Julien MENEL1857 - 1937
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1699
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1887 - 1937
Biographie
[1699] MENEL Julien, Henri, est né le 26 décembre 1857 à Prévinquières, dans la paroisse de Notre Dame de Ceignac, diocèse de Rodez (Aveyron). Il fit ses études primaires au village, puis à l'Institution St Joseph, que dirigeaient les Frères des Écoles chrétiennes à Rodez. Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire St Pierre où il fut le condisciple du futur Cardinal Verdier. En raison d'un incident mineur de discipline, il dut quitter cet établissement et finit ses études à l'Institution des Sacrés Coeurs de Graves. Admis au Grand Séminaire de Rodez, il le quitta l'année suivante pour entrer au Séminaire des Missions Étrangères le 13 février 1883. Il fut ordonné prêtre le 26 septembre 1886 et partit le 3 novembre suivant pour la mission du Kouytchéou.
Il arriva à Kweiyang le 30 mars 1887, et résida à l'évêché pour apprendre le chinois. Après quelques mois, il fut envoyé à Gangchouen, auprès du P. Lamy, où il put s'initier aux coutumes et usages du pays et poursuivre son étude du chinois. Il ne tarda pas à aller visiter les chrétiens de son vaste district, ainsi que les futurs postes de Kianglong et de Kouihoa, sur une étendue de 200 km de long et 60 de large. Il aimait rencontrer les vieux chrétiens, la plupart de race Dioi. Il passa dix ans, parcourant la région par monts et par vaux, le plus souvent à pied.
En 1898, de nouveaux villages demandaient à se convertir un peu partout, dans la vaste sous-préfecture de Kouihoa. Cette région est très montagneuse et à cette époque les chemins n'existaient pas. Pendant 12 ans, le Père mena une existence très rude, vie de fatigue, de privations et de souffrances. Un très chaud soleil, des pluies diluviennes, la maladie ne l'ont jamais empêché de voyager de jour et de nuit, sans se soucier parfois de la présence du tigre dans la forêt. Cet animal, disait-il, ne fait du mal qu'à la canaille. En 12 ans, M. Menel put baptiser environ 800 catéchumènes.
Il avait pris comme catéchistes quelques anciens chrétiens habitués à la pénible vie de ces campagne. Bientôt, ils se découragèrent en se voyant dans l'impossibilité de partager le dévouement et les privations de leur missionnaire. Ils le quittèrent et ce fut une cruelle épreuve pour le Père Menel; lui du moins ne regarda pas en arrière et remplaça de son mieux ces pusillanimes.
Grand et vigoureux, comme un paysan montagnard, il arrivait déjà à la cinquantaine, et n'était plus très bon marcheur. Pourtant, à la demande d'un de ses jeunes confrères, il dut parcourir près de 400 km en onze étapes, dont les deux tiers à pied.
Il approchait maintenant de la soixantaine, et ses jambes n'étaient plus souples comme autrefois. En 1914, à l'occasion des vides causés par la mobilisation, Mgr Seguin le nomma au poste plus important mais plus facile à administrer de Quangkochou. Pour lui, pas de repos, pas de retraite. Mais ce fut le Bon Dieu qui lui imposa.
Le 12 juin 1932, M. Menel revenait de l'église lorsqu'arrivé au pied de l'escalier de sa résidence, il eut une syncope et tomba lourdement sur le pavé. Heureusement son voisin de district, M. Fortunat, se trouvait là. On le releva, on le porta sur son lit, où il resta sans conscience jusqu'au lendemain malgré les soins prodigués. Quand il voulut se lever, une violente douleur au genou et à la hanche droite l'en empêcha. Il avait le genou meurtri et le fémur déboîté. À Kweiyang, son inguérissable blessure s'améliora. Il devait rester encore 5 ans parmi ses confrères. Après cinq ans passés à Kweiyang, ses forces diminuèrent rapidement, et il sentit que sa dernière heure ne tarderait pas à sonner.
Il rendit son âme à Dieu le 25 août 1937. Le 27 août, une immense foule de chrétiens accompagna sa dépouille
Nécrologie
M. MÉNEL
MISSIONNAIRE DE KWEIYANG
M. MÉNEL (Julien-Henri), né le 26 décembre 1857, à Prévinquières (Aveyron), diocèse de Rodez. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 13 février 1883. Prêtre le 26 septembre 1886. Parti pour le Kouy-Tcheou le 3 novembre 1886. Mort à Kweiyang le 25 août 1937.
