Louis PINON1854 - 1893
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1837
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1889 - 1893 (Vinh)
Biographie
[1837]. PINON, Louis-Julien (Marie), originaire de Saint-Julien-de-Vouvantes (Loire-Inférieure), vit le jour le 12 janvier 1854. Il fit ses études au collège de Châteaubriant, au petit et au grand séminaire de Nantes, et, après son ordination sacerdotale qui eut lieu le 29 juin 1879, il exerça le ministère en qualité de vicaire dans trois paroisses de son diocèse : La Chapelle-Glain, Maisdon et Sautron.
Il entra au Séminaire des M.-E. le 24 septembre 1888, et, le 7 août 1889, fut envoyé au Tonkin méridional. Dix mois après son arrivée à Xa-doai, où il étudia la langue, il tomba malade ; il lui fallut se rendre au sanatorium de Béthanie à Hong-kong. A son retour, on le chargea par intérim du poste de Manh-son. Revenu à Xa-doai, il mourut au séminaire le 23 août 1893.
Nécrologie
M. PINON
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MÉRIDIONAL
Né le 12 janvier 1854.
Parti le 7 août 1889.
Mort le 23 août 1893.
« Le bon Dieu frappe coup sur coup notre pauvre mission, nous écrit Mgr Pineau. Il vient de nous imposer un nouveau sacrifice en rappelant à lui le cher P. Pinon. C’est le troisième confrère que nous perdons depuis un mois. Fiat voluntas tua, Domine !
« Louis-Julien Pinon naquit à Saint-Julien-de-Vouvantes, diocèse de Nantes, le 12 janvier 1854.
« Dès sa plus tendre enfance, raconte le vénérable curé de cette paroisse, il se fit remarquer « par sa piété simple et naïve. Quoique d’une complexion faible et délicate, il s’adonnait à « l’étude avec tant d’ardeur que son excellent maître, M. Picherit, était souvent obligé de le « modérer. Aussi ses progrès furent-ils très rapides à l’école primaire : à onze ans, il « remportait presque tous les premiers prix dans le concours annuel auquel prennent part les « différentes écoles de chaque canton. Frappés de la vivacité de son intelligence, les « examinateurs pressèrent son père de le faire entrer au collège. Celui-ci se laissa facilement « convaincre, et, au mois d’octobre suivant, le petit Louis arrivait à Chateaubriant pour « commencer ses études.
« Au collège, il se montra tel qu’il avait toujours été : pieux, tra¬vailleur, plein d’affection pour ses maîtres, surtout pour le digne supérieur de l’établissement, M. Gondé. Plus tard, il aimait à parler de lui, et il le faisait en des termes qui témoignaient de sa grande vénération pour son ancien supérieur.
« Du collège de Chateaubriant il passa au petit séminaire, et subit avec succès les épreuves du baccalauréat ès-lettres. Il entra ensuite au grand séminaire d’où il sortit prêtre, au mois de juin 1879.
« Dieu n’avait pas attendu jusque là pour familiariser son futur apôtre avec la souffrance. Dès l’âge de six ou sept ans, il l’avait privé des caresses de sa mère que la mort était venue ravir à son affection, et avant la fin de ses humanités, il avait eu la douleur de perdre son père. Lui-même était d’une santé frêle et délicate, qui, loin de s’améliorer à mesure qu’il avançait en âge, s’affaiblissait plutôt graduellement. Des maux continuels de tête et d’estomac ne lui laissaient plus la même liberté d’esprit qu’autrefois ni la même puissance pour le travail. D’un caractère naturellement paisible, il fuyait les réunions bruyantes. « Jamais je n’aurais pensé, a dit plus tard le P. Aguesse, son compatriote, que Louis Pinon irait un jour aux Missions-Étrangères. » Et cependant, malgré son état maladif et son naturel tranquille, le jeune séminariste avait un horizon plus élevé qu’on ne le supposait autour de lui. Dieu lui avait fait entendre sa voix, l’appelant à l’apostolat, et, docile à la grâce, M. Pinon travaillait en secret à se rendre digne de sa sublime vocation et à aplanir les obstacles qui pouvaient s’opposer à son départ.
