alors décimer la Sainte-Enfance lui donna aussi occasion d’exercer son zèle comme aumônier.
« Enfin aux vacances Monseigneur le rendit au petit séminaire . Son retour providentiel ne contribua pas peu au salut de l’établissement et des chrétiens du district réfugiés dans son enceinte. Le P. Closset y arrivait le 1er septembre, et le 6, toute la population païenne de la province se soulevait et massacrait les chrétiens , pris à l’improviste, sans armes , moins d’un contre cent. Le petit séminaire était, comme les chrétiens , complètement dépourvu d’armes à feu. Mais le P. Closset étant procureur s’était muni d’un fusil de chasse.
« Le 10 septembre, commençait ce siège qui ne devait être levé que la veille du Rosaire par l’arrivée des Français. Ce fut le fusil du P. Closset qui au début soutint seul le moral des chrétiens , tint les assiégeants à distance, et permit aux fuyards de se réunir et de se défendre, en attendant les grandes sorties qui devaient leur procurer les canons et les fusils de l’ennemi.
« La santé du P. Closset fut grandement ébranlée par les privations du siège. Il put cependant faire encore sa classe ; mais dès l’ouverture des vacances il partait pour la capitale, du reste sur l’invitation de Mgr Caspar qui l’aimait beaucoup . Le changement d’air et la table de l’évêché rétablissaient le cher Père et lui permettaient de reprendre ses occupations à la rentrée. Il répondait à cette tendresse paternelle de Monseigneur par une affection filiale qui ne se démentit jamais .
« En 1889, la santé du P. Closset déclina de plus en plus . Une toux sèche et opiniâtre, des accès de fièvre courts, fréquents et irréguliers, des sueurs abondantes, une aphonie très marquée, une grande expectoration de flegmes purulents ; tout chez lui indiquait une phtisie très avancée. Selon l’usage, il ne s’en doutait pas. Vinrent les vacances. La voie fluviale pour aller à Hué était barrée pour quelques jours , le gouvernement faisant curer un canal. Les élèves de la province de Hué, pressés de respirer l’air de la liberté, louèrent une petite barque de mer. Le P. Closset, par excès de zèle, voulut les accompagner selon son habitude. Mais à peine en mer la jonque fut arrêtée et ballottée par un vent contraire, et il fallut plus de quarante huit heures pour faire ce petit voyage présumé de dix heures au plus. Le Père arriva à Thuam au port de Hué exténué et atteint d’une extinction de voix complète. Après avoir reçu les premiers soins du P. Renauld, aumônier militaire, il se rendit à l’évêché où Monseigneur et son secrétaire le P. Chaiget furent pour lui aux petits soins. Il put donc selon son plus ardent désir revenir au séminaire et reprendre sa classe à la fin des vacances.
« La maladie , un moment enrayée par la faculté, le régime et le repos, reprit aussitôt son cours loin de ce triple ennemi. En décembre 1889, il fallut de nouveau reprendre le chemin du sanatorium épiscopal. En février 1890, il revint encore au séminaire. Mais au bout de quelques jours à toutes ses infirmités vint s’adjoindre la plus cruelle, une sorte de rétrécissement ou échauffement de l’œsophage qui ne lui permit plus de prendre aucune nourriture solide. Les liquides mêmes ne passaient qu’avec la plus grande difficulté en occasionnant une violente quinte de toux. L’évêché, Hong-kong offraient encore une espérance ; mais il ne désirait que mourir au séminaire . Il obéit cependant à la première manifestation autorisée qui lui fut faite de partir, et s’y prépara comme pour le dernier voyage, en se confessant et en mettant en ordre tout ce qu’il laissait au séminaire.
« Sitôt son arrivée à l’évêché, la diarrhée, symptôme de la fin, acheva d’user ses dernières forces. Il ne fallait plus penser à Hong-kong. Averti de son état il fit le sacrifice de sa vie avec la plus entière résignation, dicta et signa son testament par lequel il léguait tout ce qu’il avait au petit séminaire et à ses confrères et reçut les derniers sacrements avec la plus parfaite connaissance . Il fit remarquer que c’était le premier anniversaire de la mort de sa mère, qu’il espérait revoir au ciel. Son testament fait, il ne pouvait taire sa joie de n’avoir plus rien sur la terre. C’est dans ces sentiments qu’il rendit doucement son âme à Dieu le mardi saint, 1er avril 1890, assisté de son évêque et de tous les missionnaires de la province de Hué. Beatus pauper et humilis, cœlum dives ingreditur.
« Après les funérailles faites à la chapelle de l’Evêché et auxquelles assistèrent tous les prêtres des environs ainsi que les autorités françaises civiles et militaires de Hué, son corps fut transporté à An-ninh où il repose dans le cimetière du petit séminaire , à côté de Mgr Audemar et des anciens missionnaires de Cochinchine, morts du temps de Gia-long, à l’ombre de cette chapelle, sous les yeux du Dieu de l’Eucharistie qu’il avait tant aimé. »
Références
[1517] CLOSSET Jean (1857-1890)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1885, p. 99. - M. C., xvii, 1885, Siège du petit séminaire d'An-ninh, p. 601. - Le Lorrain, 1884, Lettres, nos des 13, 14 et 16 janv. ; 1885, Lettres, nos des 3 mars, 16, 17, 22, 23, 24, et 25 déc. ; 1887, Lettres, nos des 6, 7 et 8 janv. ; 1890, Notice, nos des 25 et 26 mai.
La Soc. des M.-E. pend. la guer., p. 73.
Notice nécrologique. - C.-R., 1890, p. 267.