M. Henri Ménel naquit le 26 décembre 1857 au hameau de Prévinquières, paroisse de Notre-Dame de Ceignac. Aîné de cinq enfants, il appartenait à une de ces familles de paysans aisés, riches surtout d’un vieux patrimoine de qualités et vertus ances¬trales.
Le jeune Henri fréquenta d’abord l’école du village et termina ses études primaires à l’Institution Saint-Joseph que dirigeaient à Rodez les Frères des Écoles chrétiennes. Il avait 15 ans et n’avait songé jusqu’alors qu’à continuer l’exploitation du domaine familial, lorsqu’il entendit l’appel divin qui, au surplus, combla les vœux de sa pieuse mère ; elle ne cessait de répéter combien était vif son désir de voir un de ses enfants monter un jour à l’autel. Avec joie, elle le vit entrer au petit séminaire Saint-Pierre où il eut pour condisciple le futur cardinal Verdier.
Elève studieux, il fut aussi bon séminariste. Il était en rhétorique quand un incident occasionné par le renvoi d’un de ses camarades vint interrompre le cours de ses études. Il avait témoigné au coupable une sympathie assez vive, dans des termes qui furent considérés comme un blâme à l’adresse des supérieurs : il fut à son tour congédié.
Que faire ? Il allait, après avoir invoqué avec confiance Notre-Dame de Ceignac, frapper à la porte de la Trappe de Notre-Dame de Bonnecombe. L’accueil, tout paternel qu’il fût, ne lui sembla guère encourageant. Sans doute la Sainte Vierge inclina-t-elle ses anciens maîtres à l’indulgence, car ils consentirent à le présenter à l’Institution des Sacrés-Cœurs de Graves pour y terminer sa rhétorique.
Admis au grand séminaire de Rodez, il le quitta l’année sui¬vante pour entrer au séminaire des Missions-Étrangères, où il se montra, au témoignage de ses contemporains, aspirant sérieux, généreux, insouciant de sa santé, ennemi de tout confort. Ordonné prêtre le 26 septembre 1886, il partit le 3 novembre de la même année pour le Kouytcheou et arriva à Kweiyang à Pâques 1887.
Après avoir passé quelques mois à l’évêché, où il commença l’étude des caractères, il fut envoyé auprès de M. Lamy pour se mettre au courant des coutumes et usages du pays. Sous la direction de cet ancien missionnaire, d’une charmante simplicité, M. Ménel ne tarda pas à être capable de visiter les chrétientés de la banlieue du poste de Ganchouen ainsi que les stations des deux futurs districts de Kianglong et Kouihoua, éparpillées sur une étendue de 200 kilomètres de long et une soixantaine de large. A cette époque, Kianglong possédait 20 à 25 petits postes de vieux chré¬tiens, pour la plupart de race Dioï. C’est dans ce district, dira plus tard M. Ménel, qu’il a passé le meilleur temps de sa vie missionnaire. Il y resta environ dix ans, parcourant la région par monts et par vaux, le plus souvent à pied. Très rarement il demeura à sa résidence principale.
En 1898, de nouveaux villages demandaient à se convertir un peu partout dans la vaste sous-préfecture de Kouihoua. Il fallait donc que le missionnaire fût à demeure au milieu de ses caté¬chumènes et néophytes ; c’est pourquoi il demanda un jeune confrère pour prendre sa succession à Kianglong, afin que lui-même pût s’occuper uniquement de Kouihoua. Cette région est très montagneuse et les chemins à cette époque n’existaient pas. Pendant 18 ans notre confrère vécut une vie très dure, vie de fatigue, de privations et de souffrance. Doué d’une force de volonté peu commune, M. Ménel ne se laissait pas arrêter par les diffi¬cultés qu’il rencontrait dans l’accomplissement de ce qu’il croyait être son devoir. Un soleil de plomb, des pluies diluviennes, la maladie ne l’ont jamais empêché de voyager de jour et de nuit sans se soucier parfois de la présence du tigre dans la forêt qu’il traversait. « Cet animal, disait-il, ne fait de mal qu’à la canaille. »
De Kouihoua à Potong, il a dû souvent parcourir en un jour la distance d’une soixantaine de kilomètres, et par des chemins plutôt primitifs. Il avoua que deux fois, il arriva que le porteur de bagages, parvenu au pied de la dernière côte à gravir, épuisé de fatigue, déposa son fardeau au bord du chemin, ne pouvant aller plus loin. Mais il fallait arriver coûte que coûte à l’étape, M. Ménel prit alors la charge sur son épaule et continua son chemin.
