Jean-Marie LETOURMY1851 - 1904
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1595
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1884 - 1900 (Hanoi)
- 1903 - 1904 (Hanoi)
Biographie
[1595]. LETOURMY, Jean-Marie, naquit dans la paroisse de Saint-Omer, commune de Blain (Loire-Inférieure), le 19 mars 1851. Ordonné prêtre le 29 juin 1876, il fut successivement vicaire à Blain et au Bignon. C'est le 4 juillet 1883 qu'il entra au Séminaire des M.-E. ; il en partit le 16 juillet 1884 pour le Tonkin occidental.
Après un séjour à Ke-voi, il fut vicaire à Hanoï en 1885 ; puis Mgr Puginier l'envoya dans la province de Nam-dinh et lui confia, en 1888, le district de Lang-van. En 1892, il devint aumônier de l'hôpital militaire à Hanoï. En 1900, le délabrement de sa santé lui rendit nécessaire un séjour en France ; il y prit du ministère et fut curé de Liverdy (Seine-et-Marne). Il retourna au Tonkin occidental en octobre 1903, et reprit ses anciennes fonctions d'aumônier à l'hôpital de Hanoï. Il mourut le 23 mai 1904, à Quang-yen, et fut enterré près de cette ville, dans l'église de la chrétienté de Yen-tri (Tonkin oriental).
Nécrologie
M. LETOURMY
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
Né le 19 mars 1851
Parti le 16 juillet 1884
Mort le 23 mai 1904
On nous écrit de Hanoï : « C’est le 16 juillet 1884 que M. Letourmy quittait Paris pour venir au Tonkin, où il est mort en 1904, après vingt ans de ministère apostolique en Indo-Chine.
« M. Jean-Marie Letourmy naquit à La Gallais-Saint-Omer (Nantes, Loire-Inférieure) le 19 mars 1851. Nous sommes trop loin des amis du cher défunt pour leur demander des détails sur ses premières années... Ordonné prêtre le 29 juin 1876, il fut successivement vicaire à Blain et au Bignon... C’est dans cette dernière paroisse qu’il exerça son zèle auprès des jeunes gens et gagna vite leur confiance.
« En 1883, il demanda à Mgr Lecocq la permission de se consacrer aux missions lointaines. Guidé par M. Roger, directeur du séminaire de Nantes, ce prêtre si pieux et si dévoué aux Missions-Étrangères, son choix se porta sur notre Société. Il entra donc au séminaire de la rue du Bac, après sept ans de vicariat, et sut se plier de nouveau à toutes les exigences de la vie de communauté.
« Le mercredi saint 1884, un télégramme de Mgr Puginier vint annoncer la mort glorieuse de quatre missionnaires, massacrés au Laos tonkinois dans les premiers jours de l’année. Deux mois après, M. Letourmy et trois autres jeunes missionnaires recevaient leur des¬tination pour le Tonkin occidental. « Vous êtes quatre prêtres, les seuls qui puissiez partir « immédiatement, leur dit le supérieur du séminaire, M. Delpech ; je vous envoie tous dans la « même mission. Devinez laquelle ? » La réponse fut unanime : « Au Tonkin ! — Oui, dit le « vénéré supérieur, allez remplacer ceux qui viennent de tomber ! »
« Le 20 juillet 1884, nous quittions la France, au moment où le choléra faisait à Marseille de nombreuses victimes. Contrairement à l’usage d’après lequel les missionnaires passent deux ou trois jours dans cette ville avant de s’embarquer, nous n’y arrivâmes que le dimanche matin pour monter immédiatement sur l’Anadyr. Il nous était interdit de circuler dans les rues, voire même d’entrer dans une église, de peur que nous n’emportions avec nous quelque microbe cholérique. La traversée fut très pénible, surtout dans la mer Rouge. Je me souviens encore d’une journée où la chaleur était si forte qu’elle arrachait des plaintes aux plus vaillants.
« Nous débarquâmes au Tonkin le 27 août et Mgr Puginier nous reçut avec cette bonté toute paternelle qui lui était naturelle. Après quelques mois d’étude de la langue à Ke-so, M. Letourmy fut envoyé à Ke-voi pour se former au ministère apostolique et se perfectionner dans la connaissance de l’annamite, que, d’ailleurs, il prononçait très bien et qu’il parlait déjà avec aisance.
« Au mois de juillet 1885, Mgr Puginier l’appela à Hanoï comme vicaire de M. Landais, qui était chargé des malades de l’hôpital militaire et des chrétiens de la ville. Le choléra et la dysenterie faisaient tant de victimes, à cette époque, qu’un seul prêtre ne pouvait suffire à la tâche. Il y avait tous les jours une foule de malades à visiter, et 300 moururent en moins de quatre mois.
« Quand l’épidémie eut cessé, M. Letourmy fut envoyé auprès de M. Cadro, dans la province de Nam-dinh, afin d’apprendre à diriger un district et à fonder de nouvelles chrétientés.
