Amédée LE MÉE1860 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1632
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1885 - 1919 (Saigon)
Biographie
[1632] Amédée, Henri LE MEE naquit le 27 Août 1860, à Granville, diocèse de Coutances, département de la Manche. Le 14 Février 1864,son oncle, M. Henri-Louis LE MEE, ancien secrétaire de Mgr. Morlot, Archevêque de Paris,ayant reçu sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Occidentale, s'embarqua pour Saïgon.
Quant à Amédée, ses études secondaires terminées, il rentra laïque au Séminaire des Missions Etrangères, le 07 Septembre 1880. Tonsuré le 24 Septembre 1881, minoré le 23 Septembre 1882, sous-diacre le 22 Septembre 1883, diacre le 08 Mars 1884, il fut ordonné prêtre le 20 Septembre 1884, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Occidentale, qu'il partit rejoindre le 03 Décémbre 1884.
Le 05 Janvier 1885, il arriva à Saïgon, fut reçu par son oncle Henri-Louis, curé de la Cathédrale de Saïgon, qui le présenta à Mgr. Colombert .Celui-ci l'envoya d'abord s'initier à la langue viêtnamienne et aux us et coutumes du pays. Puis, en 1890, M.Amédée LE MEE recût la charge du district de My-Hoi. proche de la petite ville de Long-Thanh. En 1899, il acheva de construire l'église, au sommet d'un mamelon; son district comptait, à cette époque,1.650 chrétiens, répartis en dix chrétientés.Il était aidé par un prêtre viêtnamien.
Pendant vingt neuf ans, il travailla à My-Hoi, se faisant tout à tous, pauvre au milieu d'une population pauvre.Il partait administrer ses chrétientés, sa vieille sacoche à l'épaule, avec le même mépris du soleil, de l'élégance, ayant même tendance à vivre comme certains pères du désert. Dédaigneux des délicatesses du monde, homme rude, droit comme une épée, acceptant rarement les invitations; il se dévouait au service des pauvres, des miséreux., des ouvriers qui travaillaient sur les plantations.
Au mois de mars 1919, se déclara une épidémie de choléra. M.Amédée LE MEE se multiplia pour secourir les victimes. Le 05 Avril 1919, vers 16 heures, il rentra à My-Hoi, entendit quelques confessions, puis se retira chez lui. Vers le milieu de la nuit, ressentant les premières douleurs du choléra, il envoya chercher le prêtre le plus proche à trente kms.de là. Lorsque celui-ci arriva le lendemain,vers les 9 heures du matin, M.Amédée LE MEE, depuis une demi-heure, avait rendu son âme à Dieu.
Nécrologie
M. LE MÉE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
M. LE MÉE (Amédée-Henri), né à Granville (Coutances, Manche), le 27 août 1860. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 7 septembre 1880. Prêtre le 20 septembre 1884. Parti pour la Cochinchine occidentale le 3 décembre 1884. Mort à Myhoi le 6 avril 1919.
Amédée Le Mée naquit à Granville, au diocèse de Coutances, le 27 août 1860. Trois ans plus tard, son oncle, M. Henri Le Mée, ancien secrétaire de Mgr Morlot, Archevêque de Paris, était admis dans notre Société et envoyé comme missionnaire en Cochinchine ; son exemple fut certainement l’une des causes de la vocation d’Amédée, qui entra à son tour au Séminaire de la rue du Bac, le 7 septembre 1880.
Ordonné prêtre en 1884, il s’embarqua pour la Cochinchine, vers le milieu de décembre, et fit la traversée en compagnie d’un missionnaire de trente-quatre ans, M. Mossard, actuellement Vicaire Apostolique en Cochinchine, et de plusieurs jeunes prêtres de la. même Société dont M. Barillon, futur évêque de Malacca.
Le 5 janvier 1885, le jeune missionnaire arrivait à Saïgon et y était reçu par son oncle, déjà blanchi dans les travaux apostoliques, qui le présenta à Mgr Colombert. Peu après, il commençait l’étude de la langue annamite et bientôt se formait à la vie apostolique sous la direction de prêtres plus âgés.
En 1890, on le charge du district de Myhoi, qui contient dix chrétientés ; et, pendant vingt-neuf ans, il y travaillera.
Les planteurs français ont apporté dans cette région un peu d’aisance ; mais alors quelle misère y régnait, M. Le Mée se fit tout à tous et vécut à peu près comme ces déshérités.
Son unique souci était de conserver à Dieu les âmes qui croyaient en lui et d’en amener d’autres dans le chemin du salut. Il faut savoir, par expérience, les fatigues physiques et morales que comportent cette vie, ce contact perpétuel avec une population dépourvue de tout, pour comprendre les sacrifices de chaque jour, de chaque heure. Ils sont énormes et, en les accomplissant, M. Le Mée se consuma lentement.
