Pierre GUINAND1866 - 1904
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1892
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1890 - 1904 (Hanoi)
Biographie
[1892]. GUINAND, Pierre-Etienne, né le 11 décembre 1866 à Bray (Saône-et-Loire), commença ses études classiques à l'école cléricale de Rimont, et les acheva au petit séminaire d'Autun. Il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 21 février 1888, et fut ordonné prêtre le 1er mars 1890. Envoyé le 30 avril suivant au Tonkin occidental, et après avoir étudié la langue à Ke-so et à But-dong, il débuta dans la chrétienté de Vinh-da, devint professeur de français à l'école de la paroisse à Hanoï, puis procureur de la mission. Il réussit à contenter tout le monde, et on l'appelait le procureur modèle. " En 1897, Mgr Gendreau le chargea du district de Ngoc-lu ; il y travailla pendant sept ans.
" Lors du typhon qui, en juin 1903, dévasta une partie du Tonkin, et notamment la région qu'il habitait, on le vit, aussitôt après l'ouragan, distribuer aux chrétiens qui n'avaient pas d'abri les dernières piastres qui lui restaient, et pleurer de se voir impuissant à donner davantage. " Il mourut à Nam-dinh le 18 février 1904.
Nécrologie
M. GUINAND
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
Né le 11 décembre 1866
Parti le 30 avril 1890
Mort le 18 février 1904
M. Pierre Guinand naquit le 11 décembre 1866 à Bray (Autun, Saône-et-Loire). Son père, excellent chrétien, remplissait les fonctions d’instituteur, fonctions qu’exercèrent plus tard trois ou quatre frères et sœurs du missionnaire, et auxquelles le bon Dieu l’appelait lui-même, comme nous le verrons dans la suite de cette notice.
Dès l’âge le plus tendre, ses parents encouragèrent avec une pieuse sollicitude les premières aspirations sacerdotales du petit Pierre et le placèrent à l’école cléricale de Rimont, où il commença ses études de latin.
Charmé d’abord de son nouveau genre de vie, le jeune séminariste se laissa bientôt envahir par la nostalgie ; deux fois même, il tenta de s’enfuir pour retourner au foyer paternel. Le supérieur lui pardonna la première fois ; mais, à la seconde, craignant la contagion de l’exemple pour les autres élèves, il décida que Pierre serait renvoyé. Toutefois, à la prière des parents du jeune étourdi, venus pour le cher¬cher, et grâce à l’intercession des professeurs du séminaire, il consentit à pardonner cette fois encore, à condition que ce serait la dernière. Pierre se le tint pour dit et se remit de tout cœur à l’étude. Plus tard, quand il partit pour les Missions-Étrangères, le bon supérieur lui rappela en riant ses escapades d’écolier.
« Décidément, lui dit-il familièrement, tu devais nous échapper, un jour ou l’autre : jadis, « tu as manqué ton coup ; mais aujourd’hui, c’est sérieux ! »
Sans être un brillant élève, Pierre Guinand se maintint toujours dans la bonne moyenne. Il se fit surtout remarquer par sa franchise, sa gaieté, son entrain ; les relations suivies qu’il conserva jusqu’à sa mort avec plusieurs de ses anciens condisciples, montrent à quel point il en était aimé.
Dès le début de ses études, le jeune Pierre n’avait eu qu’un désir, devenir prêtre et missionnaire. Cette pensée le soutint, l’encouragea et lui fit acquérir un grand esprit de foi et une tendre piété. A la fin de sa philosophie, il voulait partir pour le séminaire des Missions-Étran¬gères, mais son directeur, le bon et vénéré M. Chaumont, qui montra toujours tant de sympathies pour notre Société, jugea qu’il devait mûrir encore sa vocation et l’engagea à passer un ou deux ans au grand séminaire d’Autun.
Après deux années et demie d’attente, le futur apôtre s’ouvrit, par lettre, à ses parents de son dessein de quitter le diocèse, pour se consacrer aux missions lointaines. Les parents s’opposèrent formelle¬ment au départ de leur fils, qui n’eut pas la consolation de leur dire adieu quand il se rendit au séminaire de la rue du Bac. M. et Mme Gui¬nand étaient néanmoins trop chrétiens pour résister longtemps à la volonté divine, et, à l’occasion d’un voyage à Paris, M. Guinand, touché de l’affectueuse cordialité qu’il vit régner entre les aspi¬rants, accorda à son fils l’autorisation de partir en mission.
Ordonné prêtre le 1er mars 1890, M. Guinand fut destiné à la mission du Tonkin occidental. Il passa les premiers mois qui suivirent son arrivée à la communauté de Késo et à But-dong, où il se livra avec ardeur à l’étude de la langue. Quand il la posséda d’une façon suffisante, le vicaire apostolique le plaça à Vinh-da, pour être formé au ministère apostolique sous la direction de M. Robert.
C’est à cette époque qu’il ressentit les premières atteintes du mal terrible, qui devait jeter un voile sombre sur toute sa vie et amener la catastrophe finale : l’épilepsie. Mgr Gendreau, dans l’espoir que des soins spéciaux pourraient, sinon le guérir, du moins diminuer la fréquence des crises, l’appela à Hanoï, comme professeur de français à l’école de la mission que dirigeait alors M. Dronet. Notre cher con¬frère se soumit à l’ordre de son supérieur qu’il regardait comme l’expression de la volonté divine, et laissa, quoique à regret, le minis¬tère apostolique pour se consacrer à l’enseignement. C’était du reste, comme nous l’avons dit plus haut, une tradition de famille.