Ces fatigues vaillamment supportées avec un très vif esprit de foi, ne furent point stériles. En 10 ou 12 ans, M. Ménel avait baptisé environ 800 catéchumènes. Pour lui, ce n’était là qu’un demi¬-succès, et si la grâce du bon Dieu n’avait point produit de fruits plus abondants, il s’accusait humblement d’être l’unique cause de cette prétendue insuffisance.
En quittant Kianglong, il avait emmené comme catéchistes quelques anciens chrétiens habitués à la pénible vie de ces cam¬pagnes. Il pensait bien trouver en eux les meilleurs auxiliaires ; mais il fut déçu. La vie toute de dévouement et de privations que menait M. Ménel, et qu’ils devaient nécessairement partager, dépassait leurs visées et les découragea. Il leur offrit d’augmenter, de doubler même leurs honoraires. Peine perdue : l’un après l’autre, tous se retirèrent, laissant le missionnaire seul. Cet abandon fut pour lui la plus cruelle épreuve qu’il rencontra pendant ses 18 premières années de vie apostolique. Lui, du moins, ne regarda jamais en arrière ; il remplaça comme il put ces pusillanimes et continua à diriger son district en surmontant constamment tous les obstacles mis sur sa route.
M. Ménel était d’une bonté parfois presque exagérée. Il gardait pour lui à peine le strict nécessaire ; aussi lui arrivait-il souvent d’être à court d’argent. Il ne pouvait pas voir une personne dans la misère sans la consoler par les paroles inspirées d’une foi profonde et sans essayer de la soulager. Notre confrère se rendait parfaitement compte qu’il dépassait quelquefois la mesure de la charité, mais c’était chez lui comme une impossibilité de refuser quelque chose ; il aurait cru, en ne donnant pas, faire de la peine au quémandeur.
Grand et vigoureux comme un paysan montagnard, il touchait déjà à la cinquantaine et n’était plus très bon marcheur, quand un jour il reçut une lettre d’un de ses jeunes confrères lui annon¬çant qu’il devait traverser tout le territoire de sa juridiction ; qu’il le priait de vouloir bien lui envoyer un guide pour le conduire. Le guide arriva aux jour et point fixés ; c’était M. Ménel lui-même. Il emmena d’abord chez lui son jeune confrère, le conduisit ensuite à son nouveau poste, l’y installa, lui tint compagnie pendant deux ou trois jours et s’en retourna dans son district, parcourant ainsi plus de 400 kilomètres en onze étapes, dont les deux tiers à pied.
Pendant ses nombreuses années de mission, M. Ménel n’était pas resté inactif.., mais il y avait encore beaucoup à faire ; il ne songeait qu’à poursuivre son œuvre et à la mener à bonne fin. Hélas ! il approchait de la soixantaine, ses jambes n’étaient plus souples comme autrefois. En 1914, à l’occasion des vides causés par la mobilisation, Mgr Seguin le nomma au poste plus important mais plus facile à administrer de Houangkochou. Plus tard, ses forces diminuant peu à peu, il dut occuper des postes moins pénibles pour lui ; mais de repos, de retraite, jamais. Le repos, la retraite, ce fut le bon Dieu qui les lui imposa.
Le 12 juin 1932, M. Ménel revenait de l’église, où il avait assisté aux exercices du mois du Sacré-Cœur, lorsque, arrivé au pied de l’escalier de sa résidence, il eut une syncope et tomba lourdement sur le pavé. Fortuitement et heureusement son voisin de district, M. Fortunat, se trouvait là. On le releva, on le porta sur son lit, mais tous les soins qui lui furent prodigués pour lui faire reprendre ses sens restèrent sans succès. Le lendemain vers 7 heures, M. Ménel fut tout étonné de se trouver encore couché, et, sur l’amical reproche que lui fit son confrère de faire le paresseux, il voulut se lever ; une violente douleur au genou et à la hanche gauches l’en empêcha. M. Ménel avait le genou meurtri et le fémur déboîté. Le malade, comprenant que désormais il lui était impossible de travailler, en éprouva une grande peine. La mort lui paraissait plus désirable que l’inaction, et il semblait bien que l’événement fatal allait se produire à bref délai. La Providence en décida autrement. M. Ménel devait rester cinq ans encore parmi ses confrères ; toutefois il lui fallut un ordre formel du Vicaire Apostolique pour se laisser transporter à l’évêché.