« En 1888, Mgr Puginier le chargea du district de Lang-van, qui comprenait 5 paroisses avec 7 prêtres indigènes et 15.000 catho¬liques environ. Malgré les défaillances de sa santé, le missionnaire travailla avec ardeur jusqu’en 1892. Mgr Gendreau le nomma alors aumônier de l’hôpital militaire de Hanoï. Si dévoué qu’il se fût montré envers les Annamites, M. Letourmy s’accommoda mieux de ce nouveau ministère. Il trouvait parmi les soldats plus de consolations ; son dévouement était plus apprécié, son travail plus facile, et ses aspira¬tions pleinement satisfaites. Aussi réussit-il à s’attirer la confiance des malades. Qui pourrait dire toutes les industries de son zèle sacer¬dotal pour les ramener aux pratiques religieuses !
« Les soldats étaient l’objet de toute sa sollicitude ; il aimait ces pauvres jeunes gens, si exposés dans les garnisons coloniales, et savait profiter de leur passage à l’hôpital pour faire du bien à leurs âmes. Avec son allure toute militaire et une certaine rondeur d’expres¬sion, l’aumônier se faisait écouter même des plus endurcis. Aucun n’osait refuser le bon livre que le missionnaire apportait pour charmer les heures d’ennui. Les moins hardis allaient eux-mêmes fouiller dans sa bibliothèque toujours bien fournie. Les petites douceurs et les paquets de tabac, glissés dans la main avec un bon sourire, dispo¬saient les esprits à recevoir le bon conseil affectueusement donné.
« L’un de ces soldats me disait, l’autre jour : « Vous ne pouvez vous figurer le nombre de malades que M. l’aumônier a convertis au moment de la Pâque ! » La veille de chaque départ des malades rapa¬triés, un salut du Saint-Sacrement réunissait une dernière fois le Père et ses enfants à la chapelle. Une exhortation courte et chaleureuse remuait les cœurs, raffermissait les principes chrétiens et les partants, dont plusieurs, le matin même, s’étaient approchés de la Table sainte, quittaient l’hôpital le corps guéri et l’âme joyeuse.
« La charge d’aumônier de l’hôpital est très assujettissante : rarement le titulaire peut s’absenter sans inquiétude. Aussi M. Letourmy sut-il se priver de bien des promenades pour rester auprès de ses chers malades. Il refusait de sortir, de crainte qu’un cas imprévu ne lui fit regretter une récréation, bien légitime cependant.
« Cette assiduité jointe à un surcroît de travail, et les chaleurs de l’été de 1900, compromirent la santé de notre confrère au point d’exi¬ger un voyage en France. Il nous quitta au mois de juin. Après un an de repos au pays natal et un rétablissement relatif, il demanda du ministère, et l’évêque de Meaux lui confia la petite cure de Liverdy, non loin de Paris. Cette proximité lui permit de communiquer fréquemment avec MM. les directeurs du séminaire de la rue du Bac ; mais, malgré le bien-être qu’il pouvait trouver dans ce poste, il pensait toujours à sa chère mission du Tonkin occidental. Il nous revint donc au mois d’octobre 1903 avec la joie que manifeste un nouveau confrère en arrivant dans sa mission. Il désirait occuper un petit poste, « un coin », disait-il, pour se préparer à la mort. Mgr Gendreau le replaça à l’hôpital. Il se remit aussitôt au travail avec zèle ; mais, hélas ! la charge était au-dessus de ses forces. Il prépara néanmoins ses ser¬mons de carême, prêcha à ses soldats deux fois par semaine, et de nombreuses communions pascales vinrent récompenser ses efforts.
« Deux mois avant la fête de Pâques, M. Letourmy avait insisté pour se rendre à la retraite annuelle des missionnaires : « J’y tiens beau¬coup », disait-il. Il s’y livra, en effet, tout entier avec une piété et un recueillement qui firent l’édification de tous ses confrères. Rentré à Hanoï, il s’occupa de ses malades avec une nouvelle activité. On eût dit que la fin qui approchait lui rendait son œuvre encore plus chère.
« Les premières chaleurs d’avril, ces terribles chaleurs du Tonkin, si pénibles pour tous et si dangereuses pour les malades, aggra¬vèrent la dysenterie qui l’avait repris depuis le mois de février. En quelques jours, son état devint si grave que, sur les instances des docteurs de l’hôpital, le malade dut partir, le 11 mai, pour le sana¬torium de Quang-yen.
« Malgré les soins des médecins et le dévouement des religieuses, le mal faisait de rapides progrès. Dès le 22 mai, nous recevions un télé¬gramme qui nous annonçait que notre confrère avait reçu les derniers sacrements, et un second télégramme nous apportait, le lendemain, la nouvelle de sa mort.
« En revenant au Tonkin, M. Letourmy n’avait qu’un désir, celui de mourir dans sa mission ; hélas ! cette consolation, il ne l’a pas eue : il est mort dans un vicariat voisin, celui du Tonkin oriental, entre les bras du R. P. Bardolte, Dominicain français.
« Trois missionnaires de Hanoï allèrent à Quang-yen assister à ses obsèques, et, aujourd’hui, grâce à la délicate bonté de Mgr Terrès, le cher défunt repose dans l’église de la chrétienté de Yen-tri, voisine de l’ambulance. Requiescat in pace. »
DRONET
Missionnaire apostolique.
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Références
[1595] LETOURMY Jean (1851-1904)
Notes bio-bibliographiques. - P. M. M., 1894-95, p. 27 ; 1897, p. 155 ; 1904-05, p. 90. - Sem. rel. Nantes, 1884, p. 1187.
Notice nécrologique. - C.-R., 1904, p. 388.