Deux ou trois ans plus tard, les Frères des Écoles chrétiennes ayant pris la direction de l’école, M. Guinand fut nommé procureur des commissions à Hanoï. Dans cette charge, toute de charité et de dévouement, il s’appliqua de son mieux à rendre les services que les confrères réclamaient de son infatigable obligeance. I1 réussit à con¬tenter tout le monde, et on aimait à l’appeler « procureur modèle ».
Cependant la maladie s’aggravait de jour en jour. Les médecins, pensant que l’air natal serait salutaire, conseillèrent un retour en France. C’était sans doute pour M. Guinand une véritable joie que d’aller rejoindre les siens ; mais cette joie était mêlée de tristesse, car un retour est aussi un départ : pour embrasser sa famille, il lui fallait quitter le Tonkin, sa seconde patrie, à laquelle il s’était si profon¬dément attaché dès son arrivée.
L’air du pays natal et la joie de se retrouver en famille lui firent du bien, sans pourtant le guérir complètement. Confiant dans la protection divine, il alla successivement à Paray-le-Monial et à Lourdes demander au Sacré-Cœur de Jésus et à la sainte Vierge la délivrance de son mal ; mais la Providence, dont les desseins sont mystérieux, n’ac¬quiesça pas à sa demande de la manière qu’il aurait désiré : au lieu de la guérison, il reçut une résignation admirable dont il ne se départit jamais.
Pendant son séjour en France, il eut la consolation de fermer les yeux à son père, qui lui-même fut heureux de mourir entre les bras d’un fils tant aimé.
Au bout d’un an, M. Guinand revint au Tonkin et fut nommé chef du district de Ngoc-lû, qui ne se compose guère que de nouveaux chrétiens. Il passa les sept dernières années de sa vie dans la pratique du zèle et de toutes les vertus apostoliques. Durant une bonne partie de l’année, il parcourait ses nombreuses chrétientés, prêchant, con¬fessant et s’efforçant par tous les moyens de ramener au bercail les brebis égarées. Si, sous ce rapport, le résultat ne répondit pas à la peine qu’il se donna, il eut néanmoins, à plusieurs reprises, la joie de conférer le baptême à des groupes importants de néophytes.
Il aimait ses nouveaux chrétiens d’un amour de père, leur donnant tout ce qu’il possédait, ne se réservant rien pour lui-même. Lors du terrible typhon qui, en juin 1903, dévasta une partie du Tonkin, et notamment la région de Ngoc-lû, on le vit, aussitôt après l’ouragan, distribuer aux chrétiens qui n’avaient pas d’abri les dernières piastres qui lui restaient, et pleurer de se voir impuissant à donner davantage.
Cette bonté de cœur, note dominante du caractère du cher M. Gui¬nand, se manifestait également dans ses rapports avec les confrères. Il aimait leur compagnie, allait les voir et les invitait à venir chez lui. Il se montrait même, avec les gens du dehors, d’une si grande affabilité que quelques-uns en abusaient.
Les trois dernières années de sa vie, Mgr Gendreau lui donna de jeunes confrères pour lui tenir compagnie et l’aider dans l’administra¬tion de son district. Voici ce que l’un d’eux, qui vécut quelque temps dans son intimité, disait de lui : « M. Guinand joignait à une grande « bonté d’âme une foi ardente et profonde. Quand les circonstances lui permettaient de « conserver le Saint-Sacrement, il lui faisait de fréquentes visites et répétait souvent que le « temps qu’il passait ainsi près de Notre-Seigneur était sa meilleure consolation dans ses « moments de tristesse. Il était aussi d’une régularité exemplaire pour accomplir chaque jour « tous ses exercices de piété ; il ne les omettait jamais, quelles que fussent ses occupations, et « il ne se couchait pas sans avoir récité en entier son rosaire, en l’honneur de Celle qu’il « aimait à appeler sa bonne Mère du ciel. »
Comme il a été dit plus haut, sa résignation à la volonté divine était parfaite. Il supporta son mal sans se plaindre, s’en remettant pleinement à la Providence sur l’issue fatale que pourrait avoir quelque chute fâcheuse. Le malheur arriva le lundi 15 février 1904. M. Guinand traversait une rizière avec de l’eau jusqu’aux genoux ; il fut alors pris d’une attaque subite et tomba à la renverse. Son domestique, qui le suivait à quelque distance, accourut à son aide et réussit à le tirer hors de l’eau. Comme l’endroit était assez éloigné de la cure de Ngoc-lû, notre confrère dut garder pendant plusieurs heures ses vêtements mouillés ; il prit froid et une fluxion de poitrine se déclara. On le con¬duisit sans retard à Nam-dinh, mais bientôt, malgré les soins du docteur français, il rendait le dernier soupir entre les bras de M. Bertaud.
C’était le 18 février à une heure du matin.
Ses obsèques attirèrent une foule considérable de chrétiens de son district, accourus pour rendre les derniers devoirs à leur pasteur bien-aimé. Une quinzaine de missionnaires, auxquels tinrent à s’unir M. le résident et les Français de Nam-dinh, assistaient au service solennel célébré par le provicaire de la mission, et tous voulurent, en témoignage de sympathie, accompagner le corps jusqu’à sa dernière demeure.
Espérons que le Dieu de bonté et de miséricorde aura tenu compte au cher M. Guinand des dures épreuves qu’il eut à supporter pendant sa vie mortelle, et l’aura reçu dans la félicité céleste. Beati qui lugent quoniam ipsi consolabuntur.
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Références
[1892] GUINAND Pierre (1866-1904)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. rel. Autun, 1898, p. 884 ; 1904, pp. 359, 377.
Notice nécrologique. - C.-R., 1904, p. 370.