Vincent GAZEAU1861 - 1927
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1792
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1888 - 1898 (Malacca)
- 1899 - 1927 (Malacca)
Biographie
[1792] GAZEAU Vincent, Jean, Marie, est né le 25 mai 1861 à Le Champ, dans le diocèse d'Angers (Maine et Loire). Il fait ses études au Petit Séminaire de Montgazon, et ses études supérieures au Grand Séminaire d'Angers. Ordonné prêtre le 20 décembre 1884, il est vicaire à Notre Dame d'Allençon (1885-87). Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 28 septembre 1887, et suit à l'Institut Catholique les cours de Droit canonique (1887-88). Il part le 22 août 1888 pour la mission de Malacca.
Il fait un stage de chinois à Singapore, après quoi il est envoyé à Taiping, où il se perfectionne en chinois et se met à l'étude de l'anglais et du malais (1889-94). Il cherche à fixer la colonie chinoise et lui bâti une chapelle avant d'être rappelé à Singapore (1894). Il est ensuite chargé de deux intérims : l'un à Ayer Salak (1896-97), l'autre à Balik Pulau (1897-98). De nouveau à Singapore, il est chargé de fonder une nouvelle paroisse chinoise pour les Cantonais et les Hakkas et achète donc le terrain nécessaire. Mais en 1898, il doit rentrer en France se refaire une santé (1899).
De retour en mission, il doit revendre le terrain, déjà acquis, mais impropre à la construction d'une église. En 1901, un nouveau terrain est acheté mais à nouveau, la santé du Père se détériore : une forte lésion aux poumons l'oblige à un repos à Hong Kong (1904). Revenu dans sa mission, il se remet à chercher des fonds et commence la construction du presbytère orphelinat. Il pose la première pierre de l'église le 14 juin 1908; l'église est finalement bénite le 11 septembre 1910. Il en sera le curé jusqu'à sa mort. Le Père Gazeau tenait à bien former ses chrétiens, à en être le bon pasteur qui connait chacune de ses brebis, celui qui se fait l'ami de tous. Après une nouvelle crise d'albuminurie, il expire doucement au matin du 25 février 1927. Plus de 3000 personnes conduisirent son cercueil au cimetière.
Nécrologie
M. GAZEAU
MISSIONNAIRE DE MALACCA.
M. GAZEAU (Vincent-Jean-Marie) né à Le Champ (Angers, Maine-et-Loire) le 25 mai 1861. Prêtre le 20 décembre 1884. Entré au Séminaire des Missions-Etrangères le 28 septembre 1887. Parti pour Malacca le 22 août 1888. Mort à Singapore le 25 février 1927.
Le 25 février 1927, le diocèse de Malacca perdait en la personne de M. Gazeau un de ses plus zélés missionnaires. Il était entouré de l’estime et de l’affection générales, parce que sa vie s’était passée à rendre service à tous ; et sa perte fut pleurée tout ensemble par les catholiques et les non-catholiques comme celle d’un père très aimé ou d’un ami sincèrement dévoué.
Vincent-Jean-Marie Gazeau naquit le 25 mai 1861, au Champ, dans la vallée du Layon renommée par ses vins d’Anjou. Il fit ses études secondaires à Angers, au petit séminaire de Mongazon, qui compte parmi ses illustres enfants le cardinal Luçon et l’académicien René Bazin. De là il passa directement au grand séminaire de la même ville, où il fut ordonné prêtre par Mgr Freppel, le 20 décembre 1884 ( et non le 20 octobre comme il est indiqué dans le Mémorial de la Société ). Après deux ans et demi de vicariat dans la petite paroisse d’Allençon Notre-Dame, non loin de son pays natal, il fut admis au Séminaire des Missions-Etrangères et, comme aspirant, eut l’honneur de suivre à l’Institut Catholique de Paris le cours de Droit Canon alors professé par Mgr Gasparri. Après une année de probation, il reçut sa destination pour la Mission de Malacca, au moment même où Mgr Gasnier, son compatriote, obtenait de la faire ériger en diocèse ; son départ eut lieu le 22 août 1888.