A Kweiyang, son inguérissable blessure s’améliora cependant suffisamment pour lui permettre de faire quelques pas dans la maison. Le Saint-Père lui ayant accordé la faveur de célébrer la sainte Messe dans sa chambre et assis ; il en usa, mais peu de temps, parce que, disait-il, « c’est manquer de respect envers Notre-Seigneur ». Il continua à dire sa messe à la chapelle comme tout le monde, omettant seulement les rubriques qu’il lui était impossible d’observer. Très pieux, toujours fidèle à ses exercices spirituels, jamais il n’omit la récitation de son bréviaire, pas plus que les lectures édifiantes qu’il avait coutume de faire, bien qu’il eût la vue très faible. Il aimait à passer de longues heures devant le Saint-Sacrement, le crucifix en mains, méditant sur la Passion de Notre-Seigneur. Il se souvint toujours qu’il s’était confié à la Sainte Vierge quand il s’acheminait vers la Trappe de Bonne¬combe. Aussi il eut une dévotion toute spéciale envers Notre-Dame de Ceignac vénérée en l’église de sa paroisse natale.
Toujours très mortifié, il acceptait les services de ses confrères, mais il leur en demandait rarement. Malade, il désirait être traité comme les missionnaires bien portants, et s’il remarquait qu’on eût pour lui quelque attention spéciale, il en était très affligé. Jamais il n’usa des services du personnel domestique de la maison, se contentant de ceux que pouvait lui rendre un malheureux estropié qu’il avait recueilli et presque aussi impotent que lui.
Enfin, après cinq années passées à Kweiyang, notre confrère dont les forces diminuaient de jour en jour rapidement, sentit que sa dernière heure ne tarderait pas à sonner. Le 25 août, en effet, à 8 heures du matin, après avoir reçu les sacrements de l’Église, entouré de S. Exc. Mgr Seguin et de S. Exc. Mgr Larrart son coadjuteur, et de tous les confrères présents à l’évêché, M. Ménel rendit le dernier soupir, ayant gardé jusqu’à la fin une pleine et entière connaissance. Notre confrère était âgé de 79 ans et 7 mois dont 51 passés en Chine sans retour en France.
Le corps de notre regretté confrère fut transporté à la cathé¬drale où les chrétiens vinrent nombreux prier auprès du cercueil pendant deux jours et deux nuits, témoignant ainsi quelle véné¬ration ils avaient pour cet humble, ce charitable et vaillant mis¬sionnaire. Le 27 août, une immense foule de chrétiens accompagna sa dépouille mortelle au cimetière. M. Ménel repose à côté d’une cinquantaine d’autres missionnaires et prêtres chinois entourés de nombreuses tombes des fidèles que les uns et les autres ont enfantés à la foi.
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Références
[1699] MENEL Julien (1857-1937)
Références bio-bibliographiques
AME 1910 p. 113. 115. 116. 1936 p. 278. 1937 p. 285. CR 1886 p. 153. 1890 p. 306. 1892 p. 121. 128. 129. 1893 p. 140. 1894 p. 152. 153. 1895 p. 164. 1896 p. 135. 136. 1898 p. 121. 1899 p. 141. 1900 p. 122. 1901 p. 112. 1903 p. 114. 115. 1904 p. 129. 1905 p. 101. 1908 p. 108. 1909 p. 118. 1910 p. 118. 119. 1917 p. 61. 62. 1922 p. 69. 1932 p. 115. 116. 1937 p. 87. 234. 291. BME 1923 p. 443. photo p. 399. 1928 p. 103. 1929 p. 628. 1930 p. 48. 1932 p. 643. 855. 1933 p. 200. 1935 p. 592. 1936 p. 199. 518. 742. 1937 p. 722. EC1 N° 363.