Après dix, vingt ans de cette vie il marchait de plus en plus lourdement ; mais il marchait toujours, sa vieille sacoche à l’épaule, avec le même mépris de l’hygiène, du soleil et de l’élégance. Il avait même tendance à vivre comme certain saint du désert, qui, pendant un demi-siècle, ne lave pas le sac dont il était vêtu, sous prétexte qu’un cilice n’a pas besoin d’être propre. Dans l’amollissante chaleur de la Cochin¬chine, les habits de notre confrère étaient un vrai cilice, et, en fait de lessive, il admettait souvent le principe de saint Hilarion. Ne vous exclamez pas, lecteurs amis du bon linge parfumé ! D’autres, aussi délicats que vous, ont vu cet homme, l’ont fréquenté, aimé, pleuré. Le vieux cilice raidi par la sueur, la pluie et la poussière ne les a pas éloignés du prêtre.
A propos de cette histoire, une parole admirable peut être rappelée. Un homme épris d’idéal, amateur de perfection, demandait la main d’une vertueuse demoiselle. Celle-ci lui dit : « Impossible de répondre à vos vœux. Je suis laide, et vous ne pourriez pas m’aimer longtemps, vous qui ne voyez en toute chose que la beauté. — Vous vous trompez, repartit le prétendant : Je puis vous aimer toujours, car je vous aimerai pour votre éternelle beauté. »
S’aimer pour la beauté sans fin, plus que pour celle des années périssables, voilà l’amour qui créa les superbes générations chrétiennes des siècles disparus !
Ici, en Cochinchine, des Français habitués aux délicatesses de la vie et parmi eux des dames élégantes, ont connu le missionnaire dont nous parlons ; ils l’ont vu partout délabré, minable et l’ont aimé. Pourquoi ? Parce que le vieux bon sens chrétien restait en eux.
Ils avaient reconnu la beauté spirituelle, l’éternelle beauté en cet homme rude, droit comme une épée, dédaigneux des délicatesses du monde, qui jour et nuit se dévouait pour leurs ouvriers, pour tous les pauvres et tous les miséreux. Oui, on l’aimait, ce prêtre, c’était à qui l’inviterait ; et s’il acceptait rarement les invitations il n’en était pas moins partout l’ami, le familier.
Les années succédèrent aux années et celles de la grande guerre étendirent, là comme ailleurs, leur voile douloureux sur toutes choses. Puis 1919 arrive. Notre missionnaire compte alors cinquante-neuf ans. Son oncle a disparu en 1900, lui-même est très affaibli. Au mois de mars, le choléra sévit ; le bon prêtre se multiplie pour secourir les victimes. Le 5 avril, vers 4 heures de l’après-midi, il rentre à son oratoire de Myhoi et malgré la fatigue, entend les confessions de ceux qui se présentent; il se retire ensuite dans son logis solitaire. Souffrait-il déjà du mal qui allait le terrasser ? On l’ignore, il n’avait rien dit sinon qu’il se trouvait à bout de forces. Mais, vers le milieu de la nuit, il ressent les douleurs du choléra, il vomit, il appelle. Par malheur, il n’y a ni médecin ni remèdes ; on ne peut qu’aller au plus vite prévenir un prêtre à trente kilomètres de distance.
Pendant le reste de la nuit, M. Le Mée torturé par son mal souffrit en silence s’abandonnant à la volonté de Dieu. Le lendemain matin, à 8 h.30, le prêtre appelé n’était pas encore arrivé ; mais Dieu jugea que son apôtre pouvait quitter la terre sans avoir reçu ces sacrements que, tant de fois, il avait administrés au prochain.
A 9 heures, quand le prêtre se présenta, le défunt gisait sans vie sur sa pauvre natte. Son âme avait gagné le ciel, au milieu d’un vol d’anges qui chantaient : « Voici ceux qui sont venus de la grande tribulation et qui lavèrent leur vêtement dans le sang de l’Agneau. » (Apocal., VII, 14.)
M. Le Mée était tellement aimé dans la région, qu’un protestant directeur d’une plantation de caoutchouc à cinq kilomètres de Myhoi, fit demander si on lui élèverait un monument. Il se disait heureux de participer à cette œuvre de justice envers un homme dont toute la vie ne fut qu’abnégation et sacrifices. Il aurait assisté aux obsèques s’il n’avait été malade, mais sa femme l’y remplaça.
Et combien d’autres comprirent le pauvre prêtre et discernèrent le rayonnement de son âme !
En fait de monument, le défunt n’aura qu’une pierre humble comme lui, et comme lui battue par les dures moussons, les pluies torrentielles, brûlée par les soleils de feu. Mais il continuera de parler à ceux qu’il évangélisait. Il leur dira : « Je sais que mon Rédempteur vit. Au dernier jour, je me lèverai, je sortirai de la terre ; mes os se recouvriront de peau et, dans ma chair, je verrai mon Dieu. » (Job, XIX, 25.)
~~~~~~~
Références
[1632] LE MÉE Amédée (1860-1919)
Références biographiques
AME 1913 p. 306. 1919-20 p. 192. CR décembre 1884 p. 158. 1896 p. 218. 1899 p. 216. 1919 p. 82. 204. 1920 p. 90.