C’est donc une belle carrière apostolique de plus de trente-huit ans qui a été fournie par notre regretté confrère ; et cela malgré un état de santé presque toujours précaire qui, maintes fois, donna de très sérieuses inquiétudes. Disons de suite que la plus admirable caractéristique de la vie de M. Gazeau, c’est précisément le courage indomptable et le grand esprit surnaturel avec lesquels il supporta les assauts de la maladie. Successivement ou simultanément il eut à souffrir du sproû et de la dysenterie, de crachements de sang et de la tuberculose des poumons et enfin de l’albuminurie. Il observait très fidèlement les traitements et les régimes qui lui étaient prescrits, mais sans rien perdre de sa belle humeur et sans négliger aucun des travaux de son ministère. A part deux périodes de repos forcé qu’il dut prendre, d’abord en France puis à Hongkong, sa vie fut toujours une vie de travail, auquel il s’adonnait avec entrain, comme un homme plein de santé. Jusqu’à l’avant-veille de sa mort, on était sûr de le rencontrer dans les rues de Singapore, à pied ou en pousse-pousse, sans cesse occupé du soin spirituel de ses chrétiens.
Lorsque M. Gazeau, quelques mois après son arrivée, commença à comprendre et à parler le chinois, Mgr Gasnier l’envoya à Taiping, capitale de l’Etat de Perak, pour y remplacer M. Pouget. Naturellement, son premier travail fut de se perfectionner dans l’étude du chinois et d’y ajouter celle du malais et de l’anglais. A cette époque, la majorité des chrétiens chinois de Taiping étaient empoyés aux mines d’étain et formaient une population plus ou moins nomade. Pour donner plus de stabilisation à cette chrétienté, M. Garnier résolut de reprendre le plan de son fondateur : quand M. Allard s’était fixé à Taiping, en 1875, son intention avait été d’y créer une colonie d’agriculteurs chinois. Dans ce but, il avait obtenu du Gouvernement une centaine d’acres de terrain, à un kilomètre de la ville. Des Chinois s’y installèrent, mais ils furent vite obligés de reconnaître que le sol, riche en étain, était impropre à la culture. On devine le résultat.
Ce fut à Krian Road, à environ huit kilomètres de Taiping, sur la ligne de chemin de fer, que M. Gazeau établit sa colonie chinoise. Le Gouvernement l’aida dans son entreprise et fournit une assez forte somme pour encourager la culture de poivre et du café. En 1893, ce nouveau poste promettait de devenir une grande chrétienté. On y construisit une chapelle dédiée à saint Paul, puis un presbytère pour un missionnaire en résidence. Malheureusement les années qui suivirent ne réalisèrent pas toutes ces espérances. Le nombre des chrétiens y devint assez considérable, mais parmi ces anciens mineurs, beaucoup préférèrent la fabrication du charbon de bois à la culture de la terre. D’autre part, dès l’année 1894, M. Gazeau fut rappelé à Singapore, puis chargé de deux intérims, l’un à Ayer-Salak, l’autre à Balik-Pulau.
Cela nous conduit à l’époque où commença pour notre confrère ce que nous pouvons appeler le grand œuvre de sa vie, la fondation à Singapore d’une nouvelle paroisse chinoise pour les Cantonais et les Hakkas, avec la construction d’une église.
Mgr Fée écrivait à ce sujet en 1897 : « L’église de Saint-Pierre et Saint-Paul a été récemment doublée ; malgré cela, elle ne peut contenir la chrétienté chinoise toujours grossissante. Cette chrétienté demande à être divisée ; la diversité des langues l’exige plus encore que le nombre des fidèles. Tous les Chinois sont loin de parler le même dialecte ; une instruction faite pour les uns est de l’hébreu pour les autres. Nous avons donc pensé à construire une nouvelle église dans un autre quartier de la ville. M. Gazeau avait été chargé de cette fondation et s’y était mis de tout cœur ; la mort de M. Page m’a forcé de l’envoyer pour un temps à Balik-Pulau. Il viendra reprendre et, je l’espère, mener à bonne fin l’œuvre interrompue. »
Effectivement, dès l’année suivante, un terrain fut acheté dans ce but. Voici comment M. Vignol annonçait cette acquisition : « Dès que la division de la paroisse chinoise eut été décidée, nous nous mîmes, le P. Gazeau et moi, à la recherche d’un terrain convenable. Après avoir couru tous les quartiers de la ville et examiné différents endroits, nous jetâmes notre dévolu sur un terrain situé de l’autre côté de la rivière, en plein quartier cantonais. Le terrain était à vendre, mais le propriétaire était absent ; il nous fallut attendre huit mois, jusqu’à son retour. Cet homme nous demanda, tout d’abord, un prix tellement exorbitant que nous fûmes près de renoncer à notre projet. Le P. Gazeau ne se décourage jamais : il se mit à faire force neuvaines qui furent bientôt couronnées de succès. Alors que tout semblait désespéré, le premier vendredi de juin, le propriétaire devenu plus accommodant vint lui-même parler de l’affaire. On s’entendit pour un prix convenable, et le 17 juin, fête du Sacré-Cœur, on signait l’acte d’achat. »
Ici-bas, hélas ! il n’y a guère de joies sans mélange. Celle-ci fut suivie de deux grandes épreuves. D’abord, avant la fin de cette année 1898, M. Gazeau dut retourner en France pour refaire sa santé délabrée. D’autre part, on ne tarda pas à s’apercevoir que ce terrain qu’on avait été si heureux d’acquérir, était coupé en deux par une « réserve de route » qui le rendait impropre à la construction d’une église. On put cependant le revendre avec profit, et l’on recommença les recherches.