« Ordonné prêtre, il voulut d’abord faire un peu de ministère dans son diocèse pour laisser à sa santé le temps de se fortifier, et fut successivement nommé vicaire à Chapelle-Glain, à Maisdon et à Sautron. C’est de cette dernière paroisse qu’il partit en 1888, pour le Séminaire des Missions-Étrangères. Un an plus tard, il recevait sa destination pour le Tonkin Méridional.
« Parti de Paris le 7 août 1889, continue Mgr Pineau, il nous arriva le 20 septembre suivant à Xa-doai, chef-lieu de la mission, où il demeura pendant quelques mois. Mais, dès l’apparition des fortes chaleurs du mois d’avril, la fatigue se fit sentir, et le Père dut prendre le chemin du sanatorium de Hong-kong pour s’y rétablir un peu. Après huit mois d’absence, il revint, et je l’envoyai presque aussitôt à Manh-son, remplacer le P. Lafforgue, très malade lui aussi. Manh-son est un village chrétien situé sur les bords de la mer. Le P. Pinon se mit à l’œuvre avec zèle, catéchisant, prêchant presque tous les dimanches, et se sentant d’autant plus animé au travail qu’il voyait ses bons néophytes plus empressés à suivre ses leçons. Au retour du P. Lafforgue il vint à Xa-doai prendre la direction du couvent des religieuses annamites. Il avait en outre un petit ministère à l’église paroissiale, où il prêchait parfois et, enten¬dait les confessions. Ce nouveau poste paraissait lui convenir à mer¬veille. Sa santé se fortifiait peu à peu et les battements de cœur qui l’avaient fait souffrir, les années précédentes, avaient complètement disparu.
« Tout marchait donc à souhait quand, au mois de juin dernier, à la suite de chaleurs plus violentes que de coutume, le Père com¬mença à éprouver une fatigue extraordinaire ; l’estomac ne digérait plus les aliments. Pour combattre la faiblesse qui augmentait chaque jour, il me demanda l’autorisation d’aller prendre quelque repos dans une chrétienté située sur le bord de la mer, où se trouvaient déjà en vacances les confrères du collège. Leurs soins et le changement d’air parurent le ramener à la santé. Au bout de trois semaines, il se trouvait beaucoup mieux. Mais ce mieux n’était qu’ap¬parent, et la faiblesse persistait toujours. Bientôt son estomac se refusa à prendre toute espèce de nourriture. Le danger était immi¬nent. On parvint à le conjurer en faisant boire au cher malade du lait de chèvre.
« Lorsque les Pères du Collège le quittèrent, à la fin des vacances, M. Pinon était en pleine convalescence. On commençait à reprendre bon espoir quand, quelques jours plus tard, le malade éprouva une rechute et demanda lui-même un des prêtres annamites de l’endroit pour lui administrer les derniers sacrements. Le P. Sibers se rendit de son côté en toute hâte auprès de notre confrère. Le jeudi 17 août le jugeant encore assez fort pour supporter le voyage, le P. Sibers le fit porter dans une barque, et, le lendemain, ils arrivaient ensemble au collège. Le P. Pinon pouvait encore parler, mais il n’y avait pas de temps à perdre. Quand il se fut un peu reposé, il fit connaître au P. Aguesse ses dernières intentions, puis se confessa, en pleine connaissance. J’allai le visiter le soir même et il me demanda une dernière bénédiction. Le lendemain dans l’après-midi, comme il était beaucoup plus faible, on s’empressa de lui donner l’extrême-onc¬tion et l’indulgence plénière in articulo mortis. A la tombée de la nuit, il parut vouloir s’endormir un peu. Le dimanche 20, il ne prit presque rien. Le P. Aguesse lui donna une dernière absolution et récita les prières des agonisants. Déjà ses yeux se voilaient, et les signes avant-coureurs de la mort se manifestaient. Le 22, il recou¬vrit un peu de connaissance. C’était la dernière lueur de la lampe qui va s’éteindre. Le mercredi 23, à onze heures du matin, nous crûmes un instant que tout était consommé. A la suite d’une crise de nerfs, la respiration parut cesser tout à coup. A une heure et demie, il eut une nouvelle crise, puis ce fut fini. Notre confrère avait quitté cette vallée de larmes pour entrer dans l’éternité : l’heure de la récompense avait sonné pour lui. »
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Références
[1837] PINON Louis (1854-1893)
Notes bio-bibliographiques. - P. M. M., 1893-94, p. 126.
Notice nécrologique. - C.-R., 1893, p. 365.