De retour à Singapore à la fin de 1899, notre confrère se remit au travail avec une nouvelle ardeur. Ce ne fut qu’en 1901 qu’il put se procurer un nouvel emplacement pour la future église. C’était un terrain assez restreint, mais situé avantageusement tout près du Fort Canning et de la gare du chemin de fer. C’est là, de fait, que devait s’élever la belle église du Sacré-Cœur.
Il fallait maintenant se procurer les fonds nécessaires pour la construction et de l’église et du presbytère qui devait servir en même temps d’orphelinat. On devine avec quel zèle M. Gazeau se dévoua à la réussite de cette grosse entreprise, en dépit de toutes les difficultés. Il s’y dévoua tellement que, de nouveau, la lame usa le fourreau : sa santé passa par une crise plus terrible que la précédente.
Vers le milieu de 1904, des crachements de sang répétés l’obligèrent à cesser tout travail et à se rendre à Hongkong où le Docteur constata une forte lésion aux poumons. Après quelques mois de séjour au sanatorium, il écrivit à Mgr Barillon récemment arrivé à Singapore pour lui dire que ses poumons étaient en bonne voie de cicatrisation, mais qu’évidemment il ne serait plus bon à grand chose. En conséquence, il demandait la permission d’aller s’installer à Pulo-Jerajah auprès du grand-hôpital des lépreux, afin d’y consacrer le reste de sa vie à l’évangélisation de ces infortunés. Sa demande ne fut pas agréée, mais quelle belle preuve de la grande vertu de notre confrère !
Revenu à Singapore, il se remit tout simplement à son travail et, non moins simplement, il se plia à toutes les exigences de la Faculté. Dieu sait les douzaines d’œufs crus qu’il avala, et les bouteilles d’huile de foie de morue qu’il vida, par devoir et en dépit de toutes les répugnances ! Le résultat et la récompense de cette courageuse et obéissante ténacité fut un état de santé, pas brillant assurément, mais suffisant pour lui permettre d’exercer le saint ministère encore pendant bien des années. Il n’avait plus que des moitiés de poumons qui le forçaient à reprendre souvent haleine, surtout quand il devait forcer la voix en prêchant ou en chantant ; mais il s’en tirait quand même, sans perdre jamais rien de son aménité de caractère ni du charme de sa douce et franche gaîté.
Ce fut dans ces conditions qu’avec ses occupations ordinaires il reprit ses tournées de quêtes pour les bâtisses projetées. Cela dura encore plusieurs années. Enfin il put commencer les travaux par la construction du presbytère-orphelinat. Puis la pose de la première pierre de l’église eut lieu le 14 juin 1908.
A mesure que l’édifice s’élevait, le brave Père multipliait ses pas et ses démarches, afin de se procurer, pour ainsi dire sou par sou, les sommes requises pour l’achat des matériaux et la paye des ouvriers. Vers la fin des travaux surtout, il eut des semaines de terrible embarras, ne sachant plus que faire pour provoquer la charité publique. Heureusement, dès le début de 1910, le prix du caoutchouc atteignit des hauteurs qu’il n’a plus connues depuis ; un certain nombre de chrétiens réalisèrent de beaux bénéfices, et une partie de cette manne bienfaisante se dirigea vers l’église du Sacré-Cœur en construction. Notre confrère en était émerveillé ; il en profita pour hâter les travaux , et la bénédiction de ce bel et spacieux édifice fut faite par Mgr Barillon, le 11 septembre 1910.
M. Gazeau avait donc fidèlement rempli la grande mission qui lui avait été confiée par Mgr Fée. Il va maintenant travailler de tout ce qu’il a de forces et de zèle à faire de cette paroisse une paroisse modèle.
Il s’applique d’abord à former un bon noyau de chrétiens et chrétiennes bien fidèles par la réception très fréquente des sacrements. Cette élite grossit rapidement, car le bon exemple est contagieux chez les âmes bien disposées, et elles ne sont pas rares parmi nos Chinois. D’autre part, le zélé pasteur, avec un soin tout spécial, préparait les enfants à la première communion, puis à la communion fréquente. Rien de plus beau que de voir ces petites figures angéliques se ranger en bordure de la sainte Table pour y recevoir le Pain des Anges ! Dans les cinq dernières années, la paroisse du Sacré-Cœur a compté en moyenne 23.000 communions de dévotion pour 1.300 fidèles.
M. Gazeau visitait fréquemment ses chrétiens. Il causait longuement avec eux, s’intéressait à tout et se rendait compte de tout. Il connaissait sa paroisse à fond et savait l’histoire personnelle de chacun de ses paroissiens. Eux, de leur côté, avaient sans cesse recours à lui dans leurs difficultés, dans leurs besoins de secours, même dans leurs disputes avec le voisin ou la voisine … C’est alors qu’il montrait une bonté et une patience inimaginables : il ne les renvoyait jamais, les écoutait comme s’il n’avait que cela à faire, semblait même partager leur avis pour les amener doucement à suivre ses conseils.
Il agissait ainsi non seulement avec ses paroissiens, mais avec tous ceux qui venaient à lui, car tout le monde connaissait sa bonté légendaire. On savait qu’il parlait toutes les langues du pays : Outre le malais et l’anglais, il parlait couramment trois dialectes chinois et comprenait les autres. Il avait même appris un peu de tamoul, suffisamment pour entendre la confession d’un malade en cas d’urgence. Même les grandes dames anglaises recouraient parfois à ses bons offices pour se procurer nourrices, bonnes d’enfants parmi ses excellentes chrétiennes et pour les retenir à l’avance.
Doit-on s’étonner que, après trente-huit ans de travaux dans différents postes de la Mission, après trente ans de séjour à Singapore, il ait été l’objet de l’estime et de l’affection universelles ? Ses manières simples, affables, enjouées, son dévouement toujours prêt à se manifester lui avaient gagné le cœur de tous ses confrères. Il était, peut-on dire, l’ami intime de tous, et tous le regardaient comme le « saint homme » de la Mission.
Depuis plusieurs années, il était atteint d’albuminurie ; il avait déjà eu plusieurs crises dangereuses, en particulier celle de l’an dernier au mois de juillet. Mais nous étions tellement habitués à le voir sortir victorieux de tant de maux et notre crainte de le perdre était telle, que nous espérions qu’il surmonterait encore la crise du 22 février dernier. Hélas ! le Maître de la moisson voulait appeler à lui cet ouvrier modèle. Il expira doucement au matin du 25 février 1927.
Ses obsèques furent un véritable triomphe. Jamais on n’avait vu pareille foule en deuil accompagner un cercueil au cimetière. On l’évalua à plus de 3.000 personnes et plus de deux cents automobiles formèrent une procession gigantesque. Ainsi, dès ici-bas même, la vertu, le zèle et le dévouement trouvent leur récompense. Dilectus Deo et hominibus, cujus memoria in benedictione est !
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Références
[1792] GAZEAU Vincent (1861-1927)
Références bibliographiques
AME 1888 p. 6. 21. 1906 p. 234. 1914 p. 75. 76. 83. 129. 130. 1926-27 p. 319. CR 1888 p. 207. 1889 p. 191. 1890 p. 154. 1891 p. 188. 1892 p. 208. 1893 p. 220. 1897 p. 210. 1898 p. 201. 202. 1900 p. 182. 1902 p. 214. 1904 p. 222. 1905 p. 207. 1907 p. 213. 1909 p. 204. 1910 p. 224. 225. 1919 p. 93. 1920 p. 63. 1922 p. 124. 1926 p. 129. 1927 p. 124. 126. 193-197 (notice nécro.) . BME 1922 photo p. 61. 1926 p. 575. 1927 p. 257. 263. 1958 p. 820. EC1 N° 126.